Voix d'Afrique N°85..
SŒURS DE NOTRE DAME D’AFRIQUE ..

AVEC LES RÉFUGIÉS ET LES MIGRANTS

Camp de réfugiés en R.D.C.

Les SMNDA avec les réfugiés et les migrants

Les Sœurs Missionnaires de Notre-Dame d’Afrique ont souvent travaillé parmi les nombreux réfugiés qui fuient leurs pays ou leurs régions, dans les situations de conflits.

Dans un camp de réfugiés en Zambie

Suite aux événements dans la République Démocratique du Congo, l’Association des Religieuses de Zambie avait lancé un appel à collaborer avec le Service des Réfugiés des Jésuites (JRS) dans les camps organisés dans le Nord de la Zambie pour accueillir les réfugiés venant de la R.D. Congo. Les Sœurs Missionnaires de Notre-Dame d’Afrique ont répondu à cet appel et Sr. Monique Racine, canadienne, est allée à Meheba pour se rendre plus tard dans les trois nouveaux camps. Son travail est de coordonner les programmes de santé du Service des Réfugiés des Jésuites (JRS).

Le “luvale” et le portugais sont les deux langues importantes dans ce camp de réfugiés du Nord Ouest de la Zambie. MEHEBA rassemble 31.000 réfugiés de 11 nationalités. Les plus anciens, au nombre de 27.000, sont de l’An-gola, d’où viennent aussi les nouveaux arrivés des derniers mois.

L’endroit a un passé célèbre : la première route du camp fut construite par l’armée MPLA pour la conquête de l’indépendance de l’Angola. Mais c’est en 1971 que le lieu fut officiellement identifié “ camp de réfugiés “, avec l’arrivée des Mozambicains.

Camp de réfugiés en R.D.C.En 1998, ce fut l’accueil de 2000 Rwandais. Ils sont les premiers, dans la triste histoire mondiale des réfugiés, à avoir parcouru à pied une distance de près de 4 000 km. De plus, ayant fui du côté ouest du Rwanda, ils ont rencontré deux autres guerres sur la route : en R.D.C. et en Angola. J’ai parlé avec ces Rwandais quelques jours après mon arrivée ici. On m’a présenté la personne la plus importante du groupe, celle qui unifiait et encourageait le plus pendant le long trajet : la sage-femme. Elle est encore aujourd’hui la personne digne de respect malgré les nouveaux tarifs pour l’accouchement : 300 kwachas ($ 1.50 USA)

A Meheba, nous habitons dans le camp même, devenu, avec les années, un endroit semblable aux villages de la Zambie. Dans mon équipe JRS, nous sommes cinq, toutes de nationalités différentes. Nous travaillons en collaboration avec la Conférence Épiscopale de Zambie, en vue de lui confier, d’ici quelques années, les multiples services aux réfugiés.

L’adaptation à mon nouveau milieu se fait assez facilement. Après mon séjour en Belgique, je comprends mieux les réfugiés des Grands Lacs. Je continue à observer et à poser des questions pour mieux saisir ce qui se vit autour de moi. Le respect des différences est le premier pas vers l’inculturation.

Sr. Monique Racine

Avec les migrants et sans papiers en France
Sr. Marguerite-Marie Luc

Après des années passées en Tunisie, en Algérie et au Mali, trois pays marqués par l’Islam, Sr. Marguerite-Marie Luc (française) est, depuis bientôt 7 ans, Déléguée Épiscopale à la Pastorale des Migrants du Diocèse de Marseille. C’est là, dans cette ville qui est une véritable mosaïque de gens de toutes cultures, races, langues, peuples et nations, qu’elle vit actuellement sa vocation missionnaire.

Un service d’Église
Ce service d’Église, je le vis sous plusieurs dimensions:
* service de l’écoute et de la vigilance en portant attention à ce que vivent ici les immigrés, ce qui se vit dans les cités, les quartiers périphériques, le monde des marins, mais aussi le soutien des chrétiens qui sont plus directement au cœur de ces situations.
* service de la catholicité avec l’accompagnement des communautés catholiques d’origine étrangère (Vietnamiens, Cambod-giens, Laotiens, Africains de différentes nationalités, Malgaches, Italiens, Espagnols, Polonais, Antillais, Mauriciens...). Nous cherchons à les aider à se retrou-ver entre eux pour garder leurs racines et maintenir vivante la richesse de leur expérience de foi. Nous voulons aussi favoriser leur intégration dans l’Église de Marseille. C’est ainsi que deux d’entre eux (vietnamien et sénégalais) font partie du Conseil Pastoral Diocésain….
* service de la justice par la participation à la défense des droits des immigrés.
* service de la rencontre avec d’autres traditions religieuses, avec une attention particulière à l’Islam.
* service de l’accueil et de la sen-sibilité des communautés chrétiennes. C’est bien là que se joue la crédibilité de notre Église et sa fidélité à l’Évangile.

Six mois qui m’ont marquée!
Avec les “sans papiers”

Cet aspect du service de la jus-tice, avec la défense des droits des immigrés, a été marqué, pour l’Église de Marseille, par l’occupation du Centre Diocésain par un groupe de “sans papiers” et ce, durant six mois et demi.

Durant tout ce temps, j’ai été personnellement au cœur de cette situation, notre Archevêque ayant demandé à la Pastorale des Migrants d’accompagner ces personnes en détresse. Alors quotidiennement, durant 6 mois et demi, j’ai été appelée à découvrir des visages d’hommes, de femmes, de familles (Comoriens, Sub-sahariens, Maghrébins) qui avaient un nom, une histoire, un avenir souvent dramatique et qui criaient leur détresse. Quel avenir, quelle vie, quelle dignité pour des gens dont l’identité se décline par l’appellation “sans papiers”?

J’ai été témoin d’un “vivre ensemble réussi” même s’il y a eu des tensions.
J’ai été traversée par des questions : que faut-il faire? que pouvons-nous faire? comment sensibiliser davantage les chrétiens, la société qui feignait d’ignorer cette situation et qui assimilait ces gens à des “clandestins” ?.
J’ai été traversée par des peurs : peur de l’avenir, peur de la grève de la faim (qui a duré 3 semaines), peur devant la récupération du mouvement qu’en faisaient certains groupes, etc.

Longs mois, achevés dans la cordialité, la reconnaissance unanime des “sans papiers” vis à vis de l’Église et de l’accueil qui leur a été réservé, même s’il y a eu parfois des réticences de notre part. Et aux dires des “Sans Papiers” eux-mêmes : “l’Église nous a permis de nous connaître entre nous si différents, de nous accepter, parce que engagés dans la même lutte, parce que en sécurité dans un lieu privé, nous avons appris à lutter, à nous respecter dans notre lutte et à respecter les autres, et nous avons acquis une dignité.”

Même si l’occupation du Centre est terminée, la détresse des hommes et des femmes sans papiers, sans droits, est toujours là, sous nos yeux, et sollicite une présence chrétienne, une proximité, une solidarité.
N’est-ce pas au cœur même des situations ambiguës que se lèvent des solidarités? N’est-ce pas au cœur même des ambiguïtés qu’un témoignage de Jésus-Christ peut être donné?

Pour moi, ces mois m’ont “coûté cher”, mais le prix payé m’a enrichie. J’ai acquis des valeurs de rencontre, de dialogue, de partage avec les pauvres, les exclus, les gens que nos sociétés rejettent souvent dans l’ombre. Mais ce sont eux qui deviennent des phares dans notre vie.

“ L’autre “ est la partie de moi-même que je ne connais pas encore. Alors comment ne pas l’aimer ?

Sr. Marguerite-Marie Luc


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