Qui est Marie Ndiaye ?Marie Ndiaye naît le 4 juin 1967 à Pithiviers, dans le Loiret, dun père sénégalais et dune mère française. Son père quitte la France pour lAfrique, lannée suivante. Elle grandit en banlieue parisienne, où sa mère lélève seule, avec son frère Pap NDiaye. Dès lâge de 12 ans elle commence à écrire. Elle est en terminale quand elle est remarquée par Jérôme Lindon, fondateur des éditions de Minuit, qui publie son premier roman Quant au riche avenir (1985).
A la suite de ce premier livre, elle reçoit une lettre dun lecteur qui nest autre que Jean-Yves Cendrey, pas encore écrivain. Il deviendra son époux et le père de ses trois enfants.
En 1988, Marie NDiaye publie Comédie classique (POL). Puis ce sera La Femme changée en bûche (Minuit), En famille (Minuit, 1991) ou encore La Sorcière (Minuit, 1996). Elle reçoit le Prix Femina en 2001 avec son roman Rosie Carpe.
A côté de son uvre romanesque, Marie NDiaye compose des ouvrages pour la jeunesse, comme La Diablesse et son enfant ou Le Souhait (Ecole des loisirs, 2000 et 2005) ; et aussi des pièces de théâtre. Sa pièce Papa doit manger figure au répertoire de la Comédie-Française.
En 2007, elle part vivre à Berlin avec toute sa famille, trouvant, dit-elle, « monstrueuse la France de Sarkozy », à cause de « cette atmosphère de flicage, de vulgarité... »
Elle reçoit le prix Goncourt 2009 pour Trois Femmes puissantes (Gallimard).
Elle qui rejette létiquette dafricaine, de métisse et même dauteur francophone, retrouve cependant le chemin de lAfrique, où se déroule, pour une bonne part, Trois Femmes puissantes.
Le livre
Trois récits, trois femmes qui disent non. Elles sappellent Norah, Fanta, Khady Demba. Trois femmes puissantes. Aucune des trois nest pourtant projetée dans une situation enviable. La première, Norah, a grandi en France avec sa mère et sa sur après que son père les a abandonnées pour retourner vivre en Afrique avec leur jeune frère. Trente ans plus tard, il la convoque dans le village africain où il a fait fortune dans le tourisme, pour lui demander son aide. Norah va quitter Paris, sa famille, sa carrière davocate pour cette visite à son père. Ces retrouvailles plus que malaisées entre le père et la fille se révèlent devenir, pour elle, une épreuve de vérité qui met en péril son couple, sa relation avec sa propre fille, sa mémoire, sa raison même - sa vie toute entière.
Fanta, elle, a quitté son Sénégal natal pour suivre son mari, Rudy, en France. La voilà désormais qui se morfond et sétiole dans une province française sans grâce, dans une vie ordinaire, étroite, médiocre - du moins est-ce ainsi que Rudy voit les choses, et cest par la seule voix intérieure de ce dernier, pétrie de culpabilité et damertume, quil nous est donné de connaître Fanta.
Enfin, voici Khady, jeune Africaine, plus simple et plus terrienne. Chassée par sa belle-famille après la mort de son mari, elle est contrainte à lexil, la solitude, la pauvreté, le désespoir. Elle va errer, se prostituer pour manger, et voyager jusquà la côte doù on lui a promis de lembarquer clandestinement vers lEurope. Son histoire est peut-être la plus belle, et elle, la plus obstinée, la plus fière de ces trois femmes aux prises avec le monde qui souvre à elles et en quête dun monde qui leur appartient.
La parole
à Marie NdiayeSur son roman
Où est la puissance de ces Trois femmes ?Dans mon esprit, malgré toutes sortes de difficultés, chacune a une force intérieure inaltérable. Même celle qui semble la plus fragile ne doute jamais, au cur des difficultés les plus terribles et humiliantes, du fait quelle est un être humain unique. Elles ont toutes un noyau indestructible qui en fait des femmes puissantes, même si, dun point de vue social ou professionnel, elles nont aucun pouvoir.
(Nathalie Crom, Télérama)Quelle est votre relation avec ce continent, doù votre père est originaire ?
Cest une relation un peu étrange et assez lointaine. Jy ai fait un premier voyage relativement tard, vers lâge de 20 ans, à la fin des années 80 donc, et un second il y a trois ans.(...) Cest très peu. De ce fait, ma relation à lAfrique est un peu rêvée, abstraite, au sens où lAfrique, dans ma tête, est plus un songe quune réalité. En même temps, je suis attirée, incontestablement, mais de manière contradictoire, parce que jaurais pu sans peine faire des voyages plus fréquents là-bas. Mais il y a peut-être de ma part une sorte de crainte, je ne sais pas précisément de quoi.
(Nathalie Crom, Télérama)Marie Ndiaye refuse limage de « métisse » ou dAfricaine que de nombreuses personnes ont delle : « Cela renvoie une image qui nest pas la mienne. Mon père est rentré en Afrique quand javais un an. Je nai jamais vécu avec lui. Jai grandi en banlieue, je suis 100 % française, avec les vacances dans la Beauce... On pense à tort que jai la double nationalité, la double culture. Mais je ne suis pas gênée que lon dise de moi au Sénégal que je suis Africaine. » (Wikipédia)
« Je regrette depuis toujours de ne pas avoir de double culture alors que jétais dans une situation idéale pour lavoir », a-t-elle expliqué à Jeune Afrique édité à Paris. « Je nai pas eu une enfance africaine, je ne laurai jamais. À 42 ans, il est trop tard pour acquérir une double culture. Aujourdhui, je comprends ce que cest de ne pas en avoir, de ce que représente un métissage tronqué dont on na que les apparences ». ( Jeune Afrique)
« La seule chose qui change quand on a une origine africaine, cest quon est noir, cest visible. Mais cest tout.[...] Jai été élevée dans un « univers 100 % français ». Dans ma vie, lorigine africaine na pas vraiment de sens sinon quon le sait à cause de mon nom et de la couleur de ma peau. Bien sûr, le fait davoir écrit des histoires où lAfrique est présente peut paraître contradictoire. Je suis allée deux ou trois fois en Afrique, cest un lieu qui mintrigue, me fascine aussi, car je sens que jy suis radicalement étrangère. Quand jy suis et que les gens voient mon nom et la couleur de ma peau, ils pensent que je suis des leurs. Or, par mon histoire, cest faux. Jai souvent rencontré des Français qui ont été élevés en Afrique et qui sont plus africains que moi. Alors queux, en Afrique, dans le regard des autres, ils restent étrangers Ironiquement, cest en France que je peux paraître étrangère. » (Les Inrocks) Inrockuptibles)
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