NOTICES BIOGRAPHIQUES

Père Roger Fagnot

1924 - - 2009

Roger naquit le 28 décembre 1924 à Roubaix (diocèse de Lille, France) dans une famille de dix enfants, dont deux moururent en bas âge. Deux de ses sœurs devinrent Filles de la Charité. Son frère aîné, ordonné prêtre dans le diocèse de Lille, meurt accidentellement en 1960. Baptisé le 1er janvier 1925 et confirmé le 3 juin 1936 dans la paroisse Saint-Jean-Baptiste, Roger fait ses études secondaires au collège Notre-Dame des Victoires, y pratiquant le scoutisme et l'action catholique puis, de 1941 à 1943, bien qu'il ait déjà manifesté son désir d'être Père Blanc, il étudie la philosophie au séminaire de Lille, en raison de la guerre, avec le consentement du cardinal Liénart.

Son noviciat, commencé à Tournus en septembre 1943, est interrompu de mars à octobre 1944 : pour échapper au STO en Allemagne, Roger se cache à Bellegarde, peut-être en raison de la proximité de la frontière suisse. Il reprend son noviciat d'octobre 1944 à septembre 1945, puis commence la théologie à Altkirch, avant de rejoindre enfin la Tunisie. De janvier 1946 à 1949, il poursuit sa théologie à Thibar, où il prononce son serment le 31 janvier 1948 et est ordonné prêtre le 30 juin suivant. Ses formateurs voient en lui un scolastique doué et sérieux qui fera un bon missionnaire.

Nommé dans la Préfecture apostolique de Koudougou, il arrive le 28 mai 1949 à Ouahigouya où il apprendra le mooré et acquerra au fil des ans une bonne connaissance de cette langue. Il est nommé curé à La Toden dès le 14 avril 1951. Visiblement peu écrivassier, il ne nous a guère laissé de renseignements sur ses premières années de mission. Mais on peut supposer qu'elles furent empreintes du même zèle que les suivantes.

“Toute sa vie, dit un de ses compagnons, il eut le souci d'annoncer la Bonne Nouvelle, la venue du Christ sauveur, Christ rédempteur par la croix, Christ ressuscité : il aimait insuffler aux baptisés sa grande foi en la résurrection.” Le 27 avril 1954, il est nommé curé de Yako et de La Toden. Puis, le 13 janvier 1957, on le retrouve curé de Temnaoré. Il y restera jusqu'à la grande retraite qu'il fait à la Villa Cavaletti à partir du 13 janvier 1962. De retour le 29 juin, il est vicaire à Imansgo avant d'en devenir le curé le 7 mars 1963.

Suit alors, le 1er octobre 1963, une nomination en France dont il gardera un bon souvenir : il assure, durant quatre ans, l'économat et le service de Vivante Afrique, rue Roger Verlomme, à Paris. Il retrouve la Haute-Volta le 23 novembre 1967, comme curé de l'immense paroisse de Burzanga, peuplée de quelque 110 000 habitants de diverses ethnies, dont plus de la moitié étaient islamisés : ses lettres décrivent les difficultés rencontrées pour quadriller cet immense territoire, visiter les rares chrétiens dispersés, conjuguer développement et évangélisation en équilibrant le temps à donner aux microréalisations lancées par le Secours catholique. Mais il s'y donne à fond avec ses confrères. Avant ses congés, il s'enquiert des sessions possibles et dit volontiers le profit qu'il en a tiré. “Chef à la tête bien faite, intelligent, précis au point d'en être pointilleux, doué d'une mémoire exceptionnelle, capable de débrouiller des situations difficiles, grâce à une bonne connaissance du milieu mossi et de sa langue”, dit-on de lui.

Le 15 octobre 1969, ses qualités de pasteur lui valent d'être nommé à Gourcy où – chose nouvelle - sévit une grève de catéchistes, mécontents, semble-t-il, des nouvelles dispositions issues de Vatican II. Il ramène la paix tout en veillant à ce que les grévistes acceptent, désormais, non plus un rôle de responsables, mais celui d'animateurs spirituels des communautés qu'on leur confie.

Après deux ans, le 1er octobre 1971, il retrouve la mission de Burzanga et juste un an après, celle de Baam, toujours comme curé ; il semble accepter sans barguigner ces nombreux changements. Il reste plus de six ans à Baam, luttant notamment en 1973 pour soulager les gens de la famine causée par la sécheresse, avant de rejoindre Titao, le 29 janvier 1979 où, chose typiquement Père Blanc, il devient vicaire du Père Clochard, dont il a été le curé à Baam. Cette nomination dément ainsi la crainte d'un supérieur qui, voyant cet homme très organisé dans son travail, mais un tantinet autoritaire, pensait qu'il serait difficile de le reclasser ‘dans le rang’.

Après un court séjour comme vicaire à Ouahigouya, il retrouve, le 1er octobre 1979, son grand poste de Burzanga et en reste le curé jusqu'au 30 juin 1992, avec les seules interruptions de la Grande Retraite à Jérusalem en juin 1986 et d'un séjour à l'hôpital pour opération de la vésicule biliaire, fin 1987. Hormis cet accroc, son courrier est vide de bulletins de santé.

Roger aura été curé durant 31 ans, dans sept paroisses des diocèses actuels de Koudougou et Ouahigouya, dont 16 ans à Burzanga. Il sera encore vicaire à Seguenega, jusqu'au 21 mai 1998, mais le poids des ans se faisant tout de même sentir, il décide de retourner définitivement en France. Il part le cœur serein : il a vu naître l'épiscopat burkinabè, de petits groupes de chrétiens devenir paroisses, et les vocations de prêtres, de religieuses, de catéchistes, voire de missionnaires, se multiplier.

En France, il ne peut demeurer inactif. Après avoir hésité entre diverses propositions des supérieurs, il opte pour Mours où il trouvera un apostolat auprès des malades et des personnes âgées. Il devient donc aumônier adjoint de l'hôpital de Beaumont-sur-Oise et de l'Isle-Adam, trouvant beaucoup de consolations dans ce ministère. Bientôt cependant, il lui faut renoncer, la fatigue allant s'accentuant, mais on doit se gendarmer quelque peu pour qu'il cesse totalement ses visites.

Alors qu'il renâclait un peu à rejoindre la maison de retraite de Billère, car il aurait préféré celle de Tassy où la présence de résidents laïcs lui aurait, pensait-il, permis encore de servir, notre Père du ciel le rappela à Lui, après une courte hospitalisation à Pontoise. Les obsèques, dans notre chapelle de Mours, furent l'occasion de rendre grâce et de prier pour cet homme de foi et de prière, missionnaire missionnant qui donna toutes les belles années de sa vie à l'Église et à l'Afrique.

Armand Duval





Père Maurice Rabin

1924 - - 2009

Maurice est né à Angers, France, le 30 septembre 1924, dans une famille profondément chrétienne : un de ses frères sera prêtre et deux de ses sœurs religieuses. Il est baptisé et confirmé en l'église Sainte-Madeleine d'Angers. Son père est maraîcher-horticulteur et Maurice travaille cinq ans avec lui, de 14 à 19 ans, avant que naisse sa vocation sacerdotale et missionnaire. Bon sang ne saurait mentir : quand meurt la maman, en avril 1977, le papa accepte, pour ne pas être à charge de ses enfants, d'entrer dans la maison de retraite que Maurice a trouvée pour lui, car, disait-il, “Il n'aspirait qu'à vivre désormais dans un lieu calme où il pourrait prier et, si possible, assister à la messe tous les jours.” 

Bien que Maurice n'y fasse pas allusion dans ses courriers, trois bulletins trimestriels attestent qu'il a fait la 6e secondaire au petit séminaire de Beaupréau, en 1942-1943 : ses résultats sont moyens, mais le directeur le note alors “en progrès”. Il doit finalement renoncer, et c'est en ‘vocation tardive’ qu'il fait plus tard ses études secondaires à Saint-Laurent-d'Olt et à Bon­nelles. En 1948, il entre à Kerlois pour la philosophie scolastique, fait, en 1950-51, le noviciat à Maison-Carrée et commence la théologie à Thibar de 1951 à 1954, études qu'il termine au grand séminaire d'Angers de 1954 à 1956, car son état de santé laisse craindre qu'il ne puisse tenir sous les climats pénibles de l'Afrique. Il est ordonné prêtre à Angers, des mains de Mgr Chappoulie, le 29 juin 1956.

Sa santé s'étant raffermie, il demande à être réintégré dans la Société, ce qui lui est accordé par le Conseil général avec l'accord de l'évêque d'Angers. Nommé au diocèse de Bobo-Dioulasso, il fait son temps de probation à Dioukélé, en 1957, dans un poste en fondation chez les Sénoufos, puis à Dano, au pays Dagari, où il apprend avec joie son admission et se prépare à prononcer son Serment le 4 décembre 1958. Assidu à l'étude de la langue, il la parle suffisamment pour accomplir son ministère.

Très tôt, débutent pour lui des ennuis de santé et il est rapatrié sanitaire le 2 janvier 1961. Il est atteint d'un double typhus, de ces rickettsioses que le Père Goarnisson considérait comme le troisième fléau de l'Afrique après le paludisme et les amibiases. L'une des caractéristiques de ce type de typhus est la possibilité de récidives. Plus tard, consulté sans doute par Maurice, le Père Goarnisson lui prescrit une série de remèdes pour éviter ces rechutes à l'avenir. Il s'apprêtait d'ailleurs à faire une communication avec le Père Blanc sur le sujet et à y consacrer un article important dans une nouvelle édition de son Guide Médical Africain. Ces maladies attaquent divers organes, notamment le cœur, ce qui fut le cas pour Maurice.

Après un long repos, Maurice fait sa Grande Retraite à Rome à partir du 22 septembre 1962. Une fois celle-ci terminée, il va en pèlerinage à Lisieux avec ses frères et sœurs pour confier à sainte Thérèse sa mission et rejoint ensuite Diébougou où il travaille du 15 décembre 1962 au 15 mai 1966, date à laquelle il est nommé vicaire à Dissin.

À partir de cette date, son courrier sera une longue suite de bulletins de santé. Un infarctus, en 1968, entraîne un séjour en Suisse, puis à l'hôpital Léopold d'Anvers. À peine revenu en mission, il est de nouveau rapatrié sanitaire en juin 1969. Il comprend alors que s'impose à lui un retour définitif en France : les atteintes successives du typhus ont provoqué une coronarite et de l'angine de poitrine.

Nommé à Mours, il cherche, avec l'aide de ses supérieurs, la meilleure insertion possible, compte tenu de son état de santé. Une proposition de l’évêque du diocèse d'Angers, disposé à le prendre comme prêtre auxiliaire à la cathédrale, tourne court. Il commence dès lors à aider le curé de Nointel qui est âgé de 82 ans, tout en assurant un ministère à L'Isle-Adam, où il a trouvé un bon médecin. Finalement, le 3 avril 1973, il est nommé, par l'évêque de Pontoise, curé de Nointel puis, à partir de 1981, de Nointel et Mours, charges qu'il combinera durant plusieurs années avec deux journées d'accueil et de confessions par semaine à Notre-Dame de Clignancourt (Paris XVIIIe).

On le sent profondément attaché aux Pères Blancs, conscient de continuer à faire un vrai travail missionnaire, accompagnant d'éventuelles vocations, signalant au Provincial que tel poste disponible pourrait convenir à un Père de faible santé comme lui. Lorsqu'il fête ses 25 ans de sacerdoce le 9 juillet 1981, il se réjouit grandement qu'un jeune de Nointel ait décidé d'entrer au Séminaire d'Issy-les-Mouli­neaux.

Son témoignage de vie est sans doute pour quelque chose dans la démarche de ce jeune de Nointel : “Il était très dynamique, disent les paroissiens : il dirigeait bien ses deux paroisses. Il était proche des gens tout en étant discret. Il avait l'art de faire participer les paroissiens à la liturgie. Il était vivant en catéchèse et les enfants l'aimaient bien.”

Devant l'expansion de Mours, la chapelle des Pères Blancs ne suffit plus à l'accueil des chrétiens le dimanche. Le Père Maurice s'investit avec ses paroissiens dans la construction d'une petite église. Mais il doit renoncer à la cure de Nointel-Mours en 1996.

De nouveaux problèmes cardiaques exigent la pose d'un pacemaker à la clinique Alleret. Il est alors nommé aumônier de l'hôpital de L'Isle-Adam où il visite assidûment les malades chaque après-midi, malgré une fatigue grandissante. Après six ans, il donne sa démission et se retire à Billère le 15 septembre 2002, alors qu'il va fêter ses 78 ans. Peu à peu, sa santé se dégrade, il devient dépendant, mais garde jusqu'au bout sa foi profonde, accompagnant des lèvres la prière avec ses visiteurs occasionnels, jusqu'à ce que le Seigneur le rappelle à lui le 4 avril 2009, à l'hôpital de Billère.

On a trouvé, sur une étagère, un texte qu'il avait écrit en la fête de la sainte Croix, le 13 septembre 2000. Il terminait par ces mots : “Si la Croix, objet de mépris, est devenue pour nous source de salut, confions-nous à la miséricorde de Dieu qui veut pardonner nos fautes et nous ouvrir un jour largement les portes de son royaume”.

Humble, soumis à la volonté de Dieu, Maurice avait fait sienne la profession de foi de sainte Thérèse : “Je voudrais être missionnaire. Malgré ma petitesse, je voudrais éclairer les âmes comme l’ont fait les prophètes, les docteurs. J'ai la vocation d'être apôtre.” Comment douter de l'accueil que lui aura réservé le Seigneur ?
Qu’il repose en paix.

Armand Duval




Frère Jean-Martial Lenain

1927 - - 2009

Jean-Martial naquit de parents bretons, le 29 janvier 1927 à Nucourt, aujourd'hui, diocèse de Pontoise, dans la région parisienne. Son père était propriétaire carrier de 'La pierre de France' et chef de travaux. Orphelin, confié à l'Assistance publique, il semble qu'il ait été sans nouvelles de sa sœur et de son frère durant de longues années, ce qui explique sans doute son hypersensibilité et, parfois, des sautes d'humeur. Après l'école primaire à Buzenval, chez les Frères des Écoles Chrétiennes, il fait trois années d'études techniques en bâtiment et un cours de dessin-peinture, chez les Lazaristes dont, dira-t-il, “il admira la générosité et leur humble service des jeunes”. Mis très tôt en apprentissage, il y acquiert un certificat en maroquinerie.

Suite à une conférence du Père Clou, il se sent appelé au service de la mission comme Frère. Entré au postulat à Antilly, il fait son premier serment à Bonnelles le 6 octobre 1947. Après son service militaire, commencé le 15 novembre 1948, où il acquiert le brevet d'éducation physique, il est mis à la disposition du Provincial de France, le 10 juillet 1950, et passe successivement de Paris, rue Friant, à Kerlois, le 16 août 1952 et, le 31 juillet 1954, à Mours où il fait son serment perpétuel.

Ses formateurs se montrent circonspects quant à ses qualités pour accomplir les travaux les plus divers qu’on confiait alors aux Frères dans des diocèses en pleine expansion. Tout en admettant qu'il n'a pas toujours reçu l'aide voulue, on loue son attachement à sa vocation, mais on craint qu'il ne développe un complexe d'infériorité. Son curriculum vitæ démentira leur pessimisme sur ce point précis.

Nommé au Burundi, il arrive le 26 septembre 1955 à Rumeza, dans le diocèse de Gitega, où il se met à l’étude de la langue. C’est, sur le plan professionnel, le déclic. Bien aidé par le Père Blokx, “il s'intéresse énormément aux constructions”, remarque son supérieur régional et ce sera, de fait, son travail de prédilection. Vont suivre quantité de travaux dont il nous a daté les débuts.

Le 11 mars 1956, il entreprend de construire une école et fait les fondations d'un couvent à Makebuko puis, le 1er février 1957, à Muyaga, ce sont deux écoles, un dispensaire et la remise en état du foyer du catéchuménat. On lui demande ensuite d'agrandir une école à Rusengo, le 15 juillet 1959, et de construire à Gitwengé tout en s'occupant de l'économat, le 30 janvier 1961. Juste un an plus tard, il devient adjoint de l'économe général de Ngozi. Le 3 mai 1963, suite des constructions à Rusengo.

Après quoi, le 6 mars 1964, il participe à la fondation du poste de Gishungu et s'occupe du garage dans le diocèse de Gitega. Le 6 juillet 1965, bien aidé du Père Michellod, il se lance dans la construction de l'église de Gitwengé. À partir du 31 janvier 1966, il bâtit couvent et église à Nyabikére, chez les Pères Théatins, puis, le 6 septembre 1969, la maison des sœurs et leur dispensaire sortent de terre à Kitaramuka.

Nous voilà en 1970, à Muyinga, où il va bâtir église, écoles et gîte. Il fera de même, le 5 novembre 1971, à Martyazo, dans le diocèse de Bururi. Le 10 octobre 1972, on lui confie la construction de l'école normale de Rutovu et des maisons du collège : on apprécie son travail soigné et ses compétences acquises en électricité, soudure, menuiserie. Le 15 novembre 1974, on l'envoie à Rutana pour bâtir le couvent des sœurs. Le 11 novembre 1975, c'est la construction d'une école secondaire à Butwé et, le 8 octobre 1978, l'école d'application et un centre pour handicapés à Gitega. Restait à agrandir l'église et à munir la mission de Bubanza d'écoles primaires et d’un centre de catéchuménat du 5 avril 1981 au 6 mars 1983. Comme une respiration spirituelle après cette série haletante de travaux, il fait la session-retraite de Jérusalem du 3 juin au 19 août 1981.

Jusqu'en 1986, il est employé à Gitega, notamment pour l'hôpital. Le gouvernement burundais a-t-il pitié de lui ? Toujours est-il que le 7 mai 1987, comme nombre de confrères, Jean-Martial bénéficie de vacances forcées. Mais, dès le 15 septembre 1988, il est de retour, et le 18 décembre, commence la construction d'un couvent, d'un dispensaire et d'une école à Muroré, Kirundo.

Le 21 décembre 1992, on le retrouve à Shatanya, puis à Rubanga pour six maisons de professeurs et à Gitega pour la maison d'accueil des candidats Missionnaires d’Afrique et autres bâtiments. Dans un document écrit sans doute lors de son jubilé de 50 ans de serment, intitulé ‘un Frère Père Blanc à l'école de saint Joseph’, il dit : “Le Burundi était en plein développement, alors je passais de chantiers en chantiers. Ma vie missionnaire ? Pas de grands discours, mais l'humble service. Saint Joseph n'a-t-il pas été le Silencieux ?”

Le Père Wally Neven, qui fut son supérieur régional, dit de lui : “Jean est le seul frère constructeur du style ancien. Frère qu'on déplace selon les besoins des diocèses et d'autres organisations. Il a acquis une bonne compétence. Il s'est formé sérieusement dans l'art des charpentes métalliques. Il aime les grands chantiers. 'Cela me prend tout entier, et c'est bénéfique', disait-il.”

Le même Père, qu'il appréciait beaucoup, note que si certains Pères, comme Edward Schoofs, ont été pour Jean un soutien aux heures difficiles, on ne l'avait pas toujours suffisamment aidé. Jean Martial avait une foi simple, sans détour, une grande fidélité au chapelet quotidien. Pour sa détente, il avait l'un ou l'autre hobby : collection de timbres et de pierres, et la peinture, le dessin, un talent qu'on aurait peut-être dû l'aider à développer. Certes, il a son franc parler, parfois un peu brutal en ses expressions, mais ses colères ne durent pas. Il parle peu de ses congés, n'y trouvant pas, avant les tardives retrouvailles aves son frère et sa sœur, le nid familial que tout missionnaire est heureux de rejoindre pour un temps de repos : cela peut expliquer une amertume latente. Certains ont porté sur lui des jugements sévères, mais, loyalement, nous devons tous nous demander : Moi ? L'ai-je assez aimé ? Jean fut-il assez soutenu, encouragé ? Eut-il à qui se confier dans les moments plus durs ? Quoi qu'il en soit, il a laissé sa marque, et une fort belle marque, dans nombre de postes du Burundi.

Tombé gravement malade, suite à une malaria tardivement soignée, il revient définitivement en France, non sans hésitations, le 28 septembre 1999, et est nommé à la rue Roger Verlomme. Deux ans plus tard, il se retire à Tassy, le 15 mai 2001, pour un repos bien mérité. Le Seigneur le rappela à lui, à l'Hôpital de Grasse, le 21 décembre 2009. Ses rares lettres s'achèvent toujours sur une demande de prières : nul doute qu'en France comme au Burundi, à l'annonce de son décès, bien des prières sont montées pour Jean-Martial vers le Père de miséricorde et de bonté.

Armand Duval




Père Thomas Conway

1915 - - 2009

A la messe des funérailles, un membre de la famille de Tom prononce un hommage émouvant de la part des autres membres qui n’ont pas pu être présents. Tom y est décrit comme une personne toujours disponible pour chacun d'eux, dans le bonheur comme dans les moments difficiles. L’on apprend également qu’il savait s’adapter à chacun selon son âge : enfants, adolescents ou adultes. Pour paraphraser un dramaturge anglais écrivant au sujet de son homonyme, saint Thomas More, Tom était “un homme de toutes les saisons”.

Cette description de Tom sera reprise, d'une autre manière, par un confrère lisant l’annonce de sa mort sur l'intranet. “Ça fait beaucoup de nominations?!”, s’exclame-t-il. En effet, ça fait beaucoup. Mais, c'est justement parce que Tom était toujours prêt à rendre service et parce qu'il avait un caractère facile en communauté, en particulier au cours de ses années passées dans la Province, qu’il a accepté, de bonne foi, toutes ces nominations.

Tom est né à Govan, Glasgow, le 18 juillet 1915. Il aurait été très heureux de savoir qu'il est inhumé dans la même église où ses parents s’étaient mariés et où il a été confirmé. Les temps sont durs et Tom grandit en étant très conscient d'appartenir à une grande famille, élargie et solidaire, où chacun trouve bien sa pla­ce. Rien d’étonnant qu'il quitte l'école très jeune et commence à travailler comme assistant épicier afin de subvenir aux besoins de sa famille. Il travaillera ainsi pendant dix ans avant de répondre à une ‘voix intérieure’ persistante l’appelant à la vocation missionnaire.

Ayant quitté l'école à un âge précoce, il lui sera demandé de passer deux ans (1939-1941) au collège pour vocations tardives tenu par les Jésuites à Osterley, Londres. Très vite, Tom s’adapte à ce nouvel environnement et s’applique bien aux cours supplémentaires, sans négliger sa responsabilité de doyen dans sa dernière année. Il gagne l’admiration et le respect des plus jeunes étudiants, ce qui sera confirmé maintes fois au cours de ses dernières années d'études dans la Société. Ici aussi, ses talents musicaux continuent à se développer et sont très appréciés. Il joue bien du piano et chante avec une voix fine qu’il conservera même dans ses derniers moments.

En raison des restrictions de voyage à cause de la guerre, Tom doit faire toutes ses études chez lui, avec d'autres séminaristes de la Province. Cette contrainte le prive d’un avant-goût de la vie communautaire internationale. Après Osterley, il débute ses études théologiques dans son Écosse natale, au Collège de Saint Colomban. Il fait son noviciat à Sutton Coldfield, à Birmingham, et la théologie à Rossington Hall dans le Yorkshire. Il gardera un bon souvenir de l'esprit de camaraderie qu’il y a trouvé.

Ses formateurs parlent de lui comme d’un homme respecté et aimé de tout le monde, au bon tempérament et gentil, qui a une influence ferme sur ses jeunes confrères plus exubérants ! Le 24 juin 1948, Tom est ordonné prêtre à Jedburgh, la paroisse la plus proche de notre communauté de Monteviot. Les photos de son ordination et bien d'autres sont toujours fièrement rangées dans les annales de la paroisse, et montrées à tout visiteur Missionnaire d'Afrique. Après l’ordination, Tom passera encore sept ans à servir la Province avant de partir pour l’Afrique. Bien que ces dernières années aient été décevantes pour lui, il ne l’affiche pas et accepte encore plusieurs nominations.

Il passe quelques temps au noviciat des Frères à Monteviot avant d’être nommé comme économe au petit séminaire de St Boswells. Mais la gestion des finances et les affaires pratiques d'un économe ne reposent pas facilement sur les épaules de Tom, même si c’est un excellent enseignant jouissant de bons rapports avec ses élèves. C’est peut-être pour cette raison qu’il sera transféré en Écosse, à la fin de 1953, comme ‘directeur de Propagande’. Son Pro­vincial écrit qu'il lui fait entièrement confiance, et qu'il a simplement à aller de l'avant “avec toute la dévotion à laquelle tu nous as habitués.”

Comme d’habitude, Tom accepte cette nomination, tout en exprimant quelques doutes sur ses compétences dans ce domaine. Mais il s’avèrera être à la hauteur pour faire de l’animation missionnaire et lever des fonds pour la Société. Ce sera également une base à partir de laquelle il va rayonner plus tard au service de la Province, à telle enseigne que, d’un bout à l’autre de l'Écosse, le nom de Tom Conway devient, dans les paroisses et les écoles, synonyme de Missionnaires d'Afrique et ce, jusqu'à sa mort. Il suffit de citer son nom pour que même les paroisses les plus réticentes vous ouvrent leurs portes. Pendant ce temps, il est le cofondateur de la maison qui, jusqu’à ce jour, est la pierre angulaire de notre présence en Écosse : Rutherglen, à Glasgow.

Vers la fin 1955, il part en Tanzanie. Dès son arrivée, outre l’apprentissage du swahili, il est nommé secrétaire de l'archevêque et aumônier des communautés anglaise et goan. La nomination tant attendue en paroisse ne se réalisera pas et, à la fin de son cours de langue, Tom se retrouve au séminaire d’Itaga. Quelque peu déçu, il accepte quand même la nomination en se disant que la formation du clergé diocésain est une tâche initiale, et en faisant sienne la réflexion du célèbre Père Johnny Brown : “Un ordre est un ordre”.

À Itaga, il est, comme d’habitude, très heureux dans son enseignement et de ses rapports avec les élèves, mais trouve toujours la tâche d’économe exigeante. Il profite de ses vacances pour faire de la pastorale et un peu d’animation vocationnelle pour le diocèse, comme il l’avait si bien fait en Écosse. Le contact épistolaire régulier qu’il garde avec le Provincial, ainsi que les visites d'autres confrères de la Province sont des motifs d’encouragement dans son ministère, et c’est avec quelques réticences qu’en 1960, il accepte de revenir en Province.

Cette deuxième période de service en Province devait durer jusqu'à son retour en Afrique, en 1969. Il passe une année comme économe au scolasticat de Totteridge, où il exerce une grande influence sur les scolastiques qui sont impressionnés par sa gentillesse, sa spiritualité tranquille et détendue. Péniblement, il prend son travail d’économe au sérieux et reste souvent éveillé jusque tard dans la nuit, au détriment de sa propre santé.

Heureusement pour lui, une nomination plus appropriée suivra. Il retrouve son Écosse natale comme supérieur de la maison qu'il a contribué à fonder, lui permettant ainsi de s’engager pleinement à faire connaître la Société. À l'époque, cela implique non seulement des prédications missionnaires, mais également de nombreux événements sociaux : soirées dansantes, collectes de fonds, etc. Quelle que soit l’occasion, notre confrère se sent bien dans sa peau et à l'aise avec tout le monde. Pour certains, il est à la fois un véritable gentilhomme et un ‘homme gentil’. D’ailleurs, sa voix magnifique est toujours sollicitée en pareilles circonstances.

Il prend au sérieux ses responsabilités de supérieur avec une tendance, toutefois, à se surcharger et à se faire du souci, ce qui lui vaudra de devoir prendre assez souvent une période de repos. Beaucoup de ses soucis sont infondés. En effet, il est estimé de tous et son autorité est facile à supporter dans la communauté. Les Provinciaux de l’époque le comblent d’éloges pour avoir recruté des candidats mûrs et sérieux. Épuisé par son travail, Tom se rend à Rome en 1964 pour faire la grande Retraite, ne sachant pas s’il ‘survivrait à la première semaine !’, selon ses propres termes. Ce sera pourtant un moment de grâce et de paix dont il gardera un très bon souvenir.

Avant de retourner en Afrique en 1969, il supervise la fermeture du petit séminaire dans la Province et l'ouverture d'une auberge pour jeunes hommes écossais à Édimbourg.

Pour son deuxième séjour en Afrique, Tom est nommé en Zambie, plus précisément au séminaire de Lubushi, pour y enseigner l'anglais. Encore une fois, il est populaire au­près des étudiants et se distingue par sa compétence. Mais au fil du temps, des conflits parmi le personnel sur des méthodes d'enseignement le mettent mal à l’aise. Il décide alors d’anticiper son congé régulier et part se reposer. Après un repos bien mérité, il retourne à Lubushi où, grâce au nouveau recteur, il trouve une situation plus décontractée. D’autre part, la présence de trois jeunes membres du ‘Volunteer Missionary Movement’ lui sera d’un grand soutien et vice versa. Il est d’ailleurs resté en contact avec l'un d'eux jusqu’à la fin de sa vie. Cependant, les tensions refont surface au séminaire et Tom retourne définitivement en Écosse en 1974.

Son retour en Province est salué par l'équipe provinciale et, naturellement, plusieurs nominations l’attendent. Tout d'abord, il se lance dans l’animation vocationnelle missionnaire en Angleterre et au Pays de Galles, avant de regagner l’Écosse comme supérieur à Glasgow. Hormis une courte période comme responsable du 1er Cycle et à la Maison provinciale, il restera en Écosse jusqu'à sa mort. Conseiller provincial à deux reprises, il va se montrer d’un grand soutien pour son Provincial. Les conseils de Tom sont toujours sages et bien mesurés.

En 1979, il cède la responsabilité de la maison de Glasgow tout en continuant à y résider. Son lien à long terme avec la maison et la fonction de celle-ci seront des atouts inestimables pour ceux qui le suivront, sans ou­blier le trésor de belles histoires et plaisanteries qu'il aime partager. La retraite ne figurant pas encore sur son agenda, Tom continuera à faire des prédications missionnaires et à aider les paroisses locales jusqu'à l’âge de 85 ans. Il aime particulièrement les soirées de rencontre, les événements propices à une collecte de fonds ainsi que les soirées dansantes grâce auxquelles la célèbre “Association des Parents et Amis” soutient le travail missionnaire de notre Société. À cau­se de sa longue association avec eux, il est souvent invité à assister aux événements familiaux et appelé à prodiguer des conseils. Parfois, com­me auparavant, le travail et le stress prennent le dessus et Tom est obligé de s’arrêter pour se reposer, en famil­le ou en paroisse. Mais il revient toujours à la tâche plein d’enthousiasme.

Ses sept premières années de retraite en communauté sont heureuses. Il célèbre son jubilé d'or de sacerdoce et son quatre-vingt-dixième anniversaire de naissance au milieu de nombreux confrères, de sa famille et de ses amis. Dans le calme de sa chambre, il s’adonne à la lecture, écoute la musique classique et redécouvre son talent pour la peinture.

Toute sa vie, Tom gardera la passion d’écrire des lettres. Les membres du bureau d’animation missionnaire pouvaient toujours compter sur lui pour les aider à écrire des lettres aux bienfaiteurs affligés. Il était clair qu'il manifestait de l'empathie et de la compréhension à l’égard de ceux qui souffraient. Toujours près de sa famille, notre confrère continuera à leur offrir à tout moment le soutien nécessaire. Ils y répondront avec beaucoup d'affection, en l’incluant dans leurs projets de vacances, dans leurs fêtes et en le visitant régulièrement.

Depuis les premiers jours du séminaire, on remarque que Tom possède une spiritualité profonde et calme. Rien d’étonnant qu’au cours de ses dernières années, il passe plusieurs heures par jour à prier à la chapelle. On peut toujours avoir recours à lui pour un petit entretien ou un conseil fraternel.

Malheureusement, en 2000, il est victime d’une attaque cérébrale. Après une longue et douloureuse période d'hospitalisation, il est transféré à la maison de repos des Soeurs Franciscaines à Glasgow. L’adapta­tion est difficile au début. Les effets de sa paralysie lui causent des frustrations, notamment son incapacité à marcher. Toutefois, avec le temps, il devient plus détendu et serein.

Tom gagne l’admiration des autres patients de la maison de repos. Il est toujours prêt à entonner spontanément un hymne ou un chant pendant la prière quotidienne du chapelet ou pendant une soirée. Une fois dans sa chambre, il continue à écouter de la musique et à regarder des vieux films, certains plusieurs fois par jour. Sa foi toujours grande, il n'a pas peur de la mort. C’est ainsi qu’un jour, ayant appris la mort de son confrère et ami de longue date, Jimmy Barry, Tom demande un verre de whisky, le lève et dit : “Bien joué, Jimmy, Dieu t’accueille. À bientôt !”.

Notre confrère Tom s’est éteint le 27 août 2009, après avoir reçu le sacrement des malades en présence de sa nièce et de son neveu. À son enterrement, le célébrant nous a rappelé les qualités remarquables de Tom : la tolérance, la compréhension, une foi simple et paisible. Il était, selon les termes de saint Paul, “tout à tous”. Sa foi a été une source d'inspiration pour tous, en particulier pour ceux qui n’en avaient pas ou dont la foi était chancelante.

Plusieurs fois, dans ses derniers jours, il a demandé aux membres de sa famille de ne pas s’attrister après sa mort, mais de dire : “C'est de celui qui faisait rire dont nous nous souviendrons”. C’est donc bien à propos que sa carte souvenir reprend les paroles de son homonyme, saint Thomas More qui, sur son lit de mort, déclarait : “Priez pour moi, comme je le ferai pour vous, afin que nous puissions nous retrouver dans la joie du ciel”.

Chris Wallbank




Père Henri Savatier

1923 - - 2009

La famille d'Henri vivait à Poitiers, place de la Cathédrale, mais il est né, deuxième d'une fratrie de 12, dans leur maison de vacances à Le Givre (85) le 30 août 1923. Il est baptisé le lendemain. “J'ai eu, écrit-il, une enfance et une jeunesse heureuses dans une famille nombreuse et unie, avec de nombreux cousins et cousines. Nous nous re­trouvions aux vacances dans les grandes demeures de nos grands-parents.” Une famille aisée aux convictions religieuses et patriotiques affirmées : le grand-père et le papa furent tour à tour maires de Poitiers, engagés au service des pauvres, résistants actifs durant la guerre, ce qui valut de longs mois de prison au papa, juriste réputé, doyen de la faculté de Droit de Poitiers.

À cette enfance comblée, Henri devra sa belle humeur, son amour de la nature, le souci de sa protection et du développement. Souffrant de dyslexie, maladie alors mal connue, nul en orthographe, en latin et en grec, il est considéré à tort par les Jésuites comme un cancre. Ayant dû redoubler la cinquième, on le confie à l'internat des Frères des Écoles Chrétiennes à Couhé-Vérac; il y acquiert le Brevet élémentaire, mais échoue plusieurs fois au baccalauréat, la faute sans doute à son orthographe fantaisiste. Son goût allant vers le dessin, on l'inscrit à l'école ABC de dessin où il apprend beaucoup, et aux Beaux-arts de la ‘Maison du Peuple’, où il n'apprend rien. Une de ses tantes l'initie à l'aquarelle, qui sera son hobby. Deux prêtres, amis des Savatier, ont sur lui une heureuse influence, les abbés Pierre et Paul Boinot, successivement vicaire et curé de la cathédrale, issus d'une famille qui devait donner six prêtres à l'Église, dont nos Pères François et Xavier Boinot. Quand il se sent lui-même attiré par les Pères Blancs où se trouvent déjà deux cousins de son père, François et Paul de la Martinière, il étudie longtemps sa vocation sous la direction de l'abbé de Ligugé, Dom Troussard.

Quand, en 1942, notre philosophat de Kerlois est évacué sur Béruges, près de Poitiers, Henri demande à y être admis. Et là, il se révèle d'emblée excellent élève. Malgré une nervosité excessive, qui lui rend difficile la parole en public, il est noté, et le sera désormais, comme un garçon d'une intelligence vive et très personnelle, travailleur acharné, riche de ressources profondes, délicat envers les autres et de vie intérieure sérieuse. On lui reproche seulement, et on lui reprochera toujours, son indifférence pour son apparence extérieure et une gaucherie dont il ne guérira pas. Après le service militaire à Saint-Maixent et Meucon (Morbihan), un service qui l'amène à Oran, il termine sa philosophie à Thibar, fait son noviciat à Carthage, sous la direction du Père Gelot. Puis c’est la théologie, le serment, le 27 juin 1950, à Thibar et la prêtrise à Carthage, le 29 mars 1951.

Nommé au Mali, à la préfecture apostolique de Kayes, on le trouve, le 9 décembre 1951 à Guéné-Goré où, vicaire, il apprend le malinké, sans grammaire ni lexique, mais avec l'aide précieuse du Père Rey : durant les tournées, souvent à pied ou à vélo, il approfondira ses connaissances en soignant les malades, en visitant les gens et les écoles. Le 27 juin 1954, il passe à Kakulu, mais revient à Guéné-Goré dès le 24 janvier 1955. À la demande de Mgr Courtois, il y lance une école de catéchistes et l'anime durant deux ans.

Après un congé en France, il est nommé, le 27 juin 1959, vicaire à Kassama, un gros village malinké, puis, en 1963, en devient le curé jusqu'à la grande retraite du 19 septembre au 20 octobre 1964 à Villa Cavaletti. Au retour, il reprend son poste à Kassama jusqu'à sa nomination comme vicaire à Kakulu, le 6 janvier 1970. Il en deviendra le supérieur le 29 juin 1979 jusqu'en janvier 1982. C'est en ces années-là qu'il lance avec ses confrères “les périmètres irrigués, le long du fleuve, en vue d'un développement durable”.

Il est alors nommé vicaire à Mahina, avec le Père Rey. On l’y voit souvent sur les routes, allant visiter la desserte de Diamou et les ouvriers et techniciens du barrage de Manantali ; il y assure la messe, enseigne le catéchisme aux enfants européens comme aux chrétiens maliens. “Il était capable, dit son supérieur régional, de faire 200 km pour voir un seul chrétien”, comme celui de Oussoubidyanya qu'il avait présenté aux protestants norvégiens pour les aider dans leur traduction de la Bible en khasonké. Après la session-retraite de Jérusalem, fin 1984, il revient à Mahina le 20 janvier 1985, un poste bientôt fermé, qu'il continuera de visiter depuis Kayes.

En 1988, il prend la succession des abbés maliens, à Kakulu, comme vicaire du Père Bob Diercks : “Il reste le même, dit le même supérieur, grand cœur, très généreux (trop, sans doute) ; c'est aussi un impulsif, l'action devançant la réflexion ou la mise en commun, et cela déroute un peu. Comme responsable, il est peu écouté, pourtant charmant confrère quand on l'accepte comme il est. J'étais très heureux de vivre avec lui.” “Très surnaturel, homme de foi, détaché, note un autre ; c'est pourquoi il donne trop facilement.” Depuis les années 60, il est aussi en contact avec les moines de Keur Moussa au Sénégal, les incitant à fonder au Mali, encore dépourvu de communauté contemplative. Il leur fournit les calebasses nécessaires à la fabrication de belles koras aux 21 cordes, l'instrument traditionnel des griots dont les moines ont amélioré la finition.

Kakulu sera son dernier poste, jusqu'au 14 mars 1999, date de son retour définitif en France. Il est nommé à Tassy, après 48 ans sous le terrible soleil du Mali. Arrivé sur une civière, après une opération à Lorient et une septicémie qui le plongea dans le coma, il reprend des forces au mi­lieu des champs de lavande. Avec son pliant, ses pinceaux et ses boîtes de couleurs, il fait sous le ciel varois de fort belles aquarelles, parfois vendues au profit de son cher Mali. Il travaille aussi à Callian, chez les Sœurs de N-D de Sion, à la mise au point d'un dictionnaire khasonké-français, se rappelant ses débuts difficiles ; son cœur est resté là-bas, comme en témoigne une volumineuse correspondance. Le 20 décembre 2009, il décède à l'hôpital de Grasse, rejoignant, dans le cimetière de Tassy, bien des confrères amis.

Nul doute que le Seigneur a donné la récompense à cet artiste au grand cœur, apôtre tout donné, une récompense que demandèrent pour lui ses confrères de Tassy et d'ailleurs, les membres de sa nombreuse famille et ses innombrables amis du Mali, musulmans ou chrétiens.

Armand Duval



PROFILES

Father Roger Fagnot

1924 - - 2009

Roger was born on the 28th December 1924 at Roubaix (Diocese of Lille). There were ten children in the family, two of whom died in infancy. Two of Roger’s sisters became Daughters of Charity. His older brother, ordained a priest for the Diocese of Lille, died accidentally in 1960. Roger was baptised on the 1st January 1925 and received Confirmation on the 3rd June 1936 in the parish of St. John the Baptist. He did his secondary studies at the College of Our Lady of Victories, where he learned scouting and Catholic Action.

From 1941 till 1943, although he had already expressed his wish to become a White Father, he studied philosophy at Lille Seminary due to the War, with the consent of Cardinal Liénart. His novitiate, begun at Tournus in September 1943 was interrupted from March till October 1944 to escape enrolment in the enemy STO (Service de Travail Obligatoire) in Germany. Roger went into hiding at Bellegarde, perhaps due to the proximity of the Swiss border.

He resumed his novitiate from October 1944 till September 1945 and then began theology at Altkirch before finally reaching Tunisia. From January 1946 till 1949, he continued his theology at Thibar, where he took his Missionary Oath on the 31st January 1948. He was ordained a priest on the 30th June the same year. Those in charge of his Formation saw in him a gifted and thoughtful scholastic who would make a fine missionary.

He received an appointment for the Prefecture Apostolic of Koudougou, Upper Volta. He arrived at Ouahigouya on the 28th May 1949 and learned Moore, acquiring a thorough command of this language over the years. Accordingly, he was appointed parish priest at La Toden, from the 14th April 1951. Clearly a shy writer, he has left us hardly any information on his first years of mission. However, we may assume they were invested with the same zeal as those that followed.

One of his companions wrote, ‘Throughout his life, he was intent on proclaiming the Good News, the coming of Christ the Saviour, Christ the Redeemer by his cross, Christ Risen. He liked to insufflate his great faith in the resurrection on the baptised.’ On the 27th April 1954, he was appointed parish priest of Yako and La Toden. Then on the 13th January 1957, he became parish priest of Temnaoré. He was to remain there until the Long Retreat he made at Villa Caveletti from the 13th January 1962. Back on the 29th June, he became curate at Imansgo before becoming the parish priest from the 7th March 1963.

Then came an appointment to France on the 1st October 1963 of which he kept fond memories: for four years, he was bursar and at the service of Vivante Afrique, Rue Roger Verlomme, Paris. He returned to Upper Volta on the 23rd November 1967 as parish priest of the huge parish of Burzanga, with a population of 110,000 from various ethnic origins, over half of whom were islamised. His letters describe the difficulties in covering this immense territory, visiting the sparse number of scattered Christians, balancing development and evangelisation in terms of time expended on micro-realisations launched by Secours Catholique (Caritas France). However, he and his confreres gave the best of themselves.

Before his home leaves, he would enquire about possible sessions and then share the benefit he drew from them. They said of him, ‘He was a level-headed leader, intelligent, precise to the point of being fussy. Endowed with an exceptional memory, he was able to handle difficult situations well, thanks to a good knowledge of the Mossi environment and language.’

Therefore, on the 15th October 1969, his qualities as a pastor of souls merited his appointment to Gourcy, where a strike by catechists - a novel feature - was going on. It seems they were unhappy about new arrangements issued by Vatican II. He restored peace, while ensuring that the strikers accept from then on a role of not just managing, but of becoming spiritual leaders in the communities entrusted to them. After two years, on the 1st October 1971, he returned to Burzanga mission and exactly a year afterwards, to Baam, again as parish priest. He appeared to accept these many changes without shilly-shallying. He remained over six years at Baam, campaigning notably in 1973 to combat the famine caused by drought, before going to Titao on the 29th January 1979.

There, in a classic White Father move, he became curate to Father Clochard, whose parish priest he had been at Baam. In this way, he defused the fear of a superior, who, having seeing this somewhat authoritarian well-organised person at work, had thought it would be hard for him to ‘return to the ranks’.

After a short time as curate at Ouahigouya, he returned to his major post of Burzanga, on the 1st October 1979. He remained parish priest there until the 30th June 1992, interrupted only by the Long Retreat at Jerusalem in June 1986 and a hospitalisation for gall bladder surgery in late 1987.

Apart from this hitch, his correspondence contains no health bulletins. He would be parish priest for 31 years in seven parishes of the present-day dioceses of Koudougou and Ouahigouya, of which 16 in Burzaga. He was also curate at Seguenega until the 21st May 1998. However, the weight of years made itself felt and he decided to return to France for good. He left with peace in his heart. He had witnessed the emergence of the Burkinabe Epis­copate, small groups of Christians becoming parishes and the vocations of priests, Sisters, catechists, even of missionaries, flourish.

In France, he could not remain idle. After hesitating between various proposals from superiors, he opted for Mours, where he would begin an apostolate towards the sick and the aged. He therefore became assistant chaplain to the hospitals of Beaumont-sur-Oise and the Isle-Adam, finding much consolation in this ministry. Very soon, however, he would have to let go of it, as fatigue became acute. Nevertheless, a strong line had to be taken with him to give up all his visits.

Somewhat reluctant to go to the retirement community of Billère, he would have preferred Tassy, where the lay residents would have enabled him to still be of service. This was resolved when our Heavenly Father called him to Himself on the 15th November 2009, after Roger’s brief hospitalisation at Pontoise.

The funeral liturgy in our chapel at Mours was an opportunity to give thanks and to pray for this man of faith and prayer, a missionary at work, giving the best of years of his life to the Church and to Africa.

Armand Duval





Father Maurice Rabin

1924 - - 2009

Maurice was born on the 30th September 1924 at Angers, France, into a deeply Christian family. One of his brothers became a priest and two of his sisters became nuns. He was baptised and confirmed in the parish of Sainte-Madeleine, Angers. His father was a market-gardener and florist and Maurice worked five years with him, from age 14 to 19, before the disclosing of his missionary and priestly vocation. What’s bred in the bone will come out in the flesh: when his mother died in April 1977, his Dad accepted to go into a retirement home, so as not to be a liability on his children. Maurice found it for him, as he said, ‘He only sought to live from then on in a quiet spot where he could pray and if possible attend daily Mass.’

Although Maurice did not make reference to it in his correspondence, three term reports testify that he did his 6th Form at the Junior Seminary of Beaupréau, from 1942-1943. His results were average, but the Rector noted, ‘making progress.’ He had to give up, finally, as it was as a late vocation that he did his secondary studies at Saint-Laurent-d'Olt and Bonnelles.

In 1948, he entered the philosophy scholasticate of Kerlois. He then did the novitiate from 1950-1951 at Maison Carrée and began theology at Thibar from 1951-1954. He completed these studies at the Major Seminary of Angers from 1954-1956, as his state of health led to the fear that he would be unable to withstand the harrowing climate of Africa. He received the priesthood at Angers, on the 29th June 1956, from the hands of Bishop Chappoulie.

However, his health returned and he then asked to be reintegrated into the Society, which was agreed to by the General Council and the Bishop of Angers. Appointed to the diocese of Bobo-Dioulasso, he did his probation at Dioukélé, in 1957, in a mission post founded among the Senoufo, then at Dano, in Dagari country, where with joy he learned of his acceptance and prepared to take his Oath on the 4th December 1958. Persevering in the study of the language, he spoke it well enough for his ministry.

However, health problems began very early on for him and he was repatriated for health reasons on the 2nd January 1961. He had a double typhus, from ticks that Father Goar­nisson considered the 3rd plague of Africa after malaria and amoebas. One of the characteristics of this type of typhus was its possible re­currence. Later, consulted no doubt by Maurice, Father Goarnisson prescribed a series of remedies for him to avoid recurrence in the future. Moreover, he was about to write to the White Father on this topic and to devote a substantial article to it in his new edition of his Guide Médical Africain. These illnesses attack various organs, notably the heart, which was the case for Maurice.

After a lengthy rest, he did his Long Retreat at Rome from the 22nd September 1962. Once this was over, he went on pilgrimage with his brothers and sister to Lisieux to entrust his mission to Saint Therese. He went back again to Diébougou, where he worked from the 15th December 1962 till the 15th May 1966, when he was appointed curate at Dissin.

From this date onwards, his correspondence was one long series of health reports. A heart attack in 1968 led to a stay in Switzerland, then a stay at the Léopold d'Anvers Hospital. Hardly back in the mission, he was once again repatriated for health reasons in June 1969. He understood that a return to France for good was indicated. Repeated recurrences of typhus had provoked arterial problems and angina pectoris.

Appointed to Mours, he tried to find the best way to continue, with the help of his Superiors, taking account of his state of health. This came to a sudden stop when a proposal came from the Diocese of Angers to take him on as an auxiliary priest at the Cathedral. He then began to help the parish priest of Nointel, aged 82, while providing services at L'Isle-Adam, where he had found a good doctor.

Finally, on the 3rd April 1973, he was appointed parish priest of Nointel by the Bishop of Pontoise and from 1981, of Nointel and Mours. He would combine these two responsibilities for several years with two days of office reception and Confessions every week at Notre-Dame de Clignancourt, Paris.

He was visibly deeply attached to the White Fathers. He was committed to continuing a genuine missionary task, accompanying possible vocation prospects, pointing out to the Provincial one or other available postings for a Father with weak health like himself. During the celebration of his 25 years of priesthood on the 9th July 1981, he was overjoyed that a young man from Nointel had decided to enter the seminary at Issy-les-Moulineaux. His parishioners said, ‘He was very dynamic and ran both parishes well. He was close to the people with due discretion. He had an art for bringing the parishioners into the liturgy. He was lively in catechesis and the children liked him a lot.’

Due to expansion at Mours, the White Fathers’ chapel was no longer sufficient to accommodate all the parishioners on Sundays. Maurice and his parishioners set about building a little church. However in 1966, he had to give up the parish of Nointel-Mours. New cardiac problems required the inserting of a pacemaker at the Alleret Clinic. He was then appointed chaplain to L'Isle-Adam Hospital, where he diligently visited the sick every afternoon, in spite of increasing fatigue.

After six years, on the 15th September 2002, he resigned and retired to Billère, just when he was due to celebrate his 78th birthday. His health diminished by degrees and he became dependent, but kept his deep faith until the end. He would move his lips in prayer with his occasional visitors, until the Lord called him to Himself on the 4th April 2009, at Billère Hospital.

On a bookshelf we found a text he wrote on the Feast of the Holy Cross, the 13th September 2000. It finished with these words: ‘If the Cross, an object of scorn, has become for us a source of salvation, let us trust in the mercy of God who wants to pardon our faults and one day open wide to us the gates of his kingdom.’

Humble, submissive to the will of God, he had made his own the profession of faith of Saint Therese: ‘I would like to be a missionary. In spite of my small size, I would like to enlighten souls, just as the Prophets and the Doctors. I have the vocation of an apostle.’ How can we doubt the welcome the Lord will have reserved for him?

Armand Duval




Brother Jean-Martial Lenain

1927 - - 2009

Jean-Martial, whose parents were from Brittany, was born on the 29th January 1927 at Nucourt, nowadays in the diocese of Pontoise in the Paris region. His father was a quarry manager proprietor of ‘La Pierre de France’. Orphaned, Jean-Martial was entrusted to Public Assistance. It seems he had no news of his sister and brother for many years. This would explain his hypersensitivity and, on occasion, his mood-swings.

After primary schooling at Buzenval with the Brothers of the Christian Schools, he did three years of technical studies in construction and a course in drawing and painting with the Vincentians. He said of them that he admired their humble service and generosity towards youth. Taken on very early as an apprentice, he gained a certificate in leatherwork.

Following on a talk from Father Clou, he felt called to missionary service as a Brother. Having entered as a postulant at Antilly, he took his First Oath at Bonnelles on the 6th October 1947. After his military service, begun on the 15th November 1948, during which he gained a certificate in physical education, he was put at the service of the French Provincial on the 10th July 1950. He was appointed, in succession, to Rue Friant, Paris, then to Kerlois on the 16th August 1952 and to Mours on the 31st July 1954, where he took his Perpetual Oath.

Those in charge of his training were guarded in relation to his qualities for the very wide range of tasks then entrusted to Brothers in the then expanding dioceses. While admitting that he had not always received the required assistance, he was praised for his attachment to his vocation, but there was a fear he would develop an inferiority complex. His curriculum vitæ would disprove their pessimism in this regard.

Appointed to Burundi, he arrived at Rumeza in Gitega Diocese on the 26th September 1955, where he began to learn the language. On the professional plane, this was the trigger. Much supported by Father Blokx, ‘He became enormously interested in building,’ as his Regional Superior wrote. This would be his favourite activity. A quantity of construction contracts would follow, whose beginnings he dated. On the 11th March 1956, he undertook the building of a school and laid the foundations of a convent at Makebuko. On the 1st February 1957, at Mugaya, he began two schools, a dispensary and the renovation of lodgings for the catechumenate. He was then asked to extend the school at Rusengo on the 15th July 1959 and on the 30th January 1961 to build at Gitwengé, while looking after the bursar’s office.

Only a year later, he became Associate Treasurer General of Ngozi. On the 3rd May 1963, there was the continuation of the building work at Rusengo. After this, on the 6th March 1964, he took part in the foundation of the post of Gishungu and looked after the garage. This was in Gitega Diocese. On the 6th July 1965, greatly assisted by Father Michellod, he began building the church at Gitwengé. From the 31st January 1966, he built the convent and church at Nyabikére for the Theatine Fathers, and then on the 6th September 1969, the Sisters house and their dispensary rose from ground level at Kitaramuka. At Muyinga, as early as 1970, he built the church, schools and a hostel, repeating this programme from the 5th November 1971 at Martyazo, Bururi Diocese. On the 10th October 1972, he was entrusted with the building of the Rutovu Teacher Training School and the college houses.

His careful work was appreciated, as well as his acquired efficiency in electricity, welding and carpentry. On the 15th November 1974, he was sent to Rutana to build the Sisters’ convent. On the 11th November 1975, he built the secondary school at Butwé and on the 8th October 1978, the school of administration and a Centre for persons with disabilities at Gitega. There remained the extension of the church and to equip the Bubanza mission with primary school and a catechumenate centre from the 5th April till the 6th March 1983. Like taking a spiritual breath after this physically breathtaking series of enterprises, he did the Retreat-Session from the 3rd June till the 19th August 1981.

Up till 1986, he was employed at Gitega, principally for the hospital. Did the Burundi government choose to treat him mercifully? At any rate, on the 7th May 1987, just the same as many of his confreres, he was given ‘forced leave’. However, from the 15th September 1988, he was back and on the 18th December began the building of a convent, a dispensary and a school at Muroré Kirundo. On the 21st December 1992, he was at Shatanya then at Rubanga for six teachers’ houses and at Gitega for the guesthouse for missionary candidates and for other buildings. In a document doubtless written at the time of his Golden Jubilee of Oath entitled, ‘A White Father at the school of St Joseph,’ he wrote, ‘Burundi was in full development; therefore, I went from building site to building site. What can I say of my missionary life? There were no great speeches, just humble service. Was not St Joseph also the Silent One?’

Father Wally Neven, who was his Regional Superior, said of him, ‘Jean was the only Brother builder left of the old style, one who could be moved according to the needs of the dioceses or other organisations. He gained good experience. He trained himself properly in the art of metal roof trusses. He liked big building sites. ‘It absorbs me and it is worthwhile’, he would say.’

The same Father, whom he greatly appreciated, noted that according to him, if some Fathers like Edward Schoofs were a support for him at difficult times, he was not always sufficiently assisted. Jean-Martial had an uncomplicated straightforward faith in great fidelity to the daily Rosary.

For recreation, he had one or other hobby, a stamp or rock collection, painting or drawing, talents perhaps that he should have been helped to develop. Admittedly, he spoke out directly; he was sometimes a bit brutal in his expressions; but his fits of anger did not last. He spoke little of his home leaves as, before the belated rediscovering of his brother and sister, there was no family hearth that every missionary is happy to belong to for a time of rest. This could explain the bitter undercurrent. Some judged him harshly, but in all sincerity we should each ask ourselves, ‘What about me? Did I like him that much? Was Jean sufficiently supported and encouraged? Did he have someone to go to in the most difficult times?’ In any case, he left a very significant stamp on many posts in Burundi.

On the 28th September 1999, having fallen seriously ill after a delayed treatment for malaria, he returned to France for good, but not without misgivings. He was appointed to the Rue Roger Verlomme. Two years later, on the 15th May 2001, he retired to Tassy for a well-earned rest. The Lord called him to Himself at the Hôpital de Grasse on the 21st December 2009. There can be no doubt that when his death was announced in France as in Burundi, plumes of prayer rose to the Father of mercies and goodness for Jean-Martial.

Armand Duval




Father Thomas Conway

1915 - - 2009

At his funeral Mass, a member of Tom’s family read a moving tribute from family members who could not be present. In it, Tom was described as a person who was there for each of them at every moment of their lives, in good times and in difficult times. He was further described as someone who was able to interact with them at all stages of their lives: as children, as teenagers and as adults. Indeed, in the words of an English playwright writing of his namesake, St Thomas More, Tom was described as “a man for all seasons”. This description of Tom was echoed, in another way, by a confrere reading the notification of his death on the Intranet. He remarked: “what a lot of appointments”, and indeed there we­re, but it was precisely because Tom was so willing to be of service in whatever capacity asked of him, and because he was so easy in community that especially in his years in the Province, he accepted so many different appointments and lived them well.

Tom was born in Govan, Glasgow, on the 18th July 1915 and would have been extremely happy to know that he was buried from the very parish church in which his parents were married and where he received Confirmation. Times were hard and Tom grew up with a great sense of belonging to a large extended family that helped and supported each other and where each one pulled their weight. It was not surprising then that he left school in his early teens and began working as a grocer’s assistant to help the family. This he did for ten years before responding to a persistent “inner voice” calling him to the missionary vocation. Since he had left school at an early age, he was asked to spend two years (1939-1941) at the Jesuit-run Osterley Late Vocations College, London. Tom immediately felt at home in this environment and responded well to the extra schooling and responsibility of becoming the student dean in his final year. Already, it seems younger students admired and respected him, something that was to be remarked upon time and time again in his later years of study with the Society. Here, too, his musical talents continued to flourish and were much appreciated. He played the piano well and had a fine singing voice, well into his declining years.

Due of travel restrictions, Tom was to make all his studies for the priesthood at home, together with others from the Province, thus denying him an initial taste of international community life. On leaving Osterley, Tom began his studies for the priesthood in his native Scotland at St Columba’s College in the Borders. He did his novitiate at Sutton Coldfield in Birmingham and finished with four years of theology at Rossington Hall, Yorkshire. Again, times were hard, but Tom often spoke of these years with fond memories of the great spirit of camaraderie he found. Those responsible for his training spoke of a man respected and liked by everyone, good-natured and kind, with a steadying influence over the younger, more exuberant confreres! He was ordained on the 24th June 1948 at Jedburgh, the parish closest to our Monteviot community and pictures of his and others’ ordination are still proudly displayed in the parish history books and shown to any visiting Missionary of Africa.

After ordination, Tom was to spend a further seven years working in the Province before leaving for Africa. If these years were a disappointment to Tom, he did not show it and accepted a variety of appointments with grace. He initially spent time helping with the Brother’s Novitiate at Monteviot before accepting an appointment as bursar to the junior seminary at St Boswell’s. The management of finances and the practical affairs of a bursar did not rest easily on Tom’s shoulders, though he showed himself to be a fine teacher and established a great rapport with the boys. Perhaps for this reason, he was transferred to become Director of Propaganda in Scotland at the end of 1953.

The Provincial wrote that he had every confidence in Tom and that he had only to “go ahead with all the devotedness to which we are accustomed in you.” As always, Tom accepted willingly, though expressing some doubt about his abilities in this area. He need not have done so, as he proved a very able promoter of the missionary vocation and fundraiser for the Society. It was a base he was to build on in later years of service in the Province, so much so that the length and breadth of Scotland, the name of Tom Conway became synonymous in parishes and schools with the Missionaries of Africa, right up to the time of his death. Mention of his name opened the door to even the most wary of parishes. During this time, he was to co-found the house at Rutherglen, near Glasgow that has become the cornerstone of our presence in Scotland to this day. A final brief year, as bursar at the junior seminary in England, and Tom was happy to receive an appointment to Tanzania in late 1955.

On arrival, besides beginning his Swahili course, Tom was appointed secretary to the Archbishop and chaplain to the English-speaking community, including those from Goa. A hoped-for appointment to pastoral work did not materialise and on completion of his language course, Tom was appointed to Itaga seminary. Somewhat dismayed, he accepted the appointment reflecting that the training of diocesan clergy was a primary missionary concern and encouraged by the remark of the well-known Fr Johnny Brown, “orders is orders.” At Itaga, he was, as always, very happy in his teaching and dealing with the students, but again found the work of bursar demanding.

During the holidays, he very much enjoyed the opportunity to do pastoral work and to promote vocations for the diocese, something he had done so well in Scotland. Regular written contact with the Provincial and visits from other confreres of the Province encouraged him greatly and it was only with some reluctance that he accepted to return to the Province in 1960.
Tom’s second period of home service was to last until he returned to Africa in 1969. Once again, there is a list of appointments reflecting how ready he was to do whatever was asked of him. Initially, he spent a year as bursar at the Totteridge Scholasticate, where he had a great influence over the scholastics, impressed by his gentleness and his quiet, unassuming spirituality. Ta­king his duties as bursar seriously and struggling with them, he often stayed up late, to the detriment of his health. A much more suitable ap­pointment followed when he was reappointed to his beloved Scotland as superior of the house he had helped found and again became fully immersed in the promotional work of the Society. At that time, this involved not only missionary ap­peals, but many social events: dances, fundraising events, garden fetes, and the like. Tom proved himself able for any occasion and at ease with everyone. In speaking of their dealings with Tom, many have said that he was a real gentleman and a “gentle man.” His beautiful singing voice was much in demand on these occasions.

As superior, he took his responsibilities seriously with a tendency, however, to overtax himself and worry, obliging him to take periods of rest at this time and later. Many of his worries were ill-founded, as he was well-liked and had an easy air of authority in the community. Parti­cular praise was given to him by the then Provincials for recruiting more mature and serious candidates to the Society.

Exhausted by his work, Tom left for the Long Retreat at Rome in 1964, not sure he would, in his own words, survive the first week! It was, however, to be a time of great grace and peace for him, to which he often fondly looked back. Before returning to Africa in 1969, Tom helped to oversee the closing of the junior seminary system in the Province and the establishment of a hostel for Scottish boys in Edinburgh, where he was the first superior.

For his second tour, Tom was appointed to Zambia, where he went immediately to Lubushi Seminary to teach English. Once again, he was popular with the students and a fine teacher. Over the years, various conflicts over teaching methods and among the staff unsettled Tom and because of this, he anticipated his home leave so that he could take a good rest. After a rest and medical check-up, Tom again returned to Lubushi and with a new rector initially found the situation more relaxed. The presence of three young members of the Volunteer Missio­nary Movement was a great support to Tom and they appreciated his concern for them. He remained in touch with one of them for the rest of his life. Tensions, however, returned in the seminary and Tom returned home for good in 1974.

His return to the Province was welcomed by the Provincial team and once again there were plenty of appointments waiting for him. First, he helped with promotion in England and Wales and then returned to Scotland, again as superior at Rutherglen. Apart from a brief spell in charge of the First Cycle and at Provincial House, Tom was to remain in Scotland until his death. As Provincial Councillor on two occasions, he was to prove a great support to the then Provincial who did not enjoy good health. Tom’s advice was always sound and well-measured.

In 1979, he handed over responsibility for the Rutherglen house while continuing to reside there. His long-term association with the house and its work was an invaluable asset to those who followed him, not to mention the treasury of stories and jokes he had to share! Retirement was not yet on the cards and Tom continued to make missionary appeals and help local parishes until his eighty-fifth year. He particularly enjoyed the social evenings, fundraising events, and dances by which the well-known “Parents and Friends Association” support the work of the Society. His long association with them meant that he counted many of them as close friends and he was often requested to attend family events and called upon for advice. Occasionally, as before, the work and the stress got the better of Tom and he was obliged to take extended breaks, either with his family or in a parish, but he always returned full of enthusiasm for the next task.

His first seven years of retirement in community were happy ones. He celebrated his Golden Jubilee and 90th birthday with great gatherings of the community, family and friends. In the quietness of his room, he enjoyed reading, classical music and he rediscovered his talent for painting. All his life, Tom had been a great letter-writer and the staff in the Promotion Office could always rely on him to help them write letters to benefactors who had suffered a great sadness. He did this with immense sensitivity and tact.

It was clear that he possessed a great gift of empathy and understanding with those who were suffering. Always close to his family, Tom was able to continue to offer them the support they needed at different times, to which they responded with great affection, including him in their holidays, celebrations and visiting him regularly. Throughout his life, from his early days in the seminary, it had been remarked that Tom possessed a deep and quiet spirituality and during these final years, he spent many hours praying in the chapel. His presence in the house was a calming and supportive one and he could always be relied upon for a quiet reassuring chat and word of advice.

Sadly, in 2000, he suffered a stroke and after a long and painful period of hospitalisation, he made his home with the Franciscan Sisters at their Govan Nursing Home in Glasgow. Initially, he found it hard to settle. Understandably, the effects of his stroke, in particular, caused some of his frustrations, in particular the loss of his ability to walk. In time, however, he became more relaxed and calm. He was popular with the other patients and ready, as always, for a good hymn or song, whether during the daily recitation of the Rosary together or at a social evening. Alone in his room, he continued to enjoy listening to his music and derived great pleasure from watching old movies, some of them many times over. His faith remained strong and he was not afraid of death. On hearing of the death of his long-time friend and confrere, Jimmy Barry, he asked for a glass of whisky, raised his glass and said, “Well done, Jimmy, God speed and see you again soon”. He died peacefully on the 27th August after receiving the Sacrament of the Sick and in the presence of his niece and nephew.

At his funeral, the homily reminded the listeners of Tom’s endearing qualities of tolerance, understanding and his quiet and simple faith. He was, in the words of St Paul, “all things to all men”.

His faith, it was said, was an inspiration to all, especially those of no faith or whose faith was wavering. Several times, in his last days, he told his family members not to grieve his passing, saying, “It is the laughter we will remember.” Fittingly then, his memorial card bears the words of his namesake, St Thomas More, who said at his impending death, “Pray for me, as I will for thee, that we may merrily meet in heaven.”

Chris Wallbank




Father Henri Savatier

1923 - - 2009

Henri’s family lived at Place de la Cathédrale, Poitiers, France, but he was born the second child in a family of 12 children in their holiday home at Le Givre (Vendée) on the 30th August 1923. He was baptised the next day. He wrote, ‘I had a happy childhood and youth in a large well-knit family with many cousins with whom we met up in the holidays at the huge ancestral home of our welcoming grandparents.’ The family was well-to-do with strong patriotic and religious convictions. Their grandfather and father succeeded one another as Mayor of Poitiers and they were committed to the service of the poor. Active in the Resistance during the War, his father spent lengthy months in prison. He was a legal expert of repute and Dean of the Poitiers Faculty of Laws.

Henri owed his even temperament, his love of nature and concern for its conservation and development, to this idyllic childhood. He suffered from dyslexia, which was a greatly misunderstood affliction at the time. He received zero in spelling, Latin and Greek, and was unjustly regarded by the Jesuits as a dunce. Obliged to repeat his fifth year, he was sent to the boarding school of the Brothers of Christian Schools at Couhé-Vérac. There, he passed the elementary Brevet, but failed the Baccalaureate several times, no doubt on account of his far-fetched spelling. He was inclined to drawing and was enrolled in the ABC School of Design, where he learned a great deal. One of his aunts introduced him to watercolours, which would become his hobby. Two priest friends of the Savatier had a benign influence on him. Father Pierre and Paul Boinot were from a family that would give six priests to the Church, including our own Fathers François and Xavier Boinot. When Henri felt drawn to the White Fathers, where there were also two cousins of his father, François and Paul de la Martinière, he took a long time to delve into his vocation under the direction of Dom Troussard, the Abbot of Ligugé.

In 1942, when our philosophy house at Kerlois was evacuated to Béruges, near Poitiers, Henri applied to join the Society. There, he proved from the outset to be an excellent pupil. Despite high stress, which made public speaking difficult for him, he was noted as, and would continue to be, a person of lively and very individual intelligence. He was a tireless worker, endowed with deep inner resources, as well sensitive to others and in possession of a reliable and profound spiritual life. He was only reproachable throughout his life for his indifference to his outward appearance and an awkwardness that he never overcame.

After his military service at Saint-Maixent and Meucon (Morbihan), that led him to Oran, he completed his philosophy at Thibar, Tunisia. He did his novitiate at Carthage under the direction of Father Joseph Gelot, as Maison Carrée could not accommodate all the candidates in those halcyon days. Theology followed, then his Missionary Oath on the 27th June 1950 at Thibar. He was ordained to the priesthood at Carthage on the 29th March 1951.

Appointed to the Prefecture Apostolic of Kayes, Mali, he was at Guéné-Goré on the 9th December to learn Malinke, with neither grammar nor lexicon, but with the indispensable assistance of Father Rey. During parish tours, often on foot or by bicycle, he would deepen his understanding of the language when visiting the people and the schools. On the 27th June 1954, he stayed briefly at Kakulu, but by the 24th January 1955 was back at Guéné-Goré. At the request of Bishop Courtois, he founded a school for catechists and ran it for two years.

After home leave in France, he was appointed curate at Kassama on the 27th June 1959. He became community superior there until his Long Retreat at Villa Cavaletti, from the 19th September till the 20th October 1964. Back in Mali, he resumed his post at Kassama until his appointment as curate at Kakulu on the 6th January 1970. He became its superior on the 29th June 1979 until January 1982. In those years, with his confreres, he launched the ‘irrigated perimeters along the river banks, for durable development’.

He was then appointed curate at Mahina, with Father Rey. There, he was often seen on the roads, going out to visit the Diamou services area and the workers and engineers of the Manantali Dam. He provided Mass and catechism classes for the children of European and Malian Christians. His Regional Superior wrote, ‘He was capable of travelling 200km to see a single Christian.’ After the Jerusalem Session Retreat in late 1984, he returned to Mahina on the 20th January 1985. This would soon close, but he continued visits from Kayes.

In 1988, he took over from Malian clergy at Kakulu as curate to Father Bob Diercks. The same superior wrote, ‘He remained the same, big-hearted, very generous (excessively so, no doubt). He was also impulsive, acting without thinking it through or discussing it in community, which could be a bit upsetting. As someone in charge, little notice was taken of him, but he was a charming confrere when he was accepted as he truly was.’ Another noted, ‘He was very supernatural, a man of faith, which is why he gave too easily.’ From the 1960s, he was also in touch with the monks of Keur Moussa, Senegal, and encouraged them to make a foundation in Mali, which was still lacking a contemplative community. He provided them with the gourds required for making the fine kora, the West African 21-cord lute, the traditional instrument of the griots. The monks are specialists in adding the finishing touches to it.

Kakulu would be his last post up to the 14th March 1999, when he would return to France for good with an appointment to Tassy, after 48 years in the merciless sun of Mali. Arriving on a stretcher after an operation at Lorient and septicaemia that plunged him into a coma, he recovered his strength amid the fields of lavender with his folding chair, his paintbrushes and his painting box. Under the azure sky, he painted beautiful watercolours, sometimes sold off on behalf of his beloved Mali. Midweek, he also worked at Callian with the Sisters of Our Lady of Sion to perfect a Khasonké-French dictionary, remembering his own tough beginnings. His heart remained over there, as his voluminous correspondence proves. He passed away on the 20th December 2009.

Undoubtedly, the Lord would reward this big-hearted artist, this unstinting apostle, with a recompense that his confreres at Tassy and elsewhere, the members of his large family and also, without hesitation, his countless friends from Mali, both Muslim and Christian, would also ask for him.

Armand Duval