Missionnaires d'Afrique
Francis Nolan M.Afr
150 ANS
6500 MISSIONNAIRESPère François SAMSON
1880-1961Né à Angers (France) en janvier 1880, François Samson suivit la formation du séminaire diocésain jusquau sous-diaconat. Il fut alors admis au noviciat de Maison Carrée à lâge de 24 ans, et fut ordonné prêtre en 1906. Il fut aussitôt nommé pour le Vicariat apostolique du Nyanza méridional, qui, à cette époque, comprenait tous les diocèses au sud du lac Victoria plus le Rwanda. Il allait passer les quarante-deux années suivantes à Bukoba, dans les paroisses de Rubya, Kashozi, Kagondo, et Mugana. Il nalla que deux fois en congé en Europe, en 1924 et en 1945, avant de sy retirer en 1961, malade et presque aveugle. Selon Mgr Kilaini, qui a écrit lhistoire du diocèse, le Père François Samson est le missionnaire qui a été le plus admiré et a laissé le plus grand souvenir parmi les chrétiens.
A lépoque de son arrivée, le pays était profondément païen. Il commença son apostolat dune manière routinière, partant chaque matin à pied, avec sa canne et son carnet. Il rendait visite à tout le monde, quil sagisse de chrétiens ou de non-chrétiens, de riches ou de pauvres, de chefs ou de simples villageois. Tous devenaient ses amis. Doué dune bonne mémoire, il noubliait jamais le nom dune personne déjà rencontrée. Il ne rentrait à la mission que le soir, tenant à peine debout, fatigué et affamé. Cela ne lempêchait pas de travailler assez tard dans la nuit, écrivant les mots et les expressions kihaya entendus pendant la journée. Sa maîtrise de la langue kihaya lui permit de produire un dictionnaire et décrire beaucoup détudes sur les coutumes et les traditions des gens. Il composait des chants (encore utilisés) en adaptant des mélodies de chants latins et français. Mgr Killaini, un Muhaya de naissance, a décrit ces chants comme des chefs duvre de poésie kihaya.
En 1910, encore jeune missionnaire dune trentaine dannées, il fut nommé supérieur de la mission de Rubya. A ce moment-là il ny avait encore que 154 néophytes dans le quartier chrétien. Son prédécesseur avait eu des relations difficiles avec Nyarubamba, le chef local. Samson commença à visiter les villages environnants, certains distants de plus de 25 kilomètres et peu à peu les gens lacceptèrent. Il réussit à lier amitié avec le chef et ensemble ils firent des projets. Le chef mobilisait les gens qui travaillaient librement et ils se mirent à construire des ponts sur la rivière Ngono et ses affluents. Cela permis aux confrères du P. Samson dallonger leurs tournées à bicyclette, mais, lui-même, allait toujours à pieds.
Le fils et successeur de Nyarubamba, Ruhinda, suivit les pas de son père, encourageant les gens à devenir chrétiens. Il donna à la mission des plantations pour la construction décoles dans lesquelles le P. Samson organisait les jeunes pas simplement au niveau scolaire. Il leur apprenait aussi le football et la gymnastique. Il remarqua que le plus grand obstacle, pour ceux qui voulaient devenir chrétien, était le culte aux ancêtres, spécialement en cas de maladie. Les gens trouvaient la religion chrétienne trop sèche et rationnelle. Le père Samson encouragea les pères du séminaire de Rubya à soccuper de laide médicale. Avec les séminaristes il promut une liturgie haute en couleurs, développa la dévotion à la Vierge Marie. Mgr Hirth avait apporté une statue de Notre Dame de Lourdes au séminaire avec accompagnement de la fanfare du séminaristes et des centaines de néophytes jouant du tambour, chantant et dansant. Une Mère, vivant au ciel, qui était attentive à leurs problèmes et priait pour eux plût aux Wahaya et petit à petit elle prit la place des ancêtres comme médiatrice.
Le père Samson écrivait des articles pour les revues des pères blancs, des notes sur la langue et les coutumes, des études sur le mariage. Grâce à laide de Nicholas Mugongo, un catéchiste hors du commun, il traduisit les évangiles et des ouvrages spirituels comme limitation de Jésus Christ. Il écrivait aussi dans le diaire de la communauté des petites histoires typiques de la vie quotidienne des gens.
Debout, 3ème depuis la gauche, P. Samson à Bukoba 09.11.1922
Le moins que lon puisse dire est quil était de tempérament vif et il savait utiliser sa profonde connaissance du Kihaya lors de ses accès véhéments de colère ! Les gens lont surnommé Kajungu Magundu - le taureau mugissant et Ikishanju kitera embandwa massue des devins ancestraux Un de ses confrères le comparait à Moïse descendant du Sinaï. Mais il était très conscient de son défaut et quand il sapaisait, il savait humblement demander pardon même à ceux qui étaient bien plus jeunes que lui. Plus tard dans sa vieillesse, les gens parfois samusaient à le mettre en colère car, quand il sapaisait il avait lhabitude de donner un petit cadeau. Un jour, dans un prêche pendant la messe, il sénerva contre ce quil percevait comme de graves fautes de la part des fidèles et il utilisa des paroles fortes contre lassemblée des fidèles. A la fin du sermon, il commença à enlever les vêtements liturgiques disant aux gens quil était trop en colère pour célébrer dignement la messe. Les gens ne pouvaient pas accepter cela et ils lui dirent quils avaient mérité ses reproches et quil étaient habitués à la dureté de son langage. A la fin, ils réussirent à le convaincre de poursuivre la célébration de la messe !
Caravane de 1906. Debout 1er depuis la gauche P. François SamsonEn 1949, malade et devenant aveugle, il rentra en France. Les chrétiens de Rubya écrivirent à lévêque Mgr Lanctot, qui était en congé, le suppliant de ramener le P. Samson avec lui. « Nous savons bien que sa santé lempêchera de travailler mais au moins nous le verrons et il peut reposer sur cette terre quil a rendu fertile par sa sueur. » Ils étaient prêts à payer le billet davion. « Ce père bien aimé nous appartient, il doit venir finir ses jours parmi nous. »
Il était cependant trop malade pour voyager et il resta à Billère. Sa retraite fut une véritable passion. Une attaque le laissa paralysé du côté gauche et il souffrait beaucoup dun ulcère à lestomac. Cependant il demeura homme de prière, toujours le premier à la chapelle pour les exercices spirituels. Au fur et à mesure que sa vue baissait, il luttait pour réciter son bréviaire tous les jours. A cette époque-là, avant lusage de la concélébration, il reçut la permission dutiliser toujours le même texte pour la messe, celui de la Vierge Marie. Il garda toujours et jusquau bout sa mémoire prodigieuse et il pouvait rapporter des événements avec précisions et dates exactes. Sa plus grande joie était de pouvoir parler de ses chers Wahaya. En octobre 1961, il souffrait tellement de son ulcère à lestomac que lon décida de lopérer. Il ne sen remit pas et mourut le 2 novembre suivant. Il mourut pauvre. Cherchant quelque souvenir à remettre à sa famille, son supérieur ne trouva que quelques vêtements, une montre de poche et un chapelet.
Frank Nolan
Missionaries of Africa
Francis Nolan M.Afr
150 YEARS
6500 MISSIONARIES
Father François SAMSON
1880-1961
Fr Francois Samson was born in Angers, France, in January 1880. He studied in the diocesan seminary up to the reception of the sub-diaconate. Then, aged twenty-four, he entered the novitiate in North Africa being finally ordained priest in 1906. His first appointment was to South Nyanza which at that time comprised all the dioceses now surrounding the south of Lake Victoria and also Rwanda. He was to spend the next forty-two years in Bukoba, serving in Rubya, Kashozi, Kagondo and Mugana. He returned to Europe for only two spells of leave, in 1924 and 1945, before retiring ill and almost blind. According to Bishop Kilaini, in his history of the diocese, of all the missionaries who worked there, Fr Samson is the best remembered and admired.
On his arrival the region was profoundly pagan. He began his apostolate by a regular routine setting off each morning on foot, with his cane and notebook. He entered each home irrespective of whose it was, Christians and non-Christians, rich and poor, chiefs and commoners. He made friends with them all. Gifted with a good memory, he never forgot the name of anybody he had met. Returning only in the evening, tired and hungry, he was hardly able to stand. This did not prevent him working late into the night, writing up the Kihaya words and expressions he had learnt during the day. His mastery of the Kihaya language enabled to him to produce a dictionary and many studies of the customs and traditions of the people. Adapting Latin and French melodies, he composed hymns which are still in use today. Bishop Killaini, himself a Muhaya, has described them as masterpieces of Kihaya poetry
In 1910, still a young missionary of thirty, he was appointed superior of the mission of Rubya. Up to that time, there were only 154 neophytes in Christian village. His predecessor had had a fractious relationship with the local Chief, Nyarubamba. Samson started visits to surrounding villages, some as far away as 25 kilometres and slowly the people accepted him. He developed a friendship with the Chief and they started projects together. The Chief mobilised the people, who worked freely, to build bridges over the Ngono river and its tributaries. This enabled Fr Samsons confreres to extend their safaris on their bicycles, though he himself always went on foot.
Nyarubambas son and successor Ruhinda followed in the footsteps of his father encouraging the people to become Christian. He gave to the mission plantations for the building of schools in which Samson organised the youth not only for education. He also taught them football and gymnastics. The biggest obstacle to becoming Christian, he observed, was the devotion to the ancestor cult, especially in times of illness. People found Christianity too dry and rational. Samson encouraged the Fathers in Rubya seminary to provide medical help. With the seminarians he put on colourful liturgical ceremonies. He also promoted devotion to the Blessed Virgin Mary. Accompanied by the seminarians brassband and with hundreds of neophytes drumming, singing and dancing, Bishop Hirth had brought a statue of Our Lady of Lourdes to the seminary. A living mother in heaven who listened to their troubles and prayed for them appealed to the Wahaya and she came to replace the ancestors as a mediatrix.
Standing, 3rd from left, Fr. Samson in Bukoba 9thNovember 1922
Fr Samson wrote articles for White Fathers magazine, notes on the language and customs, studies of marriage. With the help of an outstanding catechist, Nicholas Mugongo, he made translations of the gospels and of spiritual writings like the Imitation of Christ. His entries in the parish diary contain lots of little stories from the daily life of the people.
His temperament was lively to say the least, and his intimate knowledge of Kihaya was used to express his volcanic outbursts of anger. The people called him Kajungu magundu the Roaring Bull and Ikishanju kitera embandwa Hammer of the Ancestral Diviners.One of his confrères compared him to Moses descending from Sinai. But he was well aware of this fault and when he cooled down, he would humbly ask pardon even of those much younger than himself. In his old age, sometimes people mischievously teased him to make him angry because when he repented he would give them presents. One day, preaching at Mass, he became very angry with what he perceived as the misdeeds of his faithful and told off the congregation in very strong terms. When he had finished his sermon, he began to take off the vestments telling the people that he was too angry to celebrate Mass. However, they would have none of it. They told him they did not mind his tough language, they deserved it and they were used to him. In the end, he was persuaded to continue with the celebration of the Mass.
1906 caravan. Standing 1st from left. Fr. Samson François
In 1949, sick and going blind, he returned to France. The Christians of Rubya wrote to Bishop Lanctot, who was on leave, begging him to bring Fr Samson back. We know well that his health will prevent him working but at least shall see him and he can rest in this land which he has made fruitful with his sweat. They were ready to pay the airfare. He is ours, this beloved father; he should come to finish his days among us.
However, he was too ill for the journey and he remained at Billère. His retirement was truly a passion. After a stroke his left side was paralysed and he suffered much from a stomach ulcer. Yet he remained a man of prayer, always the first in Chapel for spiritual exercises. As his sight deteriorated, he struggled on to recite the breviary daily. In those days, before the practice of concelebration, he received permission to celebrate Mass using the same text daily, that of the Blessed Virgin. He retained his prodigious memory even in his old age and could remember precise events and exact dates. His greatest joy was talking about his beloved Wahaya. In October 1961 he was suffering so much from his stomach that an operation was decided on. He never recovered, expiring on 2nd November 1961. He died poor. Looking for some souvenirs for his family, his superior found in his room only a few clothes, a pocket watch and a rosary.
Frank Nolan
Tiré du Petit Echo N° 1074 2016/08