Témoignages

Serge Berthon, Tassy, 50 ans de serment

Missionnaire sous la protection de Marie


Serge Berthon


Je ne saurais oublier ma première nomination au Burundi : Kisuru, poste en fondation : église couverte d’herbe, presbytère provisoire avec des termites dans tous les murs, sans eaux ni électricité, on fonctionnait à la lampe tempête et à l’eau du marigot. Pour apprendre le kirundi : les confrères m’ont confié à Yakobo, un “mujénama” (notable). Tous les après midis, il m’emmenait à une palabre où je retrouvais les anciens qui se faisaient un plaisir de m’apprendre la langue, les proverbes et les coutumes.

Je notais, comme je pouvais, sur un carnet. Ces leçons se terminaient toujours devant une cruche “d’inzoga” (bière de banane). Pour m’initier au ministère, les confrères m’ont demandé d’être le directeur spirituel d’un présidium de la Légion de Marie. Ministère qu’on m’a ensuite demandé de continuer dans toutes les paroisses où j’ai travaillé au Burundi puis, au Mali, par la suite.

Nommé à Muramvya comme économe et aumônier de la prison et de l’hôpital, j’ai touché du doigt les origines des massacres et des divisions ethniques qui ensanglantaient le pays. J’en avais trop vu, alors on m’a nommé curé de Kinama, paroisse nouvelle dans la banlieue pauvre de Bujumbura. Finition de l’église, des locaux paroissiaux et réfection de deux chapelles-écoles. Les notables de la paroisse m’ont dit que le premier besoin était un dispensaire. Je ne leur ai promis de me renseigner et dans la prière j’ai confié cela à la Sainte Vierge. Deux jours plus tard je reçois une lettre de la Caritas-Belge adressée au curé : annonçant que les subsides qui avaient été demandés par un de mes prédécesseurs étaient accordés.

À Kinama, j’ai vécu douloureusement les troubles ethniques : un de mes catéchistes a été arrêté et fusillé. Prévenu à temps, j’ai pu cacher le secrétaire de la paroisse dans le faux plafond de la sacristie. Mais c’est là que j’ai fait l’expérience d’unité des
focolari : notre groupe comportait des burundaishutu, des burundais-tutsi, des Rwandais, des réfugiés Zaïrois, et des Européens. Nous avons pu prier ensemble, partager la parole de Dieu, dialoguer et nous entraider. Lors de l’expulsion à l’aéroport de Bujumbura, le 17 octobre 1989, la responsable du focolari du Burundi m’a conseillé de demander à faire l’école des religieux focolari.

Le lendemain je débarque à Roissy, et je vais à la Maison provinciale pour leur annoncer mon expulsion. Le Supérieur Général, Jean Marie Vasseur, qui était de passage m’a envoyé immédiatement en Italie pour faire cette école des religieux, et m’a même proposé une nomination au Mali en pastorale urbaine avec consigne d’attendre le mois de janvier pour que ce soit officiel. À Pâques j’ai pris quelques semaines de congé en France et comme le Régional m’avait conseillé d’attendre le mois de juillet, j’ai pris le temps de passer par le Cameroun et la Côte-d’Ivoire pour contacter les responsables focolari. Le 14 juillet 1980, j’arrivai à Bamako.

À peine avais-je terminé le stage de langue à Faladje que Monseigneur me nommait à Lafiabugu comme curé pour remplacer un fidei donum. Nouvelle paroisse : l’église venait d’être construite mais il n’y avait ni bureaux ni salles de réunion. Avec un paroissien-entrepreneur nous avons construit un presbytère, des salles de réunions. J’ai alors beaucoup travaillé avec la Légion de Marie, la JOC (Jeunesse Ouvrière Croyante), et les focolari. À la suite de la mort du P. Tempère et de l’abbé David j’ai été rattaché à la cathédrale puis, après la mort du P. Landon, on m’a confié la paroisse de Missira, la Légion de Marie pour le Diocèse et l’aumônerie des hôpitaux `Point G ` et `Gabriel Touré’. C’est alors que la santé m’a tout doucement lâché : palu résistant, amibes, bilharziose intestinale, 38°5-39° de température chaque jour, mais surtout difficulté à supporter la forte température du pays.

Si bien, qu’après 40 ans d’Afrique, nous avons jugé qu’il était temps de tourner la page, de travailler maintenant dans des conditions climatiques et sanitaires meilleures . Et c’est ainsi que je me suis retrouvé à Paris pour me refaire une santé et me recycler. Puis j’ai travaillé à l’Hôpital de Ste Foy-lès- Lyon comme aumônier. Atteint par la limite d’âge, j’ai dû partir. Alors, à la demande des supérieurs, j’ai quitté Lyon pour Tassy où j’essaie d’aider dans les paroisses.

...... Et voilà…...

Serge BERTHON, Tassy