Voix d'Afrique N°85...
Vie Religieuse

MOINES AFRICAINS


Abbaye de Keur Moussa

La fondation
Des moines bénédictins au Sénégal, pour quoi faire ? La question n’a pas manqué de se poser dans l’esprit de beaucoup de ceux qui, au Sénégal comme en France, ont entendu parler du projet de fondation de l’Abbaye de Solesmes au Sénégal, au début des années 60. Chez certains, elle se doublait d’une autre question : Croyez-vous que les Africains soient faits pour la vie monastique ? A cela l’abbaye fondatrice donna dès le début une réponse claire et nette : il s’agissait de répondre, dans la foi, à un appel venu de l’Église, tant de la part de son autorité centrale invitant de façon pressante à l’établissement de communautés contemplatives en “pays de mission”, que de la part d’une Église particulière d’Afrique venant solliciter une fondation monastique.

Dans une lettre de décembre 1960 le Père Abbé de Solesmes (France) précisait à l’archevêque de Dakar : « Il est bien entendu qu’il s’agit d’un monastère vraiment contemplatif ».

Et le Père abbé invitait l’évêque à préciser par écrit les intentions qu’il avait déjà manifestées sur ce point. C’est ce que ce dernier fit très clairement dans sa réponse : « Ma demande n’a pas eu d’autre objet premier et essentiel que l’établissement d’une communauté contemplative, toute destinée à la prière et à la sanctification de ses membres. »

C’est dans la fidélité à ces principes qu’ont travaillé les neuf moines fondateurs. Ce programme existait déjà, tiré de l’Évangile et de la tradition vivante, née chez les Pères du désert en Afrique, et transmise par Saint Benoît, puis par Dom Guéranger et ses successeurs. Il est centré sur le Christ qu’il faut connaître, aimer et imiter pour vivre en lui de la vie trinitaire.

À regarder après coup comment cette œuvre s’est réalisée jusqu’ici, on constate quelques orientations fondamentales :
* Le caractère familial, comportant une obéissance filiale et fraternelle, vécue dans la liberté joyeuse des enfants de Dieu.
* Une vie mise au service du culte liturgique. La recherche faite dans ce domaine a conduit à un début d’adaptation généralement bien appréciée, tant par la communauté qu’à l’extérieur.
* Enfin le culte de religieuse soumission envers la personne du Souverain Pontife et la dévotion envers la Vierge Marie particulièrement vénérée dans le mystère de son Cœur Immaculé.

En tout cela, rien de systématique, rien de formellement programmé, mais le fruit normalement recueilli d’une formation bien faite dans ses racines profondes, et qui est maintenant confié aux influences vivifiantes de la culture africaine.

Ainsi continuera à s’épanouir en terre d’Afrique une manière originale de chercher Dieu, dans l’office liturgique, dans l’oraison nourrie par la “lectio divina”, dans le travail quotidien, à l’intérieur d’une famille unie par la charité, sous la direction paternelle de son Abbé.

Ainsi continuera à se constituer, sans détriment pour la prière, un centre d’édification pour la société, comme le souhaite l’Église au service de laquelle toute cette œuvre monastique a été dès le début orientée.

« Nous allons fonder une école du service du Seigneur. En l’organisant, nous espérons n’y rien établir de rigoureux, ni rien de pesant. Pourtant s’il s’y présentait un peu de contrainte, dictée par un juste motif, pour corriger les vices et sauvegarder la charité, n’allons pas, épouvantés, fuir aussitôt le chemin du salut dont l’entrée est forcément étroite; car avec le progrès de la conduite et de la foi, le cœur se dilate et c’est dans une ineffable douceur d’amour que l’on court sur le chemin des commandements de Dieu. »
Prologue de la règle de Saint Benoît

Texte tiré du site internet de l’Abbaye de Keur Moussa

* * *

Au Cameroun, la “greffe monastique” a bien pris

Les Cisterciens sont présents depuis 1951 au Cameroun et, depuis 1968, à Koutaba au Nord-Ouest... Pendant 50 ans, ils sont restés dans des locaux provisoires. Ils occupaient les locaux d’une ancienne plantation de café datant de l’époque de la colonisation allemande... Depuis, le monastère, qui doit être havre de paix, a trouvé un mur de clôture, de nouveaux bâtiments et une véritable église...

Devenir une fontaine de rayonnement pour toute la région
* Le rayonnement spirituel par les offices religieux : héritiers de la Tradition Cistercienne venue de l’Abbaye d’Aiguebelle à travers leurs fondateurs, les moines de Koutaba ont, peu à peu, introduit des chants en langues africaines accompagnés de divers instruments locaux (tam-tam, kora, etc.). La sobriété Cistercienne n’a pas empêché d’introduire des danses liturgiques lors des célébrations plus festives. Grâce au talent de l’un ou l’autre des frères, certaines compositions de Koutaba ont déjà dépassé le cadre du seul monastère...

* Le rayonnement par le travail :
Comme pour tous les Cisterciens du monde, le travail est vital à Koutaba : un grand potager, une bananeraie, mille arbres fruitiers...

* Le rayonnement par le partage : Les moines Cisterciens ont toujours su tirer le meilleur profit de leurs ressources en eaux. A Koutaba, une source d’eau vive rend les moines totalement autosuffisants. Aussi ont-ils voulu partager leurs “belles eaux” en construisant des adductions d’eau, et des puits pour les villages alentour...

Kasanza
R.D.C.

En février 1958, le Père Lambert Vandermeule et 5 moines du monastère Saint Benoit d’Achel en Belgique commencent la vie monastique à Kasanza.

Le monastère se situe dans une région de savane de la République Démocratique du Congo. Pour l’atteindre, il faut prendre l’avion à Kinshasa pour un vol d’environ 500 km vers Kikwit à l’intérieur du pays, puis rouler 130 km vers le sud à travers une brousse peu peuplée. Il vous faut une jeep bien musclée et compter environ 6 heures de route.

Le monastère Notre Dame de l‘Emmanuel est situé sur un large plateau. Dans la vallée, profitant d’une petite rivière et d’une cascade, les moines ont construit une petite centrale hydraulique. Le courant est utilisé d’abord pour pomper l’eau potable d’une bonne source et l’envoyer vers le sommet du plateau dans un château d’eau. Ainsi le monastère a de l’eau courante potable, ainsi que les kraals du monastère et la cité des ouvriers. Un robinet près des maisons libère les habitants de la recherche journalière de l’eau.

L’utilisation de l’électricité est limitée au monastère. Grâce à elle, les moines peuvent utiliser des appareils électriques et la technologie moderne. Mais il n’y a pas de téléphone. Le moyen de communication normal est un réseau de stations radiophoni-ques privées. A partir des grandes villes on peut alors faire passer le message par téléphone.

Pour avoir un revenu, les moines élèvent du bétail, pas pour le lait, mais pour la viande. Les animaux sont gardés pendant la nuit dans 7 corrals (enceintes de branche). Pendant la journée, ils pâturent dans la savane. Il faut compter un ‘espace savane’ de 8 hectares pour une vache ! Les troupeaux sont gardés par des laïcs travaillant comme ouvriers pour le monastère.

La plupart des moines viennent des provinces autour du monastère ; certains viennent aussi des autres provinces du Congo. La langue locale est le kikongo, une des quatre langues bantou du Congo. Le français est la seconde langue que les enfants apprennent à l’école. Elle est aussi la langue de l’administration. L’office est chanté en français, sauf la prière de midi et de l’après-midi, qui est en kikongo. La messe du dimanche est aussi en kikongo et une chorale, recrutée dans la jeunesse de la région, prend soin des chants.

Textes tirés des sites internet de ces Abbayes


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