Voix d'Afrique N° 88

Culture
ANGÉLIQUE KIDJO

Francophone, mariée à un musicien français qui écrit parfois pour elle, Angélique Kidjo vit aux États-Unis depuis 1998. Un exil qui ne lui fait pas oublier l’Afrique, puisque, outre plusieurs tournées, elle a participé à un grand concert le 10 juin pour l’ouverture de la première Coupe du monde de football sur le continent africain au Stade de Soweto, à Johannesburg.

Qui est-elle ?

Angélique Kidjo naît le 14 juillet 1960 à Ouidah, village de son père, au Bénin. Sa mère, yorouba, est directrice d’une troupe de théâtre et femme d’affaires avertie. Dès l’âge de six ans, elle intègre la troupe de théâtre de sa mère. Elle y prend le goût pour les musiques et les danses traditionnelles. Avec l’aide de son frère, en 1980, elle enregistre son premier album Pretty. Le succès de cet album lui permet de faire une grande tournée en Afrique de l’Ouest. A cause des conflits politiques incessants au Bénin, elle déménage à Paris en 1983. Elle va travailler pour payer ses frais de scolarité au CIM, une école de jazz parisienne réputée. C’est là qu’elle rencontre celui qui sera son mari, Jean Hebrail, musicien et compositeur, avec qui elle écrit la majeure partie de sa musique.

Sa fille naîtra en 1993. Après avoir été la chanteuse du groupe de Jazz africain Pili Pili, elle s’installe aux États-Unis en 1998 où elle est d’abord étonnée que son public soit essentiellement blanc, son mariage avec un européen étant mal admis par la communauté afro-américaine. Elle a en-suite un succès partagé couronné en 2007 par un Grammy Awards.

Durant toutes ces années, elle participe à des concerts prestigieux : Cape Town, en 2003, pour la fondation de Nelson Mandela ; Rome, en mai 2004, pour le concert « We Are The Future » devant 400 000 personnes ; en mars 2005, elle chante devant 50 000 personnes lors du concert “Africa Live” de Dakar, organisé par Youssou N’Dour pour lutter contre le paludisme avec la participation d’un grand nombre de stars africaines. Elle part en tournée en Amérique du Nord en 2007. Après sa participation au Festival de Jazz de Montreux en juillet 2008, elle fait son premier concert au célèbre Carnegie Hall de New York le 1er novembre 2008.

Suite à son engagement pour la campagne de Barack Obama, elle participe, le 20 janvier 2009, à l’African Diaspora Inaugural Ball, un des bals organisés à Washington lors de l’investiture présidentielle.

Son engagement

Depuis 2002, Angélique Kidjo est Ambassadrice de Bonne Volonté de l’UNICEF. Elle a ainsi pu visiter de nom-breux pays en Afrique. En Afri-que encore, elle s’engage dans une campagne de vaccination contre le tétanos. En 2005, elle fait campagne au côté d’Oxfam, lors de la conférence de l’OMC à Hong Kong, pour la promotion du commerce équitable. Le 4 décembre 2009, elle est au Cap, en Afrique du Sud, pour le tirage au sort des poules de la Coupe du monde 2010.

Quelques jours plus tard, c’est Copenhague, où elle chante lors de la conférence sur le climat. En 2010, infatigable globe-trotteuse, Angélique Kidjo continuera d’arpenter le monde. Son agenda est déjà bien rempli. Le 24 février, elle a chanté à Vancouver lors des Jeux olympiques et, en juin, elle était en Afrique du Sud pour la Coupe du monde de football. Entre-temps, elle aura accompli une tournée en Europe et en Amérique.

Angélique Kidjo a également créé la Fondation Batonga qui donne aux filles une éducation secondaire et supérieure afin qu’elles puissent prendre les devants et changer l’Afrique. « La fondation offre des bourses, augmente le nombre d’admissions, veille à l’amélioration du niveau des professeurs, procure aux écoles des fournitures, encourage des programmes de mentors, explore les méthodes d’enseignement alternatives et milite pour la prise de conscience de l’importance de l’éducation des filles. »

Elle continue de suivre activement le fonctionnement, sur le terrain, des projets financés par la fondation. « Les caisses sont alimentées par des dons, mais c’est de plus en plus compliqué de trouver de l’argent pour ces quatre cents filles que nous scolarisons au Bénin, au Mali, au Cameroun, en Sierra Leone et en Éthiopie, explique la chanteuse. Je fais sans arrêt des campagnes pour lever des fonds supplémentaires et, avec mon comptable, nous surveillons toujours étroitement l’utilisation de l’argent en nous appuyant sur des parrains et marraines de confiance dans les pays où nous intervenons. »

La chanteuse ne vide jamais ses valises complètement. Incapable de tenir en place, elle semble perpétuellement en mouvement. « Ma grand-mère disait?: Tu auras tout le temps de te reposer quand tu seras six pieds sous terre?! », lance-t-elle dans un éclat de rire avant d’enchaîner les sujets de conversation. Elle n’en manque jamais. Tout intéresse et interpelle cette intarissable bavarde.

Son style

Éclectique et têtue, Angélique Kidjo a opté dans ses albums pour une tonalité pop, qui lui a permis d’accompagner en 2007 la longue tournée de Josh Groban, chanteur vedette aux États-Unis, un pays où elle compte désormais beaucoup d’amis musiciens qui la rejoignent dans ses albums.

Elle reste l’une des représentantes les plus audacieuses de la musique africaine d’aujourd’hui. Sa musique est un mélange de soul, de jazz, de percussions, mais aussi de chants traditionnels béninois. Un métissage qui se retrouve jusque dans la composition de son groupe, puisque ses musiciens viennent aussi bien d’Afrique que des États-Unis.
« Racines ». Ce mot revient régulièrement fleurir la bouche d’Angélique Kidjo. Quand elle le prononce, elle semble puiser au plus profond d’elle-même. Au plus profond de ses souvenirs. Qu’elle aborde sa famille, le Bénin – sa pensée semble en emprunter toutes les ramifications. Et se croiser, régulièrement, autour de deux personnes: son père et sa mère.

Son dernier disque

Avec son nouveau disque, Oyo, (février 2010), la Franco-Béninoise, lauréate d’un Grammy Award pour l’album précédent, Djin Djin (2007), continue d’afficher, de sa voix ardente, son penchant pour un afro-funk tonique, avec une certaine idée de l’éclectisme musical qui n’ignore pas les rythmes de ses racines.

Angélique Kidjo rend ainsi hommage à son père, décédé l’an dernier. Elle rend aussi hommage à la musique qui l’a bercée dans son enfance et aux musiciens et chanteurs qui lui ont donné du punch pendant son adolescence, de Petite Fleur à Zelie, en passant par Kelele. Des standards, donc, de Salvador et autres crooners, de grands noms de la musique africaine… et trois compositions propres.

Que ce soit en musique ou en exerçant sa fonction pour l’institution des Nations Unies, Angélique Kidjo a pour impératif de clamer haut et fort ce qui est dans son cœur.
Avec cet album, donc, elle clame en français, en fon, en anglais, pour ne citer que quelques langues, son respect des diversités linguistiques. Côté sonorités, elle mêle rhythm and blues, soul, jazz et rythmes béninois.

Après Makeba, Dibango, Fela, Youssou N’Dour et Mory Kanté, Angélique Kidjo est la plus jeune des artistes africains à connaître une véritable carrière internationale. Son contrat avec Island n’y est évidemment pas pour rien, tant il est vrai que le continent noir est une pépinière de talents, hélas trop souvent à l’écart des grands circuits phonographiques.

D’après des sources
diverses
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