Benda
Bilili
Une rencontre extraordinaire : d’un côté, Kinshasa, capitale d’un pays immensément riche, mais qui fait partie des PPTE (Pays pauvres très endettés), la République Démocratique du Congo (R.D.C.) ; mais ce pays a produit de grands musiciens, Luambo Makiadi Franco, Seigneur Rochereau, Papa Wemba pour n’en citer que quelques-uns, et aujourd’hui Staff Benda Bilili, un groupe d’handicapés, victimes de la poliomyélite. De l’autre, deux cinéastes, les réalisateurs Renaud Barret et Florent de La Tullaye qui ont filmé durant quatre ans l’épopée de ce groupe de musiciens atypi-ques, de leurs débuts dans les rues de Kinshasa à leur triomphe international. Cette longue histoire se retrou-ve dans leur film Benda Bilili, qui a fait l’ouverture de la Quinzaine des Réalisateurs au Festival de Cannes 2010. Ils diront : « Les musiciens du Staff Benda Bilili nous ont ouvert leur monde ».Staff Benda Bilili
Ils sont huit dans le “Staff Benda Bilili”, 5 paraplégiques et 3 personnes “valides” : les chanteurs guitaristes Ricky, Coco, qui, avec Théo et Roger, forment le noyau dur du groupe. Ils sont accompagnés d’une section rythmique essentiellement acoustique. Vivant dans les rues de Kinshasa, entourés par les “shegués” (enfants des rues), ils créent tout : leur musique des plus originales et leurs paroles, qu’ils accompagnent sur des instruments de récupération. Leur musique intègre des éléments de rumba congolaise, de musique cubaine, de rhythm’n’blues et de reggae.
Les membres du “Staff Benda Bilili” affirment, dans leurs chansons, que le handicap physique est avant tout psychologique. Certaines de ces chansons donnent même des conseils pour vivre avec un handicap. La musique n´a ni frontières... ni “handicap” encore moins de “handicapés”. « La rue, c’est là qu’ils travaillent, qu’ils dorment, qu’ils mangent, qu’ils élèvent leurs enfants, qu’ils créent leurs chansons et qu’ils répètent des nuits entières sous l’œil admiratif des enfants abandonnés dont ils sont devenus les “papas” officieux. » Les Staff Benda Bilili font aussi la manche à la sortie des restaurants. Un jour, ils « embauchent » Roger, un gosse des rues de dix-sept ans qui joue en virtuose du satongé, un instrument de sa fabrication, une corde reliée entre une boîte de lait et un morceau de bois.
Le groupe sort de l’anonymat en 2005, lors des premières élections démocratiques, avec leur chanson Allons voter. Mais dès 2004, Renaud Barret et Florent de La Tullaye, deux Français en reportage sur les musiciens des rues au Congo, tombent en admiration devant la musique et l’enthousiasme de ce groupe. Malgré leurs petits moyens, ils s’engagent à les aider à enregistrer un disque pour les faire découvrir en Europe. Pour les musiciens, c’est une chance à ne pas rater. Malgré les difficultés de leurs vies (nourrir leur famille, dormir sur des cartons…), ils se lancent dans l’aventure. De plus, les deux Français décident de les filmer et de les enregistrer eux-mêmes. Ils payeront les solistes, la nourriture, les cigarettes et l’herbe qui les fera planer.
“Un jour, nous serons les handicapés les plus connus du monde”, disait en 2004, en guise de défi, Coco Yakala. Six ans plus tard, le miracle a eu lieu : les sept outsiders absolus sont devenus, par leur premier album « Très, très fort », sorti en 2009, les nouvelles icônes de la world music.
Histoire du film
“Ricky, le plus âgé du groupe, a un rêve : faire de Staff Benda Bilili le meilleur orchestre du Congo Kinshasa. Roger, enfant des rues, désire plus que tout rejoindre ces stars du ghetto qui écument la ville sur des fauteuils roulants. Ensemble, il leur faut déjouer les pièges de la rue, rester unis, trouver dans la musique la force d’espérer. “ Tel est l’essentiel de l’histoire vraie, qui a secoué “très très fort” (titre de leur dernier album) la Croisette en ouverture de la Quinzaine des réalisateurs au festival de Cannes 2010, et a profondément ému les spectateurs qui en ont eu la primeur sur grand écran.
« Les cartons, c’est fini ! » ; « Je loue une maison, j’ai pu m’acheter une moto et envoyer les enfants à l’école. » En deux phrases, tout est dit : l’avant et l’après, le grand chambardement et le ré-enchantement de leur monde ; pas besoin de longs discours pour Ricky, le cinquantenaire et doyen du groupe, chanteur et guitariste, vendeur de cigarettes, couturier, ajusteur et cordonnier à l’occasion. N’oublions pas que «Benda Bilili», signifie « au-delà des apparences ».Tournage
« Filmé en caméra légère pendant cinq ans et tout en lingala, pour rendre compte de ce groupe de musiciens avec le plus de réalisme possible, le film a plusieurs vertus : raconter l’ascension du Staff Benda Bilili et rappeler que la musique et l’espoir peuvent changer la vie. Il permet aussi une immersion totale dans les rues de Kinshasa. Incertain, désordonné, précaire, le quotidien congolais rattrape d’ailleurs le tournage du film. » En 2007, les réalisateurs arrêtent le tournage pour rentrer en Europe chercher des fonds pour continuer le film. Ils reviennent un an plus tard, suivis par une maison de disques. Là, est enregistré en plein air ‘Très Très fort’, le premier album qui va ouvrir au Staff Benda Bilili les portes du succès international. Il est achevé en 2009.
Les réalisateurs
« Tout a commencé très vite. En 2003, Renaud Barret, alors graphiste, va au Congo (RDC) et il est immédiatement saisi par l’énergie débordante qui émane d’une capitale pourtant en proie à la pauvreté, la polio et le tumulte politique. Danse, chant et espoir s’invitent à tous les coins de rues. Renaud Barret demande à son ami photographe Florent de La Tullaye de le rejoindre. En 2004, c’est un premier documentaire, “La Danse de Jupiter”, une tournée dans les ghettos de Kinshasa à la rencontre de musiciens (rappeurs, griots, inventeurs d’instruments et bluesmen) qui se battent pour sortir du néant. Puis 2008, ils livrent “Victoire Terminus, Kinshasa” qui dresse le portrait d’un groupe de femmes de caractère qui choisissent de pratiquer la boxe. Les deux hommes dessinent le portrait d’une ville en plein chaos mais habitée d’une stupéfiante énergie créative. Un sentiment qu’ils vérifient une fois encore avec leur troisième film : “Benda Bilili”.
Témoignages
- Que vous ont appris les gens du Staff Benda Bilili ?
Florent de La Tullaye : « Ne plus se plaindre, ne jamais renoncer. » ( Afrik.com)
Handicap International
Handicap International, partenaire du film « Benda bilili ! », le soutient auprès du grand public. Jean-Marc Boivin, son Directeur général, explique : « Nous sommes particulièrement touchés par ce film qui retrace la vie et la réussite d’artistes handicapés étonnants de talent et de puissance. Il porte un message d’espoir aux personnes vivant une situation de handicap en démontrant que, même dans une ville aussi brutale que Kinshasa, des personnes lourdement handicapées peuvent rester dignes et s’engager sur le chemin de la réussite, grâce à leur talent et à leur ténacité. »
Voix d’Afrique
d’après des sources divers
![]() |
![]() |
![]() |