La
nouvelle de la mort de Miriam Makéba, la voix légendaire
de lAfrique, est venue bouleverser tous les esprits. Au soir
du dimanche 9 novembre dernier, elle est terrassée par une
crise cardiaque à la fin dun concert antimafia dédié
au jeune écrivain du bestseller Gomorra, Robero
Saviano, écrivain menacé de mort par la Camorra, près
de Naples, en Italie
Miriam Makeba, chanteuse sud-africaine, est considérée
comme un des symboles de la lutte contre lapartheid.
Née à Johannesburg le 4 mars 1932, Miriam, de son
vrai prénom Zenzi (diminutif de Uzenzile qui
signifie, Tu ne dois ten prendre quà toi-même
), commence son destin tristement exemplaire en prison :
elle na que quelques jours lorsque sa mère est condamnée
à six mois pour avoir fabriqué de la bière
afin de subvenir aux besoins de sa famille. Son père, instituteur,
meurt lorsquelle a cinq ans. En 1947, elle voit le destin
de son pays basculer avec larrivée au pouvoir des nationalistes
afrikaners, qui plongent le peuple noir dans larbitraire et
la violence de lapartheid.
Interdite décole à 16 ans à cause du
système discriminatoire, elle fera des ménages chez
les Blancs. A 20 ans, elle est choriste du groupe « Manhattan
Brothers », qui lui donnent son nom de scène,
Miriam. Elle tient un rôle remarqué dans « Come
Back Africa », film réalisé sur la dure
vie des noirs sud-africains, puis elle attire lattention internationale
comme chanteuse, lors dune tournée avec son groupe
aux Etats-Unis en 1959.
Lannée suivante, quand elle veut revenir dans son
pays pour lenterrement de sa mère, lEtat sud-africain
la déchoit de sa nationalité et condamne peu après
sa musique.
A la suite de ce bannissement, elle va vivre 31 ans en exil, aux
Etats-Unis dabord. Malgré son succès, son mariage,
en 1969, avec le leader des Black Panthers, Stokely Carmichael -
dont elle se sépare en 1973 - nest pas du goût
des autorités américaines et la pousse à émigrer
en Guinée.
Elle est la première femme noire à se voir décerner
un Grammy Award quelle partage avec le chanteur américain
Harry Belafonte en 1965.
Deux ans plus tard, elle connaît les sommets de la gloire
avec lenregistrement de son tube indémodable Pata
Pata inspiré dune danse dans une township. Elle
lavait écrit dès 1956.
En 1985, cest le passage à vide lorsque sa fille unique,
Bongi, meurt à lâge de 36 ans, et Miriam Makéba,
qui na pas dargent pour payer son enterrement, lenterre
toute seule, empêchant les journalistes de couvrir lévénement.
Après la mort de sa fille, elle part vivre en Europe. En
1990, Nelson Mandela, sorti de prison, réussit à la
convaincre de revenir en Afrique du sud. Mais elle va attendre six
ans avant de pouvoir enregistrer un nouveau disque : ce sera
Home-land qui contient une chanson décrivant
sa joie dêtre revenue dans son pays et dans lequel elle
évoque lapartheid.
Sa dénonciation de lapartheid a été incessante.
Elle la fait par ses chansons, mais aussi dans des discours
importants, jusque devant lAssemblée générale
des Nations Unies en 1975.
Elle chante en zoulou, en zhoxa, en tswana. Ses mélodies
chantent la tolérance, la paix et le devoir de mémoire.
Dans ses chansons, pas lombre dune amertume, aucune
pointe de cynisme, mais une dignité à toute épreuve.
Miriam Makeba est deve-nue Commandeur des Arts et des Lettres en
1985 et obtint la nationalité française en 1990. nSes
derniers albums :
Sangoma (2004),
Pata Pata (2005)
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Quelques albums
de Miriam Makeba
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