Voix d'Afrique N°87.

Jeunes


FORMATION THÉOLOGIQUE

Le petit Groupe de Formation de Kinshasa : Rêves et réalités


Daniel P. NANA
M.Afr.

Pour la formation de ses candidats, la Société des Missionnaires d’Afrique a proposé un nouveau style pour la quatrième et dernière étape (la théologie). L’objectif visé est de rendre le candidat plus responsable. Cette étape de la formation vient juste après l’expérience de stage. Le candidat sort de deux ans d’expérience en paroisse et dans une communauté missionnaire où il a eu des activités qui l’ont rendu de plus en plus responsable. Dès lors, il prend en considération sa formation, et il en est le premier responsable. C’est pour cela qu’après le dernier Chapitre, trois Petits Groupes de Formation ont été ouverts : Nairobi, Jérusalem et Kinshasa. Cependant, chaque Petit Groupe diffère de l’autre de par sa configuration communautaire et son emplacement.

Le Petit Groupe de Kinshasa et son milieu

Le bâtiment des étudiantsVoici donc le Petit groupe de Kinshasa. Comme dans toute mégapole, les défis sociaux ne manquent pas à Kinshasa : la pauvreté, les églises de réveil, la corruption. Les missionnaires peuvent trouver facilement des occasions pour exercer la justice et la paix, rencontrer les musulmans, faire de l’œcuménisme, travailler dans les “zones de fracture”, avec les exclus de la société. Il y a une forte présence des congrégations missionnaires à Kinshasa. Cela pousse à trouver sa place et à se réaliser.

Au plan des études, Kinshasa offre des études de qualité et actualisées. C’est un milieu universitaire, donc convenable pour la formation intellectuelle et humaine. Il y a de nombreux professeurs qualifiés (Docteurs) à tous les niveaux. Cependant, ce milieu si intellectuel et si religieux laisse parfois à désirer. En effet, il y a un contraste, une incohérence entre ce milieu chrétien et un milieu dont la vie ne traduit pas cette chrétienté ; les antivaleurs deviennent de plus en plus des valeurs à Kinshasa.

Tous ces défis conduisent à la patience et à l’espérance, c’est-à-dire, croire à un changement possible et participer à ce changement par le témoignage. Ces défis conduisent à l’ouverture à la nouveauté et à l’adaptation, à devenir aussi plus endurants. Ce qui permet aux candidats de ne pas porter trop vite un jugement pessimiste sur la situation.

Ils sont plutôt appelés à faire un pont entre les richesses culturelles, intellectuelles et humaines et les différentes situations de crise. Malgré la situation difficile de la plupart, cette population demeure accueillante.
Le danger réel est de se familiariser tellement avec cette vie kinoise qu’on risque de devenir soi-même un acteur de la corruption et du mensonge.

Forces et faiblesses de la formation de ce Petit Groupe

La formation en ‘petit groupe’ permet une meilleure connaissance de soi et de chaque membre de la communauté ; elle stimule une grande ouverture des uns aux autres et facilite les relations interpersonnelles. Elle facilite la communication, la consultation et le dialogue entre les membres de la communauté. Elle permet de vivre l’unité et la proximité entre les membres, aînés et jeunes, sans trop grande distance entre le responsable de formation et les formés, et de développer la sensibilité et l’attention aux autres. Elle permet une grande responsabilisation de chaque membre et facilite la coresponsabilité en vue de la construction de la communauté.

Elle permet l’autoformation, restaure un regain de confiance en soi et évite les tendances à porter des masques ou à faire le sous-marin. Elle aide à développer une liberté intérieure qui tient compte des priorités des missionnaires d’Afrique. Elle facilite l’adaptation et la transition de l’expérience du stage à la phase d’études de théologie, étant donné que le Petit Groupe de Formation ressemble à une communauté de Missionnaires d’Afrique ordinaires. Elle développe le sens d’appartenance à la communauté, rend possible une grande participation de chaque membre dans les réflexions et les prises de décisions avec moins de directivité. Elle favorise la confiance et la maturité de telle sorte que l’engagement et la participation active dans tous les domaines de la vie communautaire, aide à se sentir déjà membre de la société des Missionnaires d’Afrique, tout en étant encore en formation. Elle motive un esprit de créativité qui est tendu vers la préparation de l’avenir.

Cependant, notre Petit Groupe se trouve dans une parcelle pas très grande qui ne permet pas la réalisation de certaines activités sur place comme le sport, le jardinage, etc.

Ordination au diaconat le 19 juillet 2009Vu que le groupe est resté presque le même pendant 4 ans, il risque de tomber dans la routine. Il peut manquer de la nouvelle sève ou nouvelle énergie dans la vie communautaire.
Au niveau de la formation intellectuelle, les candidats ont suivi des cours pendant une année à l’Institut Saint Eugène de Mazenod, situé à une quinzaine de kilomètres de la communauté. Les trois dernières années, ils ont suivi les cours à l’Université Saint Augustin. Pendant toutes ces années de formation, le fonctionnement a été marqué par les changements et l’incertitude sur le nombre d’années d’études (3 ans ou 4 ans), sur le programme de cours et le titre académique (Etat congolais ou Urbaniana), sur l’identité du centre (école, institut ou université), etc. Malgré tout, un climat d’espérance a régné.

Le Petit Groupe de Kinshasa a donné du fruit 

Daniel NanaEn septembre 2006, sept jeunes venus de divers horizons débutaient cette aventure. Sébastien Kalengwe et Sébastien Ndrutsomi de la R.D.Congo, Camille Konkobo et Daniel P. Nana du Burkina Faso, Dennis Dashong Pam du Nigeria, Théobald Muchunguzi de la Tanzanie et Alex Manda de la Zambie apportaient chacun des pierres pour la construction. Ces pierres étaient différentes de par leurs tailles et leurs couleurs ; les expériences de stage, les différentes cultures, les différents caractères, les différentes qualités ont été l’argile, le sable, le ciment et autres pour la construction. Aujourd’hui, tous sont heureux de voir l’édifice béni par le Maître et guidé par les ingénieurs en construction, les formateurs et les aînés. En effet, le 19 juillet 2009, les sept ont dit oui définitivement au Dieu de la Vie par leur serment missionnaire. Le même jour, ils ont été ordonnés diacres en vue du sacerdoce.

Ils sont nommés pour la mission et les mots d’Emmanuel Ngona, provincial de l’Afrique Centrale, résonnent encore dans leur esprit. Emmanuel a exhorté les nouveaux confrères diacres à accueillir leur première nomination avec beaucoup de disponibilité pour la mission et pour l’Église et il a donné cette belle parole de l’Évangile comme une invitation : « Celui qui aime faire la volonté de Dieu demeure pour toujours et progresse dans le bien. »

Daniel P. NANA
M.Afr.

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