Petit soldat
Je jeûne, ils m’appellent possédé.
Je mange et je bois, je deviens glouton et ivrogne.
Un enfant, avec un fusil trop grand
Un enfant, marche lentement, à pas hésitants
Au milieu du sang et du silence, et du silence
Un enfant,
mais apparemment c’est plus un enfant
Depuis très longtemps, trop longtemps,
trop longtempsBientôt dix ans, t’as jamais joué au voleur
Au gendarme qui a peur, à l’insouciance
Petit, tu devrais regarder les filles
Et voir dans leurs yeux qui brillent
des valses lentes
Tu vois dans leurs yeux des éclairs de feux
des tons déchiré par les barbelés
Et de temps en temps du cristal de sang
Quand vas-tu mourir ?Un enfant, avec un fusil trop grand
Un enfant,
mais apparemment c’est plus un enfant
Peut tuer comme un grand,
comme à la guerre évidemment
Bientôt dix ans, il y a des pays tranquilles
Et des jardins dans les villes, et de l’argent
Petit, tu sais pas jouer aux billes
Tu revends des balles en cuivre, pour le moment
Tu vis au milieu des éclairs de feux
des tons déchirés par le barbelés
Et de temps en temps du cristal de sang
Quand vas-tu mourir ?Un enfant, un enfant trop vieux, un enfant trop dur
Un enfant bien évidemment peut tuer comme un grand
Et comme c’est la guerre, fait sa ronde,
fait sa ronde
Et dans dix ans, si jamais y a plus l’enfer
Si jamais y a plus le fer, le feu, le sang
Petit, tu raccrocheras ton fusil
Comme un cauchemar qu’on oublie, apparemment
Petit, tu joueras peut-être au voleur
Et les gendarmes auront peur de l’insolence
Petit, tu feras danser les filles
Pour voir dans leurs yeux qui brillent
des valses lentes
Mais au fond des yeux, des éclairs de feux
Béton déchiré par les barbelés
Et de temps en temps du cristal de sang
Que vas-tu devenir ?
(Bernard Lavilliers)Tiré du blog “Enfants d’Afrique”
de Yves Toubab