Voix d'Afrique N°98.

Léopold Sédar SENGHOR


Léopold Sédar Senghor est tout à la fois poète, écrivain et homme politique sénégalais. Pour les uns, il est le symbole de la coopération française en Afrique, pour d’autres, du néocolonialisme français. Il a été le premier président du Sénégal et aussi le premier Africain à siéger à l’Académie française.

Léopold Sédar Senghor nait le 9 octobre 1906 à Joal, petite ville côtière, au sud de Dakar. Son père est un commerçant aisé, catholique, d’origine sérère. Senghor commence ses études au Sénégal, d’abord chez les Pères Spiritains à Ngazobil, puis à Dakar au collège-séminaire et à l’école laïque. Il est déjà passionné de littérature française. Après son baccalauréat, il obtient une bourse pour des études supérieures en France. En 1928, il est étudiant à la Sorbonne, puis à Louis-le-Grand où il prépare le concours d’entrée à l’École normale supérieure. Il y côtoie, entre autres, Georges Pompidou avec qui il se lie d’amitié, et Aimé Césaire. Refusé au concours d’entrée, il décide de préparer l’agrégation de grammaire, qu’il obtient en 1935. Il débute sa carrière d’enseignant à Tours, puis à Saint-Maur-des-Fossés, en région parisienne.

En 1939, Senghor est enrôlé comme officier de l’armée française dans l’infanterie coloniale. Un an plus tard, il est fait prisonnier et interné dans divers camps. Sa détention durera deux ans, temps qu’il consacrera à la rédaction de poèmes. En 1942, il est libéré, pour cause de maladie. Il reprend ses activités d’enseignant et participe à la résistance dans le cadre du Front national universitaire. La guerre finie, il reprend, à l’École nationale de la France d’outre-mer, la chaire de linguistique qu’il occupera jusqu’à l’indépendance du Sénégal en 1960.

L’année 1945 marque le début de sa carrière politique. Il devient député du Sénégal en 1946, puis occupe diverses fonctions au Conseil de l’Europe, à l’Unesco et à l’ONU. En France, il est secrétaire d’État à la présidence du Conseil entre 1955 et 1956 et ministre-conseiller du gouvernement en 1959.

Dans sa patrie de naissance, le Sénégal, il devient maire de Thiès en 1956. Cette même année, il divorce de sa première épouse, Ginette Eboué, la fille de Félix Eboué, gouverneur général de l’Afrique équatoriale française, et se remarie, l’année suivante, avec Colette Hubert, une française originaire de Normandie.

Après la dislocation de la fédération du Mali, le Sénégal proclame son indépendance le 20 août 1960, et Senghor en devient le premier président. Il démissionnera de la présidence, avant la fin de son 5ème mandat, en décembre 1980. Abdou Diouf le remplace à la tête du pouvoir. Sous sa présidence, le Sénégal a instauré le multipartisme, ainsi qu’un système éducatif performant. Senghor est souvent reconnu pour être un démocrate. Il soutient la création de la Francophonie et devient le vice-président du Haut-Conseil de la Francophonie.

Il est élu à l’Académie française le 2 juin 1983. Il est le premier Africain à y siéger. La cérémonie d’entrée a lieu le 29 mars 1984, en présence de François Mitterrand.

Senghor a passé les dernières années de sa vie auprès de son épouse, à Verson, en Normandie, où il décède le 20 décembre 2001. Ses obsèques ont lieu le 29 décembre 2001 à Dakar. Une vive polémique éclate alors, car ni Jacques Chirac ni Lionel Jospin, respectivement président de la République française et Premier ministre de l’époque, ne s’y sont pas rendus. Le parallèle a été fait avec les tirailleurs sénégalais qui, après avoir contribué à la libération de la France, ont dû attendre plus de 40 ans pour avoir le droit de percevoir une pension équivalente (en termes de pouvoir d’achat) à celle de leurs homologues français.

Côté lettres, Senghor est l’auteur de nombreux ouvrages de poésie et d’essais. Il est d’ailleurs primé à maintes reprises et reçoit notamment la médaille d’or de la langue française. Avec Aimé Césaire et Gontran Damas, il crée le concept de Négritude qui veut affirmer les cultures africaines et revendiquer l’identité noire.

Parmi les nombreux ouvrages dont Senghor est l’auteur, citons Chants d’Ombre, Hosties noires, Chants pour Naët, Éthiopiques, Nocturnes, Lettres d’hivernage et Élégies majeures, Anthologie de la nouvelle poésie nègre et malgache en langue française, La parole chez Paul Claudel et chez les Négro-africains, dialogues sur la poésie francophone.

D’après des sources diverses
Voix d’Afrique



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