Voix d'Afrique N°70.....

 

Nos lecteurs se souviennent de ce missionnaire Burkinabé, de son cheminement et de son apostolat au Rwanda (cf. n° 69 de Voix d'Afrique).
Du Caire, où il étudie la culture arabe, il nous envoie une circulaire.
Nous reproduisons sans modification ce récit de son voyage qui l'a amené du Rwanda au Caire en passant par Paris.

Les sous-titres sont de la rédaction de Voix d'Afrique

Bonjour du Caire !
as salaam alaikoum !

Je vais bien. Je n'ai pas encore de problèmes de santé (al'ham'dolillahi). La chaleur d'août et de septembre était supportable. Maintenant c'est l'automne. Il fait froid le matin et le soir. Mais je n'ai pas encore besoin de manteau.

Ouganda, Mali….

Quand j'ai quitté le Rwanda le 6 Juin je suis allé en Ouganda. J'ai eu une belle récollection sur la tombe des martyrs de l'Ouganda avec un confrère et ami Burkinabè missionnaire en Ouganda. Je me suis couché sous l'autel pour offrir à Dieu ma consécration. Et j'ai prié pour toutes les personnes que j'ai rencontrées au Rwanda. J'ai remis entre les mains du Seigneur toutes les expériences vécues. Je me suis senti vraiment bien. Ce fut une belle journée de prière. Il n'y avait plus de pèlerins au sanctuaire alors c'était calme. Ensuite j'ai revu des amis à Nairobi. Puis j'ai fait escale à Bamako au Mali. J'ai pu partager avec des jeunes aspirants Maliens mon expérience au Rwanda.

… Paris

Et je suis enfin rentré chez moi. Ce fut un plaisir de revoir mes frères et sœurs et mes amis. Nous avons eu de bons moments ensemble. En début août je me suis envolé pour la France espérant revoir mon parrain de baptême que je n'ai pas revu depuis 1987. Malheureusement je n'ai pas pu le voir. J'ai rendu visite alors à une famille rwandaise que je connaissais depuis le Rwanda. J'ai beaucoup aimé cette visite à la campagne. à Paris j'ai visité les endroits touristiques : Notre Dame, le Louvre, la Défense, la Tour Eiffel, le Panthéon, un tour en bateau sur la Seine... Les confrères français furent sympathiques. Certains m'ont invité à des sorties. J'ai pris le métro pour la première fois avec un des assistants provinciaux de France. C'est une expérience ! j'avais un peu la frousse. Mais j'ai aimé, alors je me déplaçais en métro la plupart du temps puis je marchais pour mieux découvrir les endroits. En faisant le calcul des tickets d'entrée, je me suis rendu compte que c'est une petite fortune, mais ça valait la peine !

Je dois avouer que j'ai plutôt aimé les édifices religieux. Dans l'église du St. Sulpice, j'ai parlé avec un prêtre et je me suis confessé. J'ai beaucoup aimé ce moment. J'ai beaucoup prié à l'église de St. Vincent de Paul devant son corps demandant les grâces nécessaires pour bien vivre ma consécration et la mission de Dieu. Dans le musée et l'église des Missions Etrangères de Paris j'ai beaucoup appris sur l'Eglise d'Asie avec ses martyrs. Enfin j'ai prié à l'église de la Médaille miraculeuse. Il y avait trop de gens. Je pense avoir vécu des moments de grâce pendant mon séjour en France.

Le Caire, la mégapole

Je suis arrivé au Caire le 25 Août 2005. Je n'ai pas eu de difficulté particulière à l'aéroport. On avait réussi à m'obtenir un visa touristique d'un mois. J'avais la photocopie du visa. On m'a fait attendre pour vérifier, puis on m'a laissé en-trer dans le pays. Mais pour avoir un visa de séjour, c'est tout un problème. Il faut se rendre à la sûreté nationale pour une interview. Le policier m'a posé deux questions : “Où résides-tu ? Qu'est-ce que tu viens faire ici ?” On m'avait préparé qu'il ne fallais pas prononce le mot de 'missionnaire', 'enseigner' et 'étudier l'arabe'. Le prosélytisme chrétien est interdit en Egypte. Et il ne faut pas dire qu'on étudie l'arabe car ils pensent alors qu'on étudie pour convertir les Egyptiens musulmans au christianisme.

Je suis resté à l'hôtel pendant une semaine avant d'entrer dans notre maison. Pendant ce temps je me suis promené pour découvrir le Caire. Ce qui frappe d'abord c'est la circulation. Beaucoup de voitures qui circulent à toute vitesse. C'est très difficile de traverser la route. Il faut foncer, alors les voitures ralentissent. Les feux de signalisation ne marchent pas. Personne ne respecte les passages pour piétons. Il y a des policiers partout, mais personne ne les respecte. J'ai même vu une dame klaxonner à un policier pour lui demander de la laisser passer. Et il l'a fait, alors, elle a démarré à toute vitesse.
Tout le monde klaxonne pour pouvoir aller vite. C'est infernal. Pour aérer la circulation on a construit des routes sur des routes ; ailleurs on parle d'échangeurs. Mais ici c'est des routes sur des routes. Il y a des endroits au Caire où tu as trois routes les unes sur les autres. C'est beau à voir.

Le déplacement est assez facile au Caire. Il y a des taxis, des minibus, des bus, le métro et le tram (un train qui circule dans la ville comme une voiture) !

La deuxième chose qui m'a frappé, c'est la sécurité. Il y a des policiers partout. On se croirait dans un pays en guerre. Et de fait depuis l'assassinat du président Sadate en 1981, le pays est en état d'urgence. Les politiciens de l'opposition demandent la levée de l'état d'urgence. Récemment les étudiants de l'université du Caire ont réclamé le départ des policiers de l'université. Les policiers sont effectivement partout. Au début j'avais peur de cette haute sécurité ; maintenant je les ignore.

Vingt millions de Cairotes

Ensuite il y a ces immeubles ! Incroyable ! Il n'y a que des immeubles au Caire. Même les résidences privées sont des maisons en étage. Et il y a des millions de gens qui vivent dans ces immeubles. Il parait que pendant le jour il y a environ 20 millions de gens dans la ville du Caire ; le soir il en resterait 17 à 18 millions. C'est une méga-ville !

Ma grande déception fut l'habillement. Je voulais m'habiller en boubou, 'comme eux', disais-je. Je n'en vois pas ici. Je voulais laisser pousser la barbe. Je voix très peu de gens avec la barbe. Je me sentais perdu. Puis on m'a expliqué que le boubou et la barbe font passer pour extrémiste. Or le gouvernement lutte contre les extrémistes. Pour continuer à avoir des touristes (la principale source de revenus de l'Egypte) il faut bien écarter les anti-occidentaux (les fondamentalistes - extrémistes.)

Les hommes s'habillent en pantalons et chemises ou en costumes. Les jeunes sont en jeans et T-shirt. Pour les femmes c'est le pantalon avec une longue chemise et un voile. évidemment pour les jeunes filles c'est le pantalon jean serré avec une longue chemise et un voile. Les femmes un peu plus âgées portent la longue robe noire. Les visages sont en général découverts. Les femmes aux visages complètement voilés sont rares. Surprise ! à la télé, les présentatrices et journalistes n'ont pas de voile. Evidemment, les chrétiennes ne portent pas de voile.n

Serge Traore
Missionnaire d’Afrique
(A suivre, dans le prochain numéro)

Les sous-titres sont de la rédaction de Voix d'Afrique

.............. Suite bientot