Patrice Lumumba
Patrice Lumumba est né à Onalua, au nord du Kasai, en R.D.Congo. Il fréquente l’école catholique des missionnaires puis une école protestante tenue par des Suédois. Jusqu’en 1954, l’école de la Belgique coloniale ne donne qu’une éducation rudimentaire et vise plus à former des ouvriers ou des clercs, mais Lumumba, autodidacte, se plongera dans des manuels d’histoire.
Il est d’abord employé de bureau dans une société minière du Sud-Kivu puis il devient journaliste dans plusieurs journaux. En septembre 1954, il reçoit sa carte d’« immatriculé », réservée par l’administration belge à quelques éléments remarqués du pays.
À la société minière, il découvre l’importance des matières premières de son pays pour l’économie mondiale. Il voit aussi que les cadres congolais ne sont pas associés à la gestion de ces richesses. Il milite cependant pour un Congo uni et se distingue en cela des autres leaders indépendantistes. Il ne plaide pas pour une indépendance immédiate, d’autant plus qu’il prend conscience que les frontières du Congo belge et des colonies française, anglaise et portugaise voisines sont arbitraires.
En 1958, il est invité, avec d’autres Congolais, à l’Exposition Universelle de Bruxelles. Mécontent de l’image peu flatteuse du peuple congolais présentée par l’exposition, Lumumba quitte les libéraux pour se rapprocher des cercles anti-colonialistes de la capitale belge. À son retour au Congo, il crée le Mouvement national congolais (MNC). Il participe à la conférence panafricaine d’Accra. Peu après, il organise une réunion pour raconter cette conférence et il y revendique l’indépendance devant plus de 10 000 personnes.
Les effets de ce discours se font rapidement sentir dans la population congolaise. Cela provoque, dans quelques casernes, une révolte qui gagne les populations civiles, surtout dans la capitale Léopoldville. Les émeutes visent les entreprises des blancs, des pillages ont lieu, des femmes européennes sont violées, et une grande majorité de cadres européens du gouvernement et des entreprises prennent alors la fuite avec leurs familles. Lumumba en profite pour évincer les officiers belges et décrète l’africanisation de l’armée, tout en doublant la solde des soldats.
La Belgique, jugeant qu’on ne peut plus avoir confiance dans le gouvernement congolais, créé en 1960, et dans son armée pour rétablir la sécurité, répond par l’envoi de troupes pour protéger ses ressortissants dans la capitale Léopoldville, située dans le bas-Congo, mais aussi dans d’autres régions, notamment le Katanga où l’intervention belge favorise la sécession menée par Moïse Kapenda Tshombé.
Ce conflit qui menace d’éclater provoque l’internationalisation de l’affaire congolaise avec, à l’ONU, une condamnation par l’Union Soviétique et des pays du tiers-monde qui veulent soutenir Lumumba et ses partisans. Le 4 septembre 1960, le président Joseph Kasa-Vubu révoque le premier ministre Lumumba ainsi que des ministres nationalistes ; il le remplace le lendemain matin par Joseph Iléo. Toutefois, Lumumba déclare qu’il restera en fonction ; le conseil des ministres et le Parlement lui votent une motion de maintien et, à son tour, Lumumba révoque le président Kasa-Vubu, sous l’accusation de haute-trahison. En plus, il appelle à Léopoldville une partie des troupes de l’Armée nationale congolaise (ANC) stationnées à Stanleyville et au Kasaï.
Entre-temps, l’ONU vote l’intervention de troupes internationales pour s’interposer entre les Belges et les Congolais de Kasa-Vubu face aux partisans de Lumumba. C’est la première apparition des Casques Bleus. Mais un coup d’État éclate à Léopoldville : Joseph Désiré Mobutu prend le pouvoir. Ex-militaire, mais aussi ancien-journaliste dans la presse congolaise pro-belge, Mobutu a repris du service dans l’armée congolaise avec le titre de colonel. Il crée immédiatement le Collège des Commissaires généraux composé de noirs compétents dans divers domaines, transports, économie, politique, etc... chargés de gérer au plus pressé une situation chaotique. Bien qu’assigné à résidence, Lumumba fait passer en secret un mot d’ordre demandant à ses amis politiques de le rejoindre à Stanleyville, où ils établissent un gouvernement clandestin.
Le 27 novembre, Lumumba s’échappe avec sa famille et tente de gagner Stanleyville avec une petite escorte. Son évasion n’est découverte que trois jours après. Mais il est arrêté. Embarqué dans un avion pour Léopoldville, il est transféré au camp militaire Hardy de Thysville.
Le 17 janvier 1961, Patrice Lumumba et deux de ses partisans sont conduits à Élisabethville, au Katanga, et livrés aux autorités locales. On les conduit dans une petite maison sous escorte militaire où ils sont ligotés et humiliés par des responsables Katangais et Belges. Ils seront fusillés le soir même par des soldats sous le commandement d’un officier belge.
Lumumba fut très regretté après sa mort par tout le groupe des pays non-alignés, y compris par un de ses bourreaux, le général Mobutu qui le consacra héros national en 1966. Le jour de sa mort, le 17 janvier, est un jour férié au Congo-Kinshasa.
D’après des sources diverses
Voix d’Afrique