NOTICES BIOGRAPHIQUES

Bernard Black
(Frère Amadeus)

1928 - - 2007

Notre frère Bernard Black est décédé le 17 février 2007 à Londres. Il avait 78 ans et avait servi comme missionnaire aux États-Unis, en Ouganda, au Malawi, en Zambie et en Grande-Bretagne. Cinquante ans de service fidèle et de dévouement ! Un cœur d’or dissimulé sous des apparences plutôt rudes !

Bernard est né en 1928 à Castleford dans le Yorkshire. Il est d’une famille de 10 enfants. Il est éduqué jusqu’à l’âge de 16 ans dans une institution tenue par les jésuites mais quitte l’école sans se présenter aux examens. Déjà on peut voir percer en lui un choix du ‘pratique’ sur l’intellectuel. Il commence aussitôt un apprentissage technique qu’il poursuit pendant deux ans.

Il fait alors son service national dans la Royal Air Force où il fait partie du personnel à terre assurant l’entretien mécanique des avions. Il gardera de ces années d’heureux souvenirs. Il a de bons amis chez les pilotes qui le prennent avec eux pour faire un tour. C’est ainsi qu’il peut aller à Berlin quand on essayait de briser le blocus soviétique. C’est à cette époque, alors qu’il fait une retraite chez les jésuites, qu’il commence à songer à devenir missionnaire. Mais il dira plus tard qu’il n’arrivait pas à se rappeler comment il avait connu les Missionnaires d’Afrique. En quittant la Royal Air Force, Bernard ne se précipite d’ailleurs pas au séminaire mais laisse sa vocation mûrir pendant trois ans. Il travaille comme technicien dentiste dans l’atelier de son père et comme aiguilleur pour les chemins de fer. Il ne semble pas que ces deux métiers lui serviront par la suite en Afrique. Mais on remarque toujours qu’il choisit le ‘pratique’ et ses talents en mécanique font de lui un candidat idéal pour la vocation de frère missionnaire. Il entre au noviciat en 1954.

À Monteviot, Bernard prend le nom d’Amadeus. Il approfondit une spiritualité du ‘terre à terre’, du ‘bon sens commun’ et du ‘revenons-en au fait’ ainsi que le Provincial l’a décrite lors des funérailles de Bernard. En communauté, il est un confrère agréable et joyeux. On l’aime malgré ses manières parfois brusques. Il dé­veloppe un talent naturel pour le travail manuel et sait partager ses con­naissances, tant à Monteviot qu’au scolasticat de Marienthal où il poursuit sa formation pendant deux ans.

En 1958, il est nommé aux États-Unis pour aider à la formation des novices frères à Alexandria Bay, Onchiota et Franklin. Cette nomination prend Bernard par surprise. Il arrive là-bas avec un sentiment de supériorité et n’a pas une très bonne impression des ateliers et du style de vie en Amérique. Il se met à l’œuvre afin d’améliorer la qualité de la formation avec comme idéal de faire aussi bien qu’à Marienthal. Mais voilà que la vie aux États-Unis le séduit par un aspect inattendu : il trouve que les valeurs religieuses sont plus ancrées dans le cœur des Américains que dans celui des Européens. Ses confrères apprécient grandement ses connaissances techniques. Il s’engage définitivement dans la Société par le Serment le 15 septembre 1962.

Pour son plus grand bonheur, Bernard est finalement nommé en Afrique, en Ouganda, où il arrive en décembre 1963. Il se met aussitôt à apprendre une langue locale. Il travaille en Ouganda pendant dix ans, se faisant connaître comme un grand mécanicien. Selon l’idéal de sa vocation, il transmet son métier à de nombreux jeunes gens. À la fin de leur apprentissage, il les aide à trouver du travail dans un autre atelier ou garage et recommence avec un nouveau groupe de jeunes.

Quand Bernard quittera l’Ougan­da, le garage de Nyamitanga sera d’ailleurs pris en charge, avec succès, par les mécaniciens qu’il a formés. Jour et nuit, toujours prêt à aider, Bernard se porte au secours de plus d’un confrère quand une voiture tombe en panne ou est accidentée. Il ne peut cependant s’empêcher de maugréer et de faire remarquer au confrère combien ça tombe mal d’avoir un problème avec sa voiture, justement ce jour-là…

Devant les besoins matériels et techniques de la mission, Bernard doit s’improviser plombier, charpentier et constructeur. Il a choisi de rendre service et il le fait de son mieux. En 1973, aux prises avec des problèmes politiques internes, l’Ou­ganda ne renouvelle pas le permis de séjour de Bernard. Tout comme d’autres missionnaires, Bernard doit malheureu­sement quitter l’Ouganda.

À son retour en Grande-Bretagne, il est d’accord pour suivre des sessions de renouveau et de remise à niveau, mais il fait savoir à ses supérieurs qu’il désire retourner en Afrique le plus rapidement possible. On peut dire que Bernard vit alors une période d’incertitude et d’instabilité qui ne prendra fin qu’avec sa nomination en Zambie en 1976. Comme l’Ouganda ne s’ouvre toujours pas, il reçoit d’abord une nomination pour le Malawi. Là, alors que ce n’est pas son métier, on lui demande de prendre la direction d’un chantier de construction.

Une fois encore, la situation politique du pays oblige Bernard à retourner en Europe.
Comme il se confirme qu’il n’y a pas d’ouverture du côté de l’Ouga­nda, Bernard accepte de partir en Zambie. C’est là qu’il vivra jusqu’à son retour définitif en Province en 2004.

Pendant les années passées en Zambie, Bernard touche à tous les métiers, pourvu que ce soit pour rendre service. Il est mécanicien à Mansa et à Mulanga. Il installe l’eau courante à Lwitikila. Il assure la maintenance du séminaire de Lubushi. Il passe ses derniers années en Zambie, à Kasama, dans les services généraux.

En 1984, il suit la session retraite à Jérusalem et en l’an 2000, la session des plus de 70 ans à Rome. À part ces deux exceptions, Bernard réussit à décliner toutes les invitations à suivre des cours. Il aime mieux passer ses congés en famille et à se préparer pour un prochain départ en Afrique.

La vie en communauté ne lui fut pas toujours facile mais il y croit fermement. Il sait que des confrères ont besoin de se soutenir. Ceux et celles qui vivent avec lui découvrent vite que Bernard est direct et vrai dans ses paroles, disant sans détour ce qu’il pense et où il se situe par rapport aux problèmes de l’heure. Dans les difficultés de la vie, Bernard trouve sa consolation dans une foi simple et profonde. Sa foi fait partie de l’héritage reçu en famille dans le Yorkshire. Un de ses frères et deux de ses sœurs sont devenus religieux.

À son retour en Province, Bernard réside à notre maison d’anciens de Ealing. Pendant deux ans, il fait fidèlement sa promenade quotidienne en compagnie d’un ami fidèle, Stevie Collins, et du chien de la maison. Au retour, il s’arrête souvent à notre deuxième maison de Ealing, la procure d’accueil, pour une tasse de thé et un brin de conversation avec les confrères de passage. Il espère toujours y trouver quelqu’un qui revient de l’Ouganda ou de la Zambie, ou y repart. Il est alors intarissable. Il a tant de souvenirs à raconter !

En 2006, quand sa santé se détériore, il ne peut plus résider à notre maison de Ealing. On lui trouve une place dans une résidence où l’on offre des soins médicaux. Il est heureux quand des confrères et des membres de sa famille le visitent. Il apprécie surtout la présence de deux de ses sœurs qui l’assistent près de son lit d’hôpital quand il fait le grand passage. Sa famille était présente à ses funérailles. Le Provincial y rappela le dévouement et la fidélité de Bernard, à la suite du Christ. « Viens bon et fidèle serviteur ! »

Chris Wallbank

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Notre frère Bernard Black
Quelques souvenirs

Après avoir lu la notice nécrologique de notre frère Bernard Black dans White Fathers / White Sisters magazine, il m’a semblé qu’il manquait quelque chose à propos de ses relations avec nous, les Sœurs Missionnaires de Notre-Dame d’Afrique. Je parle de la communauté que nous avions à Kasama, en Zambie. Peut-être pourriez-vous inclure ces quelques lignes dans la notice du Petit Écho…

Bernard était le véritable frère des Smnda de Kasama. Quelque soit le problème (et souvent c’était pour notre voiture) nous pouvions l’appeler n’importe quand. Mais, au delà de ces relations intéressées, une amitié nous a rapprochés, lui et nous. Chaque dimanche matin, exactement à 10 heures, Bernard venait prendre son thé et converser avec nous pendant une heure. C’était devenu une coutume et notre portail était habituellement ouvert à cette heure pour l’accueil. Nous l’attendions.

Si jamais il n’y avait à la maison que la consœur dont c’était le tour de cuisiner, elle épluchait les pommes de terre tout en discutant avec Bernard. Mais habituellement nous étions plusieurs avec lui. Nous avons vécu là des moments privilégiés de fraternité. Il y avait échange de nouvelles, d’histoires, de blagues et de taquineries.

Vers la fin de l’heure, chacune pouvait lui exposer son petit problème : un robinet cassé, une porte qui ne fermait plus… Bernard était « spécialiste en tout ». Son expression favorite était « What a clot !» (Espèce de... !). Sous des manières rudes, il cachait un cœur d’or. Il savait demander pardon quand il pensait avoir offensé quelqu’un. Je me rappellerai toujours de Bernard comme de mon (de notre) frère très cher.

Hildegunde Schmidt, Smnda

 





Père Martin ADDAI

1960 - - 2007

Martin est né le 12 novembre 1960 dans une famille matrilinéaire de l’ethnie akan. Son père Paul Kenneth Kyereme et sa mère Mary Opanyin Addai vivaient à Akrofuom, un village près d’Obuasi (autrefois dans le diocèse de Kumasi, maintenant dans celui d’Obuasi), dans la région ashanti du Ghana. Son père lui donna le nom de son grand-père maternel. Le père de Martin après avoir été catéchiste dans sa jeunesse travailla ensuite pour les chemins de fer ghanéens. Dans ses dernières années, il fit partie de l’administration de l’école secondaire Opuku Ware à Kumasi. La mère de Martin était commerçante et cultivait la terre. Martin a donc grandi dans un milieu où l’on avait la foi et où l’on travaillait dur.

D’un premier mariage, le père avait un fils et une fille, plus âgés que Martin. De son mariage avec Mary sept enfants sont nés, 5 fils et 2 filles. Martin était l’aîné. Les deux parents de Martin sont décédés. Son frère aîné travaille aux États-Unis et le reste de la famille vit au Ghana.

En 1992, quand Martin arrive au Mozambique, son père lui écrit en disant son grand bonheur d’avoir un fils missionnaire : « Si ce n’était de mon invalidité, j’aurais réussi à trouver le chemin du Mozambique pour y apprendre la langue et reprendre mon travail de catéchiste là-bas ». La famille de Martin soutient pleinement sa vocation missionnaire et sacerdotale. Martin a été baptisé un mois après sa naissance. Les candidats MAfr de Nairobi ont souligné son esprit de prière en faisant remarquer que chaque jour, Martin renouvelait son énergie en rencontrant Jésus dans la prière quotidienne personnelle et communautaire.

Pendant toutes les années où il vit en dehors du Ghana, Martin aime participer aux célébrations sociales ou pastorales qui rassemblent ses compatriotes de l’étranger. Vêtu du costume traditionnel, il se rendait à la fête du 50e anniversaire de l’indépendance du Ghana à Nairobi quand une balle mit un terme à sa vie.

Dans sa jeunesse, Martin fréquente pendant sept ans l’école secondaire Opoku Ware et le T.I. Ahmadiya, à Kumasi. Comme il s’intéresse à tout, il entend parler des Mis­sionnaires d’Afrique alors que la Société n’est pas très connue dans la région sud du Ghana. Martin veut devenir missionnaire. Quand on lui permet de commencer sa formation, il part étudier au nord du pays, au grand séminaire Saint-Victor de Tamale. Il y fait sa philosophie de 1982 à 1984. C’est un grand changement pour lui. Il y a des découvertes et des adaptations à faire de part et d’autre. Martin se retrouve dans une autre culture. Il s’adapte si bien que si ce n’était une question de langue et d’accent, les gens du nord auraient oublié qu’il venait du sud. Martin avait le don de faire un avec les gens qu’il rencontrait. C’est qu’il aimait tout le monde de tout son cœur.

De Tamale, il continue sa formation à l’année spirituelle de Kasama en 1984-1985. Un formateur de cette époque écrit : « Martin est joyeux, avec un grand sens de l’humour. Son enthousiasme est contagieux. Il est généreux, toujours prêt à aider les autres. »

En décembre 1985, il arrive à Mua, au Malawi, pour commencer son stage. On pense déjà le nommer au Mozambique après sa formation. En dépit de cela, il apprend le chichewa et apprécie grandement le travail d’inculturation pour une meilleure évangélisation qui se fait à la paroisse de Mua. Quand les confrères font l’évaluation du stage, ils recommandent que Martin soit admis à faire la dernière étape de la formation : « Martin est un candidat plein de promesse, un homme mature, plein de zèle. »

Il part étudier la théologie à Totteridge, Londres, où il fait son Serment le 8 décembre 1989. Pour ses formateurs d’alors, « Martin est un homme spontané, joyeux, dévoué et sur qui on peut compter. Il a un personnalité solide, des convictions personnelles. Il est capable de donner de son temps pour le bien commun. Il a le sens de ce qui est important et moins important. Il réussit bien dans ses études ».

Le 21 juillet 1990, il est ordonné prêtre à Efiduase (Kumasi) en même temps que quelques prêtres diocésains. Ceux qui l’ont connu pendant ses années de formation voient en lui « un homme d’une grande énergie et de bon sens, dévoué, direct, simple et honnête, un leader et un bon animateur ». Martin a en effet des qualités naturelles de leadership qui lui serviront plus tard dans ses fonctions de prêtre et de formateur. Il prend le temps de rencontrer les personnes et tout en faisant un bout de chemin avec elles, il peut, de façon fraternelle, les aider à se poser les bonnes questions.

Quand Martin est nommé au Mozambique en 1990, il apprend d’abord le portugais ainsi que la langue locale. Il sert pendant quatre ans à Soalpo, dans le diocèse de Chimoio, comme vicaire, curé et en même temps conseiller de district. Apprécié de tous, il y travaille jusqu’à son départ pour des études à Rome, en 1994. Il étudie la théologie morale à l’Alfonsianum.

Son travail de fin d’études en vue de la licence en théologie a pour titre ‘The Inter­personal Approach to Revelation: A Key to the Understanding of Moral Theology and its Catechetical Implications.’ Ce texte montre que Martin donnait la priorité aux relations personnelles et nous explique pourquoi. Pour lui, c’est à travers les relations interpersonnelles que Jésus révèle qui il est. C’est ainsi que devrait commencer toute évangélisation. En 1996-1997, Martin complète sa préparation pour devenir formateur en suivant un cours de spiritualité ignatienne au Centre Manrèse situé à Québec, Canada. Il est maintenant en possession des outils qui lui permettent d’accompagner les personnes dans leur cheminement spirituel.

Martin débute son service de formateur en enseignant pendant deux ans la théologie morale au grand séminaire de Maputo, au Mozam­bique. Sa Province d’origine, celle du Ghana/Nigeria, a alors besoin d’un recteur pour le centre de formation d’Ejisu, près de Kumasi. Martin rejoint Ejisu en l’an 2000. Il revient dans sa région natale et peut ainsi plus facilement nouer des liens avec l’Église locale. Quand des problèmes se présentent entre les MAfr et l’Église locale, Martin est l’homme pour apaiser les tensions. Toujours avec un grand sourire, il a un tel sens de l’hospitalité que la maison de formation devient rapidement un rendez-vous pour tous ceux qui passent par là, sur la longue route qui relie Ta­male et Accra. Martin améliore aussi la collaboration avec le séminaire des Spiritains où nos candidats suivent des cours.
Martin relève en même temps le défi de vivre près de sa famille. Il trouve le moyen de donner la priorité à la maison de formation dont il est chargé tout en répondant aux exigences de la vie familiale.

Martin reste à Ejisu jusqu’en 2004 où il se rend à Rome pour le Chapitre Général comme délégué de sa Province d’origine. Les membres du Chapitre se rappellent son sens de l’humour quand il déclare pendant les élections des membres du Conseil Général qu’il « a déjà préparé son discours d’acceptation dans l’éventualité d’une élection ». Ce sens de l’humour sert à faire baisser les tensions. En fait, à ce moment, il sait déjà que la Société compte sur lui pour prendre la responsabilité de recteur du Centre de formation de 4e étape de Nairobi.

Après le Chapitre, Martin suit un cours à Heythrop College, à Londres, pour rafraîchir ses connaissances sur les nouvelles questions posées à la théologie morale. Après un court congé, il rejoint son poste à Nairobi et devient responsable de la 4e étape en juin 2005.

Il avait sa manière à lui de faire grandir les candidats et d’en tirer le meilleur parce qu’il était lui-même entièrement donné à son travail. Les étudiants de Nairobi en ont témoigné après sa mort : « Il était un recteur qui n’avait pas peur de se salir les mains ». À Nairobi, Martin enseigne l’éthique médicale au Tangaza College. Il collabore à la formation continue des laïcs sur des questions d’éthique. Il donne des récollections et des retraites quand on l’invite. Souvent on lui demande de revenir, ce qui est signe qu’il est apprécié. Il donne ses conférences en anglais, mais comme il s’intéresse au kiswahili, nous pensons qu’il était à la veille de commencer à communiquer dans cette langue.

Martin a toujours trouvé important de parler la langue des personnes avec qui il travaillait. Il avait déjà commencé à visiter les communautés chrétiennes de Nairobi, là où notre maison de formation est située. Des couples le consultaient. Il travaillait à la réconciliation et au pardon dans les milieux qu’il fréquentait.

La vie de Martin a connu une fin brutale le 10 mars. Il roulait sur Entreprise Road, en direction de Mombassa Road dans le quartier Nairobi South B. Les raisons de ce meurtre et les coupables ne seront peut-être jamais connus. Mais qui sait ? Peut-être qu’un jour…
La réaction de beaucoup en apprenant l’assassinat de Martin a été de rappeler son sens de l’humour, son zèle, son engagement pour la justice et la paix… même si Martin pouvait parfois porter sur les nerfs de quelques personnes. Il n’hésitait pas à dire ses quatre vérités à quelqu’un et il gardait cependant de bonnes relations avec lui.

Martin pouvait taquiner les candidats parce qu’ils mangeaient trop… et eux le lui rendaient bien en pointant du doigt son piètre jeu au football. Les candidats se rappellent surtout de lui comme d’un père, un recteur, mais surtout comme d’un frère et ami. D’autres témoignages ont rappelés que Martin avait plusieurs noms : Kwame parce qu’il était né un dimanche, Brudar, Koo, Barema, etc. Chaque nom signifiait une relation particulière avec Martin. Sans qu’il s’en rende toujours compte, plusieurs personnes le considéraient comme un ami très proche.

Le 30 mars 2007, après avoir fait les libations rituelles à l’endroit où son corps avait été trouvé, son oncle maternel, James Nkwantabisa, lui donna le titre d’ancêtre et au nom de la famille déclara : « Nous pardonnons à tes assassins ».

Nous avons perdu un bon confrère et un ami. Les nombreux messages de sympathie en témoignent. La Société a perdu un missionnaire compétent et enthousiaste. L’Église en Afrique a perdu un serviteur fidèle et capable.

D’après plusieurs sources, Richard K. Baawobr





Père Adrien Fontaine

1916 - - 2007

Le Père Adrien Fontaine est né le 22 décembre 1916 à Saint-Philémon de Bellechasse, dans le diocèse de Québec. Il est le troisième d’une famille de 10 enfants. Peu de temps après sa naissance, ses parents déménagent à Buckland, un village voisin. Il fait ses études primaires à l’école rurale de Buckland jusqu’à la 5e année. C’était la dernière classe de cette école.

Ainsi il doit attendre un an, à cause de son jeune âge, avant d’entrer au collège de Lévis pour ses études secondaires. De plus, une fois entré, il doit faire 2 ans de cours commercial pour se mettre à jour avant d’entreprendre le cours classique. Les deux dernières années de philosophie à ce même collège compléteront ses onze années à Lévis. À ce moment il a déjà une grande dévotion à Thérèse de l’Enfant-Jésus : « Une petite sainte qui deviendra ma sœur spirituelle. »

Adrien connaît les MAfr depuis son bas âge par le bulletin des Pères Blancs, et par la prédication des missionnaires. Son désir de devenir Père Blanc commence à se réaliser par son entrée au postulat d’Éverell, près de Québec, le 2 septembre 1938. Il fera là sa première année de théologie. Puis le noviciat à St-Martin, près de Montréal. Il entre au scolasticat d’Eastview le 14 avril 1940 pour les 3 dernières années de théologie. Il réussit bien à tous les points de vue. C’est l’un des meilleurs candidats de son année. Il n’est pas très fort de santé.

On a même craint un moment pour ses poumons, mais après un long repos, tout est revenu dans l’ordre. Il semble un peu timide, tient un peu trop parfois à ses idées, mais est très agréable en communauté. On est convaincu qu’il fera un bon missionnaire. Il est accepté au Serment missionnaire qu’il prononce le 19 mars 1943. En ce jour il écrit : « Je voulais que ce don de moi-même soit un don encore plus réfléchi et tout débordant d’amour. Car c’était de tout mon être que je me livrais au projet de Dieu sur moi. Pour l’avenir, pour la fidélité à mes engagements et pour le courage et la force de remplir pleinement la mission que le Seigneur me confierait, je m’en remettais à Lui et à la Sainte Vierge Marie. »

Il est ordonné prêtre le 19 juin 1943 à la cathédrale d’Ottawa par Mgr Martin Lajeunesse, des Oblats, évêque missionnaire dans le grand Nord canadien. Deux semaines plus tard le Père Fontaine se dirige vers Buckland, pour la célébration de sa première grand-messe, au milieu de sa famille paroissiale. Et après un certain temps de vacance dans sa famille, il retourne au scolasticat pour compléter les cours qu’il avait manqués pour cause de maladie. Six mois plus tard, il est appelé à la procure de Québec pour être secrétaire du Provincial, en attendant de partir pour l’Afrique.

Au mois de mai 1944, Adrien part pour l’Ouganda, où il est nommé, dans le grand vicariat du Rwenzori de Mgr Lacoursière. Après un long voyage périlleux, il arrive en septembre à Kitabi où il est nommé pour apprendre la langue et commencer son ministère. Il va demeurer plus de 10 ans en Ouganda, avant son premier congé. Il est d’abord vicaire à Kitabi, Nyakibale, Ibanda, Kabale, puis supérieur fondateur de Rubanda pendant quatre ans. Sa plus grande joie a été de fonder et de travailler avec la Légion de Marie dans cette nouvelle paroisse. Cette dévotion à Marie s’est concrétisée aussi par le fait qu’il avait fait venir de Fatima une statue de la Vierge qui s’est promenée en Ouganda de paroisse en paroisse. Ses supérieurs le considèrent comme un bon missionnaire, très actif, qui s’occupe bien de la chrétienté. Il investit beaucoup pour la bonne entente en communauté et dans la paroisse, et ne craint pas de prendre sur lui le plus difficile. À la fin de 1954, il part en congé au Canada. Il n’aurait jamais pensé qu’il quittait définitivement ce beau coin de l’Ouganda qu’il aimait tant. Le Seigneur l’appelait à d’autres engagements importants.

Au Canada il aide d’abord à l’animation missionnaire et, après deux mois comme économe au noviciat de St-Martin, il est désigné comme maître des novices des frères à cet endroit. Il accepte d’une façon bien surnaturelle cette fonction, s’y donnant de tout son cœur. En février 1960, vue sa compétence pour organiser et écrire, on le nomme rédacteur du bulletin des Pères Blancs au Canada. Il réside alors à la procure de Québec. Il va se dévouer pendant 16 ans à ce travail, tout en aidant à l’animation et au ministère. Il participe à plusieurs groupes de prière, et donne des retraites aux jeunes. Comme il est porté à travailler seul, on forme un comité pour l’accompagner dans la conception de la revue. Et sous sa conduite, elle se transforme en un magazine attrayant.

En 1976, Adrien initie son remplaçant comme directeur de notre magazine Missions d’Afrique. Il demeure à notre maison de Québec, et en devient le supérieur en 1979. Il est ensuite supérieur à Lennoxville pendant 6 ans. En 1988 il fait partie de la nouvelle communauté de Bon-Air à Québec. En 1994 il retourne comme collaborateur à la procure de Québec, où il a déjà vécu plusieurs années. Il continue là ses engagements précédents et, en plus, organise de nombreux voyages de groupe à la rencontre de l’Afrique, de sa population accueillante, des missionnaires sur place. Il participe aussi à de nombreux pèlerinages dans les centres dédiés à Marie, dont Medjugorje. Son zèle débordant l’amène parfois à exagérer. Il accepte toujours avec un grand esprit de foi les conseils de ses responsables.

À la fin de 2002, la santé de notre confrère se détériore. Il est hospitalisé, opéré, et passe un bon moment aux soins intensifs, sous respiration artificielle. Il semble reprendre du mieux. Mais quelques mois plus tard on l’envoie à Lennoxville, dans un milieux de vie plus adapté à sa condition. Il s’occupe encore en travaillant selon ses possibilités à l’animation des jeunes. Mais ses forces diminuent de plus en plus. Au début de 2007, il est hospitalisé pour de nombreuses complications. Il décède le 3 avril 2007 à l’Hôtel-Dieu de Sherbrooke. Une première messe est célébrée en présence de son corps dans notre chapelle de Lennoxville. Les funérailles sont célébrées le 12 avril en l’église de Buckland, suivies de l’inhumation au cimetière Belmont à Québec, dans le lot des Missionnaires d’Afrique.

Le Père Fontaine a été un grand missionnaire en Afrique et au Canada. Il a eu une grande influence partout où il est passé. Il a été apôtre surtout par l’écrit. Il aimait écrire, il écrivait bien, et il a écrit beaucoup. D’abord dans le magazine pendant plusieurs années. Mais aussi en publiant des livres. Avec des jeunes, en 1973, il publie On aime avec le cœur qu’on a. C’est un livre de témoignages d’une quarantaine de jeunes, que le Père a animés dans des retraites et des groupes de prière.

Ce livre a eu un grand succès. Il y a eu une dizaine d’éditions, chaque fois corrigée et augmentée par d’autres jeunes. En 1994, il publie son autobiographie : Coup de foudre pour le Christ… Coup de foudre pour l’Afrique… Un livre de 367 pages qui est en somme une méditation du souvenir remplie de paix, de foi, d’amour.

Toujours collaboration avec ces jeunes, il a publié des dépliants, chaque fois sur un sujet bien précis. Ces feuilles étaient le fruit de son travail avec le groupe Semeurs d’espérance. Ces dépliants ont été rassemblés dans une brochure : Heureux les cœurs purs car ils verront Dieu. C’est une compilation d’environ 80 sujets.

En tout cela on découvre un missionnaire particulier, un homme de Dieu, donné à 100 % à sa vocation. Il voit le Seigneur partout, est convaincu de sa présence, a recours à Lui en une prière incessante.
Qu’il reçoive la récompense des disciples fidèles !

* * *

En 1972, alors responsable de Missions d’Afrique, la revue de la Province canadienne, Adrien Fontaine, prépare un livre de 350 pages qu’il rédige après de nombreuses rencontres avec 43 jeunes. L’auteur y pose les grandes questions sur le sens de la vie, Dieu et l’être humain. Sans maison d’éditions et connu par des recommandations de bouche à oreille, ce livre connaît un tel succès qu’en 1999, 10e édition, il atteint 93 000 exemplaires.




Père Arthur Dejemeppe

1916 - - 2006

Arthur est né à Bruxelles en 1916 Il a la chance de trouver un terreau familial excellent. Ses parents étaient des chrétiens convaincus, veillant de près à l’éducation de leurs enfants et généreux aussi aux appels de l’Église. Ils eurent neuf enfants, dont deux moururent malheureusement en très bas âge. Parmi les sept autres qui devinrent adultes, la sœur aînée d’Arthur devînt Dame de Marie ; son frère aîné, jésuite ; lui-même Missionnaire d’Afrique ; son frère cadet également jésuite, missionnaire en Inde, à Calcutta.

Après ses études au collège Saint Jean Berchmans de Bruxelles, Arthur entra chez les Pères Blancs à Glimes où il fit sa philosophie. En 1937, ce fut le noviciat à Varsenare. Ses études de théologie furent quelque peu perturbées par la guerre, lorsque les troupes allemandes envahirent la Belgique le 10 mai 1940. Obligé, comme tous les jeunes de son âge, d’évacuer de Bruxelles vers la France, c’est à vélo qu’il quitta la capitale, avec un compagnon, en direction de Paris. Finalement il échoua à Marseille. Sur le conseil d’amis, il traversa alors la Méditerranée (c’était encore possible) et il aboutit à Carthage, où il continua ses études et prononça son serment le 27 juin 1941. Il fut ordonné prêtre le 4 avril 1942.

Ses formateurs voient en lui un futur missionnaire calme, réfléchi, au jugement bien équilibré, le tout accompagné de beaucoup de sens pratique et d’esprit d’organisation. Ils notent également sa profonde piété ainsi que sa délicatesse et sa simplicité dans les relations avec ses supérieurs.

Pas étonnant qu’avec ces qualités, il est immédiatement nommé après son ordination, secrétaire de Mgr Gounod, archevêque de Carthage. Après une année à ce poste il peut partir pour le Rwanda où il arrive le 31 décembre 1943.
On le trouve d’abord à Kigali où il participa à la fondation de l’Institut Monseigneur Classe, une école professionnelle qui sera reprise plus tard par les Salésiens. En 1948, il devint curé à Byumba, où il restera jusqu’en 1952.

Il relance le catéchuménat d’une façon extraordinaire (23 000 catéchumènes) mais sans se rendre compte peut-être de la difficulté de canaliser un tel mouvement et de lui assurer des animateurs compétents.

En octobre 1952, il devient vicaire délégué de Mgr Deprimoz, le vicaire apostolique de Kabgayi, qui couvre encore tout le Rwanda à ce moment. Après la démission de ce dernier, le Père Dejemeppe devient pro-vicaire apostolique de Kabgayi, jusqu’au sacre de Monseigneur Perraudin en 1956.

Que dire de cette première période de sa vie missionnaire au Rwanda ? Quand on lit les notes de ses confrères et supérieurs, on est frappé par les avis contrastés à son sujet. Si beaucoup louent sa régularité, sa charité et son zèle dévorant, d’autres se demandent s’il n’est pas souvent naïf ou trop confiant par rapport à certaines personnes.
Enthousiaste et optimiste, il croit facilement que c’est arrivé, alors que c’est loin de l’être?! Cela crée autour de lui une atmosphère qui n’est pas toujours des meilleures et cause même parfois un peu de jalousie.

Aussi lors de la nomination de Monseigneur Perraudin en 1956, il est soulagé d’être débarrassé de toute responsabilité et de rentrer en Belgique où il est nommé supérieur de la maison de philosophie à Thy-le Château. Il y reste jusqu’en 1960, année de sa grande retraite à Villa Cavalletti et de son retour au Rwanda.

Dès son retour il devient curé de Kamonyi et, à partir de 1961, cumule la charge de secrétaire général de Caritas – Rwanda. On le retrouve ensuite à Kabgayi toujours comme secrétaire général de Caritas-Rwanda. En 1965 il est supérieur de la procure de Kigali et cumule les fonctions de secrétaire général de Caritas-Rwanda, secrétaire de la Commission rwandaise Justice et Paix et, de 1966 à 1969, représentant du Rwanda au comité exécutif de Caritas Internationalis (Rome, Alger, Beirouth, Zagreb et Berlin).

Durant cette période Arthur est vraiment dans son élément. Conscient qu’il n’y connaît rien en comptabilité, il a l’art de se faire aider mais pas toujours par les personnes les plus indiquées. Ici encore sa confiance naïve lui joue parfois de mauvais tours mais on peut se demander si cette mentalité ou cet optimisme ne sont pas nécessaires dans ce genre de travail ! Mais, à côté de cela, sa grande charité fait qu’il a la confiance de beaucoup de confrères qui le prennent pour directeur de conscience. Son optimisme même naïf ainsi que sa candeur dans les plus grandes difficultés font du bien à son entourage et lui permettent de travailler avec des personnes au caractère difficile qui, sans lui, resteraient sur le carreau.

En 1972, il prend son congé en Belgique. Après un court passage par le Congo, où il est vicaire à Matanda, il part pour le Soudan, comme secrétaire général de Sudanaid, la Caritas-Soudan.

Très bien vu de l’évêque et du nonce apostolique, il a une bonne conception de son rôle et s’acquitte de cette tâche fort difficile dans des circonstances extrêmement pénibles par suite de l’isolement, de la langue et du climat. Malheureusement sa connaissance fort approximative de l’anglais ne lui permet pas de former son collaborateur africain et cela est certainement une source de tensions et de déceptions réciproques. Ce qui explique qu’en début 1978, il se sent un peu partagé entre le désir de rester au Soudan et la conviction qu’il est préférable pour lui de retourner au Rwanda.

Lors de la réunion annuelle du bureau de direction de Sudanaid on lui donne un successeur et il est décidé qu’il se retirera complètement de l’œuvre afin de soudaniser au maximum la direction de Sudanaid. Monseigneur Baroni aimerait qu’il reste quelques temps comme aumônier des étrangers mais, vu le nombre des prêtres à Khartoum, cela ne peut être un travail à temps plein et ses supérieurs jugent préférable qu’après quelques mois de repos en Belgique, il retourne au Rwanda. Il quitte le Soudan eu début de 1980. En juin, il est nommé supérieur de la mission de Rwamagana dans le diocèse de Kibungo.
Il continue son travail pastoral dans différentes missions du Rwanda jusqu’en 1994, date où il est évacué vers la Belgique suite à la guerre et aux massacres.

La première chose à reconnaître sur ce retour au Rwanda, c’est le courage avec lequel il se remet au travail pastoral après 20 ans d’interruption. Succursales, confessions, catéchèses, il s’y met avec enthousiasme et consciencieusement. Il est cependant souvent plus proche de la classe des cadres que de celle des petits et, comme il reçoit pas mal de dons de ses amis et de sa famille, il a un peu tendance à jouer au père Noël, ce qui ne plaît pas à tout le monde.
Très bien vu de l’évêque, il apporte du souffle dans le diocèse. Sa naïveté lui joue toujours des tours mais comme elle va de pair avec une espérance très grande et une confiance immense, au fond il n’a peut-être pas eu tort !

De retour en Belgique il est nommé à la rue du Prévôt où il s’occupe à maintenir une correspondance énorme avec tous ses amis d’Afrique et d’ailleurs. Tout le monde se rappelle de sa vieille machine rescapée d’Afrique, sur laquelle il tape des heures durant et pour laquelle il doit trouver des rubans d’un autre âge.

Deux fois par semaine il vadire la messe à la chapelle de Notre-Dame de Fatima. Ses homélies sont toujours soigneusement préparées et écrites avec sa vieille machine à écrire. Après la communion, il lit toujours un texte d’action de grâce. Il s’occupe également d’un groupe composé d’anciens industriels, d’hommes d’affaire, d’anciens officiers de l’armée, qui veulent approfondir leur foi en tenant compte des évolutions culturelles et autres de la société.

Six mois à l’avance, il compose le texte des vœux pour l’année à venir. Il le porte chez l’imprimeur, choisit le dessin (rwandais), à moins qu’il ne se soit procuré des cartes confectionnées au Rwanda. Il corrige soigneusement la composition et ensuite, c’étaient trois cent timbres collés sur trois cent enveloppes expédiées à tous ses amis et connaissances.
Il est resté très attaché à sa famille qu’il rencontre régulièrement chez sa sœur, qu’il appelle Madame Albert, du nom de son beau-frère, avec son autre sœur, Madeleine, qui résidait non loin de là, dans le home de sa congrégation des Dames de Marie. Il recevait en outre de très nombreuses visites et un grand nombre d’appels téléphoniques du monde entier.

Lorsqu’on ferme la maison de la rue du Prévost, il continue la même vie dans la communauté de Clovis et ce n’est que quand il doit être placé dans notre home d’Evere que ses activités cessent petit à petit. C’est de là qu’il est transporté aux soins palliatifs de la clinique Les 2 Alice à Uccle.

Voici le témoignage que lui rendit l’aumônier de la clinique : « Dimanche dernier, de son lit de malade, à proximité de l’autel, il a concélébré à mes côtés. Ce fut probablement la dernière Eucharistie de sa vie. Ses derniers moments furent comme un moment d’accomplissement, un peu l’attente de l’instant où Dieu viendrait cueillir sa fleur. Il me paraissait se trouver dans cet état d’âme que, de son vivant, ce célèbre penseur chrétien qu’était le père Teillhard de Chardin souhaitait connaître à l’heure de sa mort : Au moment dernier où je m’échappe à moi-même, donnez-moi mon Dieu, de comprendre que c’est vous qui écartez douloureusement les fibres de mon être, pour pénétrer jusqu’aux moelles de ma substance, pour m’emporter en Vous. »

 




Père Clotaire Cazin

1916 - - 2007

Clotaire naquit dans le Boulonnais le premier septembre 1916. Ses parents, Jean-Marie et Philo­mène eurent sept enfants, Clotaire était le dernier. Il vécut une enfance heureuse dans la ferme paternelle, où il acquit le sens du travail bien fait, le souci de l’autre, le service dans les petites tâches familiales, au jardin, au poulailler. Enfant joyeux il chantait ou sifflait constamment, même en faisant ses devoirs scolaires. Cela ne l’empêcha pas d’être excellent dans ses études, à l’école primaire de Caulembert, son village natal, puis à l’Institution Haffreingue, et au petit séminaire de Boulogne.

Très tôt, l’entourage du jeune Clotaire, constatant son sérieux, sa piété et sa serviabilité, a vu en lui un « futur prêtre ». On le lui disait, au risque de l’importuner. Mais l’idée de donner sa vie au service de Jésus faisait son chemin au plus profond de lui-même. C’est à son frère Gaston, son aîné, de deux ans, et déjà grand séminariste, qu’il parle de son désir de devenir missionnaire. Il fut encouragé dans son projet par Gaston, un oncle prêtre diocésain, et par ses parents qui acceptèrent volontiers, mais non sans serrement de cœur, le départ de leur petit dernier.

La période de formation fut longue. Kerlois en 1934, Noviciat en 1936, puis deux années de service militaire, prolongées par la Guerre 1939-1945. Son Régiment, le 4e Zouaves, fut appelé en renfort sur la Seine, à Vernon.

Démobilisé en juin 1940, il partit pour Thibar, y commençant ses études de Théologie. Mais le débarquement américain en novembre 1942 entraîne la reprise des combats. Agent de liaison-radio, Clotaire fut capturé à son poste, s’évada, fut envoyé à Cherchell, à l’école d’officiers. Il rejoint ensuite le 5e Régiment de Tirailleurs Séné­galais, puis la 2e D.B. en Alsace et jusqu’en Bavière. Démobilisé comme lieutenant, il reçu en septembre 1945 la Croix de guerre, avec étoile de bronze.
II regagne alors la Tunisie pour y terminer son Séminaire et est ordonné prêtre en février 1947, treize ans après son entrée à Kerlois.

Clotaire était discret sur ses « exploits de guerre », qui révélèrent pourtant son sang-froid, son courage et son esprit de décision. Trois fois cité à l’Ordre du Régiment (1940), à l’Ordre de l’Armée (1943), à l’Ordre de la Brigade (1945), l’une des citations précise : « Chef de poste d’un centre téléphonique, il a renseigné de façon continue sur la progression ennemie, n’abandonnant l’écouteur qu’au moment de sa capture. Il s’évada le surlendemain, rejoignant les siens sous un feu nourri, et permettant une contre-attaque qui libéra ses camarades prisonniers et captura leurs gardiens ».

Clotaire ne laisse pas une œuvre portant sa marque personnelle. Il a voulu mettre toute sa personne au service de la Mission, là où notre Société lui a demandé d’œuvrer. En fait, on lui demanda de « servir » dans des domaines très divers. Il le fit avec grande disponibilité. A une époque où cela n’était pas très courant pour les Français, il se porta volontaire pour un milieu international. Après une première nomination en Angleterre et un séjour dans les maisons de formation en France, il passa trente et une années en Ouganda (1960-1991).

Il fut souvent chargé de former les jeunes, en Angleterre, en France, en Ouganda. Comme professeur, économe, accompagnateur spirituel, supérieur de petit séminaire (Bon­nelles et Kitabi). Rien ne le prédisposait à ce dernier poste et certains de ses confrères se demandaient comment il ferait face à cette tâche ; mais il réussit très bien - avec humilité (sachant ses limites) et détermination, mettant en œuvre tout ce que requérait la formation des jeunes à cette époque. De nom­breux anciens de Bonnelles lui sont reconnaissants de ce qu’ils ont reçu de lui en particulier, à travers ses « lectures spirituelles » et de l’équipe des professeurs qu’il animait et qu’il avait bien soudée.

Arrivant en Ouganda en 1960, le jeune missionnaire de 44 ans se mit avec courage à l’étude du Runyankolé. Il fut ensuite nommé en paroisse. Mais bien vite on fit appel à ses qualités pédagogiques tant pour le petit séminaire que pour la formation spirituelle des sœurs africaines de Notre-Dame du Bon Conseil. I1 garda cependant toujours une partie de son temps pour des activités paroissiales. Il fut, à une époque, heureux de s’occuper des réfugiés en provenance du Rwanda, vivants sur sa paroisse. Les lettres envoyées à sa famille témoignent que ce fut là un ministère qui lui tint particulièrement à cœur.

Ces 31 années passées en Ouganda le virent revenir en France à plusieurs reprises pour ses congés. Il se reposait dans son Artois natal au milieu de ses nombreux neveux et nièces avec qui il entretenait de solides liens affectueux, l’esprit de famille étant profondément ancré chez Clotaire. Mais en même temps il profitait de ses congés pour continuer à se former. La liste est impressionnante des lieux où il cherchait à se rendre plus capable de rendre service dans « son Ouganda » : l’Arbresle, Jérusalem, Mours, Rome, Lille, Orsay… Ce qu’a souligné l’archevêque de Mbarara, Mgr Ba­kyenga, dans la lettre qu’il a adressée au Provincial de France : « Nous nous souvenons particulièrement du zèle que Clotaire Catin a toujours manifesté pour faire croître la foi et la vie spirituelle, tant des personnes que des communautés ».

En 1991, après un dialogue avec les responsables de l’Ouganda et de la France, il retourne définitivement dans sa Province d’origine. À Lille il se met à la disposition des étrangers, surtout africains. Il participe aussi à l’accueil des visiteurs à Euralille, grand magazin­exposition, où un espace chapelle lui permet de rencontrer des gens de tous horizons. Sans compter les heures de confessionnal dans les églises de Lille.

Clotaire se fatiguait cependant, d’autant plus qu’il se rendait à pied dans ses différents ministères, arpentant les rues de Lille. La surdité grandissante gênait aussi sa vie de relation. Aussi envisagea-t-il la maison de retraite : ce fut Tassy qui l’accueillit le 1er avril 2001.
Durant sept ans, Clotaire continua à mener la vie fraternelle où sa patience, sa délicatesse, son souci de ne pas déranger et de rendre service dans le quotidien de la vie communautaire, faisaient de lui un confrère avec qui il faisait bon vivre.

Une de ses grandes joies fut de pouvoir rassembler autour de lui sa famille pour ses 60 ans de sacerdoce. Puis il se prépara à la rencontre plus immédiate du Seigneur. Aucun écrit n’éclaire sa vie spirituelle, mais au cours de conversation, par ses réactions, à travers la maniéré de réaliser le travail à lui confié, on devinait une forte vie spirituelle, une intimité grandissante avec Jésus. Sa vie d’union au Seigneur se nourrissait des exercices de piété vécus régulièrement en communauté. Quelques unes des paroles de Clotaire, recueillies par les confrères se rela­yant pour le veiller, les derniers jours, laissent entrevoir un peu de cette vie de confiance avec le Christ, venu le conduire auprès du Père le Vendredi Saint, 6 avril 2007, un moment qu’il attendait dans la tranquillité et la sérénité de l’homme de Dieu qu’il était.

Reprenons ce qui a été dit lors de ses obsèques : « Nous remercions le Seigneur de nous avoir donné Clotaire. Il en a aidé beaucoup sur les voies de Dieu : sa famille, ses confrères et tout particulièrement les Ougandais de Mbarara ».




Walter Fest
(Frère Fidelis)

1925 - - 2007

Le frère Walter Fest est mort le 4 juin 2007 à Trèves, dans le home des Barm­herzigen Brüder (Frères de la Miséricorde). Walter voit le jour le 29 mars 1925 à Friedrichshain, en Silésie, dans le diocèse de Breslau (maintenant en Pologne). Sa famille est de solide tradition catholique. Son père travaille comme libraire au service de l’administration locale.
Walter connaît une vie de famille heureuse. Il a un frère qui mourra à la guerre et trois sœurs, dont une deviendra Sœur Blanche et servira au Mali.

Après son école primaire, Walter étudie à l’école secondaire de Breslau de 1938 à 1943. À cause du service militaire obligatoire qui allait suivre, il doit interrompre ses études après avoir reçu un ‘diplôme de guerre’. Comme métier, il envisage alors de devenir marin dans la marine marchande (civile). En mai 1943, il est enrôlé dans la marine de guerre. Mais juste avant la fin de la guerre, il est muté dans l’infanterie et envoyé au front de Russie. Blessé, il est fait prisonnier par les Soviétiques. En août 1945, il est relâché. Pendant cette période troublée, il perd tout contact avec sa famille. Celle-ci avait migré vers l’Allemagne de l’Ouest fuyant l’avance de l’armée rouge.

Walter put quitter la zone d’occupation russe et se rendre à Erfurt où il trouve du travail dans une ferme. Il y reste un an et demi. Il retrouve finalement sa famille et, en décembre 1946, il rejoint sa mère et ses sœurs à Westenholz près de Pader­born. Il essaye de trouver du travail à la poste, dans les chemins de fer, à la douane… mais sans succès. Son ‘diplôme de guerre’ n’est pas reconnu.

Il décide alors de suivre un cours sérieux et, en 1948, il étudie pour devenir forgeron. Son apprentissage se termine à la fin de 1950. C’est alors que lui vint l’idée d’une vocation missionnaire. Il écrit dans son curriculum vitae : « Depuis quelque temps, je sentais en moi un appel à devenir frère missionnaire afin de travailler dans la vigne du Seigneur. Je crois que j’avais une idée de la vanité des choses du monde, ayant été chassé de ma patrie. » Au cours de sa vie, Walter a souvent parlé des misères de cette époque.

En juillet 1950, il rend visite à la maison des Pères Blancs de Rietberg et y rencontre le père supérieur qui lui conseille de demander son admission au postulat des frères à Langenfeld. Il s’y rend le 27 octobre 1950. Après son postulat, il commence le noviciat en août 1951 et fait son Serment temporaire le 22 août 1953. Il a 23 ans.

Après un congé en famille à Westenholz, Walter est envoyé au scolasticat international pour les frères de Mariental, au Luxembourg. Après un temps d’initiation, il se retrouve en charge de la section de menuiserie métallique. Il y reste jusqu’en 1957. En 1958, il est envoyé avec quelques autres frères pour rénover le bâtiment qui deviendra le scolasticat des clercs de Totteridge.

De mars à septembre 1959, il poursuit sa formation technique à Trèves. Et le 4 août de cette année, il prononce son Serment perpétuel.
C’est alors qu’il reçoit sa nomination pour le diocèse de Sumbawanga, en Tanzanie. Il prend l’avion le 7 février 1961. Après un cours de langue, il part travailler à la paroisse de Matai. Un an plus tard, il devient responsable de la maintenance du petit séminaire de Kaengesa. À partir de 1965, il dirige le garage diocésain à Sumbawanga. En juillet 1968, il part pour son premier congé en Allemagne.

À son retour, on lui demande de prendre responsabilité de l’économat du petit séminaire. Il fait aussi fonction de chauffeur de l’évêque, Mgr Msakila. C’est un service qui demandait beaucoup de patience… Walter travaillait dur. Il rendit de multiples services. Les religieuses diocésaines savent tout ce qu’il a fait pour elles. Le père Lükewille a noté : « De 1972 à 1974, nous avons travaillé ensemble à Mamba, dans la vallée de la Rukwa. Walter devait rénover le vieux poste missionnaire. C’était difficile en ces années de restrictions dues au ‘socialisme tanzanien’. On ne trouvait plus de matériaux de construction. Mais Walter réussit.

La mission de Mamba fut solidement restaurée. Avec ses ouvriers Walter maintenait des relations justes et équilibrées. Il se souciait de leur bien-être. Il a réellement essayé d’aider les gens pauvres, spécialement les femmes âgées dans le besoin. Quelle que soit la communauté où il vivait, Walter était bon pour les confrères. On a pu lui reprocher parfois un certain pessimisme. Ce qu’il exigeait des autres, il l’accomplissait d’abord lui-même. »

Avant d’aller à Mamba en 1970, les supérieurs demandent à Walter de faire fonctionner la procure de Dar es Salaam. Il ne se sent pas trop à l’aise dans ce travail et est très heureux dès qu’on lui offre la possibilité de retourner à Sumbawanga. Il dirige des constructions à Ulumi, Chiwanda, Tunduma et autres lieux. En octobre 1979, il va à Jérusalem pour la session retraite.

En novembre 1985, le frère Fest accepte une nomination dans le diocèse voisin de Mbeya. On lui demande d’installer une turbine à Irambo. Il fait communauté avec les pères Étienne Sion, Wolfgang Büth et Jean-Michel Laurent. L’organisme allemand Misereor avait déjà financé une grande partie du projet. Le frère Fest se rend vite compte qu’il est irréalisable. À la grande surprise des bailleurs de fonds, le projet est arrêté.
Walter continue à diriger des constructions, spécialement à Igoma. Il développe en même temps un intérêt pour l’élevage du poulet et du porc.

En août 1994, il est nommé à Itumba, alors dans le diocèse de Mgeya. En 1996, il revient au diocèse de Sumbawanga. Il a alors atteint ses 70 ans. Aucun grand projet de construction ne lui est proposé. Et il est heureux dans l’élevage.

Après la transmission de la paroisse Holy Family, Walter va résider à la nouvelle communauté de Mala­ngali dans la banlieue de Su­mbawanga. Il a pour confrères le père Johann Pristl, qui forme le personnel de la station diocésaine de radio, et le père Lükewille, responsable de l’apostolat biblique dans le diocèse.

Quand les supérieurs des Pères Blancs décident, fin 2001, de retirer les deux dernières communautés de Sumbawanga, le frère Fest souhaite aller vivre dans le diocèse de Kigoma, dans la communauté de Ka­banga.

En septembre 2005, après 44 ans de travail en Tanzanie, sa santé l’ob­lige à rentrer en Allemagne. Il est nommé à notre maison de Cologne où il reçoit tous les soins nécessaires. Mais on découvre qu’il a un cancer à la vessie. Le 10 janvier 2007, il rejoint la communauté des confrères aînés à Trèves.

Le frère Fest laisse le souvenir d’un confrère tranquille, prêt à rendre tous les services. Il était attentif à la vie de la communauté et savait participer aux conversations.
Il avait une spiritualité solide et pouvait motiver ses confrères. Les derniers mois de sa vie ne furent pas faciles mais il ne se plaignait jamais. Le 4 juin, il a remis son âme entre les mains de son Créateur.
Que Walter trouve une communauté tranquille et joyeuse dans la demeure du Père éternel !



PROFILES

Brother Bernard Black
(Brother Amadeus)

1928 - - 2007

Brother Bernard Black died in London on the 17th February 2007 at the age of seventy-eight, having served as a missionary in the United States of America, Uganda, Malawi, Zambia and Great Britain, for fifty years. This was half a century of tireless devotion and faithful service from a man with a ‘heart of gold’, despite his sometimes rough exterior.

Bernard was born in 1928 in Castleford, Yorkshire, one of a family of ten children. His secondary education until the age of sixteen was with the Jesuits, but he left school without sitting his School Certificate. It seems his more practical attitude to life was already emerging and he immediately began a two-year engineering apprenticeship. This practical bent continued for two years during his National Service in the Royal Air Force, where he served as a ground crew mechanic. He often spoke of those days with happy memories and seemed to enjoy good relationships with the pilots, who were involved in the Berlin airlift, and often took him up for a spin. It was also during these years of National Service that Bernard began to think about a missionary vocation, while on retreat with the Jesuits, though he could never recall how and when the Missionaries of Africa first crossed his path. On leaving the Royal Air Force, he did not rush into seminary, but spent a further three years allowing his vocation to mature, while working as a dental mechanic, with his father, and as a shunter on the railways. There are no records of him putting his dental or shunting skills into practice in Africa, but his natural aptitude towards things mechanical made him a suitable candidate for a missionary and he entered the Novitiate with that aim in 1954.

In Monteviot, Scotland, Bernard took the name Amadeus and soon began to develop a spirituality, which throughout his life has been described by others, including the Provincial at his funeral, as down-to-earth, no-nonsense and matter-of-fact. In community, he was a popular and cheerful companion, well-liked by the others, in spite of his sometimes brusque manner. His natural, technical skills continued to develop and he was good at sharing these with those he was asked to supervise, both in Monteviot and later in Marienthal, where he trained for a further two years.

In 1958, Bernard left for the United States, where he was to spend five years helping train Bro­ther novices in Alexandria Bay, On­chiota and Franklin. This appointment came as a surprise to Bernard and he approached it with some temerity. Indeed his first impressions of the way of life and the workshops were not too favourable, but he quickly set about bring everything up to ‘Marienthal standards’! In time, he also adjusted to the American way of life and later wrote that he felt attracted to the deeper religious values that he found there. Once more, his mechanical and teaching skills were highly valued. While at Onchiota, he took his Missionary Oath on the 15th September 1962.

Finally, much to his great joy, Bernard was appointed to Africa and arrived in Uganda in December 1963, where he set about learning the language. He was to remain in Uganda for the next ten years, making his name as a mechanic who, over the years, trained many young men. Once he considered their training complete, he helped them find work elsewhere and began training the next group of youngsters. When he left Uganda, the diocesan garage at Nyamitanga was immediately taken over by one of Bernard’s trained mechanics without a hitch. Always ready to help, Bernard rescued many a missionary with a broken down car at all times of the day and night though often with a tongue-in-cheek reminder of how inconvenient it was of you to break down! Other jobs came his way as emergencies arose and he turned his hand to plumbing, carpentry and building with a willingness to be of service in whatever way he could. Sadly, his time in Uganda came to an end in 1973 when, together with others, his work permit was not renewed.

There followed an indecisive and unsettling period of three years in Bernard’s life, before he was appointed to Zambia in 1976. On his return to the Province, he agreed to follow some short training courses, but made it clear that he wished to return to Africa as soon as possible.

In spite of Bernard’s desire to return to Uganda, it was not possible and he accepted an appointment to Malawi where, in spite of it not being his natural talent, he agreed to take on the role of maintenance and building work. Once again, Bernard became the victim of the political situation and, after a short spell, was obliged to return again to the Province. With still no possibility of returning to Uganda, Bernard readily accepted an appointment to Zambia, where he was to remain until he returned to the Province for good in 2004. Over the years in Zambia, Bernard again displayed his availability and willingness to turn his hand to whatever he was asked to do. He continued to use his mechanical skills at Mansa and Mulanga; at Lwitikila he installed a new water system; at Lubushi Seminary he took care of the maintenance and spent his final four years in general maintenance work at Kasama. In 1984, he followed the Biblical Session and Retreat in Jerusalem and in 2000 the Session for over seventies in Rome.

Apart from these occasions, Bernard avoided all attempts to persuade him to follow courses and spent his home leaves with his family and preparing for his next departure to Africa.
Community life was not always easy for Bernard, but he firmly believed in the support and companionship that a community should provide. Wherever he was, Bernard was known as a forthright man, not afraid to speak his mind and you always knew where you stood with him. In the more difficult moments of life and work, Bernard surely found consolation and strength in that deep and simple faith of his Yorkshire upbringing, a faith which led one of his brothers and two of his sisters into Religious Life.

On his return to retirement in the Province, Bernard took up residence in the retirement community at Ealing. For two years, he remained there, daily walking with his faithful friend, Stevie Collins, and the dog. On these walks, a detour to the guesthouse around the corner was always a welcome diversion, as it meant a chance for a cup of tea and a chat, hopefully with confreres on their way to and from Uganda and Zambia. Bernard could then sit for hours telling stories and reminiscing. Apart from this, he had little interest in anything at this time. In many ways, having devoted all his working life to Africa, he was very much a lost soul at home. In 2006, when his ill health meant that the community could no longer care for him, he went into a nursing home. He continued to enjoy visits from the confreres and members of his family and it was a great comfort to him that two of his sisters were at his bedside when he died in the hospital.

At his funeral, nearly all his remaining family were present and took part in the liturgy. In his homily, the Provincial spoke of Bernard’s dedication, self sacrifice and faithfulness, values which, he reminded us, do not rank highly with people in today’s world, but which any follower of Christ, like Bernard, knows are basic to our living out our response to the Gospel. Bernard, the Provincial concluded, ‘lived that way and lived it well.’

Chris Wallbank

* * *

Brother Bernard Black
Some memories

When I read recently Bernard Black’s obituary notice in the White Fathers/White Sisters Magazine, I missed something on his relationships with us Missionary Sisters of Our Lady of Africa (MSOLA). I speak of our former community in Kasama, Zambia. Maybe the following could be considered in the obituary in the Petit Echo.

Bernard was a real brother to us MSOLA in Kasama. We could call on him at any time when in trouble in one way or another, especially with our car. However, besides the ‘business relationship’ there was a friendship that brought him much closer to us. At exactly 10 o’clock every Sunday morning Bernard would come for a cup of tea and an hour’s chat. It had become a good custom, and we would open the gate before his arrival, ready waiting for him.

Should it happen that only the one on Sunday kitchen duty would be at home, she would peel the potatoes and prepare the vegetables while chatting along with Bernard, but most of the time there were several of us with him. It was a privileged time for him and for us, swapping news, a joke, a good laugh, teasing each other.

At the end of the hourly chat, we would also bring him our ‘worries’: a broken tap, a damaged gate, a leaking pipe, etc., or we would ask him for expert advice in one of his ‘fields.’ Then, when the hour’s chat was over, Bernard would return to his own community. ‘What a clot!’ – this is an expression we so often heard. He was hiding a heart of gold behind his sometimes rough exterior and he knew to apologise when having offended someone. I always remember Bernard with much gratitude as my - and our - good brother.

Hildegunde Schmidt, MSOLA

 





Father Martin ADDAI

1960 - - 2007

Martin was born into an Akan matrilineal family on the 12th of November 1960 to Paul Kenneth Kyereme and Mary Opanyin Addai in Akro­fuom, a village near Obuasi (formerly Kumasi Diocese, now Obuasi Diocese), in the Ashanti Region of Ghana. He was named by his father after his maternal grandfather. Martin’s father had been a catechist in his youth and later worked with the Ghana Railways Service. In his latter years, he worked in the administration of Opuku Ware Secondary School, Kumasi. Martin’s mother was a trader and farmer. Martin thus grew up in an atmosphere of hard work and faith. From his first marriage, Martin’s father had a boy and girl older than Martin. From his marriage with Mary, they had 7 children, of whom Martin was the firstborn. Martin had 4 brothers and 2 sisters. Both his parents are deceased. His senior brother works in the United States and the rest of the family is in Ghana.

In 1992, when Martin was in Mozambique, his father wrote about his great happiness in having a son as a missionary. He wrote, ‘If not for my invalidity, I would have sought my way to Mozambique to learn the language and tackle my duties as a catechist there.’ His family supported him fully in his missionary and priestly vocation. He was baptised a month after his birth. The Missionary of Africa candidates in Nai­robi commented on his spirit of prayer and thought that he drew his energy from his daily personal and community-based encounter with Jesus.

Throughout his time outside Ghana, he always loved to participate in events that brought his compatriots together, pastorally or socially. He always enjoyed such celebrations. Dressed in traditional garb, it was while on his way to participate in the Golden Jubilee celebrations of the Independence of Ghana with the Ghanaian community in Nairobi that he met his untimely end in a fatal shooting.

Martin followed 7 years Secondary School Education in Opoku Ware and T.I. Ahmadiya, both in Kumasi. Being an inquisitive man, he got to know of the Missionaries of Africa, although they are not very much present in the south of Ghana. He wanted to be a missionary and thus when he was accepted to begin his Formation, he joined St Victor’s Major Seminary, Tamale, where he studied Philosophy between 1982 and 1984. This was a surprise for many and a major change for him. Coming from the south, he found himself immersed in the culture of the north of the same country. He took it all very well and even became very fond of it to the point that had it not been for his language, people would have forgotten that he was from the south of the country. He had this gift of making himself one with the people who welcomed him. His technique was to love them wholeheartedly.

From Tamale, he was accepted for the Spiritual Year in Kasama, Zambia, from 1984-1985. The testimony of that time shows ‘He is a very joyful person, with a great sense of humour, his cheerfulness is contagious. He is generous, always ready to help the others who like him a lot.’ In December 1985, he arrived in Mua, Malawi, to start his 2-year period of stage (apostolic training). It was already foreseen that he would serve in Mozambique after his training. In spite of this, he learnt Chichewa and greatly appreciated the work of inculturation in line with the evangelisation carried out in the Parish of Mua. When the confreres recommended him for the continuance of the last part of his Formation, they wrote of him as ‘a promising candidate, a mature man, full of zeal.’

It was then in Totteridge, London, that he completed his Initial Formation, taking his Missionary Oath on the 8th December 1989. He came across to his formators then as ‘a spontaneously joyful type of person, committed and reliable, with solid personal convictions, willing to sacrifice his time for the common good, a good sense of what is important and less important, good academic performance.’

On the 21st July the following year, he was ordained a priest in Efiduase (Kumasi) along with some diocesan ordinands. All who knew him during his years of Formation saw in him ‘A man of great energy and common sense, very dedicated, straightforward, simple and honest. A good animator and leader.’ He had natural leadership qualities that would serve him in his latter years as pastor and formator. He had time for people, could walk with them and yet challenge them in a fraternal way.

When Martin was appointed to Mozambique in 1990, he had first to learn Portuguese as well as the local language. He spent 4 years, first as curate then as superior and district counsellor at Soalpo, Chimoio Diocese, where he was most appreciated by all.

He worked there until 1994, when he was called to Rome for further studies in Moral Theology at the Academia Alfonsiana, in view of working in Formation. His essay at the end of the Licentiate studies was entitled The Interpersonal Approach to Revelation: A Key to the Understanding of Moral Theology and Its Catechetical Implications. It revealed the primary place he accorded to interpersonal relationships and why. For him, it is through the interpersonal relationship that Jesus reveals himself and it should also be the starting point for any act of evangelisation. Martin completed his preparation with a course in the Centre of Spirituality of Manrèse, Canada, in 1996-1997, thus equipping himself with tools for accompanying people in their spiritual journey.

Martin started his Formation apostolate by two years of teaching Moral Theology at Maputo Major Seminary in Mozambique. His Province of origin, Ghana/Nigeria, in dire need of a Rector for their centre of Ejisu near Kumasi, recalled him there in 2000.

As a man from the area where the First Phase Centre was planted, he was very instrumental in creating links with the local Church and easing the sometimes tense relations between the Missionaries of Africa and the local Church. His great sense of hospitality, always accompanied by a broad smile, made the Formation community a pleasant place for many people to stop over for rest on their long trip between Tamale and Accra. He also helped work out an understanding with the Spiritans’ Seminary the MAfr. Philosophy student candidates attended.
Being so near home was also a challenge for him. He had to find a good working relationship with his family and give priority to the Formation community before res­ponding to the needs of the family.

Martin served in Ejisu until 2004, when he went to Rome for the Chapter as a delegate for his Province of origin. Many would remember his sense of humour when he declared, during the election of the General Council members, that he had already prepared his acceptance speech in the event that he would be elected onto the General Council! His sense of humour could lighten tense situations. At that time, he knew that he was expected to take up the appointment as Rector of the Fourth Phase Formation Centre in Nairobi.

After a semester’s refresher course in the new questions in Moral Theology at Heythrop College, London, and a short rest, he was initiated into his new ministry and took up his function in June 2005. He had his way of challenging and drawing the best from the candidates because of his own personal zeal and dedication. ‘He was a rector who was not afraid to dirty his hands’, the candidates in Nairobi recalled.

He taught Medical Ethics in Tangaza College. He also intervened in different places for the ongoing formation of the laity in moral questions and offered recollections and retreats to those who invited him. He was often invited back, which is a sign that they appreciated what he offered. His conferences were in English, but as he had insisted on learning Kiswahili and had already followed a language course, it would not have been long before he started giving some of these conferences in Kiswahili. He felt it important to speak the language of the people with whom he was working. He had already started visiting in the Christian communities in the area of Nairobi where the Formation community is situated. Some couples in difficulty knew he could listen to their troubles and counsel them and they availed themselves of this service. The reconciliation and forgiveness he encouraged between brothers in the community he also sought to promote among couples.

Martin was in his second year as Rector of the Formation community when on the 10th March his missionary life came to a sudden and tragic end on the Enterprise Road leading to the Mombassa Road in Nairobi South B. The reason(s) he was murdered and the culprit(s) not yet caught will probably remain a mystery, but for how long?

Upon hearing of his premature and violent death, many people recalled Martin’s sense of humour, encouragement, and commitment to justice and truth, even if it got on the nerves of some people at times. He would not hesitate to call a spade a spade when he lost his temper, but would welcome the person back on good terms. He could tease his candidates in Formation about their good appetite at lunch just as they could tease him for not being a good footballer. They also affectionately remembered him as a father to the family, a rector, but most especially as a brother and friend. Many other people also had affectionate names for him: Kwame (because he was born on a Saturday), Brudar, Koo, Berema, etc. Each person felt they could relate easily to him. He had certainly touched many more people than he himself was probably aware.

On 30th March 2007, after pouring libation on the spot where Martin’s body was found, his maternal uncle, James Nkwantabisa, declared him an ancestor and, on behalf of the family, said, ‘We forgive your killers.’
The wave of messages of sympathy and condolences received after his tragic death bear testimony to one single factor: we have lost a great confrere and friend, our Society has lost a competent and enthusiastic member, the Church in Africa and at large has lost a faithful and dedicated servant and missionary.

Compiled from various sources
Richard K. Baawobr





Father Adrien Fontaine

1916 - - 2007

Father Adrien Fontaine was born on the 22nd December 1916 at Saint-Philémon de Bellechasse, Quebec Archdiocese. He was the third in a family of ten children. A short time after his birth, his parents moved house to Buckland, a neighbouring village. He did his schooling locally at Buckland until Primary 5, which was as far as the school could go. He therefore had to wait a year as he was under-age for Lévis College, where he went for his secondary studies. In addition, once he arrived there, he had to do two years of commercial classes to catch up, before tackling Latin subjects. The last two years of philosophy at this same college would complete his eleven years there. At that time, he had a great devotion to Theresa of the Child Jesus, ‘A little Saint who will be my spiritual sister.’

Adrien got to know the White Fathers from an early age by means of the White Father magazine and the preaching of the Missionaries. His desire to become a White Father began to take shape when he entered the postulancy at Éverell, near Quebec on the 2nd September 1938. There, he would do his first year of theology, followed by the White Father novitiate at St Martin, near Montreal. He entered the scholasticate at Eastview on the 14th April 1940 for the final three years of theology. He succeeded well from every point of view, one of the best candidates of his year. His health, however, was not strong. At one point there was a scare with his lungs, but after a long rest, everything returned to normal. He seemed a bit shy and sometimes a little stubborn in his ideas, but he was very pleasant in community. They were convinced he was going to make a good missionary. He was therefore accepted for his Missionary Oath, which he took on the 19th March 1943. On that day, he wrote, ‘I wanted this gift of myself to be a gift even more thought out and overflowing with love. This was my whole being that I was handing over to God’s plan for me. For the future, for fidelity to my commitments and for the courage and strength to fulfil the mission with which the Lord would entrust me, I submitted to Him and the Blessed Virgin Mary.’

He was ordained to the priesthood in Ottawa Cathedral on the 19th June 1943 by Bishop Martin LaJeunesse OMI, a missionary in the Great Canadian North. Two weeks later, Father Fontaine took off for Buckland to celebrate his First High Mass in the heart of his home parish. After a period of time off in the family, he returned to the scholasticate to complete the studies he had missed due to illness. Six months later, he was called to the procurement office in Quebec to be Provincial Secretary and wait on the possibility of leaving for Africa.

In May 1944, Adrien left for Uganda, where he was appointed to the great Rwenzori Vicariate of Bishop Lacoursière. After a long and hazardous voyage, he arrived in September at Katabi, where he was assigned to learn the language and begin his ministry. He would remain for over ten years in Uganda, before taking a first home leave. He was initially curate at Kitabi, Nyakibale, Ibanda and Kabale, then for 4 years founding Superior of Rubanda. His greatest joy was to found and work with the Legion of Mary in this new parish. This devotion to Mary was also concretised by the fact that from Fatima he had had brought a statue of the Virgin that turn about went round the parishes in Uganda. His superiors considered him a good, very active missionary who looked after his parishioners well. He invested a lot in harmonious conditions in the community and the parish, and was not slow to take on the most difficult jobs himself. At the end of 1954, he left for home leave in Canada. He would never have contemplated leaving this lovely corner of Uganda that he loved so much without returning to work there. The Lord called him to other important commitments.

In Canada, he first helped in missionary promotion and after two months as bursar of the St Martin novitiate, he was assigned as Novice Master to the Brothers there. He accepted this duty with a high degree of spirituality and invested himself heart and soul in the task. In February 1960, considering his competence for organisation and writing, he was appointed editor of the White Fathers Magazine of Canada. He then went to live at the Quebec procurement office. He would devote 16 years of his life to this work, while also helping in promotion work and ministry. He took part in several prayer groups and gave youth retreats. As he was inclined to work alone, a committee was formed to assist him in the modelling of the magazine. Under his leadership, the magazine would improve enormously.

In 1976, Adrien initiated his successor as director of our ‘Missions d’Afrique’ magazine. He remained at our house in Quebec and became its superior in 1979, then superior at Lennoxville for 6 years. In 1988, he was part of the new community of Bon-Air at Quebec. In 1994, he returned to work at the procurement office in Quebec, where he spent many years. There, he kept up his former commitments, and in addition organised many group travels to Africa to meet its welcoming peoples and Missionaries on the spot. He also took part in many pilgrimages to centres dedicated to Mary, including Medjugorje. His overflowing zeal sometimes led to exaggeration. He always accepted with faith the advice of those in charge.

At the end of 2002, the health of our confrere began to deteriorate. He was hospitalised and had an operation, leading to a good while in intensive care and an oxygen tent. He recovered well, but a few months later, he was sent to Lennoxville in an environment better adapted to his condition. According to his capacities, he became involved once again in working with the spiritual guidance of youth. However, his strength was gradually failing. At the start of 2007, he was hospitalised for several complications. He passed away on the 3rd April 2007 at the Sherbrooke Hôtel Dieu. A first Mass was celebrated before the body in our chapel at Lennoxville. The Funeral Mass took place on the 12th April in Buckland parish church, followed by burial at Belmont Cemetery, Quebec, in the plot reserved to Missionaries of Africa.

Father Fontaine was a great Missionary in Africa and Canada, in his own way. He had great influence wherever he went. He was an apostle, especially in writing. He liked to write and did so well and often. Firstly, he wrote in the magazine for several years, but also in published works. In 1973, with young people, he published a book of about 350 pages, ‘We love with the heart we have.’ It consists of testimonies from about forty youngsters that Father Fontaine had spiritually guided in retreats and prayer groups. It was a great success and went into ten editions, revised and supplemented each time by other young people. In 1974, he published his autobiography, ‘Coup de foudre pour le Christ…Coup de foudre pour l’Afrique…’ ‘Lightning Bolt for Christ, Lightning Bolt for Africa.’ A book of 367 pages, it is largely a meditative memento full of peace, faith and love. For several years, jointly with these young people, he published leaflets, each with a specific topic. They were produced by ‘Semeurs d’espérance’ (Sowers of Hope), a title they gave themselves. These pamphlets have been collected into a booklet, ‘Heureux les cœurs purs car ils verront Dieu,’(Blessed are the pure in heart they shall see God.) It is a compilation of about 80 topics. In all of that, there is a discovery to be made of a particular Missionary, a man of God, dedicated 100% to his vocation. He sees the Lord everywhere, is convinced of his presence, and has recourse to him in unceasing prayer. May he receive the reward of God’s faithful ones.

* * *

In 1972, then Editor of Mis­sions d’Afrique, the magazine of the Province of Canada, Adrien Fon­taine prepared a book of 350 pa­ges. It was written after nu­merous talks with 43 young men and women. He wrote about big issues: the meaning of life, being human, religion, God, Jesus. Privately published, the book became well known in French-speaking Cana­da by word of mouth. In 1999, it was reprinted for the 10th time. A total of 93,000 copies were sold.




Father Arthur Dejemeppe

1916 - - 2006

W hen Arthur was born in Brussels in 1916 he was fortunate to fall on a fertile family loam. His parents were convinced Christians, carefully watching over the education of their children and generous to the Church’s calling. They had nine children, two of whom sadly died in infancy. Among the seven who survived into adulthood, Arthur’s elder sister became a Lady of Mary. His older brother became a Jesuit, he himself became a Missionary of Africa and his young brother also became a Jesuit, a missionary in Calcutta, India.

After studies at Saint John Berchmans’ College in Brussels, he entered the White Fathers at Glimes, where he did his philosophy. In 1937, he did his novitiate at Varsenare. His theological studies were somewhat upset by the War, when enemy troops invaded Belgium on the 10th May 1940. Like all young men of his age, he was obliged to evacuate Brussels for France, which he did on bicycle with a companion, heading for Paris. Finally, he ended up in Marseilles. On the advice of friends, he then crossed the Mediterranean (it was still possible) and arrived in Carthage, where he continued his theological studies and took his Oath on the 27th June 1941. He was ordained a priest on the 4th April 1942.

His formators saw in him a future missionary who would be calm, thoughtful, with well-balanced judgement enclosed in much common sense and an organised mind. They also remarked on his deep piety as well as his sensitivity and the straightforwardness of his relations with his superiors.

With these qualities, it was not surprising that after ordination he was immediately appointed secretary of Archbishop Gounod of Carthage
After a year in this post, he was able to leave for Rwanda, arriving there on the 31st December 1943. He was first at Kigali, where he took part in the founding of the Monseigneur Classe Institute, a vocational training school that would later be taken over by the Salesians. In 1948, he became parish priest at Byumba, where he remained until 1952.
He relaunched the catechumenate in an extraordinary way (23,000 catechumens), but perhaps without realising the difficulty of channelling such a movement and ensuring competent leadership.

In October 1952, he became Vicar Delegate of Bishop Deprimoz, Vicar Apostolic of Kabgayi, which then still covered the whole of Rwanda. After the latter’s resignation in 1955, Father Dejemeppe became Pro-Vicar Apostolic of Kabgayi, until Bishop Perraudin was consecrated in 1956.

What can be said of this initial period of his missionary life in Rwanda? On reading the notes of his confreres and superiors, the contrast in opinions about him is striking. Whereas many praise his regularity, his charity and voracious zeal, others wonder if he was not frequently naïve or too trusting in relation to certain people. Enthusiastic and optimistic, he willingly believed that it was established, but it was far from it and it created an atmosphere around him that was not always of the best and even sometimes smacked of jealousy. Accordingly, at the appointment of Bishop Perraudin in 1956, he was relieved to be quit of all responsibility and to go back to Belgium, where he was appointed superior of the house of philosophy at Thy-le-Château. He would remain there until 1969, the year of his Long Retreat at Villa Cavalletti and his return to Rwanda.

From the day of his return he became parish priest of Kamoni and from 1961 concurrently held the post of Secretary-General of Caritas-Rwanda. He was later Secretary-General of Caritas-Rwanda in Kabgayi.

In 1965, he was superior of the procurement office in Kigali and at the same time held the office of Secretary-General of Caritas-Rwanda, Secretary of the Rwandan Justice and Peace Commission and from 1966-1969 Rwandan representative of the Executive Committee of Caritas Internationalis, (Rome, Algiers, Beirut, Zagreb and Berlin.)

During this time, Arthur was really in his element. Aware that he knew nothing about accounts, he had a gift for being helped, but not always by the right people. Here again his naïve trust sometimes got him into trouble, but there is room to wonder whether this mentality or optimism would not be required for such a task. However, besides that, his great charity meant that he gained the trust of many confreres who took him as their director of conscience. His optimism, even though naïve, as well as his candour when faced with major problems was good for those around him and enabled him to work with difficult characters that without him would have been left high and dry.

In 1972, he took his home leave in Belgium. After a short stay in the Congo where he was curate at Matanda, he left for the Sudan as Secretary-General of Sudanaid, or Caritas-Sudan.
He was very well thought of by the Archbishop and the Apostolic Nuncio and he had a good grasp of his role, carrying out this very difficult task in extremely uncomfortable circumstances in virtue of the isolation, the language and the climate. Unfortunately, his extremely inexact knowledge of English did not allow him to train an African collaborator and this was undoubtedly a source of mutual tension and disappointment. This explains that at the beginning of 1978, he felt divided between the desire to remain in the Sudan and his conviction that he would be better off returning to Rwanda. At the annual meeting of the board of directors of Sudanaid, he was given a successor and it was decided he would retire completely from the task, so as to ‘Sudanise’ the directorate of Sudanaid to the hilt.

Archbishop Baroni wanted him to remain for a while as chaplain to expatriates, but given the number of priests in Khartoum, it would not be full-time and his superiors preferred to send him back to Rwanda, after a few months’ rest in Belgium. He left Sudan at the start of 1980 and in June the same year was appointed superior of Rwamagana mission in Kibungo Diocese. He continued his pastoral activity in different missions of Rwanda until 1994, when he was evacuated to Belgium in the aftermath of the troubles that broke out in this country at that time.

The prime factor to acknowledge for this period is the courage with which he set himself to parish work again after a 20-year absence. He resumed activity in outstations, in confessions and in catechesis conscientiously and with enthusiasm. Nonetheless, he was often closer to the executive classes than the less well-off. Moreover, as he received many donations from friends and family, he had a tendency to play Lord Bountiful, which did not please everyone. He was well thought of by the bishop and brought some fresh air to the diocese, but his naivety continued to get him into trouble. However, since it went along with a very great hope and immense trust, at base perhaps he was not so wrong!

Back in Belgium, he was appointed to the Rue du Prévôt where he set himself to deal with the maintenance of an enormous correspondence with all his friends of Africa and elsewhere. Everyone remembers his old typewriter, a survivor of Africa, on which he would type for hours on end and for which he had to find ribbons from another age.
Twice a week, he would go to say Mass at the chapel of Our Lady of Fatima; his homilies were always carefully prepared and typed on his old typewriter. After the Com­munion, he would always read a thanksgiving text.

He was also involved with a group of former captains of industry, businessmen, and retired Army officers who sought to deepen their faith by taking account of cultural and other developments in society.

He wrote his New Year greetings six months in advance. He took it to the printers, chose the design (Rwandan), unless he had obtained cards bought in Rwanda. He carefully revised his text and then stuck three hundred stamps on three hundred copies and sent them off to his friends and acquaintances.

He remained very attached to his family he met regularly at his sister’s, whom he addressed as Madame Albert, from the name of his brother-in-law, and to Madeleine, his other sister, whose residence was not far from there in the rest home of the Ladies of Mary Congregation.
In addition, he received very many visitors and a great number of telephone calls from all over the world.

When the Rue du Prévost was closed, he continued the same life pattern in the community of Clovis and it was only when he had to be sent to our rest home at Evere that his activities gradually tailed off. From there, he was taken into palliative care in the ‘Les 2 Alice’ Clinic at Uccle.

Here is a testimony to him by the chaplain to the Clinic:‘Last Sunday, from his sick bed near the altar, he concelebrated beside me. It was probably the last Eucharist of his life. His final moments were like an accomplishment, akin to waiting for the instant God would come to pick his flower in full bloom. It seemed to me I found his attitude in life what Father Teillhard de Chardin, the celebrated Christian thinker, would have prayed to experience at the hour of his death: ‘At the last moment, when I slip away, grant me, my God, to understand that it is you who dissect utterly every fibre of my being, so as to penetrate my substance to the marrow, in order to bear me away within you.’

 




Father Clotaire Cazin

1916 - - 2007

Clotaire was born in the region of Boulogne, France, on the 1st September 1916. His parents, Jean-Marie and Philomène had seven children. Clotaire was the seventh. He had a happy childhood in the family farm where he learned the meaning of work well done, thoughtfulness for others and service in small chores in the family, in the garden or in the henhouse. He was a cheerful child who constantly sang and whistled, even when doing homework. This did not distract him from becoming excellent in his studies at the primary school of Caulembert, his home village, followed by the Haffreingue Institution and Boulogne Junior Seminary.

Very soon, those around young Clotaire observed his seriousness, his piety and his willingness to be of service and saw in him a future priest. They told him so, at the risk of upsetting him. However, the idea of giving his life in Jesus’ service penetrated him at the deepest level. He spoke to Gaston, his older brother by two years and already a major seminarian, of his desire to become a missionary. Gaston, a diocesan priest uncle, as well as his parents, encouraged him and these willingly accepted it, but not without pangs of regret in seeing their little last born fly the nest.

The period of Formation would be long: Kerlois, in 1934, novitiate in 1936, then two years military service extended by the 1939-1945 War. His regiment, the 4th Soaves, was called upon as support at Vernon, on the Seine. He was demobbed in June 1940 and left for Thibar, Tunisia, to begin his theological studies there. However the Allied Landings of November 1942 led to the resumption of conflict. As a liaison radio operator, Clotaire was captured at his post, escaped and was sent to Cherchell, the officer training school. He then joined the 5th Senegalese Rifle Regiment, then the 2nd Armoured Division in Alsace and on into Bavaria. He was demobbed as a Lieutenant, receiving the Croix de Guerre, Bronze Star, in September 1945. He then returned to Tunisia to complete his seminary training and was ordained a priest in February 1947, thirteen years after entering Kerlois.

Clotaire was modest about his ‘war exploits’, which nonetheless revealed his cool-headedness, his courage and his decisive mind. He was mentioned three times in dispatches, at the level of the Regiment (1940), the Army (1943) and the Brigade (1945). One of the mentions gives details: ‘Head of post at a telephone exchange, he provided continuous information on enemy movements, only abandoning the headphones when captured. He escaped two days later, rejoining his unit under a hail of fire, thus enabling a counterattack, which freed his imprisoned comrades and captured their guards.’

Clotaire did not leave an undertaking with his name on it. He sought to submit his whole being to the service of the Mission wherever our Society asked him to work. In fact, he was asked to serve in very diverse areas. He did so with a great willingness. At a time when it was not very common for Frenchmen to do so, he volunteered for an international setting. After an initial appointment to England and a stay in houses of Formation in France, he spent thirty-one years in Uganda, (1960-1991).

He was often given charge of training young people in England, France and Uganda, as a teacher, bursar, spiritual mentor, or superior of a junior seminary (Bonnelles and Kitabi). Nothing predisposed him to this latter post and some of his confreres wondered how he would face up to this task. Nevertheless, he succeeded very well – with humility (recognising his limitations) and determination, putting into practice everything required for the Formation of young people at that time. Many former pupils of Bonnelles were grateful to him for what they received from him, in particular from his ‘spiritual readings’ and from the teaching staff he led and had moulded into one.

Arriving in Uganda in 1960, this ‘young missionary of 44’ bravely set himself to learn Runyankole, after which he was appointed to a parish. However, very soon, an appeal was made to his teaching talents, as much in the junior seminary as in the spiritual training of the African Sisters of Our Lady of Good Counsel. Nevertheless, he always kept some time aside for his parish activities. At one time, he was pleased to become involved in sheltering refugees from Rwanda, who lived within the parish. His letters home to his family bear testimony that it was a ministry he held particularly close to his heart.

These 31 years spent in Uganda meant he would come back to France for home leaves on several occasions. He rested in his home region of Artois among his many nephews and nieces, with whom he maintained deep bonds of affection, as family spirit was profoundly rooted in Clotaire. However, at the same time, he took advantage of these home leaves to continue his studies. The list of places he sought to make himself more able to be of service in ‘his Uganda’ is impressive, including Arbresle, Jerusalem, Mours, Rome, Lille, Orsay. This was underlined in the letter Archbishop Bakyenga of Mbarara addressed to the French Provincial: ‘We remember in particular the zeal Clotaire Cazin always showed to increase the faith and spiritual life of individuals and of communities.’

In 1991, after dialogue with those responsible in Uganda and France, he returned for good to his home Province. In Lille, he put himself at the service of foreigners, especially Africans. He also took part in welcoming visitors to ‘Euralille’, a large exhibition-saleroom, where a prayer room facility enabled him to meet people from all walks of life. This does not include the hours he spent in the confessionals of the parish churches of Lille.

Even so, Clotaire tired himself out, all the more since he went on foot to his various ministries, treading the streets of Lille. Increasing deafness also hindered his contact with others. As a result, a retirement community was indicated and he was welcomed in Tassy on the 1st April 2001.

For seven years, Clotaire continued to lead a life in fraternity, where his patience, sensitivity and his concern not to disturb but be of service in the daily running of community life made him into a confrere with whom it was good to live.
One of his great joys was to gather his family round him for his 60th anniversary of priesthood.

He then made himself ready for his imminent meeting with the Lord. There are no writings to bring to light his spiritual life, but in the course of conversations, by his reactions, by the manner he accomplished the tasks confided to him, we reckon he lived from a solid spirituality and an ongoing intimacy with Jesus. His life of union with the Lord was nourished by exercises of piety regularly experienced in community. Some of Clotaire’s phrases, collected by confreres who took turns in attending to him in the final days give a little glimpse of this life of trust in Christ, who came to lead him to the Father on Good Friday 6th April 2007, a moment he awaited with the tranquillity and serenity of the man of God he was.

Let us recall what was said during the funeral service: ‘We give thanks to the Lord for having given us Clotaire. He helped many people on their way to God, his family, his confreres and most especially, the Ugandans of Mbarara.’




Walter Fest
(Brother Fidelis)

1925 - - 2007

Brother Walter Fest died on the 4th June 2007, in the hospice of the “Barm­herzigen Brüder” (Brothers of Mer­cy) in Trier. Walter was born on the 29th March 1925 in Friedrichs­hain, Silesia, Breslau Diocese, (now Poland). His family was of a solid Catholic background. His father was the bookkeeper in the administration. It was a happy simple life with his parents, one brother (who was killed during the War) and three sisters. One of them became a White Sister and worked in Mali.

After having finished four years of primary school, Walter started attending secondary school in Breslau from 1938 till 1943. Due to impending military service, he was able to finish his studies with the so-called War Diploma. At the end of May 1943, he was indeed called up for military service.

Initially, he had planned his career in the Merchant Navy, and consequently was called to serve in the Navy. Shortly before the end of the War, he had to transfer to the Infantry. He was wounded and the Russians captured him as a prisoner-of-war. However, he was released as early as August 1945. Meanwhile, he had lost all contact with his family. They had been displaced to the western parts of Germany, ahead of the advancing Russian Army.

He escaped towards Erfurt, where he found work with a farmer for almost a year and a half. Finally, in December 1946, he found his family, his mother and sisters, in Westenholz near Paderborn. He tried to find work with the Post Office, the Railway or the Customs, but to no avail. His diploma awarded during the War was not recognised.

Therefore, in his curriculum vitae, he writes, ‘To get a solid professional foundation, I decided in 1948 to become a blacksmith.’
He finished his apprenticeship at the end of 1950. At that time, he thought about his spiritual vocation. He writes, ‘For some time I have been feeling within myself the vocation of a Missionary Brother, to work in the vineyard of the Lord. As someone who has been driven out of his home country, I know about the futility of possessions.’ Walter often spoke about the hardship of these times.

In July 1950, he visited the house of the White Fathers in Rietberg and had a talk with the Superior at that time. He advised him to apply to the Postulancy of the Brothers at Langenfeld. He arrived there on the 27th October 1950. After the Postulancy in August 1951, he began his novitiate. On the 22nd August 1953, he took his First Oath.

After a short holiday with his family in Westenholz, he proceeded to the international Scholasticate for Brothers at Marienthal, Luxem­bourg. After an introductory period, he was put in charge of the engineering section of Brothers’ training. This lasted till 1957. The following year, he helped with the building of the German novitiate at Hörstel. In 1958, he helped with some other Brothers in the renovation of the clerics’ scholasticate in Totteridge, London.

From March till September 1959, he followed a course at the Higher Technical School in Trier. On the 4th August, he took his Perpetual Oath at Großkrotzenburg. During his stay in Trier, he received his appointment for Sumbawanga Diocese, Tanzania. He took the plane on the 7th February 1961. After the language course, he started building work in the parish of Matai. A year later, he was put in charge of maintenance work in the Minor Seminary of Kaengesa. From 1965 onwards, he directed the diocesan garage in Sumbawanga. In July 1968, he went for his first home leave. After his return to the diocese, he became bursar at Kaengesa Seminary. During these years, he was also the personal chauffeur of Bishop Msakila. It was a service requiring patience and understanding. Walter was a hardworking and helpful missionary and the Diocesan Sisters fully appreciated his helpfulness. Fr. Walter Lükewille commented, ‘From 1972 till 1974’ we worked together in Mamba, in the Rukwa Valley. Walter had been asked to repair the old mission station, a difficult task during the period of Tanzanian Socialism.’

Obtaining building material had become extremely difficult, but Walter did a good job. Mamba was solidly restored. His relations with his workers were just and balanced, and he was concerned for their well-being. He also tried to help really poor people, especially older women in need. Walter was a good and interesting member of any community, perhaps a bit pessimistic. He was demanding for himself and for his associates.

Before coming to Mamba in 1970, he had been asked to take over the running of the procurement office at Dar-es-Salaam. He did not feel much at ease in this job. He was glad to leave this task and return to Sumbawanga Diocese. He spoke of this experience from time to time. He went on to build in Ulumi, Chiwanda, Tunduma and other places. From October to May 1979, he followed the Bible Session and Long Retreat.

In November 1985, Brother Fest accepted an appointment to the neighbouring Diocese of Mbeya. He was supposed to install a turbine at Irambo. He met the community of Etienne Sion, Wolfgang Büth and Jean-Michel Laurent. Miserior had already allotted a considerable sum for this turbine scheme. Brother Fest became aware of the instability of it. To the great surprise of Misereor, the plan was halted. He helped with different building projects, especially in Igoma outstation. Meanwhile, Walter started some sidelines raising chickens and breeding pigs. In August 1994, he moved to Itumba, still in Mbeya Diocese.

Finally in 1996, Walter got his reappointment to Sumbawanga Diocese. In the meantime, he had reached his seventieth birthday and therefore major building plans were no longer projected. He was happy in his agricultural enterprises.

After the handing over of Laela Parish, Walter joined the new community of Malangali in the suburbs of Sumbawanga. Here, he lived with Fr. Johannes Pristl, who had agreed to train the staff of the diocesan radio station, and with Fr. Lükewille, who was in charge of the Bible Apostolate for the diocese.

At the end of 2001, the White Father Superiors decided to withdraw the last two communities from Sumbawanga. Brother Fest then expressed his desire to move to Kigoma Diocese, to live and work in the community at Kabanga.

After 44 years of presence in Tanzania, he was forced to return to the German Province in September 2005 for health reasons. He lived first in the Cologne community, where he received every possible medical care. However, it was discovered he was suffering from terminal cancer of the bladder and on the 10th January 2007, he joined the community of confreres in Trier.

Brother Fest was one of those quiet confreres ready for any and every kind of service. He was attentive in community and enjoyed taking part in conversations.
He lived from a solid spirituality and thus was an inspiring member of the community in which he lived. The last months of his life were not easy, but he never complained. On the 4th June, Walter gave up his soul to his Creator and Lord. May he rest in the peace and joy of our Heavenly Father.