Prière avant de mourir
(Le caveau des Missionnaires dAfrique à Montrouge)Quand on aime et quon se sait aimé,on peut
se permettre toutes sortes de doux reproches :
à ces derniers alors de glisser dans le cur
comme bonbons au mielMe voici Seigneur, grâce à toi, au soir de ma vie, et je voudrais te prier une dernière fois avec mes mots dhomme avant de te rencontrer. Ma prière sera dailleurs brève car la tête du médecin ne me dit rien qui vaille :
Tout dabord, je ne te dis pas Merci pour deux raisons : la première est que, à mon humble avis, tu nen as pas besoin. Que peut tapporter un « Merci » venant de moi ? Que peut-il ajouter à ta perfection ? « Tu nas pas besoin de notre louange », dit le Psaume. Alors, ce nest pas au mo-ment de paraître devant Toi que je vais ajouter à ma liste de péchés personnels déjà bien longue celui de la suffisance
Et puis la deuxième est que, il faut bien lavouer, tu mas parfois un peu déçu : je pensais tellement mourir comme un Saint que je me demande si tu mas toujours aidé comme je te le demandais. Et ne viens pas, en ces derniers instants sur terre, me répéter que tout est encore de ma faute. De toute façon je peux me permettre de te le dire puisque si la prière ne peut rien ajouter à ce que tu es, un petit reproche non plus ne peut te faire le moin-dre mal.
Permets-moi seulement, pour accompagner les derniers soubresauts de mon cur, une petite mais ardente supplique :
« Donne-moi de sourire jusquà la dernière seconde »
Allez ! À tout à lheure !...
Père Clément Forestier, M. Afr.