Voix d'Afrique N°88..
SŒURS DE NOTRE DAME D’AFRIQUE ..

AU CONGO, LES ENFANTS DE LA RUE

 

Après plusieurs années passées en République Démocratique du Congo, Soeur Alice Bangnidong, SMNDA ghanéenne, est de retour dans son pays d’origine. Mais, avant de quitter le Congo, elle lui a laissé un trésor de dé-vouement et de persévérance. Elle a œuvré pour que tous les enfants li-vrés à eux-mêmes, dans les rues et les quartiers, soient davantage aimés et pris en charge par leur famille et leur entourage.

 

On entend souvent dire: « Les enfants sont l’avenir de la société » - « Les enfants sont des dons de Dieu » - « Les enfants d’abord ! » Des slogans qui contredisent la réalité, ici à Kinshasa.

Au fond, qu’est-ce qu’un enfant ? La Convention Internationale des Droits de l’Enfant (CDE) et la Charte Africaine des Droits et du Bien-être de l’Enfant (CADBE), définissent un enfant, comme “ toute personne âgée de moins de 18 ans. “

“ Un enfant de la rue “, c’est « une personne de moins de 18 ans, qui fait l’objet d’un abandon parental prolongé, pour de multiples raisons, et qui travaille dans les rues. » Ils peuvent se répartir en plusieurs catégories : orphelins, enfants nés de parents inconnus, enfants séparés de leur famille et déplacés à l’intérieur de leur pays pour diverses raisons, enfants accusés de sorcellerie…

Ces enfants-là ont-ils  des droits?Cet enfant-là aurait-il des droits ? Certes, oui ! L’enfant a droit à la vie, à la protection, au développement. Le droit à la vie familiale est un des droits essentiels, qui permet de satisfaire la majorité de ses besoins. Malheureusement, diverses causes font qu’un nombre grandissant d’enfants se trouvent séparés de leur famille, perdant ainsi la ceinture de sécurité qu’elle représente. Il n’est pas rare de voir des enfants envoyés dans la rue avec l’accord de leur famille ; des enfants chassés ou fuyant malaises et mauvais traitements. C’est la non-satisfaction des besoins fondamentaux de l’enfant qui déclenche souvent la rupture avec la famille.


Ici, au Congo, et en particulier à Kinshasa la capitale, le travail auprès des enfants de la rue devient un défi de plus en plus grand. Pour nous, c’est à une situation de détresse que nous répondons. Ils ont un besoin urgent de notre présence.
Si je suis engagée à plein temps au sein de l’Œuvre de Re-classement et de Protection des Enfants de la Rue (ORPER), c’est pour protéger et défendre les droits de l’enfant. Difficile besogne, mais aujourd’hui indispensable.

Comment ce projet a-t-il pris corps ?

L‘association est née il y a 25 ans, lorsqu’une dizaine de jeunes de la rue sont allés à la paroisse, pour demander au Père la permission de passer la nuit sur un terrain de basket-ball. Dès lors, au fur et à mesure que la situation socio-économique de Kinshasa se détériorait et que le nombre des enfants de la rue augmentait, l’ORPER amplifiait ses efforts, en fondant des foyers d’accueil et des centres d’hébergement.

Aujourd’hui, cette œuvre a pour but la protection et la ré-insertion familiale et socio-professionnelle des enfants de la rue, sans distinction de sexe, de race et de religion. Pour atteindre ce but, elle se fixe deux objectifs : soutien et amélioration des conditions de vie des enfants de la rue ; médiation auprès des familles, hébergement et scolarisation.

Comment travaillons-nous ?

“ Connaître les problèmes qui ont poussé l’enfant  dans la rue “Toutes nos activités sont une réponse à la maltraitance, aux mauvaises conditions de vie et aux besoins primaires de milliers d’enfants que nous côtoyons à Kinshasa. La vision, l’esprit de l’œuvre, est de faire un bout de chemin avec eux, d’être présents dans leur milieu de vie : la rue. Nous avons l’ambition de leur montrer un meilleur visage du monde des adultes. Nous tentons ainsi d’éveiller leur intelligence et leur créativité pour pouvoir, avec eux, redresser et améliorer des situations terriblement injustes.

Convaincus qu’aucune structure ne peut remplacer le foyer familial, la finalité de toutes nos activités est la réinsertion familiale. Ce travail commence déjà au niveau des centres d’accueil en milieu ouvert, par le premier contact de l’éducateur avec l’enfant. Il est important pour nous de retrouver la famille, de connaître les problèmes qui ont poussé l’enfant dans la rue et, si possible, de procéder à la réunification familiale.

Personnellement, je suis directrice des enquêtes et de la réinsertion. Le secteur a pour objectif la coordination des activités de réinsertion familiale et socio-professionnelle au niveau de tous les centres. Nous avons donc une équipe de prospection, chargée des enquêtes sociales. Ses membres jouent le rôle de médiateurs et de sensibilisateurs auprès de la famille et de l’enfant. Ils font aussi le suivi familial et l’actualisation des données sur les enfants qui sont avec nous depuis plusieurs années.
Le même type d’activité se retrouve dans tous nos centres, variant toutefois d’un milieu à l’autre.

* En milieu ouvert :

Présence sur le terrain, dans leur milieu de vie, par des visites quotidiennes ; accompagnement des enfants dans toutes leurs activités de survie ; accueil dans le centre où ils peuvent se reposer, se laver, faire leur lessive, préparer leur nourriture, passer la nuit et se faire soigner ; identification et enregistrement systématique des arrivées ; sensibilisation des enfants sur leurs droits ; l’hygiène, la santé et les comportements à risque ; écoute active et entretiens personnels ; enquêtes, médiation familiale. En cas de nécessité, placement dans les centres d’hébergement, élaboration de projets éducatifs avec les plus âgés ; activités sportives, culturelles, ludiques et spirituelles ; appui scolaire, interventions auprès des autorités civiles et militaires, dans les cas de maltraitance ou d’abus divers.

* En milieu fermé :
Aider les enfants à prendre soin de leur corps et de leurs vêtements. Etre attentifs à l’entretien des objets de la maison et des fournitures scolaires ; écouter et suivre chaque enfant. Il faut ajouter à cela : la scolarisation, le soutien scolaire et l’alphabétisation, l’éducation à la vie, les activités manuelles et sportives. Enfin, l’intégration sociale des enfants à travers les différentes activités scolaires.

* Un mini-bus, notre centre mobile :
Il circule de 19h à 24h, dans les différentes communes, à la rencontre de tous les enfants. Nous les sensibilisons sur les comportements à risque. Nous leur assurons les premiers soins, prenons en charge les cas d’urgence. Nous les écoutons activement, afin de maintenir une base de données fiables et de chercher des moyens pour mieux répondre à leurs problèmes. En cas de nécessité, nous les conduisons vers d’autres centres ouverts.


Redonner à chacun un peu de joie de vivre !

A travers ce travail et ces différentes actions, nous tentons de valoriser ces enfants, de les encadrer, de les éduquer et de les réintégrer dans leur famille et dans la société. Une tâche difficile certes, mais tellement passionnante !

Sr Alice Bangnidong
SMNDA

Voir aussi au sujet de soeur Alice sur site Smnda France ou encore autre page , ou le jours de ses voeux


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