Il est midi. Jésus, épuisé par une longue marche sous le soleil, est assis par terre, le dos appuyé contre un puits. Il a faim. Il a soif. Cest terrible davoir soif juste devant un puits sans avoir un récipient pour puiser de leau.
La Samaritaine a soif, elle aussi : sinon, elle ne viendrait pas au puits. Elle na pas bonne réputation. Elle en est à son sixième mari ! En venant à midi, elle est sûre de ne pas rencontrer les autres femmes, qui la critiquent. Elle doit être bien ennuyée de trouver quelquun au bord du puits.
« Donne-moi à boire ! » Jésus, le Juif, entre en contact avec « cette personne non fréquentable » : à lépoque, cétait très mal vu quun homme parle à une femme en public. Qui plus est, elle est étrangère et samaritaine. Même ses récipients sont impurs.
« Tu es Juif et tu me demandes à boire, à moi une Samaritaine ? »
« Si tu savais le don de Dieu, si tu connaissais celui qui te demande « donne-moi à boire », cest toi qui lui aurais demandé leau vive. »
La femme entre dans le jeu du dialogue. Elle se laisse interpeller, et Jésus lentraîne peu à peu, à son rythme, vers une plus grande profondeur, une plus grande authenticité. Il prend le temps du dialogue, il entre dans lunivers de la Samaritaine. Il la respecte dans ce quelle est, dans ce quelle vit. Il ne lui fait aucun reproche. Il ne dit pas quil est le Messie : il le laisse dire à la femme.
Merveilleuse attention du Christ qui respecte nos détours et nos raccourcis, nos lenteurs à comprendre, nos peurs de trop bien comprendre...
La Samaritaine aurait pu partir. Mais pour la faire rester, Jésus touche un point sensible, une blessure profonde quil veut panser.
Rencontrer lautre, cest risquer une aventure, se déprendre de soi pour le rejoindre là où il est.
Si tu savais le don de Dieu, dit Jésus à la Samaritaine. Et il le dit à chacun de nous aujourdhui. Savons-nous donc le don de Dieu ?
Le don de Dieu, cest pouvoir regarder notre vie en vérité et laccepter telle quelle est : « Je nai pas de mari » Il sagit daccepter nos blessures, nos failles, nos limites, les traumatismes de notre histoire. Il sagit doser regarder en face notre parcours, de ne pas se mentir, car cest seulement dans la vérité de notre vie que nous pouvons accueillir le don de Dieu, qui seul peut nous purifier.
Le Don de Dieu, cest aussi le don dune rencontre, celle de Jésus. Nous ne sommes pas seulement face à nous-mêmes, mais bien face au Fils qui nous parle, nous interpelle, nous secoue, nous ré-veille, nous fait sortir de notre léthargie et nous appelle à aller vers les autres.
Le don de Dieu, cest le don que Dieu nous fait dêtre notre Père et de pouvoir ladorer en esprit et en vérité, cest-à-dire dans lEsprit Saint et dans la vérité de notre être.
Le don de Dieu, cest quil nous donne la force et la joie de nous tourner vers nos frères, de partager ce qui nous fait vivre avec eux, comme le fait cette Samaritaine.
Le don de Dieu, avec ce numéro de Voix dAfrique, cest louverture aux problèmes des paysans qui luttent pour leur indépendance. Cest aussi une attention particulière aux « enfants de la rue », cest enfin laccueil de lautre dans le dialogue.
Que chacun puisse vivre en paix ces mois dété.
Bonnes et joyeuses vacances.
Pierre Meynet
M. Afr.
Je crois
la vie
Je crois
que chaque goutte de pluie
qui tombe fait pousser.
Je crois
que quelque part dans la pénombre
une lumière resplendit.
Je crois
que pour tous ceux
qui ségarent sur le chemin
Quelquun viendra montrer la route,
je le crois.
Je crois
que la plus faible prière
peut être entendue
par delà
la tempête.
Je crois
que quelquun dans les cieux
quelque part entend chaque mot.
Chaque fois que jentends
le vagissement dun nouveau-né,
que je touche un feuillage,
que je vois le ciel,
alors je sais ce que je crois.Extrait dun répertoire
de « negro spirituals » et « gospel songs »