Voix d'Afrique N°84.....

CONNAÎTRE
LA RELIGION TRADITIONNELLE




Didasio Mwanza est né en 1980, dans l’est de la Zambie. Il est le deuxième d’une fratrie de trois garçons et une fille. Après ses études secondaires, il manifeste, en 1999, sa volonté de devenir Missionnaire d’Afrique. Il commence sa formation philosophique en 2001 en Tanzanie, à Arusha. Puis, en 2004, il part au Burkina Faso pour faire son année spirituelle. De 2005 à 2007, il est au pays Dogon (Mali) pour son stage. Depuis août 2007, il termine sa formation théologique à Abidjan (C.I.). Il nous présente, ici, quelques réflexions sur l’importance de la religion traditionnelle.



Il est primordial de voir et comprendre ce qu’est la religion traditionnelle. Personnellement, je la comprends comme une culture. On ne peut séparer la religion africaine et la culture africaine. La religion traditionnelle d’un certain peuple nous parle de ce qu’est ce peuple. Elle nous révèle son système de pensée, ses croyances, les valeurs de sa vie fortement liées à ses sentiments et une explication du sens de leur vie. Finalement sa religion est sa vie même.

Cette religion s’exprime dans le vécu quotidien par des symboles, des gestes, des objets, des rites, des cérémonies, des mythes. Mais il y a aussi la langue, la musique, les danses et même la manière de s’habiller. Tout cela devient son identité qui donne à chaque membre du peuple un sens d’appartenance. C’est ce qui les construit et les modèle comme un peuple particulier. C’est une structure enracinée dans leur existence. Elle est à la base de tout.

Danseurs DogonsBien connaître la religion traditionnelle permet de mieux partager et communiquer les valeurs de l’Évangile à partir de ce que sont les gens. Certains diront que la religion traditionnelle n’est plus la même aujourd’hui qu’hier. Cela est peut-être vrai, mais ce changement reste superficiel, en ce sens que la structure de la société ne change pas si vite. Le « contenu » de la structure change, mais ce qui est fondamental, la structure, reste longtemps. Si la structure est complètement changée, les peuples perdent leur identité, leurs valeurs et le sens de leur vie. À la fin, ils ne savent plus ce qu’ils sont. Heureusement, beaucoup de sociétés africaines gardent encore leur organisation sociale.

Étudier la religion traditionnelle reste fondamental pour mieux évangéliser, pour adapter la présentation de la Bonne Nouvelle à leur logique de pensée.

Enfin, il est important, pour nous Africains, d’étudier la religion traditionnelle, pour mieux saisir l’Histoire. Il est bon de connaître d’où nous venons car cela nous aide à mieux comprendre où nous en sommes aujourd’hui et où nous allons. Cela nous permet d’évaluer et d’améliorer nos travaux apostoliques.

L’Histoire nous aide à lire les signes des temps, à être plus attentifs et vigilants aux changements de ce monde. Elle nous aide à mieux répondre aux interpellations du monde présent et à vivre convenablement notre vocation. L’histoire, en effet, est continuité. Dieu est le maître du passé, du présent et de l’avenir. Le renouvellement doit en tenir compte.

Quand on parle avec les gens d’aujourd’hui, on découvre qu’ils sont encore fortement liés à leurs traditions malgré tous les changements de la modernité. Il y a toujours quelque chose qui reste au fond.

Connaître la religion traditionnelle nous aide à distinguer ce qui reste après tous les changements. En plus, cela nous aide à montrer aux gens comment vivre leur foi chrétienne en respectant et en gardant le meilleur de leurs valeurs et de leur culture, en res-tant eux-mêmes. Avant, la plupart de ces valeurs étaient gardées par un sentiment de peur. À nous d’aider les gens à vivre ces valeurs dans la lumière de l’Évangile qui les libère de la peur, à nous de leur révéler ce Dieu auquel ils croyaient sans oser s’approcher trop de lui.

Vraiment, étudier la religion traditionnelle n’est jamais une perte de temps pour un missionnaire, sinon il va passer à côté de sa vocation.

Didasio Mwanza M. Afr.


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