Voix d'Afrique N°54
CONGO R.D.C. Père Jean-Claude Quennouëlle.
Le Foyer de Charité avec Le Père Jean-Claude Quennouêlle |
Les
collines ondulent lentement d'une vallée à l'autre, leurs contours
sont soulignés par les sillons creusés à flanc de coteau,
les rangées de cultures: maïs, manioc, café, bosquets de
bananiers qui se balancent lentement au vent tiède. Sur un fond de ciel
bleu parsemé de nuages rarement menaçants, quelques arbres se
dressent comme d'immuables bergers sur les jardins aux lignes capricieuses;
ici ou là, comme par fantaisie, quelques toits de chaume assemblent leurs
pentes douces; quelques chemins serpentent, se perdent ou se croisent comme
un dessin tracé par la main d'un enfant le long des pentes; à
la traînée touffue de feuillages sombres, on devine des ruisseaux
ou des torrents au creux des vallées. Quelques femmes se hâtent,
une cruche sur la tête, un bébé somnolant attaché
sur le dos, quelques gamins les suivent en courant; le vent murmure à
peine dans les feuillages.
Jean-Claude Quennouëlle & les demoiselles du foyer. A droite P. Boniface |
Mais les chants sont rares, les tamtams oubliés: sur ce pays béni des dieux, la peur guette: depuis des années, la souffrance et la mort sont proches: le Congo est en guerre.
Le long de la piste, terre rouge pâle, quelques constructions de brique, des toits de tôle ondulée, des clôtures de brique ou de ciment et des palissades de roseaux: un abri, presque une oasis: c'est le Foyer de Charité de Muhito, près de Bunia. Au centre, la chapelle: une croix la domine, des vitres de couleur ornent les fenêtres en blocs de ciment; autour d'elle, une salle de conférence et quelques dortoirs; la pelouse est bien tracée, rase et verte; quelques eucalyptus se balancent lentement, des hibiscus et des bougainvillées accueillent abeilles, papillons ou colibris.
C'est Jean-Claude
Quennouëlle qui a réalisé son ancien désir; le rêve
avait commencé à Chateauneuf de Gallorre, dans le Midi, après
une retraite et une rencontre avec Marthe Robin; le rêve obstiné
de bâtir ici un lieu de silence et de paix, de prière et de célébration,
un lieu de rencontre avec Dieu au cœur de l'Afrique, un Foyer de Charité.
En 1975, selon l'inspiration
de la fondatrice, Jean-Claude a réuni autour de lui quelques disciples,
qui partagent son désir de former une communauté pour accueillir
d'autres chrétiens et les initier, les encourager à former à
leur tour d'au-tres communautés dans leurs villages et leurs bourgs:
dans le Congo agité depuis des décennies par les jalousies, les
guerres civiles, les massacres, faire advenir le Royaume de Dieu, comme un lieu
de Paix. Pour quelques jours, une fin de semaine ou une période plus
longue, des chrétiens se rassemblent autour de la communauté permanente;
les temps d'enseignement, de réflexion évangélique alternent
avec les heures de silence, de partage et de célébration, avant
de repartir chez soi avec au cœur, la flamme de la charité qui luit plus
fort que les feux de guerre, la force de la paix plus forte que toutes les haines
et les guerres, la joie de la communion qui jaillit plus haut que les cupidités
et les jalousies.
Dans la chapelle du foyer, l'engagement en présence de l'évêque. |
Souvent, des réfugiés affluent: ils ont été chassés par la guerre civile, leurs villages brûlés, leurs récoltes pillées, certains parfois massacrés. Ils sont reçus fraternellement, consolés, soignés, accueillis Jusqu'a ce que les blessures soient guéries et leurs cœurs consolés.
Autour de Jean-Claude et Boniface, Georgette, Bernadette et les autres, un Foyer s'est allumé, humble et secret, braise ardente qui déjà aujourd'hui commence à embraser l'Afrique: " Je suis venu apporter le feu... Ta foi t'a sauvé... tes péchés sont pardonnés ; lève-toi et marche " ! La main du Nazaréen ressuscité continue de soigner et guérir, pour rassembler dans l'amour les frères dispersés.
G.Guirauden & Jean Claude Quennouëlle