LES MEDECINS - CATECHISTES

Malte

Durant sa vie, le Père François Renault (1926-1996), historien et archiviste à la Maison Généralice des Missionnaires d'Afrique à Rome, a longuement étudié cette initiative du Cardinal. Il a publié le résultat de ses recherches dans " Lavigerie, l'esclavage africain et l'Europe " (2 vol. Ed. Broccard 1971, Tome I, p.213-235) et dans " Le Cardinal Lavigerie " (Ed. Fayard 1992, p.416 et sv.).


L'idée du Médecin-Catéchiste


Mgr Lavigerie (1825-1892) développa cette idée dans son Mémoire Secret du 2 janvier 1878. Ce " Mémoire Secret " était sa réponse à une enquête du Cardinal Franchi, Préfet de la Congrégation de la Propagation de la Foi au sujet des nouveaux territoires qui s'ouvraient à l'évangélisation en Afrique. Voici un extrait de ce Mémoire : " Il faut aux jeunes nègres ...un état qui les honore, qui leur donne de l'influence et qui soit accepté sans conteste par tous... Cet état existe... C'est la médecine. Après avoir interrogé tous ceux qui pouvaient m'éclairer, j'en suis arrivé à la conviction que je viens d'exprimer... Ces raisons, les voici : en premier lieu, la médecine donne à ceux qui la pratiquent, particulièrement dans une société primitive, un gagne-pain facile et assuré... Pour mettre un Nègre élevé par les Missions à même de se suffire, le meilleur moyen est d'en faire un bon médecin... Mais ce n'est pas seulement le pain de chaque jour et souvent la fortune que trouve un médecin, c'est encore l'honneur et l'influence... Que l'on se représente donc ce que pourraient des médecins chrétiens et vraiment apôtres par le cœur... ces médecins devenus les aides des missionnaires... ".

Mgr Lavigerie reprenait l'idée de " médecin-catéchiste " en mars 1878 dans ses premières Instructions aux Missionnaires en partance pour l'Afrique Équatoriale. Il y écrit qu'on devrait transformer l'Afrique Équatoriale : " par le moyen de jeunes indigènes que l'on élèverait de façon à en faire de bons chrétiens et à les former à l'art de la médecine. Il faudra saisir les occasions favorables de recueillir ou de racheter de jeunes enfants, en observant ces conditions : d'abord qu'ils aient environ une douzaine d'années, et ensuite qu'ils aient une intelligence plus qu'ordinaire, afin que leur double éducation, morale et scientifique, ne soit pas trop difficile ".

En 1879, Mgr Lavigerie revenait sur la question dans ses Nouvelles Instructions aux Missionnaires d'Afrique Équatoriale : " D'abord il faut, pour former des médecins parmi les jeunes Nègres de l'Afrique Équatoriale, avoir à sa disposition un nombre suffisant de jeunes... Sans doute tous les enfants qu'on pourrait délivrer en les rachetant ne correspondraient pas à œuvreà laquelle on les destine... Pour cela ils doivent être très intelligents et très jeunes. L'âge de ceux que l'on destinerait à devenir médecins et catéchistes chrétiens ne devrait pas dépasser douze ans... Qu'il me suffise de dire que œuvre spéciale des missionnaires est de commencer à ouvrir l'esprit de ces jeunes Nègres aux choses de l'intelligence... En parlant de l'éducation matérielle de nos jeunes Nègres, j'ai dit qu'elle fût africaine, essentiellement africaine. Mais par contre leur éducation religieuse doit être essentiellement apostolique... Il faut des apôtres, de vrais apôtres... Pour se procurer des enfants, les Pères pourront avoir recours au rachat, car malheureusement l'esclavage existe encore dans l'intérieur... "


Les circonstances


Au cours de leurs voyages, les premiers Missionnaires d'Afrique ont racheté de jeunes esclaves. En octobre 1876 déjà, le Père Deguerry (1847-1902) avait amené des enfants soudanais d'Afrique Occidentale à l'orphelinat arabe d'Alger, fondé pendant la famine de 1867. Malgré ses autres tâches, Mgr Lavigerie composa lui-même un programme pour leur formation et au début il s'occupa vraiment d'eux comme un père. Mais déjà en 1879, après avoir constaté que ce mélange d'Arabes et de Noirs soudanais n'était pas l'idéal, parce que ces derniers étaient encore très jeunes, il cherchait une autre solution sans devoir les éloigner de leur milieu d'origine. Comme on l'a vu il envisageait pour les meilleurs, des études de médecine. Il n'avait pas encore pris de décision sur ce qu'il allait faire, quand en 1880 l'évolution de la politique française l'obligea plus ou moins, de transférer ses maisons principales hors de l'Algérie. Il fit d'abord partir les jeunes d'Alger en octobre 1880 pour St-Louis de Carthage et peu après pour La Marsa près de Tunis. Mais en Tunisie il risquait toujours des interventions de la France. Mgr Lavigerie s'orienta alors vers l'île de Malte, où les élèves pourraient vivre dans un milieu chrétien et où il y avait une Faculté catholique de Médecine.

Déjà en 1879, Mgr Lavigerie avait réalisé son projet de faire étudier la médecine à treize anciens orphelins de la famine en Afrique du Nord, qui avaient terminé leurs études à Saint-Laurent d'Olt. Il les avait envoyé à la Faculté de Médecine de l'Université de Lille. Certains renoncèrent assez vite, mais cinq persévérèrent et obtinrent en 1883 un diplôme d'État d'Officier de Santé. Ils retournèrent en Afrique du Nord et s'y occupèrent des malades. Par après, Mgr Lavigerie décida de les faire continuer jusqu'au doctorat. Les cinq reprirent leurs études à Lille. Quatre présentèrent leur thèse de doctorat à l'Université de Paris en 1888 et le dernier en 1890. Plus tard deux se marièrent et restèrent en France, un s'installa à Jaffa en Palestine, un à Tunis et un à Alger. Mgr Lavigerie déplora cette évolution. A l'un de ceux qui restait en France il écrivit en 1889 : " Ce n'est certainement pas dans l'intérêt de la France, que je vous ai fait élever à si grands frais et avec tant de peine ".


La fondation de l'Institut de Malte

Le 1er cours de l'Institut de Malte en juillet 1881.

Mgr Lavigerie se rendit en 1880 à l'île de Malte. Il y loua une maison située à environ une heure de la ville de La Valette pour y loger les jeunes Africains. Il fut difficile de faire accepter ce projet de fondation par le Conseil de la Société, parce qu'elle était en dehors de l'Afrique. Mais, après leur avoir envoyé une note vigoureuse, le Conseil approuva la fondation de Malte.

Mgr Lavigerie avait aussi fait savoir au Conseil qu'il allait établir près de l'Institut une école apostolique. Tous les journaux de Malte (et il y en avait une quinzaine) consacrèrent un article à cette future école apostolique, considérée comme un événement pour le pays. En parlant du transfert à Malte, un pays chrétien, Lavigerie avait aussi fait savoir qu'il espérait bien que la maison arriverait très vite à se suffire à elle-même.

En novembre 1880, Lavigerie donna des " Instructions pour la direction de l'Institut des Jeunes Nègres à Malte ". Il commença par souligner l'importance de l'Institut : " L'avenir de la Société en dépend. Il est en effet très difficile d'envoyer dans l'intérieur de l'Afrique un nombre suffisant de missionnaires. Ils doivent être suppléés par de jeunes Nègres... C'est dans ce but que l'Institut... est établi ". Il parla ensuite des cours : " Il semble que le français devra s'apprendre par l'usage et, pour cela, il suffira presque de leur défendre de parler une autre langue durant les récréations... Quant à l'italien, c'est en classe surtout qu'il devra être appris... ". De la lecture spirituelle, il disait qu'elle devait être " le centre et comme l'âme de toute la vie intérieure de l'Institut Apostolique ".

Le personnel désigné pour l'Institut était composé comme suit : Père Roger Chapin, supérieur et directeur, Père Michel Jules, professeur, et le Frère Laurent. Les jeunes rachetés étaient au nombre de seize : Abdou, Gogé, Gatchi, Golio, Sokoro, Atiman, Gourdo, Corogdo, Ahmadou, Boro, Biennou, Amdou, Coro, Tangtai, Messaoud et Faraghi.

Le personnel et les jeunes Africains quittèrent la Tunisie sur un vapeur le 12 juillet 1881 au soir et arrivèrent le lendemain à Malte. En entrant dans la maison ils allèrent saluer Mgr Lavigerie, arrivé déjà la veille pour les accueillir. En effet, il ne s'était pas contenté de prendre à sa charge les frais d'installation, mais avait voulu présider lui-même à l'établissement de l'Institut.


Son installation


La maison, que Mgr Lavigerie avait loué, était située à environ une heure de la ville La Valette, sur la route principale et la plus fréquentée. Cette habitation assez vaste, mais de construction irrégulière, avait été bâtie par un prieur de l'Ordre des Chevaliers de St-Jean de Jérusalem. Elle appartenait maintenant au Gouvernement anglais qui gouvernait l'île depuis le départ des Chevaliers. Lavigerie avait loué la maison pour six ans. Deux terrains d'un demi-hectare chacun, mais séparés l'un de l'autre, se trouvaient près de la maison.

Le lendemain de leur arrivée, le 14 juillet 1881, les confrères et les élèves partirent de bonne heure à La Valette où Mgr Lavigerie lui-même présenta le groupe à l'évêque du lieu. Une petite danse africaine, exécutée par les enfants excita l'hilarité des présents.

Le soir, Mgr Lavigerie autorisa le supérieur à bénir la chapelle, qui avait été aménagée dans la plus belle salle du rez-de-chaussée.

Au début de l'année scolaire 1881-82, les 16 jeunes furent répartis en trois groupes, suivant leur âge : les plus jeunes, qui recevraient une instruction primaire, formaient les deux premiers groupes et les plus grands, destinés à suivre des cours en Faculté de Médecine, formèrent le troisième.

Le 16 juillet, Mgr Lavigerie fit connaître aux Pères de la maison la note qu'il avait remise et expliquée de vive voix au Gouverneur anglais de l'île, pour lui exposer le but de l'oeuvre. Il y indique pourquoi il avait choisi Malte comme siège de l'Institut. Voici un extrait de la note de Mgr Lavigerie : " Malte leur offre à cause de son climat et des autres conditions nécessaires, un avantage spécial. En Europe ces enfants ne pourraient vivre à cause de la différence de température, comme l'expérience en a été malheureusement faite. A Malte, ils vivront très facilement, car le climat de cette île est celui d'Afrique du Nord ; ils y seront dans un milieu chrétien, ils y trouveront enfin une Faculté de Médecine, dans laquelle ils pourront être formés à l'art médical, suffisamment pour l'exercer au milieu de leurs compatriotes, chez lesquels ils retourneront avec les missionnaires, qui les ont délivrés et élevés, lorsque leur éducation sera finie ".

Dans son livre, le Père François Renault a écrit : " Seize jeunes rachetés arrivaient à Malte en 1881. Ce groupe s'accroît aussitôt de quatre enfants d'une douzaine d'années amenés de l'Equateur. Originaires des mêmes régions, cinq autres vinrent s'y adjoindre en 1884 et six en 1890. Avec quelques rachats effectués entre-temps au Sahara, le nombre total de ceux qui passèrent par l'Institut fut une quarantaine. Mais quelques morts et les départs par suite d'incapacité intellectuelle ou de fin d'études, empêchèrent l'effectif de la maison de dépasser le maximum de vingt-quatre. A ceux-ci s'ajoutaient pendant quelques années des Kabyles, orphelins de la famine de 1868 et des enfants Maltais ".


Ses débuts


Les jeunes, qui parlaient maintenant français et italien, furent orientés en trois directions : la médecine pour les Africains, la pédagogie pour les Kabyles destinés à l'enseignement et la formation " apostolique " pour les jeunes Maltais, qui voulaient devenir Missionnaires d'Afrique (Pères Blancs). Ceux qui n'avaient pas encore terminé leurs études secondaires, allaient suivre les cours dans un collège voisin.

Mgr Lavigerie en 1882 à Malte venant de RomeMgr Lavigerie, après avoir reçu à Rome le chapeau cardinalice, le 3 juillet 1882, vint à Malte le 10 juillet et y fut accueilli d'une manière délirante. Les cloches de toutes les paroisses annoncèrent son arrivée. L'Evêque, à la tête de tout son clergé, attendait le Cardinal au port. Dès qu'il débarqua, un flot de peuple le porta presque dans sa voiture épiscopale. A peine celle-ci s'était-elle mise en route, que malgré tous les ordres et les supplications contraires, elle était dételée. Le peuple la traîna ainsi à travers toute la ville brillamment pavoisée aux couleurs pontificales, maltaises, anglaises et françaises. Et toujours des cris : Vive le Pape! Vive l'Église! Vive-la Religion! Vive le Cardinal, bienfaiteur des Maltais! L'enthousiasme était général. Sur le passage du cortège, pas une tête qui ne se courbât. Les troupes anglaises présentaient les armes, quand la voiture épiscopale passait devant leurs postes. Sur la Place Royale leur musique entonna, comme pour une fête nationale, le " God save the Queen ". Le soir, illumination générale. Le Cardinal, qui logeait à l'archevêché, sortit pour jouir du spectacle. La foule voulait une seconde fois dételer sa voiture, mais son autorité s'imposa aux gens et on laissa la voiture continuer sa route triomphale traînée par des chevaux.

Le 12 juillet 1882, le Cardinal Lavigerie se rendit à la cathédrale St-Jean de La Valette pour baptiser et confirmer les douze Africains. Il avait ordonné de remettre leur baptême jusqu'à ce qu'ils soient bien préparés et en fassent eux-mêmes la demande. Avant de les admettre, il leur fit passer lui-même une interrogation. Le soir, feu d'artifice, illumination générale, comme au premier jour. Les Maltais se souvenaient de tout le bien que le Cardinal avait fait à leurs compatriotes en Afrique, et tout particuliè-rement en Tunisie.


Son développement entre 1882 et 1894


Au mois d'octobre 1882, huit Africains entrèrent à la Faculté de Médecine. Ils suivirent les cours en externes. C'étaient des années très dures et ceux qui n'arrivèrent pas à suivre, furent orientés vers d'autres professions. Plus tard d'autres Africains, dont certains d'Afrique Équatoriale, se sont joints au premier groupe.

Le cycle universitaire prévoyait six ans d'étude, mais, après entente avec les autorités universitaires, les Africains n'étaient tenus qu'à trois ans. Ils étaient admis comme auditeurs libres et ne devaient pas passer d'examens. Mais leur instruction générale insuffisante rendait l'adaptation difficile et les missionnaires finirent par décider de garder les jeunes à la maison et de demander à un médecin de Malte de leur donner des cours théoriques.

Le Cardinal Lavigerie, en passant par Malte en 1886, n'approuva pas cette initiative et ordonna un retour en Faculté. Il donna aussi des instructions aux Pères pour qu'ils donnent une formation spirituelle suscitant une foi profonde et, sur le plan matériel, un mode de vie s'écartant le moins possible des habitudes africaines. A l'Institut, six jeunes achèveront les trois années prévues, suivies d'un an de stage en hôpital. Trois autres suivront les cours de 1888 à 1891 sans interruption. Ce furent les derniers.

En mai 1888, le Cardinal Lavigerie était reçu à Rome en audience solennelle avec un pèlerinage d'Afrique du Nord, auquel s'étaient joints des étudiants de Malte. Il ne manqua pas de présenter ces jeunes Africains au Pape : " Tous ont été, par la violence, enlevés à leurs familles. ...Tous ont été traînés sur les marchés à esclaves. Tous enfin ont été vendus comme un vil bétail. Si les missionnaires ne s'étaient pas trouvés là, pour les racheter au nom de l'Église... ils seraient encore sous le joug... ".

Les étudiants quittèrent Malte sans avoir passé leur thèse de doctorat, comme l'exige l'Ordre des Médecins. Les documents ne fournissent pas les raisons de cette formation tronquée à la différence des jeunes Arabes envoyés à Lille. Sans doute pensait-on, que l'exercice de la médecine au centre du continent africain n'exigeait pas une science aussi poussée qu'en Afrique du Nord. L'Université de Malte donna aux étudiants un certificat de compétence. C'est peut-être regrettable que leur formation n'ait pas été plus complète et qu'ils ne reçurent pas du Cardinal un équipement (médicaments et instruments) plus approprié.


Sa fin en 1894


Les trois premiers médecins-catéchistes, Adrien Atiman, Charles Faraghit et Joseph Gatchi, partirent en 1888 vers l'Afrique Équatoriale. Les autres firent un stage d'un an dans un hôpital d'Afrique du Nord.


La 7e caravane (1888). De g. à dr., F. Alexandre Andrieux, P. Edouard Herrebaut, P. Auguste Carmoi, F. Pierre Tarteyre, P. August Schynse, P. Antonin Guillemain; assis, Mgr Léonce Bridoux, les médecins-catéchistes, Charles Faraghit, Joseph Gatchi et, allongé, le plus célèbre d'entre eux, le docteur Adrien Atiman.

Mais à partir de 1890 une nouvelle orientation se dessina pour la maison de Malte. Alors, les Africains les plus intelligents étaient maintenant dirigés vers le petit séminaire d'Alger et la maison de Malte devait se limiter à former des catéchistes et des instituteurs.


3è caravane pour le Soudan en 1896.Mgr Toulotte est photographié avec 6 Soudanais rachetés par les Pères.
Formés à l'Institut Apostolique Africain de Malte (fermé en 1896), ils retournent dans leur région d'origine où
les uns seront catéchistes et instituteurs et les autres fonctionnaires de l'administration coloniale naissante.

L'Institut de Malte a donc fonctionné pendant dix ans, de 1881 à 1891, selon les idées du Cardinal Lavigerie. La mort du Cardinal en 1892 changea encore plus la situation. Etant donnée que les registres de l'Institut ont disparu il est impossible de se rendre compte ni du nombre d'étudiants, ni d'où ils étaient en Afrique, ni même du nombre d'élèves qui s'orientaient vers la médecine, ou simplement vers une formation de catéchiste. On ne connaît pas non plus le nombre de Maltais qui y sont venus comme candidats " Missionnaires d'Afrique ". L'Institut sera fermé en 1894 et les Missionnaires quitteront Malte. La maison sera vendue en 1896.


Les Médecins-Catéchistes


...........ADRIEN ATIMAN :
Originaire d'Afrique de l'Ouest, il a travaillé en Afrique Centrale. Il arriva à Karema en 1889 et y resta, presque sans interruption jusqu'à sa mort en 1956. . Ici sa photo à Karema en 1915. Il fut un des plus célèbres. Plus de photos de lui ci-dessous

CHARLES FARAGHIT :
Il était de la même caravane que le docteur Atiman en 1889. Il le remplaça à Mpala chez le Capitaine Joubert et fut à la fois médecin et instituteur. Il se maria avec une nièce du Mranda du Mrumbi et ses fils héritèrent de plusieurs chefferies au Congo. Il resta vingt ans au service de la Mission, puis passa en 1908 au service du gouvernement colonial au Katanga. A sa mort il était un petit commerçant à Karema.

JOSEPH GATCHI :
Il s'installa d'abord à Kibanga, mais il insista pour qu'on abandonne ce lieu à cause de son insalubrité. Ce fut fait en 1893 et il devint chef du village de St-Louis dans le sud. Il est mort à Mpala chez le Capitaine Joubert de la maladie du sommeil contracté en soignant des malades. Il avait épousé une fille de la Mission de Kibanga.

MICHEL ABDOU :
Il fut envoyé en Ouganda en 1891, mais Mgr Hirth (1854-1931) ne voulait l'employer que comme instituteur et catéchiste. Déçu sans doute, il entra comme médecin au service du Gouvernement anglais et s'installa à la capitale Entebbe.

FRANÇOIS GOGE :
Nommé en Ouganda en 1891, il fut tué d'une balle au coeur le 24 janvier 1892 en défendant la Mission, les armes à la main, lors d'une attaque par les anglicans.

PAUL SOKORO :
Après avoir quitté l'Université en 1888, il passa d'abord quelques années à Tunis. Difficile de caractère, il quitta le service de la Mission en 1896 et partit au Soudan comme secrétaire du Cercle de Tombouctou.

JOSEPH CORO :
A sa sortie de l'Université en 1891, il passa deux ans à l'hôpital de Tunis avant d'aller à Karema près du Docteur Atiman. Il a été médecin de la Mission de Kala. Après 1918, il passa au service du gouvernement anglais et termina sa vie, comme retraité et gros cultivateur.

CHARLES MOUDOU :
Il passa également deux ans à l'hôpital de Tunis à partir de 1891. Il resta en Afrique du Nord et prit en charge le dispensaire du poste de Carthage.

ANDRE FARAGHI :
Dès la fin de ses études à Malte en 1891, il fut envoyé à Kibanga, où il suivit une sorte de stage pratique auprès de Joseph Gatchi. Il se rendit ensuite à Mpala. Mais son indolence et sa timidité limitaient beaucoup la valeur de ses activités.


Le nom de " médecin-catéchiste " semble avoir été souvent donné à tous ceux qui ont étudié à Malte, alors qu'il ne conviendrait qu'à ceux qui ont vraiment fait de la médecine. Il n'y en avait que neuf en tout semble-t-il. Mais voici encore quelques personnes de qui on a dit qu'ils étaient " médecins-catéchistes " :

Andre Mwange et P. Leo MarquesAndré Mwange :
La revue Afr. Missiën dit, que cet esclave, racheté au Haut-Congo, a reçu un certificat de médecin de l'Université de Malte, en juillet 1891 à l'âge de 23 ans. Le journal d'Alger du 7 juillet 1891 mentionne aussi qu'il était médecin. Il est retourné au Haut-Congo dans la seconde moitié de 1891. Il a travaillé comme médecin dans la région autour de Baudouinville.

Marie-François Yanaba :
Originaire du Soudan français, il est baptisé à Malte le 24 décembre 1891. Six ans plus tard, en 1897, il retourne au Soudan comme médecin-catéchiste. Il a vécu à Boyé, Dinguira (Mali), Kaboulou et Diamou, où il est mort le 27 janvier 1950.

Augustin Méchiré :
Il est mentionné comme médecin-catéchiste en 1896 à l'école St-Joseph de Mambwe. En 1910 il était en service à Utinta et ensuite auprès des Allemands. Il a été tué en 1916 dans une embuscade entre Allemands et Belges.

Joseph Chalula :
Il est arrivé comme médecin-catéchiste dans la région de Kalemie-Kirungu en 1894 et s'est installé à Mpala. En 1910, Atiman a dit de lui, qu'il avait fait un noviciat et qu'il s'est marié trois fois en 17 ans.

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1. Atiman jeune avec le Frère Louis de Jérusalem - 2 . Atiman avec son fils
3 . Atiman et sa famille à Karema en 1915 - 4 . Atiman à Ujiji 4 fev 1937


En avril 1946

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Photos de la trousse médicinale du docteur Atiman à la maison Généralice


P. Jacques Casier, M. Afr. (1921-1998)


CASIER J., " Les médecins - Catéchistes ", in Souvenirs Historiques ((N° 078 et N° 079), Nuntiuncu-la N°503 et N° 504, Bruxelles, Mai -Juin 1993. Texte révisé par le P. S. Minnaert, M. Afr. Décembre 2007

Voir aussi : * Histoire : Lavigerie et le collège des Nègres Orphelins 1876-1881 par Stefaan Minnaert M.Afr, Fev. 2009