Les Pères Blancs en Europe.
Il y a 613 Pères Blancs en Europe. Ces 613 Pères Blancs sont répartis dans 10 pays. Les groupes les plus nombreux de ceux-ci sont en France, 171; en Belgique, 136, et en Allemagne, 99. Ensuite nous avons 3 groupes de taille moyenne, 58 Pères Blancs aux Pays-Bas, 48 en Espagne et 35 en Grande Bretagne. Enfin il y a 4 groupes qui sont de plus en plus petits : 24 en Suisse, 22 en Italie, 14 en Irlande et 6 en Pologne.
Des Pères Blancs en Europe 91% ont plus de 75 ans : l’âge de la retraite. Retraités, non. Retraités missionnaires, oui. Nous sommes missionnaires toute notre vie, le temps de la retraite inclus ! Quoi qu’il en soit, si 91% des Pères Blancs en Europe ont atteint l’âge de la retraite, que signifie parler de renouvellement de notre dynamisme missionnaire ? Ce renouvellement ne concernerait-il que les 9% restant des Pères Blancs en Europe?
Une nouvelle jeunesse de la Société des Pères Blancs.
Tout d’abord il y a le fait que c’est la jeune génération de confrères, pratiquement tous Africains, qui assume aujourd’
hui les postes de responsabilité dans notre Société et pour sa mission. Et elle le fait bien. Un second fait est le nombre de jeunes qui souhaitent devenir Pères Blancs et sont en formation missionnaire. Ce nombre est passé de 300 en l’an 2000 à 500 cette année. Chaque année 80 jeunes commencent leur formation missionnaire. Au cours des cinq dernières années 95 nouveaux membres ont été accueillis dans notre Société. Un troisième fait, assez amusant puisque nos aînés y parlent d’eux-mêmes, est la constatation de la joie dans leurs communautés. Ils évoquent la joie dans la prière, dans la vie fraternelle, dans les rencontres avec des personnes à l’extérieur. Nos aînés nous rappellent ainsi que jeunesse est question de cœur ! En commençant nos réflexions par le positif, nous avons noté que spontanément nous utilisions un vocabulaire d’espérance.Une Société aujourd’hui plus petite et plus humble.
Cela ne nous empêche pas de voir la réalité en face. La Société dans les années soixante comptait plus de 3000 membres. Aujourd’hui elle en compte 1259. Certaines statistiques indiquent que ce nombre se stabilisera entre 600 et 800. Ces cinq dernières années la Société a diminué en moyenne d’une petite quarantaine de membres par an. C’est un fait. Notre Société Missionnaire devient plus petite, moins capable de faire de grandes choses, donc elle a à devenir plus humble. Plus humble aussi parce qu’elle doit s’appuyer davantage sur la collaboration avec d’autres pour œuvrer à la Mission.
Elle devient comme un peu de levain dans la pâte. Pourvu seulement que ce peu de levain soit de très bonne qualité !
Trois pistes.Si notre Société est appelée à être comme un peu de levain de très bonne qualité, il est important qu’elle garde tout son dynamisme missionnaire. De là la dernière question que j’aborderai : comment les Pères Blancs en Europe peuvent-ils garder, voir renouveler, leur dynamisme missionnaire ? Je suggère trois pistes.
La joie de l’Evangile.
La première piste est la suivante : adopter de tout cœur la charte que donne le Pape François à son Pontificat dans sa longue lettre intitulée « La joie de l’Évangile ». Le Pape en effet nous y explique qu’il souhaite faire de l’Église un énorme chantier où tout est repensé, organisé ou réorganisé en fonction de la Mission. L’Église au service de la Mission. En tout premier lieu en retrouvant la joie. La joie d’être chrétiens, la joie de nous savoir aimés par Dieu, la joie de rencontrer, de connaître et de pouvoir aimer le Christ, la joie de l’Évangile, boussole pour guider nos pas en ce monde fait de lumière et de ténèbres.
Nos responsables dans la province d'EuropeEnsuite le Pape nous demande de rayonner cette joie en sortant – et je cite – sortir de notre propre confort et avoir le courage de rejoindre les périphéries qui ont besoin de la lumière de l’Evangile. Tous nous sommes appelés, dit-il, à une nouvelle sortie missionnaire. Il nous met cependant en garde. Il écrit : « Sortir vers les autres pour aller aux périphéries humaines ne veut pas dire courir vers le monde sans direction et dans n’importe quel sens. Souvent il vaut mieux ralentir le pas, mettre de côté l’appréhension pour regarder dans les yeux et écouter ou renoncer aux urgences pour accompagner celui qui est resté au bord de la route. » Enfin le Pape insiste que la sortie vers les autres doit être rencontre de personnes bien concrètes qui vivent dans la précarité, les exclus de la société, les migrants.
Présence aux migrants, au monde africain et musulman en Europe.
La deuxième piste est pour les Pères Blancs de continuer à être présents au monde africain et musulman en Europe en fidélité à notre charisme, à être présents aux migrants.
Cette présence se vit déjà. Bon nombre de confrères y sont présents par le biais d’œuvres sociales, de volontariat et d’autres. Ils y sont engagés soit comme personnes soit comme communauté, ce qui est le cas, par exemple, en Suisse dans l’œuvre inter-congrégations d’accueil de migrants à Fribourg. La forme de présence que nous privilégions - car expression de notre charisme - est celle de communautés de Pères Blancs. Pour le moment nous en avons cinq dans la Province. Nous prévoyons pour 2016 d’en transmettre une et d’en ouvrir une nouvelle. Nous espérons en ouvrir deux dans les prochaines années, si Dieu le veut et le Chapitre le permet.
Vous me direz comment aller vous faire cela quand 91% des Pères Blancs en Europe ont plus de 75 ans ? C’est en effet un fait : la tâche missionnaire d’une présence aux migrants, au monde africain et musulman en Europe sera de moins en moins assumée par des Pères Blancs originaires d’Europe. C’est évident, mais c’est précisément sur ce point-là que la réflexion de notre Société est en train d’évoluer en fidélité à son charisme. Je résume cette évolution en deux points. Le premier est l’affirmation faite par le Chapitre de 2010 que si le continent d’Afrique reste le lieu prioritaire de notre insertion missionnaire, les Pères Blancs qui sont au service de la Mission en Europe y vivent pleinement leur vocation missionnaire. Ils y sont missionnaires à part entière. Le second point est l’affirmation faite en 2013 par le Conseil plénier que la mission en Europe est de la responsabilité de toute la Société et non pas seulement des Pères Blancs qui en sont originaires. C’est dire que la présence de communautés de Pères Blancs aux migrants, au monde africain et musulman en Europe est de la responsabilité de toute la Société.
Concrètement cela signifie que notre participation à la Mission se vit aussi en Europe. Ainsi à Marseille nous avons une communauté de Pères Blancs composés de deux français, d’un Suisse et de deux Africains. En Espagne, à Roquetas de Mar, deux Pères Blancs espagnols ont avec eux un confrère mexicain. L’année prochaine un confrère africain les rejoindra. À Bruxelles l’équipe engagée dans la rencontre avec l’Islam ne compte que deux membres, un confrère espagnol et un confrère français. L’année prochaine cette équipe sera renouvelée par la venue d’un confrère belge actuellement en Tunisie et d’un confrère togolais venant du Soudan. Donc un mouvement de jeunes confrères vers l’Europe pour y vivre la Mission, a débuté.
Ce mouvement a évidemment des implications pour notre présence en Afrique. C’est pour cela que chaque année le Conseil général rassemble les responsables de toutes les entités de notre Société missionnaire pour ensemble distribuer le personnel disponible.
Témoignage de vie en communauté.La troisième piste concerne tous les Pères Blancs en Europe. Il s’agit du témoignage de prière et de vie en communauté. Notre fondateur a voulu dès la fondation de notre Société missionnaire en 1868 que nous vivions en communautés internationales. Aujourd’hui cela veut aussi dire en communautés interculturelles.
Le Pape François dans sa lettre pour l’année de la vie consacrée souligne la pertinence de ce genre de témoignage. Il écrit :
« Dans une société de l’affrontement, de la cohabitation difficile entre des cultures différentes, du mépris des plus faibles, des
inégalités, nous sommes appelés à offrir un modèle concret de communauté qui, à travers la reconnaissance de la dignité de chaque personne et du partage du don dont chacun est porteur, permette de vivre des relations fraternelles. » Témoigner de pareil vivre ensemble interpelle et inspire aujourd’hui. Les attentats ici à Paris et ailleurs nous en rappellent l’importance. Enfin le témoignage de la prière dans une société sécularisée et en recherche de sens est contribution à l’œuvre de la Mission dont l’agent principal est toujours Dieu.