Voix d'Afrique N°101.

Le Bijoutier

Il était une fois, un roi qui régnait sur un petit royaume. Il ne s’agissait pas d’un grand territoire, et ce royaume n’était pas très célèbre, ses habitants étaient ordinaires ainsi que ses ressources. Mais le roi avait un diamant, un très gros diamant. Il était parfait et il était propriété de famille depuis des générations. Le roi l’exposait afin que tout le monde puisse l’admirer. Des gens venaient de tout le pays afin de le regarder.

Bientôt le mot s’est répandu dans les royaumes voisins, et ainsi, de plus en plus de monde venait le regarder. Progressivement, les visiteurs sentaient que ce diamant devenait un peu le leur, et il leur redonnait une nouvelle fierté, une dignité jusqu’alors inconnue. Ils comprenaient qu’ils avaient du prix. Puis, un jour, un soldat vint chez le roi pour lui annoncer une nouvelle : bien que personne n’eut touché le diamant, car celui-ci était gardé jour et nuit, le diamant était maintenant fêlé. Le roi s’empressa pour aller vérifier par lui-même et constata que ceci était vrai : une cassure apparaissait en plein milieu du diamant.

Immédiatement, le roi convoqua tous les bijoutiers du pays et il leur montra le diamant. L’un après l’autre, ils examinèrent le diamant et donnèrent leurs conclusions au roi : le diamant était devenu inutile, la fêlure ne pouvait se réparer. Le roi était anéantit, tout comme le peuple. D’une certaine manière, ils comprirent qu’ils avaient tout perdu de ce qu’ils avaient.

Et c’est alors que surgit de nulle part un vieil homme qui se déclara être bijoutier. Il demanda à voir le diamant. Après l’avoir examiné, il se redressa et avec confiance dit au roi : « Je peux le réparer. En fait, je peux transformer ce diamant afin qu’il devienne plus beau que ce qu’il était avant la fêlure. » Le roi était très étonné et un peu méfiant. Le vieil homme poursuivit : « Donnez-moi le diamant et dans une semaine, je vous le rendrais réparé. » Mais le roi n’était pas prêt à confier le diamant sans prendre de précautions, même si celui-ci était cassé. Alors il donna au vieil homme une chambre, tous les outils et toute la nourriture dont il avait besoin, et il attendit. Tout le royaume était dans l’attente. Ce fut une semaine très longue.

A la fin de la semaine, le vieil homme apparut avec la pierre dans sa main et la remit au roi. Le roi ne pouvait en croire ses yeux. C’était magnifique. Le vieil homme l’avait bien réparé, et il l’avait transformée. Le diamant était maintenant plus beau, bien plus beau encore que ce qu’il était avant la cassure ! Il avait utilisé la fêlure qui traversait jusqu’au cœur le milieu de la pierre et l’avait utilisé pour qu’elle devienne la tige d’une rose resplendissante qu’il avait sculpté. Une rose fine, épanouie accompagnée de feuilles et d’épines. C’était ravissant.

Le roi était ravi. Il offrit au vieil homme jusqu’à la moitié de son royaume. Il avait pris quelque chose de beau, de parfait et l’avait encore embelli ! Mais le vieil homme refusa devant tout le monde en déclarant : « Je n’ai rien fait de tout cela. Ce que j’ai effectué, c’est que j’ai pris quelque chose qui était défectueux, de fissuré jusqu’au cœur, afin de l’embellir. »

De Megan McKenna
‘Parables – The Arrows of God’
(Orbis Books: Maryknoll, 1994)


Si les murs de l’édifice n’étaient pas fissurés,
Ils ne laisseraient pas pénétrer la lumière


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