De la part du Provincial de France.
"Christ est ressuscité
des morts, prémices de ceux qui sont morts". 1 Cor 15, 20
Le Père Provincial de France
des "Missionnaires d'Afrique"
vous fait part du retour au Seigneur
du Père Paul TERNANT du diocèse de Lyon décédé le 29 Mai 2007 à Bry-sur-Marne |
|
à l'âge de 81 ans dont 59 ans de vie missionnaire à Jérusalem,
au Liban et en France. |
Les obsèques du Père Paul TERNANT
seront célébrées à Bry-sur-Marne,
le jeudi 31 mai 2007, à 15 h.
Prions pour lui et les membres de sa famille.
*********************************************************
Jalons de la vie du Père Paul
TERNANT
Nat.: Fr. Diocèse d'origine Lyon |
NAISSANCE Tassin-La-Demi-Lune 02/09/1925 |
Année Spirituelle Tournus 28-09-1943 |
Serment Thibar 28/06/1947 |
Prêtrise Lyon 29/06/1948 |
|
"Il ne faut pas que vous vous attristiez comme les autres qui n'ont
pas d'Espérance". Thess 4,13
Nous le recommandons instamment à votre prière.
********************************************************
PAUL TERNANT
De l'épreuve à la joie
BRY-SUR-MARNE, le JEUDI 31 mai 2007Mardi soir le supérieur de notre communauté de la rue Friant à Paris me demandait, sur suggestion d'André Douillard, si j'acceptais de prendre la parole, ce jeudi, lors des obsèques de notre ami Paul Ternant, Père Blanc si attaché au Proche-Orient où il a passé la majeure partie de sa vie : bibliste, orientaliste, professeur, animateur spirituel de communautés; si lié à l'Oeuvre de Sainte-Anne voulue par Lavigerie notre fondateur.
J'acceptais de suite cette proposition et étant donné ce que fut la vie de Paul, je pensais sur le champ à ce passage de l'évangile de Luc que vous venez d'entendre : avant sa Passion, Jésus pleura sur la chute de Jérusalem.
Le mercredi 7 juin 1967, Paul a-t-il pleuré sur la ville, au troisième jour de cette guerre dite des Six-Jours (il y aura quarante ans dans une semaine), quand vers midi, Moshe Dayan entrait dans la ville arabe par la Porte des Lions ("Salahhieh"), à deux pas de notre maison de Sainte-Anne. La merveilleuse église romane, dans laquelle nous aimerions si souvent prier, avait été bombardée la veille. Les Pères de la maison, les étudiants du grand séminaire grec catholique, deux cent cinquante arabes, voisins du séminaire, étaient réfugiés dans les sous-sol. Parmi tant de gens : Paul Ternant, qui, dans la discrétion la plus absolue -un trait majeur de son caractère- irait avec l'évêque du lieu, Mgr Hilarion Capucci, enterrer, avec quelques courageux séminaristes, les victimes des bombardements, musulmans ou chrétiens.
Paul, -arrivé à Jérusalem seize ans plus tôt-, n'oubliera jamais l'humiliation que lui causa la prise de la ville arabe par les Israéliens. Ce furent des journées de deuil et de douleur qui entretiendront en lui, et jusqu'à sa mort, un ressentiment très vif à l'égard des occupants et suscitèrent souvent chez lui cette colère dont nous fument témoins.
Douleur également pour Paul et ses confrères, comme pour le clergé melkite de voir le séminaire Sainte-Anne obligé de fermer ses portes. Comment des jeunes arabes, libanais et syriens, auraient-ils pu être formés dans une partie de la ville devenue israélienne? Le séminaire se replia au Liban, à Harissa, sur la baie splendide de Jounieh. Pendant un an, Paul en fut le directeur. Mais il fallait ensuite tourner la page.
Paul avait alors 42 ans. I1 était en pleine forme, gardait une forte dose d'humour, savait jouir des piques, parfois acérées, qu'il lançait dans la conversation. Mais la souffrance demeurait son lot. Sa vie familiale n'en sera pas dépourvue : la mort d'un jeune frère par accident, durant la guerre 39, dans la maison familiale, la surdité d'une soeur et plus tard la mort de son frère prêtre qu'à chaque retour en France, il trouvait dépressif. I1 constatait également que souvent son enseignement biblique, à cause de ses compétences, ne passait pas, ce qui était toujours une épreuve pour un homme si doué et si généreux.
Comment, chers amis, comment pourrions-nous oublier ces richesses de Paul, notamment spirituelles qui m'impressionnaient notamment durant l'année 1959-1960 quand nous étions étudiants en langue arabe chez les Jésuites, à Bikfaya, dans la montage libanaise. De ces études, Paul garda l'habitude de prononcer, dans les communautés de religieuses et dans les paroisses, ses homélies en arabe, ce qui était rare chez les prêtres expatriés
Paul restera d'abord un bibliste, universitaire, et ses publications ne sont pas dépassées. Sa vie fut essentiellement consacrée à scruter la Parole de Dieu de façon à la mieux faire connaître.
Paul fut ensuite un grand serviteur de l'Eglise melkite, le dernier Père Blanc à y consacrer tout son temps dans un grand esprit de service. L'an dernier, participant aux fêtes du 150ème anniversaire de l'Oeuvre d'Orient, le Patriarche grec catholique, Sa Béatitude Mgr Grégoire III Laham, tint à se rendre ici à Bry pour saluer et remercier notre confrère.
Paul fut enfin -et comme journaliste je ne saurais l'oublier- un remarquable chroniqueur de la revue Proche-Orient-Chrétien.
Ses articles si documentés sur le Liban durant la guerre civile et confessionnelle de 1975-1992, constituent dés références obligées.
Certes, les dix dernières années de la vie de Paul, sa retraite, son isolement progressif malgré la présence de tant d'amis ici présents, l'aggravation de son état de santé pouvaient le rendre pessimiste. Je me souviens, pour ma part, d'un prêtre qui su garder sa joie intérieure. Nous en rendons grâce à Dieu, au cours de cette Messe du jour de la Visitation de Marie à sa cousine Elisabeth. Marie, dans sa joie ne pouvait oublier qu'un glaive transpercerait son coeur. Mais elle a appris à Paul -elle nous apprend- à exalter les merveilles que Dieu en nous accomplit. " Il se souvient de son Amour ". Nous en avons rendu grâce à Dieu, à l'occasion du départ depuis janvier de trois de nos amis, Pères Blancs du Liban ou de Jérusalem : Jean Maksud, Réné Dujardin, et Mgr Pierre Duprey, si proche de Paul.
Dans ton Royaume, d'eux et de-nous, souviens-toi Seigneur!Joseph Vandrisse.