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Le Centre Delwende
à Ouagadougou
Delwende est un centre accueillant des femmes qui ont été accusées faussement de sorcellerie et chassées de leur famille et villages. Le centre existe depuis 1966; il est dirigé par les Sœurs Missionnaires de Notre-Dame d’Afrique. Delwende est un mot moore, qui peut être traduit ainsi : « dans les mains de Dieu »
Depuis l’ouverture du centre, beaucoup d’efforts de conscientisation ont été faits par nos sœurs en collaboration avec l’Église locale, et spécialement l’archidiocèse de Ouagadougou, la Commission nationale de Justice et Paix du Burkina Faso, l’Association du Bien-être social et de la Solidarité nationale, et bien d’autres personnes de bonne volonté. Tous ont diffusé ce cri : « Stop à l’exclusion sociale ! » Quelques signes de changement montrent que nous sommes dans la bonne direction.
Être là pour encourager, soutenir et respecterPar un matin de février 2013, un homme âgé de 27 ans vint à Delwende à la recherche de sa mère, après une séparation forcée de 22 ans ! Il avait cinq ans quand sa mère fut chassée de son village. Il venait maintenant la reprendre pour qu’elle vive avec lui et sa nouvelle famille, sa femme et sa fille.
La tradition ne permet pas encore à sa mère de retourner au village. Ainsi, ils vivront à Ouagadougou où il a maison et travail. Il est certain que quoi qu’il arrive, l’enfant ne peut oublier sa mère ni la mère oublier son enfant. Cette femme est si heureuse malgré tout ce qu’elle a vécu.
Un autre jour de bonheur, c’était le 29 avril 2013, lorsque quelques années après la mort de son mari, une veuve venait rechercher sa belle-mère à Ouagadougou. La vieille femme avait passé 22 ans à Delwende, mais elle était si ravie de s’en aller avec sa belle-fille ! Pourtant, ce même jour, nous recevions une nouvelle femme chassée de son village.
Il semble que nous faisons deux pas en avant et un en arrière mais nous gardons vivante notre espérance. Au début, les gens avaient peur de ces femmes vivant au centre, mais maintenant ils sont nombreux à venir acheter leur coton, leurs graines et leurs légumes et leur vendre différentes denrées.
Certains jeunes adoptent une maman qu’ils visitent régulièrement, échangeant avec elle des présents.Notre mission de Sœurs Missionnaires de Notre-Dame d’Afrique à Delwende : Nous profitons de toutes les occasions pour dénoncer l’exclusion que vivent ces femmes accusées de sorcellerie. En même temps, nous nous efforçons d’améliorer leurs conditions de vie au centre, pour qu’elles puissent retrouver une santé morale et physique et retrouver ainsi leur dignité de femmes.
Nous espérons que davantage de familles viendront reprendre leurs mamans pour un retour chez elles. Pour certaines, il n’y a plus d’espoir parce qu’elles sont âgées et n’ont plus eu de contacts avec leurs familles depuis des dizaines d’années.
Nos grands défis : Comment faire évoluer les mentalités, les croyances culturelles qui imprègnent tant les esprits ? Comment atteindre la jeunesse pour que changent ces horribles coutumes ? Comment aborder la pauvreté et aider financièrement les familles pauvres pour que les veuves ne soient pas abandonnées, alors que le seul fils se trouve à l’étranger, à la recherche d’une vie meilleure ?
Ici, beaucoup de jeunes gens vont en Côte d’Ivoire pour avoir un travail. Lorsqu’ils reviennent, ils trouvent que leur maman a été chassée et qu’elle est décédée en terre d’exil. Leur terre a été récupérée par la grande famille.
Soeur Hortência Sizalande,responsable du Centre Delwende
Sœur Missionnaire de Notre-Dame d’Afrique,
originaire du Mozambique et missionnaire au Burkina Faso