Voix d'Afrique N°112.

 

28ème Chapitre général
Vivre la Mission
avec les dons de Dieu

Ils étaient 42 "Capitulants" réunis à Rome réfléchissant sur les nouvelles options de la Société

Le 28ème Chapitre Général des Missionnaires d’Afrique s’est tenu à Rome du 13 mai au 12 juin 2016 et a rassemblé 56 participants dont 42 membres votants. Le chapitre, selon les Constitutions et Lois des Missionnaires d’Afrique, est « le premier pouvoir de la Société pour tous ses intérêts spirituels et temporels ». Il a été vécu dans un climat de fraternité, de solidarité et de collégialité sous la présidence de Mgr Richard Baawobr, Supérieur général sortant et Évêque du diocèse de Wa au Ghana. Mgr Richard a été nommé évêque de Wa, le 17 février 2016, et ordonné une semaine avant l’ouverture du chapitre.

Notre Maison généralice à Rome Via Aurelia 269

Dans son mot d’ouverture du chapitre, le Supérieur général a parlé de la providence qui nous sourit : « C’est providentiel pour nous de commencer ce Chapitre général en cette fête de la Pentecôte, fête de la naissance de l’Église, la communauté des disciples missionnaires de Jésus. Ayant reçu l’Esprit Saint, les disciples de Jésus partent annoncer qu’il est Seigneur de tous les peuples et que tous sont invités à entrer dans la communion de vie avec le Père, le Fils et l’Esprit Saint ». Une autre célébration nous a manifesté cette providence divine. Il s’agit de la célébration de la Saint Mathias le lendemain de l’arrivée officielle. Partant de la signification du nom Mathias (don de Dieu), le célébrant principal du jour, a rappelé aux capitulants qu’ils sont tous des dons de Dieu, choisis pour vivre ce moment fort de la vie de notre Société.

Le Chapitre, rappelons-le, est, pour nous, une aventure pour élargir notre vision, revenir à l’essentiel de notre charisme, célébrer notre unité et croire en l’avenir. Ce qui nous a été fortement rappelé par l’accompagnateur spirituel à l’occasion de notre première récollection. Il nous a, en effet, invités à entrer dans des attitudes spirituelles telles que l’action de grâce, l’humilité, la responsabilité, la liberté intérieure et la confiance pour laisser le Seigneur faire irruption dans notre vie de façon inattendue et bousculer peut-être nos projets et nos attentes.

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Les Capitulants se retrouvaient pour prier dans la chapelle de la Maison Généraliste.
1. Le nouveau Supérieur Général préside l’eucharistie entouré de la nouvelle équipe de ses quatre conseillés.
2. Vue d'en haut au moment de la communion.
3. Les stalles de la chapelle forment un cercle autour de l’autel. C’est là que sont installés les Capitulants pour participer aux offices.
4. Devant l’autel on a symbolisé la tâche du Missionnaire d’Afrique avec l'Evangile selon St-Luc en arabe retrouvé parmi les restes de nos confrères assassinés dans le désert, le rosaire, la patène et ciboire.

C’est ainsi préparés que nous sommes entrés véritablement dans la démarche du chapitre en commençant par le commencement, c’est-à-dire en nous appropriant la méthodologie du discernement appréciatif qui a été choisie pour ce 28ème chapitre.

1. Une démarche positive qui consiste tout d’abord
à définir un noyau positif…
Concrètement, la méthode nous a invités à discerner l’Esprit de Dieu présent dans la vie de notre Société pour aller plus loin dans notre fidélité à travers une démarche articulée en 5 phases dont la première a consisté à définir le sujet ou le noyau positif, c’est-à-dire à exprimer ce que nous voulons devenir, ce que nous voulons être comme Société missionnaire. Le noyau positif est ce qui donne vie, dynamisme et vitalité à une communauté. Il oriente et détermine non seulement toute la démarche du chapitre, mais engage aussi l’avenir de la Société. Dans la prière et le partage, et à partir du thème proposé par le Conseil général, inspiré par les assemblées précapitulaires, les capitulants ont choisi comme sujet positif (on peut l’appeler aussi thème : « Remplis de la joie de l’Évangile et guidés par l’Esprit nous sommes une Société missionnaire interculturelle avec un esprit de famille. Nous sommes envoyés au monde africain et là où notre charisme est sollicité, pour une mission prophétique de rencontre et de témoignage de l’amour de Dieu ».

2. ... pour découvrir
les bienfaits de Dieu
La phase de définition nous a conduits à la phase de découverte qui nous a fait contempler la vie de notre Société et de nos communautés à travers le partage des capitulants. Dans les petits groupes de travail nous avons évoqué nos succès comme point de départ pour inventer notre avenir avec Dieu. Nous nous sommes partagés les temps forts de notre vie communautaire, spirituelle et missionnaire et nous avons exprimé notre gratitude à Dieu qui nous a comblés de tant de grâces.

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Pour les membres du Chapitre une rencontre inoubliable est celle qu’ils ont eue avec le Pape François.

Au niveau spirituel, nous nous sommes réjouis entre autres de notre vie spirituelle qui est enrichie par notre fidélité à la Parole de Dieu qui nourrit et fortifie notre relation au Christ. Cette vie spirituelle est entretenue par la prière personnelle et communautaire, témoignage pour les autres. Au niveau communautaire, nous nous sommes félicités de l’esprit de famille qui nous fait nous sentir frères les uns des autres, du caractère interculturel de nos communautés, de l’esprit de service et de simplicité dans nos relations quotidiennes. Au niveau de la mission nous avons exprimé notre fidélité à notre charisme, notre attention aux questions de justice, à la rencontre avec l’autre différent dans sa foi, notre collaboration avec l’Église locale. Puisant dans l’expérience de nos aînés, nous prenons de nouvelles initiatives pour oser ensemble la mission avec tous les défis qu’elle comporte.

3. Aller plus loin
en osant rêver…
C’est à partir de ces découvertes que nous nous sommes permis de rêver de ce que nous voulons être en 2022. Le rêve ici, est un engagement à être co-créateurs avec Dieu. Notre rêve répondait à une question : « En utilisant au maximum tous les dons, le charisme que Dieu nous a donné, à quoi ressemblerons-nous comme communauté en 2022 ? Où voulons-nous nous diriger ? Le rêve est la vision du futur désiré de la communauté qui est exprimé dans le charisme ». Et comme nous le savons, le charisme n’est pas statique. Il est dynamique et doit être inculturé dans les réalités et les défis de notre temps pour épouser les nouvelles réalités.

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Le Chapitre a eu aussi ses temps de détentes dans la joie et aussi lors des grillades de la fin du Chapitre.

4. Et décider pour transformer notre rêve en réalité
Le rêve nous a conduits à l’étape de décision qui consiste à voir comment réaliser notre vision et donc à voir s’il y a des changements à apporter à notre manière de faire, à nos structures, à nos règlements pour que notre rêve devienne réalité.

Qu’est-ce qui doit se produire pour que le rêve se réalise ? Beaucoup d’orientations ont été données pour les six années à venir qui seront publiées dans les Actes Capitulaires qui paraîtront très prochainement. Je partage avec vous quelques éléments.

Au niveau de Justice et Paix, nous avons réaffirmé notre option pour la périphérie existentielle (il y a quelque temps on parlait plutôt de zones de fracture) qui demeure un critère essentiel pour nos choix pastoraux. Dans le domaine de l’intégrité de la création, le chapitre s’engage à développer notre option pour l’intégrité de la création en promouvant une eco-spiritualité. C’est un appel à faire de nos communautés des lieux exemplaires de la protection de l’environnement. C’est une invitation à être “une Église verte”.

Dans le domaine de la rencontre et du dialogue, le chapitre, à la lumière de l’approche de notre fondateur, le Cardinal Charles Lavigerie, a rappelé que la rencontre est d’abord « un état d’esprit. C’est avant tout un tissu de liens d’amitié avec l’autre dans sa culture et sa religion. La rencontre et le dialogue doivent être la base de notre vie missionnaire. » Nous sommes invités à être des avant-gardistes d’une Église en sortie selon l’expression du Pape François.

Une nouvelle orientation est la prise en compte des médias dans notre mission. Le Missionnaire d’Afrique, fidèle à l’inspiration de son fondateur, se fait tout à tous en apprenant la langue et la culture de ceux vers qui il est envoyé. Aujourd’hui, émerge un nouveau continent dont la langue est digitale. Le chapitre engage les confrères à apprendre cette nouvelle langue dans la perspective de notre mission d’évangélisation et en discernant selon notre charisme.

Pour le chapitre, la paroisse reste un lieu privilégié pour vivre nos options missionnaires. Celles que nous animons doivent rayonner de notre charisme particulier sur la base d’un projet communautaire apostolique. Il a insisté sur la collaboration avec l’Église locale et la formation des laïcs.

Œuvrant dans une Afrique en mouvement, le chapitre nous demande d’accompagner le peuple africain « là où il est dans la recherche de démocratie et de bonne gouvernance et d’être des promoteurs de réconciliation et du dialogue avec les musulmans dans notre contexte de radicalisation. »

5. Du déploiement
à l’engagement de chacun
Après la phase de décision, nous sommes arrivés à la dernière étape qui est celle de l’exécution, et de l’établissement d’un plan stratégique. Le chapitre a donné des orientations, mais c’est ensuite à chaque province, chaque secteur, chaque communauté et chaque Missionnaire d’Afrique de se l’approprier pour voir que faire et comment il peut faire pour que se réalise notre rêve. Le Président du chapitre, Mgr Richard, a rappelé dans son mot de clôture que « la fin du 28ème Chapitre général marque le début du 29ème Chapitre général » et que « nous avons des graines précieuses dans nos mains que sont les résultats de ce Chapitre ». Il nous a invités à les planter, les arroser et à en prendre soin.

6. Interventions extérieures
Tout au long du chapitre, nous avons eu l’occasion d’écouter différentes personnes-ressources sur des thèmes variés. Le tout premier intervenant a été le cardinal Filoni qui est venu nous saluer au nom de son dicastère et a présidé la messe d’ouverture. Il nous a rappelé que quel que soit le charisme d’une congrégation, ce qui est premier, c’est l’évangélisation. Nous avons aussi écouté Mgr Jean-Marc Aveline, évêque auxiliaire de Marseille, qui nous a entretenus sur la rencontre et le dialogue. Il nous a invités à poursuivre notre mission de rencontre et de dialogue avec les musulmans à cause de la vocation de l’Église au sein de la famille humaine en soulignant l’importance de l’unité de cette famille humaine aussi bien dans l’ordre de la création que de la rédemption. L’Église est au service de la relation que Dieu veut instaurer avec l’humanité et pour cela elle a besoin de nous et de notre charisme. Enfin, nous avons accueilli le Conseil général des Sœurs Missionnaires Notre-Dame d’Afrique qui est venu s’entretenir avec les capitulants sur divers points de collaboration entre les deux Instituts frères.

Le chapitre s’est déroulé dans une ambiance d’ouverture, de fraternité et de confiance mutuelle. Les capitulants ont élu le Père Stanley Lubungo de la Zambie pour succéder à Mgr Richard Baawobr comme Supérieur général. Son Conseil est composé des Pères Francis Barnes, Martin Grenier, Ignatius Anipu et de Didier Sawadogo que nous recommandons à vos prières.

Une rencontre inoubliable est celle que nous avons eue avec le Pape François qui nous a dit les paroles suivantes : « Vous les Missionnaires d’Afrique, faites un très bon travail dans les jeunes Églises. Votre témoignage est magnifique, plein de la radicalité de l’Église, continuez avec courage. »

P. Didier Sawadogo
Assistant général

Rome : le nouveau Supérieur Général et ses assistants

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