Missionnaires d'Afrique


HISTOIRE

Lavigerie,
les Pères Blancs
et l’attachement à Marie

Peut-on conjuger histoire générale et piété personnelle ? Y a-t-il des relations à établir entre la dévotion mariale de Charles Lavigerie et ses études universitaires, ses engagements sociaux, ses rencontres interreligieuses et politiques, la diplomatie, son séjour à Rome et son expédition au Liban ? Lavigerie n’avait sûrement pas une religion de sacristie. Il n’a jamais aimé les catacombes. Chrétien sur la place publique, il savait vivre au milieu des arènes de l’histoire de son siècle, le XIXe. Si le Cardinal récitait son chapelet, il exprimait aussi sa dévotion à Marie en créant des oeuvres comme les Missionnaires de Notre-Dame d’Afrique, hommes et femmes, les basiliques d’Alger et de Jérusalem, la ‘résurrection’ de l’Église de Carthage... Toutes ces fondations, il les mettait en relation directe avec la Vierge et avec la mission en Afrique. Notre confrère Joseph Vandrisse n’a pas hésité à esquisser le cadre historique, géopolitique et théologique du XIXe siècle pour essayer de cerner la dévotion mariale de notre fondateur.
Chant du Sancta Maria - Video Sancta Maria

Le 8 décembre 1878, en la fête de l’Immaculée Conception de Marie, Mgr Charles Lavigerie - il ne sera cardinal que quatre ans plus tard - signe, de sa résidence de l’archevêché d’Alger, un décret qui reste aujourd’hui pour la Société des Missionnaires d’Afrique (les Pères Blancs) un acte fondamental. ‘Nous déclarons l’Immaculée Conception patronne de la Société des Missionnaires d’Alger sous le vocable de Notre-Dame des Missions d’Afrique’ (Cf. PÉ 2004/2, Homélie du P. François Richard -Réservé-).

Lavigerie date le décret du 8 décembre 1868, sans doute parce que le 19 octobre de cette année-là, il avait ouvert près de Notre-Dame d’Afrique, le premier noviciat des Pères Blancs. En fait, le 8 décembre 1878, il était rentré cinq mois plus tôt de trois semaines en Palestine, principalement à Jérusalem, où l’église Sainte-Anne lui avait été confiée par le gouvernement français (convention du 5 juin 1878). Le 14 septembre, quatre missionnaires quittaient Alger pour Jérusalem où ils arrivaient le 1er octobre.

Le 8 décembre, Lavigerie signait donc et faisait publier le décret qui déclare solennellement l’Immaculée Conception ‘patronne de la société des Missionnaires de Notre-Dame d’Afrique d’Alger’. Par ce geste, Lavigerie signifiait avec la plus grande clarté, le lien qui unissait l’église Notre-Dame d’Afrique à Alger, à celle de Sainte-Anne de Jérusalem, l’église de Sainte-Marie-où-elle-est-née, selon son titre remontant à la plus ancienne tradition.


Pie IX (1792-1878), le Pape de l’Immaculée Conception avec qui, nommé à Rome de 1861 à 1863, Lavigerie avait établi des liens d’amitié. Bernadette Soubirous (1844-1879), la voyante de Lourdes. L’Émir d’Algérie Abd el-Kader (1807-1883) rencontré en 1860.

Mais d’où venait l’attachement de Lavigerie à Marie Immaculée ? Il est indispensable pour le comprendre - et pour saisir le lien entre Alger et Jérusalem - de tracer les grandes étapes de la vie de cette attrayante figure apostolique qui marqua au XIXème siècle, aussi bien la vie de l’Église que celle de la France.

Notre-Dame d'Afrique

Passons rapidement sur ses années de jeunesse, de sa naissance à Bayonne, le 31 octobre 1825, à son entrée au grand séminaire de philosophie à Issy-les-Moulineaux. Tout jeune, de son Béarn natal, il avait entendu parler de l’occupation d’Alger par les troupes françaises, le 7 juillet 1830, et de l’avènement de la Monarchie de juillet. Ses biographes parlent peu de la vie spirituelle et de la dévotion mariale de l’enfant et de l’adolescent. Pourtant lui-même aimera plus tard évoquer avec simplicité sa piété mariale.


Le Maréchal Mac-Mahon (1808-1898). En 1866, il proposa le siège d’Alger à Lavigerie, évêque de Nancy depuis 1863. Mgr Lavigerie (1825-1892) et un jeune Algérien rescapé de la famine de 1868. Image ancienne de Notre-Dame d’Afrique dans sa basilique d’Alger.

La première partie de sa vie d’adulte va se dérouler de 1843 à mai 1867, date de son arrivée à Alger comme archevêque. Lavigerie, ordonné prêtre le 2 juin 1849, vit, à l’époque de son premier professorat, le coup d’État de Louis Napoléon Bonaparte, le 2 décembre 1851.

Une année, celle de 1854, peut être considérée comme capitale dans la vie de Lavigerie. Le Second Empire n’a alors que trois ans et la France connaît un remarquable essor économique. La ligne de train Paris-Lyon est ouverte en cette année 1854. Trois figures se détachent qui vont nous permettre de mieux cerner notre recherche nous offrant trois portraits croisés : celui du pape Pie IX d’abord ; celui du Maréchal Mac-Mahon ensuite ; et enfin celui de Lavigerie lui-même qui n’a alors que 29 ans.

Pie IX, lui, est âgé de 69 ans. Il avait été élu huit ans plus tôt et son long pontificat ira jusqu’en 1878, connaissant des situations difficiles : l’ouverture du premier concile du Vatican, la Question Romaine conclue par la prise de Rome par les forces de la ‘Nouvelle Italie’, la publication du Syllabus, etc.

Mais c’est l’époque d’un grand développement marial et missionnaire : en 1854, les missionnaires du Sacré-Coeur d’Issoudun fondent l’Église en Nouvelle-Guinée. La date importante de cette année demeurera celle du 8 décembre. Le pape publie solennellement ce jour-là la bulle Ineffabilis Deus définissant le dogme de l’Immaculée Conception. Il le fait après une longue consultation des évêques mais exclusivement sous son autorité pontificale. Il annonce en quelque sorte le dogme de l’infaillibilité de l’évêque de Rome. Plus de deux cents évêques étaient présents en la basilique Saint-Pierre. Le dogme de 1854 allait renforcer la dévotion populaire dans le catholicisme français qui s’éloigna progressivement du jansénisme.

Docteur-es-lettres et en théologie, Lavigerie est maintenant professeur d’histoire de l’Église à la Sorbonne. Dans sa vie, il gardera un goût prononcé pour l’histoire. La substance des recherches qu’il fit sur les écoles catéchuménales des premiers siècles passera dans ses Instructions aux Pères Blancs sur le catéchuménat africain. Très en contact avec les milieux intellectuels catholiques et les initiateurs du Mouvement social, il l’est aussi avec les milieux diplomatiques.

Le 27 mars de cette année, la France et l’Angleterre déclarent la guerre à la Russie qui cherchait à élargir son influence au Proche-Orient. La question du partage de la Turquie était déjà à l’ordre du jour. Les alliés subissent un échec à Sébastopol, en Crimée. Les troupes françaises, sous le commandement du général Edme Patrice de Mac-Mahon, tiennent au fort de Malakoff (‘J’y suis, j’y reste’). Neuf ans plus tard, Mac-Mahon devient gouverneur de l’Algérie.


Mère Marie - Salomé
(Renée Roudaut, 3 avril 1847-18 octobre 1930) et la statue de N-D d’Afrique (N-D du Voeu) qu’elle fit ériger dans la cour de la maison-mère près d’Alger en 1885.

Destins croisés, ai-je dit. En 1856, Lavigerie est nommé premier directeur de l’Œuvre des Écoles d’Orient dont on vient de fêter à Paris, cette année, le 150e anniversaire. En 1858, du 11 février au 18 juin, ont lieu les apparitions de Marie à Lourdes : ‘Je suis l’Immaculée Conception’. Dans ses instructions et ses écrits si abondants tout au long de sa carrière, Lavigerie qui avait soutenu avec ferveur la bulle de 1854, ne fera aucune allusion à Lourdes alors que si souvent, d’Alger ou de Paris, il se rendra à Bayonne distant de 150 km de la cité mariale.


Statue de N-D d’Afrique (N-D du Voeu) (Maintenant au Généralat des Smnda à Rome)
‘Depuis la fondation de notre petite Société, que de grâces accordées par l’intermédiaire de Notre-Dame d’Afrique. L’humble barque de notre Congrégation a été menacée du naufrage et Marie l’a sauvé du péril.’ Mère Marie-Salomé première Supérieure des Smnda

En 1860, les chrétiens du Liban et de Damas ayant été massacrés (six mille en quelques jours) par les Druzes, membres d’une secte musulmane, le directeur de l’Œuvre des Écoles d’Orient décide de se rendre au Proche-Orient pour secourir les victimes. Embarqué le 30 septembre, après onze jours de navigation il visite Alexandrie, Beyrouth, Saïda (Sidon), Damas où il rencontre l’Émir Abd-el-Kader, cet Algérien musulman et mystique qui l’émeut par ses propos en faveur des chrétiens qu’il avait secourus. Avant de regagner Paris, en décembre, Lavigerie passe à Jérusalem. Visita-t-il l’église Sainte Anne, bâtie par les croisés, devenue mosquée sous Saladin puis offerte à la France, par la Sublime Porte (l’Empereur ottoman), en remerciement pour son intervention en Crimée. Lavigerie pourra dire à son retour de Palestine : ‘J’ai trouvé mon chemin de Damas’.

En 1861, il occupe au Saint-Siège le poste juridique d’auditeur de Rote. Il y reste vingt-neuf mois et découvre la dévotion des Romains à la Vierge Marie. De nouveau, les routes vont se croiser. Il peut maintenant fréquemment converser avec Pie IX qui l’apprécie, tandis que Mac Mahon, lors de son maréchalat à Nancy, suggère son nom pour le siège du diocèse. Pie IX accepte.

Lavigerie, à 38 ans, est ordonné évêque dans l’église Saint-Louis-des-Français de Rome. Le nouvel évêque va s’efforcer de concilier l’Église et le monde moderne. Il le fait durant deux ans et demi. Le 19 novembre 1866, ayant reçu, au retour d’un pèlerinage à Tours sur la tombe de saint Martin, la soudaine proposition de Mac Mahon, il accepte de suite la nomination à l’archevêché d’Alger. Mac Mahon est alors gouverneur général de l’Algérie.

La seconde partie de sa vie va maintenant commencer. Le bilan des années 1843-1867 ne permet guère de parler de la dévotion de Lavigerie à Marie. Mais lors d’une retraite aux scolastiques, à Carthage en 1884, il pourra leur dire, évoquant son passé : ‘J’ai toujours été fidèle à mes engagements de prêtre et d’évêque. C’est à ma dévotion à Marie que j’attribue cette grâce si précieuse.’


Chapelet du Cardinal. Remarquez le crâne : Et à l’heure de de notre mort !
Statue de la Vierge que le Cardinal gardait sur son bureau. Attribuée à un esclave espagnol du 16e s.
Collections de la Maison Généralice, Rome
Sainte-Anne de Jérusalem appelée aussi Sainte-Marie-où-elle-est-née.

Le Fondateur missionnaire
Le premier geste de Lavigerie, le 15 mai 1867, en débarquant à Alger est de se rendre à la cathédrale puis aussitôt au sanctuaire de Notre-Dame d’Alger qui deviendra l’actuelle basilique Notre-Dame d’Afrique. Il la consacrera en 1872.

Il est depuis longtemps sensibilisé aux questions missionnaires, que son voyage en Syrie, en 1860, avait avivées. Il pourra écrire à son maître et ami Mgr Henry Maret, penseur libéral, le 28 octobre 1868 : ‘J’ai en face de moi un continent de deux cents millions d’êtres humains’. Il veut prendre sa part, comme il le dit, à l’immense tâche de son évangélisation. Dans sa campagne pour la liberté de l’apostolat, il entre très vite en conflit avec Mac Mahon. Mais il est soutenu par Pie IX, qui, en plus de sa mission en Algérie le nomme, le 2 août 1868, délégué pour les missions du Sahara et du Soudan.

Le 19, il ouvre le premier noviciat des Pères Blancs puis, l’année suivante, celui des Soeurs Blanches, le 6 septembre. Dès lors, il confie ses oeuvres à Notre-Dame d’Afrique et insiste constamment devant les premiers Pères sur ‘la dévotion à la Sainte Vierge’. ‘Recourez à Notre Seigneur et à Notre-Dame d’Afrique’, écrit-il de Paris, le 29 juin 1875, au Père Charmetan, chargé de ses intérêts dans la capitale.

Lorsqu’il envoie en mission une caravane qui se rend à Ghadamès, il leur laisse une Instruction portant des consignes, entre autres, sur l’habit des missionnaires : ‘Ils sont libres de faire à celui qu’ils portent à Alger, les modifications du genre de celles que la règle autorise, mais je désire qu’ils ne quittent pas le rosaire (chapelet de 150 grains que les missionnaires portaient autour du cou) qui est comme le bouclier propre de notre petite Société’. En Afrique du Nord, en Afrique Occidentale et en Afrique Centrale, la mission connaît de suite un essor considérable et Lavigerie devient cardinal, le 19 mars 1882.

Les Pères Blancs iront à Jérusalem !
Pourtant, sa piété mariale et son attirance pour le Proche-Orient le poussèrent très vite à proposer à ses missionnaires d’accepter une fondation à Jérusalem même. Dans une lettre à Rome, à la Propagande, Lavigerie écrira en 1881 : ‘Il y a près de trente ans que je m’occupe des chrétiens orientaux’. Neuf ans plus tôt, il avait écrit à la même Congrégation : ‘Je suis disponible pour accepter le Patriarcat latin de Jérusalem’. Il voulait que l’Église d’Occident retrouve son âme orientale, comme le dira plus tard Jean-Paul II. Mais, en 1877, ce n’est plus le Patriarcat latin de Jérusalem qui l’attire, c’est l’église Sainte

Anne où la tradition place la naissance de l’Immaculée.
À cette époque - Léon XIII ayant succédé à Pie IX - le gouvernement français sous la Troisième République cherche à confier ce lieu à un institut religieux. Lavigerie y pense donc, mais l’opposition surviendra vite : de l’extérieur, d’abord, où plusieurs ordres religieux (Prémontrés, Franciscains, Dominicains) se proposent pour le poste. Mais Lavigerie rencontre l’opposition d’un autre secteur, chez ses propres missionnaires engagés, par vocation, pour l’Afrique. Dans le compte-rendu de la séance du Conseil Général de la Société des Pères Blancs du 24 avril 1877, nous lisons que tous les membres du conseil ‘regardaient la proposition comme opposable à notre vocation’.

La réticence des missionnaires ne plaît pas à Lavigerie qui convoque une autre réunion du Conseil trois jours plus tard. Il la préside et le secrétaire du Conseil note dans le rapport la conviction qui l’anime : ‘Sous le pontificat du glorieux pontife (il s’agit de Pie IX) qui a défini le dogme de l’Immaculée Conception, sans que nous n’ayons fait aucune démarche, on offre à notre Société naissante, qui dès son origine s’est mise sous la protection de la Vierge Marie Immaculée, le sanctuaire qui a été élevé à l’endroit même où s’est opéré le grand mystère de l’Immaculée Conception. Ne faut-il pas regarder cette offre comme un événement tout providentiel ? Et ne pas repousser à la légère une proposition qui sera pour nous un gage assuré de la protection de Marie !’

Un seul père ayant répondu négativement, le Cardinal règle de suite la question : les Pères Blancs iront à Jérusalem ! La Convention définitive entre le gouvernement français et Lavigerie avait été signée au préalable à Paris le 30 mars 1878. Le Cardinal avait donc anticipé de lui-même la décision.

Lavigerie s’embarque à Naples pour se rendre en Palestine où il passe trois semaines. Sur place, il visite Sainte-Anne et évalue ce qui reste à faire pour l’installation de quatre de ses missionnaires qui, eux, quittent Alger pour Jérusalem le 14 septembre 1878, pour y arriver le 1er octobre. La même année, une caravane s’était mise en route pour l’Afrique de l’Est, la Tanzanie, l’Ouganda...

Le 8 décembre, Lavigerie signe le décret déclarant l’Immaculée Conception, patronne de l’institut missionnaire. Deux ans plus tard, en juin 1880, les confrères de Sainte-Anne rencontrent le Patriarche grec-melkite-catholique Grégoire Youssef de passage dans la ville sainte. Celui-ci leur propose de fonder un séminaire pour la formation de jeunes se proposant de devenir prêtres célibataires à côté de leurs confrères du clergé marié autorisé dans l’Église orthodoxe et catholique au Moyen-Orient. Ils le firent jusqu’en 1967, quand la guerre des six jours et la prise de Jérusalem par Israël interdirent la libre circulation des personnes entre Jérusalem et les pays arabes.

Entre la Vierge Marie et la Société des Pères Blancs un lien intime et très fort était scellé comme il le fut entre le continent africain et l’Église de Jérusalem. Car, en Jérusalem, comme le chante le psaume 87 (86), chacun peut dire: ‘J’y suis né’.

Joseph Vandrisse

Le P. Vandrisse a servi l’Église grecque catholique au Liban de 1951 à 1974. Par la suite, à Rome comme ‘vaticaniste’, il fut jusqu’en 2002 correspondant permanent du quotidien Le Figaro. Le texte suivant a d’abord été donné aux confrères de Paris le 8 décembre 2004 et, retravaillé, présenté à la session de la Société française d’études mariales, à Lisieux, en septembre 2006. Le Cardinal, décédé à Alger le 26 novembre 1892, a été inhumé dans la primatiale de Carthage le 8 décembre suivant, jour de la fête patronale de ses missionnaires. le P. Joseph Vandrisse est décédé le 31 Mars 2010


Bibliographie et sources : François Renault : Charles Lavigerie, Paris, Fayard, 1992. - Xavier de Montclos : Le Cardinal Lavigerie, Paris, Le Cerf, Foi vivante, 1991. - Bulletin de l’Institut catholique de Toulouse, janvier-juin 1994 (Colloque Lavigerie , novembre 1992). - Ivan Page, Sainte-Anne de Jérusalem, historique, conditions de la fondation, Rome, Société des Missionnaires d’Afrique, 2004. - S. E. Le Cardinal Lavigerie, Instructions aux Missionnaires, Maison Carrée (Alger),1939.

Article paru dans le Petit Echo N° 975 2006/9

Voir aussi : * Article sur Notre-Dame d'Afrique à Alger. (Statue et Basilique)
aussi Articles sur le Cardinal et Video

 


 

Missionaries of Africa

HISTORY

Is it possible to combine general history and private devotion? Is there a link between the Marian devotion of Charles Lavigerie and his social commitments, his interreligious and political meetings, his diplomacy, his time in Rome and his expedition to the Lebanon? Lavigerie’s faith was not of the plaster saint variety; he was never fond of the Catacombs. He was a Christian of the market place, enjoying the historic arena of his own 19th century. Even if the Cardinal recited the Rosary, he expressed his devotion to Mary in spearheading undertakings such as the men and women Missionaries of Our Lady of Africa, the basilicas of Algiers and Jerusalem, and the resurgence of the Church of Carthage. He placed all these foundations in direct reference to Our Lady and to the Mission in Africa. Fr Joseph Vandrisse MAfr has readily taken the opportunity to sketch the 19th century’s historical, geopolitical and theological context in an attempt to capture the Marian devotion of our Founder.

Song Sancta Maria - Video Sancta Maria

 

Lavigerie,
the White Fathers
and attachment to Our Lady


On the 8th December 1878, the Feast of the Immaculate Conception, Archbishop Charles Lavigerie of Algiers – he would only become Cardinal four years later - signed a decree which remains a foundational feature for the Society of Missionaries of Africa (White Fathers). ‘We declare the Immaculate Conception to be Patroness of the Society of the Missionaries of Algiers with the title of Our Lady of the African Missions.’ (Cf. PÉ 2004/2, homily of Fr François Richard -intranet).

Lavigerie dated the decree the 8th December 1868 probably because on the 19th October that same year he had opened the first White Fathers’ novitiate near the Basilica of Notre-Dame d’Afrique. Moreover, in 1878 he had returned from a three-week tour of Palestine, mainly in Jerusalem, when the French Government entrusted the church of St. Anne’s to him in a contract of the 5th June 1878, five months before the 8th December 1878. On the 14th September, four Missionaries left Algiers for Jerusalem, arriving on the 1st October.


Pie IX (1792-1878), Pope of the Immaculate Conception with whom Lavigerie, appointed to Rome from 1861-1863, had created bonds of friendship. Bernadette Soubirous (1844-1879), the mystic of Lourdes. Emir Abd el-Kader of Algeria (1807-1883) whom Lavigerie met in 1860.

On the 8th December, Lavigerie therefore signed and published the decree solemnly declaring the Immaculate Conception ‘Patroness of the Society of Missionaries of Our Lady of Africa of Algiers’. In doing so, Lavigerie underlined with the greatest clarity the link uniting the church of Notre-Dame d’Afrique in Algiers to the one of St. Anne’s in Jerusalem. According to the earliest tradition, this church is known as St Mary-where-she-was-born.

Our Lady of Africa

Now where did Lavigerie’s attachment to Mary Immaculate come from? In order to understand - and grasp the link between Algiers and Jerusalem - we need to trace the major stages of the life of this appealing apostolic personality who marked the 19th century, the life of the Church and France.


Marshal Mac-Mahon (1808-1898). In 1866, he proposed Lavigerie, Bishop of Nancy from 1863, for the See of Algiers. Archbishop Lavigerie (1825-1892) and a young Algerian survivor of the 1868 famine. Early prayer card of Our Lady of Africa.

We skim rapidly over his childhood, his birth at Bayonne on the 31st October 1825 and his entry to the Major Seminary of Issy-les-Moulineaux for Philosophy. In his native Béarn he would have heard of the occupation of Algiers by French troops on the 7th July 1830 and the coming of the Monarchy in July. His biographers do not speak much of his spiritual life or of his childhood or youthful Marian devotion. Nonetheless, he would often refer to his Marian devotion with great simplicity later.

The first part of his adult life goes from 1843 till May 1867, the year he arrived in Algiers as Archbishop. Lavigerie, ordained a priest on the 2nd June 1849, would have witnessed at the time of his first teaching post the coup d’état of Louis Napoleon Bonaparte on the 2nd December 1851. 1854 was a significant year for Lavigerie. The Second Empire was only three years old and France was going through a remarkable economic expansion. The Paris-Lyons railway line was opened that year. Three personalities emerge that will enable us to focus our search by offering three interlinked portraits: Pius IX, Marshal Mac-Mahon and then Lavigerie, who was only 29 at the time.

Pius IX, 69, had been elected eight years before and his long pontificate would last until 1878, passing through difficult situations including the opening of the First Vatican Council, the Roman Question resulting in the taking of Rome, the publication of the Syllabus Errorum, etc.

However, this period was one of great Marian and Missionary development. In 1854, the Missionaries of the Sacred Heart of Issoudun founded the Church in New Guinea. The pivotal date of this year would remain the 8th December. That day, the Pope solemnly promulgated the Bull Ineffabilis Deus, defining the doctrine of the Immaculate Conception. He did so after a long consultation with the bishops, but it was exclusively under his own Pontifical authority. In some way or another, he announced the dogma of the infallibility of the Bishop of Rome. Over two hundred bishops were in St Peter’s Basilica. The 1854 dogma would reinforce popular devotion in French Catholicism, which was gradually pulling away from Jansenism.

Lavigerie, a PhD in literature and theology, was then Professor of Church History at the Sorbonne. He would maintain a keen taste for history throughout his life. The basis of his research into the catechumenical schools of the first centuries would pass into his Instructions to White Fathers for the African catechumenate. He was very much in touch with the Catholic intellectual set and initiators of the Social Movement, as well as with diplomatic circles.

On the 27th March that year, France and Britain declared war on Russia, which was seeking to expand its influence in the Near East. The question of the division of Turkey was already on the agenda. The Allies suffered a setback at Sebastopol, in Crimea. French troops, under the command of General Marie Edme Patrice de Mac-Mahon, held the fort at Malakoff. (Here I am, here I stay.) Nine years later, Mac-Mahon became Governor General of Algeria. I did say that their destinies would cross.


Mother Marie-Salomé (Renée Roudaut, 3rd April 1847 - 18th October 1930) and the statue of Our Lady of Africa (‘ND du Voeu’) that she had erected in the courtyard of the Mother House near Algiers. 1885.

In 1856, Lavigerie was appointed the first Director of the Œuvre des Écoles d’Orient that has just celebrated this year its 150th anniversary. In 1858, on the 11th February and the 18th June, there were the apparitions of Our Lady at Lourdes. ‘I am the Immaculate Conception.’ In his instructions and copious writings throughout his career, Lavigerie supported the Bull of 1854 with some fervour, but he did not refer to Lourdes, whereas from Algiers or Paris he would go to Bayonne, a mere 150km distance from the Marian shrine.


‘ND du Voeu’(Now at the Generalate Msola in Rome)
‘How many graces have been granted through the intercession of Our Lady of Africa since the foundation of our little Society! The humble barque of our Congregation has been threatened with shipwreck and Mary saved it from peril.’ Mother Marie-Salomé, First Superior of the MSOLA

In 1860, when Christians in Lebanon and Damascus were massacred by the Druze, a Muslim sect, Lavigerie decided to go to the Near East to assist the victims, as new Director of the Œuvre des Écoles d’Orient. Landing on the 30th September after eleven hours sailing, he visited Alexandria, Beirut, Saïda, (Sidon), and Damascus where he met Emir Abd-el-Kader. This Algerian Muslim mystic impressed him by his expressed aims in favour of the Christians he had helped.

Before returning to Paris in December, Lavigerie went via Jerusalem. He visited the church of St. Anne’s, built by the Crusaders. It had become a mosque under Saladin then was offered to France by the Sublime Porte (Turkey) in thanksgiving for its intervention in Crimea. Lavigerie could therefore say on his return from Palestine, ‘I have found my road to Damascus.’

In 1861, he held the juridical post of Auditor of the Rota at the Holy See. He remained there for almost two and a half years and discovered the devotion of the Romans for the Virgin Mary. Once again, paths would cross. He was able to converse frequently with Pius IX who held him in high esteem, whereas Mac-Mahon, during his term of office as Marshal of Nancy put Lavigerie’s name forward for Bishop of the Diocese. Pius IX accepted.

Lavigerie, 38, was ordained Bishop at Saint-Louis-des-Français in Rome. The new prelate would endeavour to reconcile the Church with the modern world. He did so for two-and-a-half years. On the 19th November 1866, on returning from a pilgrimage to Saint Martin of Tours, he received a sudden proposal from Mac-Mahon to become Archbishop of Algiers. He accepted right away. Mac-Mahon was then Governor General of Algeria.

Then began the second part of his life. Accounts of the years between 1843-1867 hardly mention Lavigerie’s devotion to Mary. However, during a retreat for scholastics at Carthage in 1884, he was to tell them when relating his past, ‘I have always been faithful to my commitments of priest and bishop and it is to my devotion to Mary that I attribute this priceless grace.’


The Cardinal’s Rosary. Note the skull: ‘Now and at the hour of our death. Amen.’
Terra cotta statue of the Virgin Mary that the Cardinal kept on his desk. Attributed to a 16th century enslaved Spaniard. (Generalate Collection, Rome)
St. Anne’s Jerusalem, also called ‘Saint-Mary-where-she-was-born’.

Missionary Founder
Upon arrival at Algiers on the 15th May 1867, the first act of Lavigerie was to go to the Cathedral, and then straight away to the sanctuary of Notre-Dame d’Alger, which was to become the present-day Basilica of Notre-Dame d’Afrique. He consecrated it in 1872.

For some time, he had become keenly aware of the missionary issues that his 1860 journey to Syria had intensified. On the 28th October 1868, he would write to his mentor and friend Mgr Henry Maret, a liberal thinker, ‘I have before me a continent of two hundred million human beings.’ He wanted to play his part, as he put it, in the huge task of its evangelisation. In his campaign for freedom to exercise the apostolate, he very quickly came into conflict with Mac-Mahon. However, Pius IX supported Lavigerie.

On the 2nd August 1868, he appointed him Delegate for the missions of the Sahara and the (French) Sudan, in addition to his mission in Algeria.

On the 19th, he opened the first novitiate of the White Fathers, then on the 6th September, that of the White Sisters. From then on, he entrusted his enterprises to Our Lady of Africa, and in the company of the first Fathers, constantly insisted on ‘devotion to the Blessed Virgin’. From Paris, on the 29th June 1875, he wrote to Father Charmetant, in charge of his interests in the capital, ‘Have recourse to Our Lord and to Our Lady of Africa’. When he sent a caravan on mission to Ghadamès, he left them an Instruction with details, amongst other things, about the clothing of missionaries. ‘They are free to make changes to the kind they wear in Algiers authorised by the Rule, but they must not omit the Rosary (a string of 150 beads the Missionaries wore around the neck), as it is the shield proper to our little Society.’ In North West and Central Africa, the Mission underwent a considerable expansion and Lavigerie became Cardinal on the 19th March 1882.

The White Fathers will go to Jerusalem!
Lavigerie’s devotion to Mary and his attraction for the Near East very soon compelled him to propose to his Missionaries the acceptance of a foundation in Jerusalem itself. In an 1881 letter to the Propaganda in Rome, Lavigerie wrote, ‘I have been involved with Oriental Rite Christians for thirty years.’ Nine years earlier he had written to the same Congregation, ‘I am ready to accept the Latin Patriarchate of Jerusalem.’ He wanted the Western Church to rediscover its Oriental soul, as John Paul II would state in our time.

However, in 1877, it was no longer the Latin Patriarchate of Jerusalem that drew him, but the church of St. Anne’s, where tradition situates the birth of Immaculate Mary.

At this time, Leon XIII had succeeded Pius IX and the French Government under the Third Republic were looking for a Religious Institute to which to entrust St. Anne’s. While Lavigerie was considering doing so, opposition was emerging initially on the outside from the Norbertine, Franciscan and Dominican Religious Orders who offered themselves for the post. However, Lavigerie also encountered opposition from among his own Missionaries, committed by their vocation to Africa. In the report of the session of the General Council of the White Fathers’ Society on the 24th April 1877, we read that all the members of the Council ‘regarded the proposal as opposed to our vocation.’

The reluctance of the Missionaries did not please Lavigerie, who convened another meeting of the Council three days later. He chaired the meeting and the Secretary of the Council noted in the report the conviction that inspired him. ‘Without us forwarding any request, and under the glorious pontificate (of Pius IX), who defined the dogma of the Immaculate Conception, our burgeoning Society is being offered the sanctuary that was erected on the self-same spot where the great mystery of the Immaculate Conception took place.

From its origins, our Society was placed under the protection of the Immaculate Virgin Mary. Should we not look upon this offer as a most Providential occurrence, and not discard lightly a proposal that will be for us the guarantee of Mary’s patronage?’ As only one Father replied in the negative, the Cardinal settled the matter at once. The White Fathers will go to Jerusalem! The final Convention between the French Government and Lavigerie had been signed beforehand on the 30th March 1878 at Paris. The Cardinal had therefore anticipated the decision.

Lavigerie boarded the ship at Naples to take him to Palestine where he spent three weeks. There, he visited St. Anne’s and assessed what remained to be done to install his four Missionaries who would be leaving Algiers for Jerusalem on the 14th September 1878 and arriving on the 1st October. On the 8th December, Lavigerie signed the decree declaring the Immaculate Conception Patroness of the missionary institute. In June 1880, the confreres of St. Anne’s met Gregory II Youssef, the Greek Catholic Melkite Patriarch, who was visiting the Holy City. He proposed to them the building of a seminary for the training of young men who would offer themselves as celibate priests to work alongside their colleagues in the married clergy authorised by the Catholic Orthodox Church of the Middle East.

This the Missionaries did until 1967, when the Six-Day War and the seizing of Jerusalem by Israel forbade the free circulation of people between Jerusalem and the Arab countries.

A very strong, intimate bond was thus sealed between the Virgin Mary and the Society of White Fathers, as it was between the continent of Africa and the Church in Jerusalem. Moreover, in Jerusalem, as Psalm 87 (86) declares, ‘It was here that I was born’.

Joseph Vandrisse

Fr Vandrisse served the Greek Catholic Church in the Lebanon from 1951-1974. He then became a ‘Vaticanologist’ as permanent correspondent until 2002 of ‘Le Figaro’, the French newspaper. The following article was first delivered to confreres in Paris on the 8th December 2004 and once revised, presented at a session of the French Society of Marian Studies at Lisieux in September 2006. The Cardinal passed away on the 26th November 1892, at Algiers, and was interred in the Primatial Basilica at Carthage, on the 8th December, the Patronal Feast of the Missionaries. Father Joseph Vandrisse died on the 31st March 2010

Bibliography and sources: François Renault: Charles Lavigerie, Paris, Fayard, 1992. – [Cardinal Lavigerie, Churchman, Prophet and Missionary, Athlone Press, 1994 Tr. John O’Donohue] - Xavier de Montclos: Le Cardinal Lavigerie, Paris, Le Cerf, Foi vivante, 1991. - Bulletin de l’Institut catholique de Toulouse, January-June 1994 (Colloque Lavigerie, November 1992). – Ivan Page, St. Anne’s at Jerusalem, Historical Account of its Founding, Rome, Society of Missionaries of Africa, 2004. - S. E. Le Cardinal Lavigerie, Instructions aux Missionnaires, Maison Carrée (Alger), 1939. [Cardinal Lavigerie, Missionaries of Africa, Selected Texts, 1990]

Article from the Petit Echo N° 975 2006/9

See also : * Article sur Our Lady of Africa in Algiers. (Statue and Basilica)

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