L'Abbé Pierre est parti. Une voix s'est éteinte, mais elle continue à résonner dans le monde. Les missionnaires d'Afrique ont été particulièrement frappés par la mort de l'abbé Pierre : nous avons perdu un père, un frère, un prophète.
Les réactions nous ont surpris : hommage national, reportages et rappels d'une vie donnée, débats sur la radio, à la télévision et dans la presse. Cet événement dépassait toutes les frontières de culture et de religion.
Dans la grande majorité des journaux et dans les émissions télévisées, nous avons vu des personnalités de toutes croyances et incroyances exprimer leur peine. Des athées militants, des agnostiques convaincus, des musulmans de toutes tendances se sont trouvés à côté de religieux, de chrétiens militants, de prêtres et d'évêques pour évoquer la mémoire de celui qui était au premier rang de la popularité.
Pourquoi de telles réactions unanimes, une telle unanimité autour du cercueil, de la cape noire et de la canne sous les voûtes de la cathédrale et à travers tous les medias ? " Le sel de la terre, c'est vous ! La lumière du monde, c'est vous " déclarait Jésus de Nazareth après le révolutionnaire " Heureux, vous les pauvres ".
Le sel, c'est ce qui rend le plat mangeable et nourrissant. La parole et l'action de l'abbé Pierre ont rendu notre monde meilleur. Lorsqu'il rencontrait aussi bien un clochard découragé qu'un savant ou un leader politique en complet veston, il ne l'invitait pas d'abord à prier, mais à agir pour aider ses frères découragés. Tous les compagnons d'Emmaüs et tous les pauvres en témoignent : lorsqu'on le rencontrait, on se sentait devenir meilleur. Il suffisait de croiser son regard pour que remonte à la surface comme une semence de vie et d'amour que l'on croyait oubliée, enfouie.
Dans le cur de chaque homme, quelle que soit sa situation, quelle que soit sa déchéance, se trouve une puissance d'aimer, un appel plus fort que tous les bruits, un appel à la liberté. Et il suffit de croiser le regard du compagnon, d'entendre sa voix fraternelle, pour que surgisse soudain une puissance qu'on croyait morte : la puissance d'amour qui transforme le monde. N'est-ce pas cela qui nourrissait sa prière et les longues heures de silence qu'il passait à l'écoute de la Parole ?
Gérard Guirauden
Missionnaire dAfrique,
Vous nous écrivez, nous répondons
Le Père P. Féderlé nous communique des réactions dAnne-Marie D. :
« Ne serait-il pas possible davoir une information plus diversifiée sur les missionnaires? Ne pourrait-il y avoir différentes rubriques en plus de lactivité des pères, concernant la formation des jeunes, les valeurs du Père (sic) Lavigerie ou des anciens, les soeurs blanches, les laïcs, les
actions justice et paix entre les religions etc histoire de sentir un réseau, une synergie
motivante qui pourrait être mise en pratique au quotidien par les lecteurs »
Chère amie, vous décrivez exactement le projet de « Voix dAfrique », et nous nous
excusons de ne pas répondre à votre attente. Nous avons pour but, non pas tellement de
décrire nos voyages lointains, nos oeuvres charitables, nos chapelles et nos écoles, mais
principalement de faire connaître, au-delà de nos travaux, qui nous sommes, nos origines,
nos vocations, notre projet, ce qui nous fait vivre pour créer entre nous des liens damitié.
Nous essayerons de persévérer dans cette voie.
Gérard Guirauden
Rédacteur en chef