Voix d'Afrique N°82.....

DEUX ANS AU BURUNDI



Paul Namono

Né 1978 à Bogandé, à l’Est du Burkina Faso, je suis gourmantché ; mon papa, Youpangri Jean-Baptiste, décédé en 2000, avait 4 épouses. Il a été baptisé juste quelques heures avant de mourir. Ma mère, première épouse, était chrétienne. Elle a eu 5 en-fants, dont deux garçons et trois filles ; je suis le benjamin de ma maman. A la maison, nous sommes 11 enfants vivants.
Dès 1996, j’ai connu les Pères Blancs. Après mon Bac et un an à la Faculté de Droit, j’ai commencé, en 2000, la philosophie à la Maison Lavigerie de Ouaga-dougou. Après l’année spirituelle, en 2004, je suis parti à Buyenzi, au Burundi, pour mon stage. Actuellement, je suis à Abidjan pour la théologie. Depuis le 6 décembre 2008, je suis missionnaire d’Afrique par mon serment et diacre.
 

Cest en 2004 que je suis arrivé au Burundi pour mes deux ans de stage. J’ai trouvé un pays de montagnes tout à fait différent de mon pays d’origine, le Burkina Faso.

Après dix années de guerre civile, l’Eglise du Burundi s’est fixée pour priorités pastorales la réconciliation, le pardon et l’apaisement des cœurs. Le Burundi est à plus de 95 % chrétien. On pourrait alors se demander où étaient ces chrétiens pendant cette période noire. Quel rôle ont-ils joué dans la crise ? Ont-ils été victimes, bourreaux ou tout simplement indifférents ?

Pour moi, c’était la première fois que je quittais mon pays, ma famille, mes amis pour faire l’expérience de l’inconnu et de l’éloignement. Au tout début, je pensais souvent à eux et priais pour eux. Petit à petit, je les ai intégrés dans ma vie de futur missionnaire : éloignement des siens, mais proche d’eux à cause du Christ.

Paul est le second en partant de la droiteA dire vrai, il me faut tout apprendre, il me faut affronter de nouvelles réalités socioculturelles. Le Burundi, depuis son indépendance, n’a pas tellement connu la paix ni la stabilité politique pour bâtir une société partageant des valeurs communes de justice, de paix, de respect mutuel et d’intégrité. Le peuple burundais vit comme en sursis dans un climat de violence géné-ralisée, de massacres inter-communautaires et de toute forme d’insécurité. Avec un tel passé, les valeurs culturelles se trouvent modifiées ou plutôt se sont adaptées au nouveau climat social. Tous ceux qui sont nés ou ont grandi dans ces périodes de grands troubles ont encore en mémoire le souvenir macabre des tueries et assassinats dont leurs proches ont fait l’objet. Certains y ont échappé par miracle.

La paroisse Saint Augustin de Buyenzi, où j’ai passé deux ans, est située dans un quartier très populaire de Bujumbura. Sa population cosmopolite cohabite en parfaite harmonie. On y trouve des Congolais, des Tanzaniens, des Ougandais, des Rwandais pour ne citer que ceux-là. Le kirundi, la langue “naturelle’’ du Burundi, est dépassé de loin par le swahili qui a une envergure plus régionale, voire internationale.

Les Burundais de Buyenzi viennent en général de l’intérieur du pays ou des collines entourant Bujumbura. Ils descendent, le plus souvent seuls, de leurs collines pour chercher du travail en ville, laissant femme et enfants dans les bananeraies. Avec leur travail, ils envoient de l’argent ou des vivres à la famille restée à l’intérieur.

Mon séjour à la paroisse Saint Augustin a raffermi ma foi en Jésus Christ : la ferveur des chrétiens qui viennent prier m’a donné beaucoup de courage pour progresser dans la foi. Dans ma prière, j’offre au Seigneur tout ce que je vis dans mon apostolat, les joies et les peines des personnes rencontrées. La population de Buyenzi, comme celle du reste du pays, a beaucoup souffert au cours de ces 10 dernières années. En communauté, nous essayons de prier pour que le Burundi se laisse réellement pénétrer par le message de paix, de réconciliation et de justice de notre Seigneur Jésus Christ.

Avec ce que j’ai vécu durant le stage, je comprends que la mission est d’être avec les gens, de les écouter, de partager leurs joies et leurs peines et aussi leur espérance en un monde meilleur. La mission, c’est l’annonce de la Bonne Nouvelle de Jésus Christ et son impact dans notre quotidien. Cette annonce doit prendre en compte le développement intégral de l’homme et de tout l’homme. C’est aussi partager sa foi avec des gens simples et se laisser convertir par leur témoignage de vie chrétienne. La mission, c’est laisser Jésus nous utiliser pour son projet, pour son peuple, et elle se vit dans l’humilité.

Je rends grâce à Dieu pour le charisme des Missionnaires d’Afrique que j’ai mieux compris et essayé de vivre avec mes confrères. Je remercie les confrères du Burundi qui m’ont aidé dans mon cheminement missionnaire. Je rends grâce aussi à Dieu pour les familles, les amis, les “papas’’ et les “mamans’’ qui m’ont accueilli et adopté, facilitant ainsi mon séjour au Burundi. Que Dieu les bénisse !

Paul NAMONO
M. Afr.


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