Missionnaires d'Afrique
France


Georges Jeanney,
Bry-sur-Marne,
22 juin 2011

Notre doyen a atteint
l’âge de 105 ans





Le Père Georges Jeanney,
doyen de la Société des P. B.


Le 22 juin 2011, la communauté de Bry-sur-Marne fêtait les 105 ans de Georges Jeanney. Jean Fisset, ancien provincial d’Algérie, prononça l’homélie louant Dieu pour toute une vie à son service et sa prière et demandant : « Encore un lustre au moins, Seigneur, même si, pour le coup, ça relève de l’exploit ! »

 

Cinq ans ont passé depuis que nous avons célébré, ici même en 2006, le centenaire de notre frère Georges Jeanney. Je ne vais pas reprendre tout son parcours de vie. Je me contente de vous renvoyer à ce que j’en avais tracé, lors de ses cent ans. Vous pouvez le trouver sur internet à l’entrée Georges Jeanney.

Cinq ans, c’est un lustre...mais ce mot évoque aussi la lumière. Quoi qu’il en soit, constatons qu’il éclaire un peu plus encore le long parcours que notre aîné poursuit avec persévérance au milieu de nous. Ce jour d’anniversaire est bien l’occasion de nous en réjouir avec lui.

Georges ! J’ai été désigné pour tenir ta place à l’autel. Je le fais volontiers puisque nous avons parcouru ensemble une longue étape de ta vie missionnaire. Néanmoins, j’ai conscience que je ne saurais te remplacer pour faire eucharistie de tout ce que tu as reçu, vécu et partagé, autant que tu peux le désirer toi-même. Mais l’essentiel est que nous soyons en communion avec toi pour cette célébration.

« Seigneur, je suis sûr de ton amour : Mon cœur est dans la joie, car tu me sauves ; Je veux chanter au Seigneur tout le bien qu’il m’a fait ». C’est l’antienne d’ouverture de la messe de ce jour...Simple coïncidence ? En tout cas, elle est pleinement accordée au sentiment qui nous inspire tous. Sois assuré que nous sommes heureux de t’entourer particulièrement pour cet anniversaire.

Mais c’est aussi une occasion, tout à fait exceptionnelle, de concrétiser l’esprit de famille qui anime notre Société religieuse, selon le vœu insistant de notre fondateur ; nous le ressentons plus vivement en nous retrouvant dans cette maison, après des décennies de vie apostolique aux quatre coins de l’Afrique et du monde.

Tous ceux et celles qui te voient évoluer discrètement en nos murs, se réjouissent de cette longévité. Ils constatent avec quelle énergie tu gères encore ton quotidien. Malgré une capacité réduite de te déplacer, tu ne cesses d’évoluer dans nos couloirs, ou même à l’extérieur dès qu’il fait beau, semblant parfois défier l’équilibre, aux yeux de ton entourage, en te libérant de ton déambulateur.

Malgré aussi une surdité qui semble te marginaliser, tu gardes un sourire entendu et malicieux et tu tiens à te rendre présent à tous les rendez-vous de notre communauté.
Et puis, il y a aussi ces longs moments de prière silencieuse à la chapelle où s’exprime ton attachement à celui qui te fait vivre. Mais que peut-il te dire, le Seigneur, dans les paisibles assoupissements qui, souvent, en prolongent le temps ? Saint Jean de la Croix peut-être nous en livre le secret ; n’a-t-il pas déclaré que le langage que Dieu préfère, c’est l’amour silencieux ?

L’évangile de ce jour nous dit qu’on juge l’arbre à ses fruits. Tu as semé ; d’autres ont récolté, et aujourd’hui encore. Qu’il suffise de constater les effusions qui marquent tes retrouvailles avec tous ceux qui ont bénéficié de ton dévouement, surtout quand ils ont l’occasion de te rendre visite.

Nous venons justement de recevoir à ton intention ce message émouvant : « Mon Père, je suis vraiment très content d’avoir de vos nouvelles. Votre souvenir fait surgir toute mon enfance devant moi...Ancien élève de votre école et, à un certain moment, dans votre classe que je qualifie de spéciale, j’ai eu la chance de suivre mes études dans un établissement unique et irremplaçable. Que de beaux souvenirs ! Ma première année à l’école Sainte Monique à Notre Dame d’Afrique, puis à Saint Eugène. On parle tout le temps de vous et de la bonne éducation que vous nous avez donnée. Vos anciens élèves vous saluent et prient Dieu de vous bénir. On voudrait avoir de vos nouvelles. » Faut-il souligner que c’est un musulman, comme l’étaient tous les autres élèves, qui s’exprime ainsi ?

De tous ces fruits nous faisons aujourd’hui l’offertoire et c’est avec beaucoup de joie fraternelle que nous rendons grâce à Dieu pour le beau témoignage que tu nous donnes de ta fidélité au Seigneur qui t’a appelé à son service, non moins qu’à l’idéal de vie missionnaire qu’il t’a inspiré.

Alors, sans trop présumer, nous pouvons tout de même prier pour que ça dure : ... « Encore un lustre au moins, Seigneur, même si, pour le coup, ça relève de l’exploit ! ».

Jean Fisset

Voir l'an passé 104 ans et 80 ans de Serment

Crédit Photos JY Chevalier M.Afr