Témoignages

Père Edgar Pillet, en congé

Félix Géraud prêchantAu service d’un quartier pauvre à Lusaka

Edgar Pillet travaille dans un quartier pauvre de la capitale zambienne. Cet organisateur tenace met toute son énergie à améliorer la vie de cette communauté : école, dispensaire, orphelinat, église…

Misisi est un quartier très pauvre, à un quart d’heure de marche du centre-ville de Lusaka. Ce quartier peut compter actuellement près de 50 000 habitants. Ce quartier était illégal jusqu’à l’an dernier où, sous la pression de notre groupe “Justice et Paix” et en coopération avec les habitants du quartier, le conseil de la ville avec le maire en a finalement accepté l’existence, même si, jusqu’à présent le gouvernement local n’a pas encore ratifié la décision de la mairie.

Cette communauté a toujours été prise en charge par l’Église Catholique de Kabwata “Good Shepherd”, dont je suis responsable depuis 1986. L’accroissement de la population dans ce quartier a réveillé peu à peu mon attention. Quartier illégal, il n’y avait donc pas possibilité d’établir soit une école, soit un dispensaire, soit une église.

En 1992 j’ai essuyé un refus concernant l’installation d’une clinique en coopération avec “Médecins sans frontière”. J’ai donc commencé, en plein air, avec l’assistance d’une religieuse et de deux volontaires enseignantes, l’éducation pour un petit groupe de filles, puisqu’elles étaient les moins favorisées sur ce plan. Le groupe ayant grossi, deux ans plus tard, j’ai transféré leur lieu d’enseignement à la paroisse même. C’est alors que j’ai commencé aussi avec les garçons dans le quartier même, m’étant rendu compte que beaucoup d’entre eux, non plus, n’allaient pas à l’école.

Ce n’est qu’en 1997 que j’ai obtenu un terrain légal limitrophe du quartier de Misisi. Dès lors j’ai eu la possibilité de construire tout d’abord des classes pour l’enseignement scolaire. En 2006, le groupe scolaire comprend près de 1 100 enfants, garçons et filles. Plus de la moitié d’entre eux sont orphelins, et environ 300 sont orphelins des deux parents. L’autre moitié est constituée d’enfants de familles vulnérables, c’est-à-dire qui n’ont pas les ressources pour envoyer leurs enfants à l’école du gouvernement. Très tôt, en 1999, cette école avait été acceptée comme « école de la communauté » par le Ministère de l’Éducation. En ce début d’année 2006, j’ai obtenu du Ministère de l’Éducation que notre école soit “Full Primary School”, c’est-à-dire allant jusqu’au niveau du brevet, et non plus simplement le primaire. L’école est donc à la même enseigne que les écoles du gouvernement concernant les programmes et les examens, ainsi que la qualification des enseignants.

J’ai aussi commencé une section pour les enfants handicapés, soit physiques, soit mentaux, soit sourds et muets. Ils sont environ 60 dans cette section. Ils sont suivis par des enseignants spécialisés.

Centre des enfants de la rue
L’école dispense aussi un enseignement technique, tel que l’enseignement de la couture et du tricot pour les filles de fin de primaire, et dispose, également, d’un atelier de menuiserie pour les garçons qui le désirent. Ces enseignements s’échelonnent sur un an, suivis d’examens et de diplômes. Sur ce même terrain il y a aussi une petite ferme, si je puis dire, pour l’enseignement du jardinage et aussi pour l’élevage de poulets que l’on engraisse pour les vendre.


Pour l’école technique : don de 4 machines à coudre par l’Ambassadeur de France.

Autre développement : le Centre des enfants de la rue appelé “Home of Hope”. Il y a plus de trente garçons qui vivent dans ce centre. Ils sont tous orphelins ; nous essayons de les rééduquer et l’enseignement à l’école fait partie de cette rééducation. Ils logent et mangent au centre. Ils s’y récréent également et prennent soin de la bonne tenue du centre : propreté, nettoyage, cuisine, et tout cela sous la direction de deux personnes qualifiées pour ce travail.

II y a aussi un groupe appelé “Home Basic Care”. C’est un groupe d’une cinquantaine de personnes bénévoles qui prennent soin des malades à domicile. Ces personnes ont reçu un entraînement approprié. II y a une responsable du groupe, une infirmière et deux conseillères. Il y a en effet un petit laboratoire pour la détection du SIDA. Ceux où celles reconnus positifs sont envoyés à la clinique gouvernementale pour y être inscrits et recevoir un traitement approprié.

J’ai fait construire une salle polyvalente pour les besoins du Centre. Cette grande salle est employée en semaine pour l’école, le samedi pour la catéchèse des enfants et des catéchumènes et le dimanche nous y faisons deux célébrations eucharistiques. Elle sert aussi pour les activités des jeunes.

« Aide-toi, le ciel t’aidera » : c’est pour cela que dans ce Centre il y a un moulin pour faire de la farine de maïs avec le maïs apporté par les gens ; ainsi ils bénéficient d’un meilleur prix que sur le marché et pour le Centre, le son sert de nourriture pour engraisser les poulets. Il y a aussi une fabrique de parpaings, qui nous servent pour nos constructions ; nous en vendons aussi à tous ceux qui le demandent.

Dans ce Centre est prévue, entre autres, une maison pour les pères, qui est d’ailleurs en voie de construction et aussi une église pour la communauté chrétienne qui est nombreuse. La catéchèse des catéchumènes y a pris place avec près de 200 catéchumènes, jeunes et adultes. II y a aussi la catéchèse des enfants pour la Première Communion et pour la Confirmation. Ce sont 4 années de catéchèse et nous avons plus de 400 enfants qui suivent cette catéchèse. C’est un Centre en passe de devenir une paroisse de la ville, en accord avec l’évêque du Diocèse. Il y a tout un travail de base qui a été fait, mais, comme a dit le Seigneur : Autre est le semeur, autre est celui qui fait pousser ; et là, je crois que tout est entre les mains du Seigneur lui-même pour cette communauté chrétienne en voie de développement.

Edgar Pillet