Témoignages

André Douillard raconte Bry-sur-Marne

La vitalité
d’une maison de retraite

Le travail ne manque pas à Bry. Exemple, je viens de passer une partie de la semaine dernière à me tracasser au sujet d’un survoltage électrique qui menaçait de mettre la maison dans les ténèbres et surtout de fermer le chauffage dont nous avons bien besoin, maintenant que le thermomètre tend vers 0°. Frère Léon a fêté ses 90 ans et n’a plus la force de faire une réparation. Les pages jaunes nous ont fourni un technicien qui s’est révélé être un escroc, et que j’ai pu bloquer avec les conseils du maire venu nous offrir les colis de Noël. D’où des pannes de réveils, des télés à l’écran enneigé, des ordinateurs qui se mettent en panne, et Internet qui refuse de se connecter… d’où des appels intempestifs aux réparateurs…

La vie continue à Bry-sur-Marne : 34 confrères pour 38 chambres Malheureusement 5 décès rapprochés : Michel Laurent qui supportait difficilement sa lourde surdité depuis des dizaines d’années ; Jean Ligot dont nous regrettons les homélies superbement écrites et lues avec conviction ; le Frère Jacques Baudrit, le service personnalisé ; Albert Delisse, curé très zélé au Burkina et Lyon et Jean Maksud Jean Maksud ancien Directeur de la revue “Peuples du Monde” et de l’Œuvre d’Orient.

Notre centenaire, Georges Jeanney, ne part plus tout seul dans le jardin ; marchant vite, penché en avant en traînant les pieds, comment peut-il au moindre obstacle ne pas piquer du nez ? Comme tous les résidents ont vieilli d’un an, les fauteuils roulants se font plus nombreux ; et ce qui est admirable c’est que les plus valides poussent ceux qui le sont moins, même autour de la maison maintenant que le pavement des allées a été réparé.

Nous assurons toujours le transport et l’accompagnement des confrères chez les médecins et dans les hôpitaux sauf quand l’état des malades l’exige, comme celui de René André qui prend l’ambulance pour subir trois dialyses par semaine. La cheville ouvrière de cette activité est Justin Louvard, 84 ans, qui assure en plus le suivi financier de tout ce qui concerne le médical la Sécu, et la Mutuelle St Martin, enfin les relations avec M. Mike notre réparateur en informatique.

La “Pierre Angulaire”, une association qui a pour mission de gérer les maisons de retraite, nous aide beaucoup. M. Marc Pyot, assure la gestion de notre maison. Des aides financières ont été trouvées, les finances sont enfin saines et nous pouvons, en fin d’année, refaire quelques pièces qui avaient besoin de peinture : la sacristie, la buanderie et la lingerie, l’infirmerie. Grâce à un financement de la province nous espérons pouvoir ravaler les façades qui en ont tellement besoin.

- Frère Léon essaie le vélo de la salle de gym.Nous avons une comptable à mi-temps, Mme Françoise Maurassin, qui tient les comptes bien à jour. Nous attendons une infirmière à mi-temps et gestionnaire pour le deuxième mi-temps. M. Pyot l’initiera à gérer les plannings qui sont la croix de tous les gestionnaires, chaque employé cherchant l’emploi du temps qui l’avantage : spécialement dans les fêtes et les vacances. Ce qui n’empêche pas notre personnel, d’origine très variée, d’être dévoué et de faire son travail. Et puis des personnes en formation attirées par l’ambiance de la maison viennent passer quelques jours de stage chez nous.

L’entreprise de restauration Avenance nous fournit depuis novembre deux cuisiniers à plein-temps Michel et Athanase, tous deux guadeloupéens, qui préparent tous les repas. La commission des menus fonctionne et nous avons plus de finesse dans les plats. Il reste à trouver de nouvelles recettes goûteuses qui permettront des menus plus variés dans la limite des budgets. Ma gourmandise a une occasion de s’exercer par charité pour les confrères… Notre table toute simple ne manque pas d’ambiance, les visiteurs le remarquent.

Un jardinier bénévole vient une journée toutes les semainesNouveauté qui se confirme : deux amis retraités nous aident : M. Camille Blandin, jardinier, qui nous donne une journée par semaine. M. Claude Robert, ancien mécanicien qui a travaillé dans les maisons comparables à la nôtre, en particulier avec le Père Joseph Maindron ; Claude a le don de découvrir les mécanismes, aussi bien pour monter des appareils de gymnastique, réparer des fuites d’eau, installer une éplucheuse, monter des rideaux : un homme aux mains en or, et d’une gentillesse….

Deux peintres trouvent du temps pour travailler chez nous.
Je me suis retrouvé, avec trois confrères de la maison provinciale, à évacuer le matériel des bureaux de “France-Soir” en faillite. Nous avons ainsi une réserve de tables et de chaises de bureau, de classeurs, de quoi installer valablement les nouveaux à venir. Un médecin en retraite le Dr Alain Chapuis, m’a aidé, et j’ai traversé Paris, fier comme Artaban, chauffeur d’un fourgon loué bien volumineux.

Pour le moment nous essayons de mieux organiser les multiples services d’une maison comme celle-ci : Il y a la liturgie dont la sacristie et le chant, l’accueil à l’entrée et la permanence au téléphone, la comptabilité des présences aux repas, porter le courrier à la poste, récupérer les analyses du laboratoire, accompagner les malades, les visiter, pousser les fauteuils roulants, la bibliothèque, les sous-sols encombrés, les ordinateurs et l’ADSL. Les services dans les paroisses, messes, obsèques, chaque semaine nous demandent des pères disponibles. Suivant leurs forces et leur dynamisme, il y a pour les confrères de quoi rendre service et faire preuve d’un dévouement qui me remplit d’admiration.

Une partie de mon travail, quand on n’a pas d’économe au sens classique, consiste à courir les supermarchés pour chercher ce qui manque dans la maison. Compensation, le dimanche après-midi, je conduis dans l’Est de Paris des confrères amateurs visiter de vielles églises et de vieux châteaux.

Cela fait pas mal de choses. Il me faudrait davantage déléguer et moins m’impliquer… D’autre part l’organisation rigide peut être grinçante et inefficace. Et puis si j’aime faire des homélies, célébrer dans les paroisses voisines, je ne suis guère un accompagnateur spirituel ; il y en a d’autres dans la communauté, dont un, Michel Lepage, nommé pour cela.

André Douillard

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