Voix d'Afrique N°111.


L’équipe précédente, voulant m’aider dans mon nouveau travail à Voix d’Afrique, m’avait tracé ce programme : parler des Saints et Saintes africains contemporains dans ce numéro. J’imaginais un vaste programme car les baptisés actuels sont les plus nombreux en Afrique (et Asie). Mais, malgré ces millions de baptisés, le nombre de Saints ou Saintes des temps modernes est très réduit : au début du christianisme, il y eut surtout, en Afrique du Nord, une quantité de Saints, de nombreux martyrs, qui rempliraient à eux seuls tout un calendrier. Mais hors les Saints martyrs de l’Ouganda (voir Voix d’Afrique N° 109) et dernièrement Sœur Bakhita du Soudan, il n’y a que des bienheureux et bienheureuses. Les temps modernes sont pourtant marqués par le martyre de nombreux fils et filles d’Afrique, fruit de leur attachement aux valeurs chrétiennes.

Sainte Joséphine Bakhita
Esclave soudanaise puis religieuse


Joséphine Bakhita naquit au Soudan en 1869. Bakhita n’est pas le prénom qu’elle reçut de ses parents à sa naissance. Elle est faite prisonnière par des négriers arabes à l'âge de neuf ans. L’effroi éprouvé le jour de son enlèvement, provoqua quelques trous de mémoire.

Cette terrible expérience lui avait fait oublier son prénom Bakhita, qui signifie “fortunée”, est le prénom qui lui fut donné par ses ravisseurs. Vendue et revendue plusieurs fois sur les marchés de El Obeid et de Khartoum, elle connut les humiliations, les souffrances physiques et morales de l’esclavage. Elle connut les atrocités d'un esclavage qui laissa dans son corps les signes profonds de la cruauté humaine : on a dénombré jusqu’à 144 cicatrices des sévices subis.

Vers la liberté
Dans la capitale du Soudan, Bakhita fut rachetée par un Consul italien, Calliste Legnani. Pour la première fois, depuis le jour de son enlèvement, elle se rendit compte, avec une agréable surprise, que personne ne lui donnait des ordres, n’utilisait plus le fouet, et qu’on la traitait même de façon affable et cordiale. Dans la maison du Consul, Bakhita connut la sérénité, l’affection et des moments de joie, peut-être même s’ils étaient encore voilés par la nostalgie de sa famille, perdue pour toujours.
Des événements politiques obligèrent le Consul à partir pour l’Italie. Bakhita demanda de partir avec lui et avec un de ses amis, Auguste Michieli.

En Italie
Arrivé à Gênes, Monsieur Legnani, suivant les demandes de l’épouse d’Auguste Michieli, accepta que Bakhita restât avec eux. Elle suivit sa nouvelle “famille” dans leur domicile de Zianigo (dans la banlieue de Murano Veneto) et, quand naquit leur fille Mimmina, Bakhita en devint l’éducatrice et l’amie.

L’acquisition puis la gestion d’un grand hôtel à Suakin, sur la Mer Rouge, contraignirent Mme Michieli à déménager dans cette localité pour aider son mari. Entre-temps, d’après un conseil de leur administrateur, Illuminato Checchini, Mimmina et Bakhita furent confiées aux Sœurs Canossiennes de l’Institut des catéchumènes de Venise. Et c’est là que Bakhita demanda et obtint de connaître ce Dieu que depuis son enfance « elle sentait dans son cœur sans savoir qui Il était».
« Voyant le soleil, la lune et les étoiles, je me disais en moi-même : Qui est donc le Maître de ces belles choses ? Et j’éprouvais une grande envie de le voir, de le connaître et de lui rendre mes hommages ».

Fille de Dieu
Après quelques mois de catéchuménat, Bakhita reçut le Sacrement de l’Initiation chrétienne et donc le nouveau nom de Joséphine. C’était le 9 janvier 1890. Ce jour-là, elle ne savait pas comment exprimer sa joie. Ses grands yeux expressifs étincelaient, révélant une émotion intense. Ensuite on la vit souvent baiser les fonts baptismaux et dire : « Ici, je suis devenue fille de Dieu ! ».

Chaque nouvelle journée la rendait toujours plus consciente de la façon dont ce Dieu, qui maintenant la connaissait et l’aimait, l’avait conduite à lui par des chemins mystérieux, la tenant par la main.

Quand Madame Michieli revint d’Afrique pour reprendre sa fille et Bakhita, celle-ci, avec un esprit de décision et un courage insolites, manifesta sa volonté de rester avec les Mères Canossiennes et de servir ce Dieu qui lui avait donné tant de preuves de son amour.

La jeune Africaine, désormais majeure, jouissait de la liberté d’action que la loi italienne lui assurait.
Fille de Madeleine, Bakhita demeura dans le catéchuménat, où se fit plus clair pour elle l’appel à se faire religieuse, à se donner entièrement au Seigneur dans l’Institut de Sainte Madeleine de Canossa.

Après son baptême, elle entrait dans la Congrégation des Canossiennes à Vérone sous le nom de Joséphine. Ce jour-là elle rédigea cette prière :
« O Seigneur, si je pouvais voler là-bas, auprès de mes gens et prêcher à tous et à grands cris Ta Bonté, combien d'âmes je pourrai Te conquérir ! Tout d’abord ma mère et mon père, mes frères, ma sœur encore esclave… tous les pauvres noirs de l'Afrique… Fais, ô Jésus, qu'eux aussi Te connaissent et T'aiment ».
Le 8 décembre 1896, Joséphine Bakhita se consacra pour toujours à son Dieu qu’elle appelait, usant une douce expression : « Mon Maître ! ».

Durant plus de cinquante ans, cette humble Fille de la Charité, vrai témoin de l’amour de Dieu, vécut en n’occupant que des emplois modestes : cuisinière, chargée de porterie, lingère, brodeuse, sacristie, concierge.
Lorsqu’elle se dédia à cette dernière tâche, ses mains se posaient avec douceur sur la tête des enfants qui fréquentaient chaque jour l’école de l’Institut. Sa voix aimable, qui rappelait les berceuses et les chants de sa terre natale, se faisait agréable pour les petits, réconfortante pour les pauvres et les souffrants, encourageante pour tous ceux qui frappaient à la porte de l’Institut.
Son humilité, sa simplicité et son sourire constant lui gagnèrent le cœur de tous les habitants de Schio.

Témoignage d’amour
Son humilité, sa simplicité et son sourire constant conquirent le cœur de tous les habitants de Schio. Les Sœurs l’estimaient pour sa douceur inaltérable, sa bonté exquise et son profond désir de faire connaître le Seigneur.
« Soyez bons, aimez le Seigneur, priez pour ceux qui ne le connaissent pas. Considérez cette grande grâce de connaître
Dieu ! »

Pendant la guerre 1940-45 la ville de Schio est la cible de plusieurs bombardements. Aux Sœurs qui l'invitent à se réfugier dans le souterrain de la maison, elle dit : « Non, je n'ai pas peur, je suis dans les mains de Dieu. Il m'a libérée des mains des lions, des tigres et des panthères, ne voulez-vous pas qu'il me sauve aussi des bombes ? » Elle assure d'ailleurs qu'aucune bombe ne tombera sur l'école des Religieuses ou sur les maisons de Schio. En effet, la ville n'est pas touchée.

La dernière épreuve
Elle accepte avec une joyeuse sérénité la maladie qui rend sa respiration difficile et sa marche pénible. À une religieuse qui l'assiste, elle confie : « Je m'en vais lentement, lentement, pas à pas vers l'éternité. Jésus est mon capitaine et moi, je suis son assistante. Je dois porter les valises. L'une contient mes dettes, l'autre, plus lourde, les mérites infinis de Jésus. Que ferai-je devant le tribunal de Dieu ? Je couvrirai mes dettes avec les mérites de Jésus et je dirai au Père Éternel : maintenant juge ce que tu vois…

Au Ciel j'irai avec Jésus et j'obtiendrai beaucoup de grâces. Je viendrai te visiter dans tes rêves si le Patron me le permet. Au Paradis j'aurai dû pouvoir et j'obtiendrai pour tous beaucoup de grâces… »

Dans l’agonie, elle revécut les jours terribles de son esclavage, et, à maintes reprises, elle supplia l’infirmière qui l’assistait : « Lâchez un peu les chaînes… elles me font mal ! ».
Ce fut la très Sainte Vierge Marie qui la libéra de toute souffrance.
Ses dernières paroles furent : « Notre-Dame ! Notre-Dame ! », tandis que son ultime sourire témoignait de sa rencontre avec la Mère du Seigneur.

Mère Bakhita s’est éteinte le 8 février 1947 dans la maison de Schio, entourée de la communauté en pleurs et en prières. Une foule accourut rapidement à la maison de l’Institut pour voir une dernière fois leur “petite Mère noire” et lui demander la protection du ciel.

Son corps est resté intact et souple dans la mort. Sa réputation de sainteté s’est désormais répandue sur tous les continents. Nombreuses sont les grâces obtenues par son intercession.

Le Pape Jean-Paul II a béatifié Joséphine Bakhita le 17 mai 1992. Elle a été déclarée Sainte le 1er octobre 2000.

D’après les Archives du Vatican


Bienheureuse Marie-Clémentine Anuarite Nengapeta
Religieuse Zaïroise et martyre

Anuarite naquit à Wamba (Rép. Dém. du Congo) le 29 décembre 1939. Anuarite rentra très jeune au couvent de Bafwabaka. Le 5 août 1959, elle fit ses premiers vœux. On lui donna le nom de Sœur Marie-Clémentine. Ses parents étaient présents à la cérémonie et offrirent deux chèvres comme cadeaux aux Sœurs pour témoigner de leur fierté de voir leur fille se consacrer au Seigneur.

En 1964, la rébellion muléliste éclata dans le pays. En l'espace de quelques semaines seulement, elle occupa une bonne partie du pays. Les rebelles (les Simba) étaient con-tre les Occidentaux et aussi contre les religieux autochtones parce qu'ils les soupçonnaient d'être complices avec les Occidentaux. Le 29 novembre 1964, ils arrivèrent au couvent de Bafwabaka et embarquèrent toutes les Sœurs, elles étaient 46, pour les amener à Wamba. L'explication donnée aux Sœurs pour ce déplacement forcé était qu'il fallait les amener dans un lieu de sûreté. Mais en cours de route, le camion changea de direction et amena les Sœurs à Isiro.

Cette nuit-là, toutes les Sœurs sauf Anuarite furent emmenées dans une maison, la "maison bleue." Un des chefs des Simba, le colonel Ngalo aidé par un soldat du nom de Sigbande, essaya de convaincre Anuarite de devenir sa femme. Saisie de peur mais courageuse, elle refusa catégoriquement, même après que les soldats, furieux devant ses refus répétés, l'isolèrent et la menacèrent de mort.

Pendant ce temps, les autres Sœurs qui étaient dans la "maison bleue" refusèrent de manger à moins que leur supérieure ne soit présente. Le colonel Pierre Olombe, prenant avec lui les Sœurs Banakweni et Marie Lucie, vint présenter la situation au colonel Ngalo qui, à son tour, sollicita son aide pour séduire Anuarite. Le colonel Olombe, très sûr de lui-même, accepta d'aider Ngalo.

Avec peine Anuarite prit un repas avec Mère Xavéria. Celle-ci mit du riz et des sardines dans l'assiette et elles y mangèrent à deux, à la demande d'Anuarite. Mais quand on leur apporta de la bière, Anuarite dit aux autres Sœurs de ne pas la boire car elles couraient toutes un danger mortel. Elle se déclara prête à mourir pour défendre sa virginité.

Le calvaire d’Anuarite
Le colonel Olombe s'approcha alors avec un groupe de Simba et ordonna aux Sœurs d'aller dormir. Il accepta qu'elles dorment dans la même chambre à condition qu'Anuarite reste. Très troublée et inquiète, Anuarite demanda alors à la mère supérieure de prier pour elle. Olombe essaya encore de convaincre Anuarite d'être la femme du colonel Ngalo. Puis il changea d'avis et voulut lui-même avoir Anuarite. Suite à ses refus catégoriques, il se mit à l'insulter mais Anuarite répliqua avec un air de défi.

Puis Olombe fit entrer Anuarite et Sœur Bokuma Jean-Baptiste -il voulait cette dernière pour lui-même- de force dans une voiture. Anuarite tenta de fuir, suivie de la Sœur Jean-Baptiste, quand le colonel alla chercher la clef de contact dans la maison. Mais il les attrapa et une lutte féroce s'ensuivit. Les mères Léontine et Mélanie, qui regardaient la scène, demandèrent au colonel Olombe d'avoir pitié des deux Sœurs. Mais le colonel, furieux, leur dit de se taire.

Le colonel Olombe se mit alors à frapper les deux Sœurs sans pitié. La Sœur Jean-Baptiste tomba évanouie, le bras droit cassé en trois endroits, mais Anuarite continuait à résister courageusement, répétant qu'elle préférait mourir plutôt que de commettre ce péché. Ses mots rendirent le colonel encore plus furieux.

À travers les coups, Sœur Anuarite eut la force de lui dire : "Je vous pardonne car vous ne savez pas ce que vous faites." Pris d'une nouvelle fureur, Olombe appela des Simba à son aide et donna l'ordre à deux d'entre eux de percer Anuarite de leurs baïonnettes à plusieurs reprises. Enfin Olombe prit son revolver et lui tira une balle dans la poitrine.

Le colonel Olombe sembla se calmer un peu et il dit aux Sœurs de venir prendre le corps d'Anuarite qui respirait encore faiblement. Celle-ci survécut encore quelques minutes avant de rendre l'âme à environ une heure du matin le 1er décembre 1964.

Anuarite fut enterrée dans une fosse commune avec d'autres condamnés exécutés par les Simba. Cependant, huit mois plus tard, on déterra son cadavre pour l'enterrer avec tous les honneurs dans le cimetière près de la cathédrale d'Isiro. En 1999, elle devint la première femme congolaise à être élevée au rang des saints par l'Église Catholique.

Révérend Yossa Way
Professeur de Théologie

Bienheureux Isidore Bakanja
Apôtre jusqu’à la mort

Isidore Bakanja, qui a donné sa vie pour la foi chrétienne, a vécu une vie simple comme catholique laïc au temps des atrocités qui ont été perpétrées par le régime du roi Léopold II dans l'État Libre du Congo. Il est né à Bokendela sur le Congo, au nord de la ville de Mbandaka (l'ancien Coquihatville). Son père et sa mère s'appelaient Iyonzwa et Inyuka.

Peu après sa majorité, il descendit la rivière jusqu'à Mbandaka pour chercher du travail : il devient maçon. Il reçoit, comme beaucoup d’autres, humiliations et brimades qu’il supporte avec beaucoup de patience. Bien vite, il gagne la confiance de ses maîtres et de ses camarades.

Pendant qu'il était à Mbandaka il rencontre des missionnaires catholiques trappistes de l'ordre de Cîteaux. Il a été instruit par ces derniers, et baptisé dans la paroisse de St Eugène, à Bolokwa-Nsimba, le 6 mai 1906. Plus tard, dans la même année, il fit sa première communion et a été confirmé. Bakanja vivait sa foi de manière très simple, et il portait toujours les deux symboles du chapelet et du scapulaire, qui lui étaient chers. Par la parole et les actions il attirait ses amis et ses connaissances à la foi chrétienne.

Bakanja a ensuite eu l'idée de rentrer dans son village pour travailler dans une plantation européenne. En dépit des avertissements de ses amis, il a trouvé du travail, à Busira, comme serviteur dans la maison d'un surveillant de la plantation qui s'appelait Reynders. M. Reynders, travaillait pour une société belge qui exploitait l’ivoire et le caoutchouc. Il l’apprécie beaucoup à cause de son travail, de sa courtoisie et de son honnêteté. Frappés par sa sagesse, beaucoup le choisissent comme catéchiste.

Deux cents coups de fouet
Quand Reynders a été transféré à Ikili, Bakanja l'y a accompagné. Là, le directeur de la plantation était un certain Van Cauter, qui était connu pour son opposition fanatique au christianisme et aux missionnaires chrétiens. Bakanja était très consciencieux dans son travail et il avait un rapport cordial avec Reynders. Reynders recommande à Isidore de dissimuler sa foi afin de ne pas s’attirer d’ennui. Il n’en tient aucun compte et, seul chrétien parmi les ouvriers, Bakanja partage le feu qui brûle en lui.
Van Cauter, par contre, était furieux quand Bakanja refusa d'enlever son scapulaire, et ordonna qu'on lui donne une fustigation sévère. Bakanja a accepté la punition injuste dans l'esprit de Jésus lors de sa passion.

Par la suite, Van Cauter vit Bakanja en prière lors d'une pause de travail et il devint furieux. Il ordonna de flageller Bakanja de plus de 200 coups avec un fouet en peau d’hippopotame garni de clous. On l'a ensuite enchaîné et enfermé. Le corps d’Isidore n’est plus qu’une plaie. Au bout d'un certain temps, on l'a relâché et on lui a ordonné d'accompagner Reynders à Isoko. Bakanja ne pouvait à peine marcher, et il s'est caché dans la forêt. Après trois jours, il a été découvert par un autre responsable, Dorpinghaus, qui venait inspecter les plantations. On a amené Bakanja jusqu'à un bateau sur la rivière, où il a reçu des soins pour ses plaies, qui commençaient déjà à se putréfier. Ses os à nu le faisaient souffrir atrocement.

À Ngomb'Isongo, à l'embarquement du bateau, on a trouvé qu'il était impossible d'arrêter l'infection. Mourant de septicémie, on a amené Bakanja à Busira pour qu'il reçoive les soins du catéchiste local. Il a aussi reçu la visite de deux missionnaires trappistes le 24 et le 25 juillet 1909, et a reçu les derniers sacrements de leur part. Il est mort le 15 août, en pardonnant et en priant pour son persécuteur.

Van Cauter, par la suite, a été poursuivi en justice par ses employeurs, et a reçu une peine de prison.

Le 25 avril 1994, Isidore Bakanja a été béatifié par le pape Jean-Paul II en présence de centaines d'évêques, de prêtres et de religieux qui étaient venus à Rome pour l'Assemblée Spéciale pour l'Afrique du synode des évêques.

Aylward Shorter M.Afr.

Bienheureux Benedict Daswa
Un opposant à la sorcellerie

L’église d’Afrique du Sud est heureuse de voir un de ses fils élevé sur les autels avec la béatification de Benedict Daswa du diocèse de Tzaneen, à l’est de Pretoria.

Samuel Benedict Daswa est né le 16 juin 1946 dans le village de Mbahe, province de Limpopo, dans le diocèse de Tzaneen. Il est baptisé le 21 avril 1953 par le Père Augustin O Brien à l’âge de 17 ans. Il était l’aîné d’une famille de 5 enfants : il avait 3 frères et une sœur plus jeunes que lui. Il a été confirmé à l’âge de 17 ans, le 21 juillet 1963. Il fit ses études dans la province de Venda et devint professeur dans une école primaire à Vungwa puis dans une école secondaire à Mhaphuli. Son père mourut assez jeune et Benedict s’occupa de l’éducation de ses frères et sa sœur. Il a été grandement influencé par son catéchiste Benedict Risimati, et il a fait sienne la devise de St Benoît : “Prie et travaille’’. Et il a été un exemple de bien des aspects de la vie chrétienne. Il était connu pour son honnêteté, sa droiture et son intégrité. Il est devenu rapidement un apôtre zélé pour témoigner de sa foi, et s’est engagé dans bien des activités de la communauté chrétienne.

Il a été assassiné, alors qu’il refusait de participer à une campagne qui l’obligeait à consulter un sorcier. En 1989, de violents orages s’abattent sur la région de Thohoyandou, et la foudre détruit plusieurs maisons. Les villageois décident alors de consulter un Sangoma, un guérisseur traditionnel, pour trouver le responsable, mais Benedict Daswa s’oppose à cette démarche au nom de sa foi catholique.

Le 2 février 1990 Daswa conduisait sa belle-sœur dont l’enfant était malade chez un docteur ; en route il prit avec lui un homme qui portait un sac de farine et le reconduisit chez lui ; alors qu’il revenait chez lui, il trouva la route bloquée par des arbres et entreprit de dégager la route. C’est alors qu’un groupe d’hommes assez jeunes l’attaquèrent.
Lapidé par des villageois


Il fut béatifié le 13 septembre 2015 par le cardinal Angelo Amato en présence de 35 000 personnes.

Comme il saignait car ses attaquants avaient commencé à lui jeter des pierres, il laissa sa voiture endommagée, il alla se réfugier dans une hutte voisine chez une vieille dame qui fut menacée de mort si elle ne révélait pas où était Daswa. Lorsque les assaillants le trouvèrent, ils le battirent à mort et versèrent même de l’eau bouillante sur lui pour s’assurer qu’il était bien mort. Avant de mourir Daswa avait prié ainsi : « Entre tes mains Seigneur je remets mon esprit. »

La maman de Benedict se convertit et fut baptisée ; elle économisa sur sa pension pour construire une tombe pour son fils assassiné. Cette tombe fut bénie en 2000. Le 24 août 2015 ses restes furent transférés dans l’église de L’Assomption de Nweli et le cercueil était porté par les enfants de Benedict. Le 10 juin 2008, la cause de béatification fut introduite et en 2010 Daswa fut déclaré serviteur de Dieu. Et le 22 janvier 2015 il fut reconnu comme martyr. Il fut béatifié le 13 septembre 2015 par le cardinal Angelo Amato en présence de 35 000 personnes.

Benedict a été une inspiration sur bien des aspects de la vie chrétienne. Bien vite il s’est aperçu que toute la question de la sorcellerie, qui a été la cause de la mort de bien des personnes complètement innocentes, était absolument contraire à l’enseignement du Christ. À partir de ce moment, et dans sa vie privée et en public, il s’est opposé ouvertement contre ce mal. Benedict avait compris que la communauté chrétienne devait être libérée des effets paralysants de la sorcellerie, et aider la communauté à devenir adulte. C’est sa prise de position qui a été la cause de son assassinat dans la communauté locale.

P. Didier Michon, M. Afr.

Pour plus voir: http://www.mafrome.org/fides259.htm

Bienheureux Cyprien Michaël Tansi
Moine cistercien Nigérian

Iwene Tansi est baptisé à 9 ans: il reçoit le prénom de 'Michael'. Il travaille comme professeur et catéchiste avant d'entrer au petit séminaire. Il est ordonné prêtre en 1937. Toutefois, il ressentait un appel croissant à la vie monastique. En 1950, il part en Angleterre au monastère trappiste du Mt Saint Bernard, à Leicester. Là, il reçut le nom de Cyprien. En 1953 il prononce ses premiers vœux, mais il ne put pas retourner dans son pays afin d'y implanter une communauté monastique comme il en avait l'intention (il en avait été nommé maître des novices), sa santé était défaillante.

Lors de la béatification du Père Tansi, le 22 mars 1998, le Pape Jean-Paul II disait de lui : « Il fut avant tout un homme de Dieu : les longues heures passées devant le Très Saint Sacrement remplissaient son cœur d'un amour généreux et courageux. Ceux qui l'ont connu témoignent de son grand amour pour Dieu. Ceux qui l'ont rencontré sont restés frappés de sa bonté personnelle. Il fut aussi un homme du peuple : il a toujours placé les autres avant lui-même et il fut particulièrement attentif aux besoins pastoraux des familles. Il fit tout ce qui était en son pouvoir pour que les couples soient bien préparés au sacrement de mariage et il prêcha l'importance de la chasteté. Il s'efforça de toute manière de promouvoir la dignité des femmes. En particulier, il considérait que l'éducation des jeunes était une chose précieuse ».

Bienheureux Ghebre-Michaël
Martyr d’Éthiopie

Il a été béatifié le 31 octobre 1926 et sa fête est célébrée le 14 juillet. Né à Dibo (Godjam, au nord de l’Éthiopie), en 1791. C'est dans le monastère de Mertule Maryam, en 1816, qu'il fit sa profession, comme moine orthodoxe. (1841-1842). Après avoir longuement réfléchi et prié Ghébré-Michaël prit, en 1844, la décision de passer au catholicisme et de s'unir à la petite communauté de Mgr de Jacobis. Il enseigna dans les séminaires de Guala et d'Alitena. Le 1er janvier 1851, il fut ordonné prêtre par Mgr de Jacobis.

Lorsqu'éclata la persécution contre les catholiques, Ghébré-Michaël refusa de se cacher ou de fuir. Il fut arrêté, emprisonné à Gondar, en mai 1854, et soumis à de grands tourments : jeûne, flagellations, guend (tronc d’olivier plein d’aiguilles) et humiliations de toutes sortes. En mars 1855, il fut conduit au camp militaire de Théodoros, à Ghébba-Tarara. Ayant refusé de changer d'avis, il fut de nouveau fouetté pendant des heures et laissé pour mort. Mais le jour suivant, ses blessures s’étaient fermées miraculeusement. Ensuite il fut obligé de marcher enchaîné, derrière l'armée.

Déçu dans son espoir de le voir abjurer, l'empereur décida d'en finir avec lui. Les mains liées, debout devant le peloton d'exécution, Ghébré-Michaël répétait : "Gloire au Père, au Fils, au Saint Esprit…" Il expira le soir, sereinement, après treize mois et quatorze jours de souffrance. C'était à Liguama, dans la province de Wollo, le 28 août 1855, fête de saint Georges pour l'Église d’Éthiopie. On croit qu'il a été enterré à Were Ilu, à 80 km sud-ouest de Desie. Il est le Patron des prêtres diocésains.

Bienheureux Raphaël Rafiringa
Frère des Écoles Chrétiennes à Madagascar

Frère Raphaël Louis Rafiringa est né à Tananarive (Madagascar) le 1er mai 1856. À l'âge de dix ans, Rafiringa rencontre trois missionnaires venus christianiser l'île. Ceux-çi appartiennent à la communauté des Frères des écoles Chrétiennes. Le 24 octobre 1869, il reçoit le baptême et prend le nom de Raphaël. En 1876, il demande à rejoindre la communauté des Frères. Il y est reçu, et trois ans plus tard, en 1879, il prononce ses premiers vœux religieux.

En 1883, les religieux étrangers sont expulsés de Madagascar, et il devient alors le chef des catholiques de tout Madagascar. En 1902, il est nommé membre de l'académie de Madagascar et l'année d'après il reçoit la médaille du Mérite Civil pour son œuvre de pacification entre la France et Madagascar. Il meurt le 19 mai 1919. Le 7 juin 2009, le pape Benoît XVI le place au rang des bienheureux, ce qui en fait le deuxième malgache après Victoire Rasoamanarivo.


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