Missionnaires d'Afrique
France
(Il est décédé le 7 Juin 2014)

Robert Hamert, Bry-sur-Marne,
60 ans de prêtrise

En Tanzanie

l’engagement des laïcs

En 1868, les Spiritains débarquent à Bagamoyo pour évangéliser l’Afrique de l’Est. Ils y rencontrent de nombreux défis : l’inculturation ; le paludisme et les fièvres tropicales qui vont décimer les premières caravanes ; le climat : un ouragan balaya le premier poste de mission et anéantit les cultures ; les missionnaires devaient savoir tout faire, architectes, maçons, menuisiers, médecins, paysans, cuisiniers… et tout cela, en surplus de l’annonce de la Bonne Nouvelle.

Mais l’Esprit soufflait et bientôt le pays devient christianisé. Cent ans après la première évangélisation, les évêques, la plupart des prêtres et religieuses sont tanzaniens. Pour célébrer son centenaire l’Église tanzanienne se donna une année de réflexions qu’on appela : « Seminar Study Year ». Il en résultait un bilan des acquis et des échecs, un plan d’action et d’initiatives pour mieux envisager le futur. Le temps du fatalisme « Inch Allah » était révolu pour entrer dans l’ère de l’action dynamique communautaire de l’Église.

Il fallait tenir compte de la nouvelle situation politique, sociale, économique. En effet, la Tanzanie indépendante depuis 1961, indépendance acquise en respectant la démocratie et sans violence, voulait maintenant faire l’essai d’un socialisme africain. C’est sur le plan de l’agriculture, principal secteur économique du pays, que les changements sont les plus forts. Appelées “Ujamaa”, c’est-à-dire confraternité, des communautés villageoises sont organisées sur des principes collectivistes.

Des 120 tribus peuplant le pays, le Président Julius Nyerere voulait bâtir une seule nation. Il estimait que la population avait la capacité et la détermination de se prendre par la main. Il misa sur la jeunesse éduquée en 7 ans de scolarité et motivée par la politique du parti.

1964, le Concile Vatican II se termine, de nouvelles orientations pour le laïcat sont promulguées ; restait à les mettre à l’œuvre. C’est dans le cadre de toutes ces idées que le “Seminar Study Year” fit des propositions et des projets pour établir les nouveaux statuts du Conseil des Laïcs. Ce Conseil prit le nom de “Baraza”. Pour un meilleur fonctionnement des communautés chrétiennes dans les paroisses et l’ensemble de tous les diocèses, les laïcs, dans bien des domaines, assurent des responsabilités qui jusqu’alors étaient réservées au clergé. Il en résulte une répartition plus équilibrée des charges et services répondant mieux aux possibilités et aux désirs des fidèles. Et il ne manquait pas de qualités humaines, de richesses, de charismes, d’ardeur et de dynamisme dans la masse des néophytes pour travailler à l’avancement du Royaume de Dieu en Tanzanie. Une distribution équilibrée des compétences et responsabilités entre le clergé et la “Baraza” évitait aux uns et aux autres, clercs et laïcs, la tentation de se poser en “petits chefs” de communauté. Mais déjà, le prêtre, déchargé des tâches matérielles, peut s’investir dans l’annonce de la Parole et dans l’administration des sacrements.

Face aux instances politiques, ce Conseil des Laïcs a trouvé une place dans la vie civile et il est reconnu comme représentatif de la communauté locale chrétienne, car élu par les fidèles. En cas de litige ou d’injustice, la “Baraza” est le porte-parole de la communauté chrétienne. D’ailleurs, ces conseillers jouissant de l’estime de la population, furent souvent choisis par leur concitoyen pour d’autres fonctions civiques, genre d’ œcuménisme qui aide à la bonne entente dans les villages composés de communautés très diversifiées.

Robert Hamert

De janvier 1951 à août 2002 en ministère
ininterrompu dans le diocèse de Mbeya,
en Tanzanie.
depuis 2003 à Bry-sur-Marne.

Voir Photos Jubilé de Serment en 2009