TÉMOIGNAGE

UNE VOCATION À DEUX ÉTAGES.

Père Bernard Jobin

Le P. Bernard JOBIN est un enfant du Jura. Avant de se joindre aux Pères Blancs pour une vocation missionnaire, il a fait des études d'architecte ce qui lui a permis de rendre d'éminents services dans plusieurs pays d'Afrique. Il est actuellement dans notre maison de Fribourg.

Quand le Bon Dieu m'a donné le goût de l'architecture et de la construction, est-ce que je savais, moi, qu'Il m'attendait ailleurs ? Est-ce que je pouvais deviner que mes années au Polytechnicum de Zürich étaient une première étape nécessaire vers une autre vocation ?…

Bien sûr, cette deuxième vocation me houspillait intérieurement depuis un bon moment, mais tout de même, il ne m'était pas facile de faire le rapprochement avec la première…

C'est une fois arrivé en Afrique, prêtre Père Blanc, tout acquis à l'idée d'œuvrer avec les Africains, que j'ai vraiment compris ce que Dieu voulait de moi, et il me l'a fait savoir par l'intermédiaire de mon évêque : " Apprenez d'abord la langue du pays. Je vais vous envoyer dans une mission où la vie matérielle est réduite au minimum. Vous y comprendrez alors ce que j'attends de vous. " Et j'ai compris : Quand il n'y a rien pour se loger et travailler, on rêve, non d'un confort bourgeois, mais d'un essentiel rudimentaire qui permette d'être efficace dans tout le travail que le Seigneur attendait de moi.

Faut-il vous la présenter ? Oui, même Mère Theresa s'est intéressée à la tâche des missionnaires du Rwanda. Les Sœurs de la Charité ne tarderont pas à la suivre.

Et c'est là, au Rwanda et au Burundi, que j'ai relevé mes manches et tenté d'abord de mettre en pratique ce que notre cher Poly national m'avait fait ingurgiter au cours de longues années d'études. Et hop ! Ce fut des écoles de tous niveaux, des classes primaires aux collèges et aux bâtiments universitaires.

Et puis ce fut la santé, du plus petit dispensaire de village aux hôpitaux de grandes villes, sans oublier les maternités Ensuite il fallut penser au social avec des ateliers, des magasins, des silos à grains, des centres de formations professionnelles et foyers sociaux. Et enfin, ne l'oublions pas, des chapelles, des églises, des cathédrales, des couvents, et finalement des presbytères pour nous les prêtres et frères, si souvent à bout de souffle et toujours prêts à passer la vitesse supérieure.


Chaque fois que l'on demandait ses services, le P. JOBIN prenait l'offre avec une conscience professionnelle très poussée. Il en présentait toujours la maquette afin d'obtenir une collaboration exemplaire des prêtres et de la population qui l'entouraient

De grâce, ne comptez pas le nombre de bâtisses que j'ai mises sous toit. Je l'ignore moi-même et ne m'en soucie guère. Le Bon Dieu s'en chargera au moment favorable! Ma manière de construire, mon style d'architecture, mon adaptation aux besoins locaux, ont fait dire en riant, à mes confrères : "Il fait du Jobinisme". Pourquoi pas ? Et que m'importe ?…C'était là des tâches qui rendaient mon ministère plus vivant et plus proche des gens.


Le travail du P. JOBIN retenait l'attention des autorités de l'Eglise( ici avec Mgr A. PERRAUDIN et le clergé de la paroisse) et des organisations internationales ( ici avec le représentant de Misereor)

Une chose cependant : Il est clair que ces travaux et ces multiples chantiers, je n'ai pas pu les diriger tout seul. Il m'a fallu du personnel surtout dans les débuts. Et j'ai fait appel à des volontaires suisses qui me secondèrent magnifiquement.

Mais surtout, j'ai dû compter sur la main d'œuvre locale avec ses ouvriers spécialisés et sur les dessinateurs africains qu'il a fallu former " sur le tas " comme on dit. Maintenant que je suis de retour en Suisse, je pense souvent à eux, mais dans la tourmente qui a si terriblement secoué leur pays, les contacts ont été réduits à presque rien. Les connaissances qu'ils ont acquises auprès de moi, j'en suis certain, leur seront toujours utiles dans les années à venir.

En réalité, je me réjouis de voir l'Église équipée de structures matérielles suffisantes pour qu'elle puisse dès lors continuer son œuvre sociale et caritative devenue prioritaire pour l'avenir d'un peuple trop meurtri par les guerres.


TÉMOIGNAGE

ZIG-ZAG CASSÉ !

Frère Josef Staubli

Le Frère Josef STAUBLI, originaire de Muri (AG), est assis depuis de nombreuses années dans son fauteuil roulant. Il a travaillé au Mali, avant de tenir pendant des années les finances de la Province suisse.

Pourquoi le cacher ? Ma vie a été faite de virages violents et de cassures douloureuses ! Et c'était bien ainsi, puisque c'était là ce que Dieu voulait de moi…

A l'âge où il fallut trouver une honorable orientation à ma vie, moi, fils de paysan peu fortuné, j'entrai en apprentissage chez mon oncle qui était charron de métier. Sans beaucoup d'enthousiasme à vrai dire ! Mais avec un vaillant lot de bonne volonté, ce qui m'a permis de connaître les hommes de la terre et d'apprendre à travailler de mes mains avec une certaine habilité.

Cependant, depuis mon entrée en adolescence, un désir me titillait l'esprit en secret : Je voulais devenir missionnaire, tout en sachant que cela n'était guère possible sans études prolongées et sans un bon métier dans ses bagages. Or, vers la fin de mon apprentissage, un Père Blanc venant d'Afrique vint prêcher dans ma paroisse : " Qui parmi vous, veut venir nous aider à construire missions, églises, écoles et dispensaires ? " Ce fut un choc pour moi, et mon premier virage violent !

Avec un bon certificat professionnel en poche, j'allai me présenter au postulat des frères chez ces mêmes Pères Blancs. Là, on m'a mis à l'épreuve en me plongeant avec d'autres candidats, dans toutes sortes d'activités de service, exigeant de nous de multiples efforts dans le travail manuel. Mais on prenait bien soin de nous faire saisir le sens spirituel de l'œuvre que nous accomplissions et de faire de nous, de vrais témoins du Christ et des Missionnaires engagés.

Deuxième virage : Après cette formation, on m'envoya au Mali, et tout de go, je me retrouvais dans l'atmosphère d'atelier besogneuse que j'avais connue durant mon apprentissage. Accompagné des conseils judicieux d'un confrère plus âgé, je me mis à la fabrication des bancs d'école, des attelages pour zébus, des charpentes de toitures, des fenêtres et des portes. On créait même des carrosseries de camions, des barges pour naviguer sur le fleuve Niger... Beaucoup de travail ! Un partage exemplaire avec les ouvriers ! Une joie à la tâche et la satisfaction de faire quelque chose pour les hommes et pour Dieu !

Hélas, troisième virage…Le plus violent de tous : Une attaque de poliomyélite qui mit fin à mes activités matérielles en moins de 24 heures ! Pendant plus d'une année ce fut la douloureuse valse des hôpitaux en Afrique et en France. Un gros coup de barre sur le moral et beaucoup de questions sur tout ce qui fait notre existence.


Le frère STAUBLI aime les contacts personnels. Son handicap ne le prive aucunement de dialogues et de sourires.

Heureusement, grâce au soutien d'autres handicapés et de mes confrères, le quatrième virage put se faire en une certaine douceur. Malgré les hauts et les bas d'une paralysie envahissante, j'ai pu suivre une formation de comptable et de technicien du bâtiment et me replonger dans une activité utile à la mission africaine.

Et hop ! cinquième virage : retour au Mali sur mes béquilles et dans un fauteuil roulant pour tenir la comptabilité des missions, œuvrer avec un architecte dans l'élaboration de projets de développement et préparer les plans de financement exigés par les organismes internationaux. Puis- je ajouter ici que mon immobilité forcée me permettait de longues heures de dialogue surtout avec ceux qui avaient besoin de conseils et de courage pour faire face à une vie désertée par l'espoir…

Et puis, oui ! Sixième virage et, l'âge venant, retour en Europe. Pour les deux sortes d'apostolat qui me restent. La comptabilité dans notre maison de Fribourg et l'écoute de nombreuses personnes qui viennent sonner à ma porte pour que leur vie ne reste pas fermée.

Oui, ma vie fut un grand zig-zag brisé, mais à bien y regarder, c'est Dieu qui en a fait ce qu'il voulait et il doit bien savoir ce qu'il fait ! Alors, pourquoi me plaindre quand je vis dans sa joie et l'espoir de le rencontrer bientôt ? Alors, à quand le prochain virage ?


TÉMOIGNAGE
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" NOUVELLE ESPÉRANCE " CONTRE LE SIDA.
Lettre au Rédacteur de " PRÉSENCE "

Père Armand Galay

Le P. Armand GALAY est Philippin. Il a joint les Pères Blancs avec un enthousiasme juvénile et sincère. Pendant un certain temps, il vécut à Fribourg où il s'est fait beaucoup d'amis. Il travaille actuellement au Burundi où il est responsable d'une association luttant contre les méfaits du SIDA.

Cher Roland,

Je suis très heureux que ce soit toi qui me demandes ce témoignage sur mon ministère africain, car je sais qu'avant moi, tu as été saisi dans ce même engrenage qui lie inexorablement le sacré et le social, le spirituel et le matériel, l'apostolat et l'aide humanitaire. Tu as fait cela pendant près de 30 ans en Zambie, et moi, aujourd'hui, c'est à mon tour d'être enchaîné, mais cette fois, au Burundi !…

Écoute ! J'ai été nommé responsable d'une association, fondée par un confrère médecin, qui lutte contre le Sida. Une association qui est, comme on dit, sans but lucratif, mais qui ne vit que par les dons reçus et par la sueur des volontaires sans salaire. ! Tu sais très bien ce que cela veut dire : Gros travail, heures supplémentaires, longues discussions, interminables et stériles demandes de subsides auprès des bienfaiteurs et jamais le moindre sou au fond du tiroir-caisse! Et comme nous venons en aide à quelque mille personnes atteintes du virus et à leurs proches dépendants, cela représente un joli total de 3000 bénéficiaires sans parler d'une somme d'autres problèmes assez considérable !

Tu peux comprendre que mes journées sont passablement occupées et mes soucis assez pointus.
Tu vois, quand un malade nous arrive, il déclenche toute une série de réactions : tests, contre-tests, aide sociale, entrevue avec un psychologue, soins ambulatoires ou admission à l'hôpital…Si le patient peut rester à son domicile, il faut assurer les visites, et pour cela, nous avons mobilisé les " positifs " qui, chacun dans son territoire, font le travail d'infirmier. Non seulement ils changent les pansements et s'assurent que les directives du médecin sont suivies, mais ils sonnent l'alarme dès que les signaux cliniques se détériorent..

En marge de ces activités médicales, il nous faut veiller à rendre l'espoir aux malades avec des occupations qui les motivent et leur rapportent quelques modestes revenus. D'où ateliers de couture, fabrication de cartes de vœux , élevage de bétail….


Le P. GALAY sait encourager les malades du SIDA dans leurs occupations de survie. Il n'hésite pas à " perdre son temps " avec eux.(Click)

Tiens, l'autre jour nous avons eu la visite du Nonce Apostolique. A-t-il été intéressé ? Non, impressionné ! Et sa commande de cartes de vœux pour la Nonciature est assez encourageante pour notre travail.

Ce matin, j'ai transporté une de ces malades à l'hôpital. L'infirmier vient de m'annoncer qu'elle est maintenant décédée. C'est triste, d'autant plus que le nombre de ces décès ne cesse d'augmenter. Il semble que les autorités cherchent à donner un accès gratuit aux anti-rétroviraux (tu parles d'un nom !), et que notre association aura sa place dans cette distribution et dans les soins nécessaires. C'est dire que nous sommes reconnus comme d'utilité publique. Nous en sommes très heureux, en dépit de la surcharge de travail qui va en découler.

Comme tu le vois et comme tu le sais déjà toi-même, le ministère, ce n'est pas seulement les baptêmes, les homélies ou les catéchismes, c'est aussi lutter pour les malades dont il faut tenter d'assurer la santé et une bonne qualité de vie. Ne sont-ils pas nos frères ?

Avec toute ma fraternelle amitié en Notre Seigneur.

P. Armand GALAY, Père Blanc. Responsable de " Nouvelle Espérance ".



VOTRE GENEROSITÉ EN TRANSPARENCE
EN FAVEUR DE NOS PROJETS PRÉSENTÉS EN 2004

Voici ce que nous avons reçu de votre bon cœur pour nos projets :

Projet 601
La formation des jeunes Pères Blancs : CHF 10'372.00

Projet 602
École de catéchistes à Masaka Uganda : 5'207.00

Projet 603
Bibliothèque à Ouargla. Algérie : 4'445.00

Projet 604
Diocèse de Kayes au Mali : 8'970.00

Projet 605
Enfants de la rue. Éthiopie 19'763.00

Projet 606
Pour rassurer nos bienfaiteurs 6'230.00

Avec toute notre gratitude et nos remerciements.
Nous gardons l'espérance que votre compréhension continuera à nous venir en aide.

 

NOS PROJETS pour "2005"


701 : Pour la formation des jeunes Pères Blancs.
Chaque année, nous mettons ce projet en avant. Il est nécessaire. Mais est-il efficace ? Oui, sans aucun doute. Si nous avons en 2004 un nombre encore insuffisant mais déjà très appréciable de vocations et d'ordinations sacerdotales, c'est certainement dû à votre générosité qui permet à nos éducateurs d'aider les jeunes à répondre à l'appel du Seigneur.
Ce sont, pour la plupart, des Africains, des Asiatiques ou des Sud Américains qui ne peuvent assurer eux-mêmes leurs études. Ne faisons pas la grimace ! Ils sont sincères, zélés, et très sensibles aux lourds problèmes auxquels les Pères Blancs ont fait face au cours du siècle dernier. Pour nous, c'est la relève absolument nécessaire.

702 : Les petits orphelins de Kasama (Zambie)
Avec 14 ans d'expérience en Afrique, Sœur Canisia mous écrit : " Tout va bien, mais avec une école enfantine, une école secondaire, un hôpital et les à-côtés paroissiaux, on est assez pris par le travail. Et puis il y a les orphelins dont le nombre s'accroît tous les jours. Les sans-parents, qui ne connaîtront jamais leur propre maman, et pour qui les grand-mères ne peuvent plus donner du lait et encore moins en acheter…Chaque matin, c'est la queue devant notre porte. Que faire ? les yeux trop grands ouverts sont tellement nombreux…Nous avons besoin d'aide pour rester des témoins crédibles de l'amour de Dieu pour les petits et les pauvres. "


Est-ce un bouchon au carrefour des champs de paille et de maïs? ou l'exposition des derniers modèles des motos "Cyclafric"? Non mais des orphelins qui montrent leur capacité à travailler et à s'amuser avec de petits riens ingénieux.(click)

703 : Au Burkina Faso : Aide à l'éducation des filles.
Les Sœurs Blanches luttent depuis des années pour que les filles du Burkina Faso aient la possibilité de recevoir une éducation suffisante. Les familles du pays ont toujours préféré la scolarisation des garçons dans l'espoir d'une amélioration de leurs conditions de vie. Mais, en participant financièrement à l'achat du matériel scolaire obligatoire, on donne une bonne chance aux filles de faire reculer la pauvreté de leur milieu, de les éloigner du danger des rues et de les faire participer à l'évolution du pays

704 : Au Niger : Solidarité des jeunes mamans célibataires.
Le Frère Maurice Leiggener, à Dogondoutchi au Niger, a été interpellé par la présence dans sa ville, d'un nombre important de jeunes mamans célibataires et restant sans ressources. Il a fait le maximum pour les organiser un petits groupes et pour leur donner une possibilité de gagner de quoi garder leur dignité et de soigner leurs enfants. Ce mouvement de solidarité s'est traduit par l'octroi de fonds pour l'achat de charrettes à bœufs ou de crédits pour l'acquisition de petit bétail. Projets minimes certes, mais efficaces parce que simple et bien compréhensibles.. Cependant, pour poursuivre leur développement, ces mouvements d'entraide ont besoin du d'un soutien fraternel et généreux.


La quête du dimanche dans une mission lointaine: larges billets de banque hélas de toute petite valeur et oeufs du poulailler de grand-mère...
C'est le geste de la veuve décrit dans l'Evangile. Mais c'est ausi un appel d'aide à ceux qui ont davantage

705 : Les enfants des rues.
Plusieurs fois déjà, nous avons fait appel à la générosité de nos lecteurs pour venir au secours de ces enfants, filles ou garçons, qui vivent dans les rues, au jour le jour et sans aucun espoir de vie meilleure. Nous devons bien le constater, ce malheureux phénomène ne cesse de s'accroître surtout dans les grandes villes de l'Afrique : Nairobi, Dar-es-Salaam, Lusaka, Johannesburg et bien d'autres…De grandes misères s'y cachent et de plus en plus, les missionnaires qui y travaillent sont submergés de cris d'alarme Où qu'ils soient, nous voulons leur apporter l'aide dont ils ont besoin pour faire face au désespoir de ces jeunes qui voudraient ne pas meurir dans leur détresse.

706 : Pour rassurer nos bienfaiteurs.
Au cours de l'année écoulée, grâce à l'aide de nos bienfaiteurs, nous avons pu envoyer le Frère Karl Kälin en Afrique dans le but de voir comment vos dons étaient utilisés pas ceux qui les recevaient. Les rapports qu'il a pu adresser aux groupements de donateurs ont été d'une grande franchise. Ils ont permis de mieux comprendre ce qui se passait sur place et ils ont rassuré ceux qui s'inquiétaient du sort de leur aide financière.
Il est apparu que cette action de contrôle, mais aussi de prise de conscience, devait se poursuivre pour augmenter l'efficacité du soutien apporté au développement africain, surtout en faveur de ceux qui sont au bout de " la chaîne de distribution ". Nous comptons donc sur votre générosité pour le maintien de nos efforts.