Voix d'Afrique N° 82

MAMA AFRICA S’EN EST ALLEE


La nouvelle de la mort de Miriam Makéba, la voix légendaire de l’Afrique, est venue bouleverser tous les esprits. Au soir du dimanche 9 novembre dernier, elle est terrassée par une crise cardiaque à la fin d’un concert antimafia dédié au jeune écrivain du bestseller “Gomorra”, Robero Saviano, écrivain menacé de mort par la Camorra, près de Naples, en Italie

Miriam Makeba, chanteuse sud-africaine, est considérée comme un des symboles de la lutte contre l’apartheid.

Née à Johannesburg le 4 mars 1932, Miriam, de son vrai prénom “Zenzi” (diminutif de Uzenzile qui signifie, “ Tu ne dois t’en prendre qu’à toi-même “), commence son destin tristement exemplaire en prison : elle n’a que quelques jours lorsque sa mère est condamnée à six mois pour avoir fabriqué de la bière afin de subvenir aux besoins de sa famille. Son père, instituteur, meurt lorsqu’elle a cinq ans. En 1947, elle voit le destin de son pays basculer avec l’arrivée au pouvoir des nationalistes afrikaners, qui plongent le peuple noir dans l’arbitraire et la violence de l’apartheid.

Interdite d’école à 16 ans à cause du système discriminatoire, elle fera des ménages chez les Blancs. A 20 ans, elle est choriste du groupe « Manhattan Brothers », qui lui donnent son nom de scène, Miriam. Elle tient un rôle remarqué dans « Come Back Africa », film réalisé sur la dure vie des noirs sud-africains, puis elle attire l’attention internationale comme chanteuse, lors d’une tournée avec son groupe aux Etats-Unis en 1959.

L’année suivante, quand elle veut revenir dans son pays pour l’enterrement de sa mère, l’Etat sud-africain la déchoit de sa nationalité et condamne peu après sa musique.

A la suite de ce bannissement, elle va vivre 31 ans en exil, aux Etats-Unis d’abord. Malgré son succès, son mariage, en 1969, avec le leader des Black Panthers, Stokely Carmichael - dont elle se sépare en 1973 - n’est pas du goût des autorités américaines et la pousse à émigrer en Guinée.

Elle est la première femme noire à se voir décerner un Grammy Award qu’elle partage avec le chanteur américain Harry Belafonte en 1965.
Deux ans plus tard, elle connaît les sommets de la gloire avec l’enregistrement de son tube indémodable “Pata Pata” inspiré d’une danse dans une township. Elle l’avait écrit dès 1956.

En 1985, c’est le passage à vide lorsque sa fille unique, Bongi, meurt à l’âge de 36 ans, et Miriam Makéba, qui n’a pas d’argent pour payer son enterrement, l’enterre toute seule, empêchant les journalistes de couvrir l’événement.

Après la mort de sa fille, elle part vivre en Europe. En 1990, Nelson Mandela, sorti de prison, réussit à la convaincre de revenir en Afrique du sud. Mais elle va attendre six ans avant de pouvoir enregistrer un nouveau disque : ce sera “Home-land” qui contient une chanson décrivant sa joie d’être revenue dans son pays et dans lequel elle évoque l’apartheid.

Sa dénonciation de l’apartheid a été incessante. Elle l’a fait par ses chansons, mais aussi dans des discours importants, jusque devant l’Assemblée générale des Nations Unies en 1975.

Elle chante en zoulou, en zhoxa, en tswana. Ses mélodies chantent la tolérance, la paix et le devoir de mémoire. Dans ses chansons, pas l’ombre d’une amertume, aucune pointe de cynisme, mais une dignité à toute épreuve.

Miriam Makeba est deve-nue Commandeur des Arts et des Lettres en 1985 et obtint la nationalité française en 1990. nSes derniers albums :
Sangoma (2004),
Pata Pata (2005)

Quelques albums
de Miriam Makeba


 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Précédente suivant