NOTICES BIOGRAPHIQUES

Père Jules Gysens

1924 - - 2007

C'’est sans doute un lieu commun d’affirmer que, pour comprendre quelqu’un, il faut connaître ses origines. Jules Gysens était un vrai Brabançon : il est né et est décédé dans la même maison à Zoutleeuw. La maison familiale a été transformée en maison de repos, et c’est là que Jules a rendu son âme missionnaire au Père, dimanche 2 septembre 2007.

Après ses études secondaires à Louvain et à Saint-Trond, il entre en septembre 1944 à Boechout pour commencer la philosophie. Son frère Gustaaf l’y avait précédé de quelques années. Suivent alors le noviciat à Varsenare et la formation théologique à Heverlee, où il fait son serment missionnaire le 22 juillet 1950. Il reçoit le sacerdoce des mains de Mgr Desmedt le 24 mars 1951. Déjà au scolasticat, les professeurs notaient ses allures de broussard, son côté blagueur, sa grande g…, mais en ajoutant tout de suite « un bon cœur, tendre même, sous une écorce souvent rude ». Et un autre d’ajouter : « Il est très bien vu de toute la communauté et même des gens du dehors avec qui il a été en contact ». Ces traits caractériseront toute sa vie.

Nommé au Rwanda, où son frère Gustaaf se trouvait déjà, il part le 24 septembre de la même année. Après une brève initiation à Kigali, il est nommé directeur de l’école technique Institut Léon Classe. Une année après, nous le retrouvons à Mibirizi comme directeur des écoles. Au mois d’août 1953, il reçoit la même responsabilité à Byumba, où il donne des cours à l’école normale. Le 1er mai 1954, il part à Kibungo, comme cofondateur de la nouvelle paroisse. L’année suivante, Jules devient supérieur de la communauté de Rwaza et directeur de l’internat. Il part pour la première fois en congé en avril 1959.

De retour au Rwanda, il est pendant quelques années vicaire à Kabgayi. En février 1962, il est nommé curé à Kiziguru, un lieu de passage obligatoire pour les nombreux touristes qui viennent visiter le parc Akagera tout proche. L’hospitalité de Jules est connue et appréciée de tous. En février 1968, Jules s’installe dans une roulotte et fonde la paroisse de Musha. Il y reste comme curé jusqu’à son congé en juillet 1969. De retour au Rwanda, il passe une bonne année à Cyeza et une année à Nyamiyaga, comme « bouche-trou » disait-il lui-même. En septembre 1972, il fonde la paroisse de Rusumo et y reste comme curé jusqu’à son expulsion du pays, le 26 mai 1973.

Il aurait tant aimé rester auprès des pauvres du Rwanda, travailler avec les petits et les exploités. Mais son engagement politique gênait les autorités… « Je savais que cela m’arriverait un jour et qu’on me dirait de quitter le pays dans les 24 heures » écrivit-il. Il s’y était préparé au cours d’une retraite spirituelle où il avait d’ailleurs décidé que, si cela lui arrivait, il n’essayerait pas un autre pays en Afrique, mais retournerait en Belgique. Mais cette expulsion injuste l’a beaucoup peiné.

Revenu ainsi définitivement en Belgique, il chercha sans tarder comment s’engager dans la pastorale. Il devint curé à Sluizen, une petite paroisse de 6 000 habitants. Son but, leur avait-il dit en arrivant, serait de faire de Sluizen une vraie communauté où régneraient la paix et l’amitié. Il réalisa ce problème à travers les multiples associations qui y existaient, ainsi que par le scoutisme qu’il y fonda. De 1976 à 1993, il fut curé à Leopoldsburg. Là aussi il lança le scoutisme et se retrouvait dans son élément lors des camps.

En tant que prêtre retraité, il resta encore deux ans actif dans le ministère pastoral à Saint-Trond d’abord, à Zoutleeuw ensuite. Toujours en route à bicyclette, car, disait-il, cela facilite les contacts et permet des arrêts à gauche et à droite pour bavarder avec des connaissances, voire avec des touristes. Les gens se rappellent de ses homélies, toujours courtes, simples et assaisonnées d’un peu d’humour. Ne disait-il pas souvent : « Un sourire arrange bien des choses, un sourire apporte tant de consolation et de bonheur ». Jules était un homme heureux, jovial et plein d’humour, agréable dans ses relations, et toujours un peu « broussard », mais avec un don de sympathie dans un caractère entier, franc et direct dans ses paroles.

Il tenait à sa famille père blanc. À une époque où on parlait encore de confrères en diaspora, vivant hors communauté, il écrivait : « Je répète que je me considère comme Père Blanc, entièrement, et que je suis fier de l’être. Je suis missionnaire Père Blanc, et je suis heureux de l’être. » Et dans une introduction à son testament, il écrivait encore : « Chers confrères Pères Blancs, sachez que j’ai toujours été très fier d’être Père Blanc. Merci pour tout ce, et c’est beaucoup, que j’ai trouvé en vous, mes supérieurs, ici et en mission. Merci pour votre patience. »

Au cours de la liturgie d’adieu, concélébrée dans l’église paroissiale Saint-Léonard à Zoutleeuw, on nous a lu l’e-mail envoyé par le P. Rik Lenssen, supérieur régional au Rwanda : « Nous tenons à exprimer nos condoléances chrétiennes à la famille et à son frère Staf. Après son départ forcé et brutal du peuple rwandais qu’il aimait profondément, Jules a continué à compatir avec tout ce qui se passait dans son pays de mission. Tous ceux qui l’ont connu et ont vécu avec lui savent qu’il avait du cœur, et Jules laissait parler ce cœur à sa façon à lui, originale. Jésus l’a laissé grandir et fleurir là où il avait besoin de lui. »





Vincent Timmermans
Membre associé


1966 - - 2007

Né à Louvain le 21 novembre 1966, Vincent passa sa jeunesse à St-Trond, où son père travaillait comme chirurgien. En 1993, Vincent termina ses études de médecine mais suivit pendant deux ans encore une spécialisation en médecine familiale. Il pratiqua pendant quelques années mais, en 1997, il entama des études de théologie au grand séminaire de Hasselt. Il n’est pas inutile de signaler que pendant la période de transmission de son cabinet médical, Vincent eut un accident de voiture (une autre voiture l’avait percuté à l’arrière). Cet accident laissa des séquelles. Il dut quitter le séminaire en 2000, en partie à cause de ses problèmes de santé. Il continua sa quête spirituelle, d’abord au sein d’une communauté de l’Arche de Jean Vanier, puis chez les Missionnaires d’Afrique. En 2002, il fit un bref séjour à Bukavu. En 2003 il travailla à Lubumbashi, à la clinique Afia, tenue par les Salésiens. En 2005, il suivit les cours de médecine tropicale à l’Institut tropical d’Anvers, démarche obligatoire pour tout engagement comme volontaire reconnu par l’État belge. Cette période de cours fut quelque peu perturbée pour des raisons de santé.

Le 16 novembre 2005, Vincent est accueilli par la Société comme membre associé. La cérémonie a lieu dans la chapelle de la maison provinciale de Belgique. Accepté comme volontaire par l’organisme belge d’envoi de volontaires VO­LENS, Vincent part le 3 février 2006 pour le Burundi, où il travaille comme médecin au sein du projet Nouvelle Espérance, qui accueille, soigne et accompagne les malades du SIDA et leurs familles.
Vincent se dévoue de tout cœur dans ce projet et y trouve sa joie. Cela le rapproche également de Dieu : « Je sais qu’Il m’est tout proche », disait-il parfois.

Sa santé continua à lui causer des soucis. Dans le bulletin de cotation des employés de Nouvelle Espérance, 2 mai 2007, nous lisons : « Dr Vincent aime beaucoup son travail. Malheureusement il présente des limites liées à sa santé, souvent faible. En effet, il lui arrive rarement de travailler tous les jours de la semaine. Mais quand il travaille, il le fait bien, il aime les malades et fait bien les consultations ». En juillet 2007, Vincent doit revenir en Belgique pour des soins médicaux.

Le 5 août, il est de retour à Bujumbura, la tête pleine de projets pour Nouvelle Espérance. Le 12 septembre au matin, on l’a trouvé mort dans son lit, parti sans crier gare, à l’improviste. Il avait 41 ans. Le dimanche 23 septembre, une eucharistie fut célébrée aux intentions de Vincent à l’église paroissiale de Buyenzi, paroisse fondée par les Missionnaires d’Afrique et où se situe le projet Nouvelle Espérance. Étaient présents les parents de Vincent, pour qui ce fut le premier voyage en Afrique, sa sœur et son beau-frère, son frère cadet, sa tante et sa marraine. L’ambassadeur de Belgique était également présent.

Le corps de Vincent a été rapatrié et le 29 septembre nous avons eu une eucharistie concélébrée à Varsenare pour dire ensemble avec sa famille un grand merci pour cette vie donnée de Vincent. Il a été enterré dans notre cimetière. À la fin du service, un membre de sa famille s’exprima ainsi : « Lors de tes nombreuses visites chez nous à la côte, nous disions parfois en blaguant : ‘Vincent, ton royaume n’est pas de ce monde, n’est-ce pas ?’ et c’était un peu vrai. Animé d’un grand idéal, tu as décidé à 18 ans de devenir médecin de famille. Dans ta pratique médicale à St-Trond, tu ne prêtais pas seulement attention aux maux physiques de tes patients mais tu avais surtout une oreille attentive pour leurs misères spirituelles » et plus loin : « Vincent, ton royaume ne se trouvait certainement pas dans notre monde occidental. Tu l’avais enfin trouvé sur terre dans cette Afrique lointaine, dans une Église simplement au service des malades et des souffrants. N’est-ce pas l’Église voulue par le Christ lui-même, vraie, sans protocole, sans ostentation ? Maintenant tu es arrivé dans le royaume de ton Dieu bien-aimé, délivré de toute douleur physique, de tout souci. Prie pour nous. Adieu ! »

Sur l’image souvenir nous lisons un mot de reconnaissance de notre confrère Armand Galay, directeur de Nouvelle Espérance à Bujumbura : « Merci Vincent, tu as donné ta vie à la mission, au peuple du Burundi. Nous voulons continuer ton travail, la mission que tu aimais tant, pour que les personnes qui vivent avec le VIH/SIDA, les orphelins et les jeunes vulnérables retrouvent une espérance nouvelle ».




Josef Vander Linden

1934 - - 2007

Le père Joseph nous a quittés totalement à l’improviste, terrassé par une hémorragie cérébrale au milieu de la nuit, et nous n’avons pas pu lui dire adieu, puisqu’il mourut le jour même sans avoir repris connaissance. Typique de sa part, pour n’être à charge de personne et pour partir avec tact et discrétion. La veille même de son décès, suite à l’exposé du père Jan Mol sur les décisions du conseil général à Addis-Abeba, il avait encore parlé longuement avec des confrères du bonheur qu’il avait eu à travailler dans les paroisses au Burkina, des paroisses avec de petites communautés chrétiennes (touchant parfois à peine 4 % de la population), avec de bons contacts avec les musulmans, un dialogue quotidien et des rencontres de voisinage.

Joseph est né en Flandre Orientale à Sint-Maria-Oudenhove le 21 avril 1934, diocèse de Gand. Il fait ses études secondaires au collège Sint-Lievens de Gand et, en septembre 1954, il entre chez les Pères Blancs à Boechout pour la philosophie. Après son année de noviciat à Varsenare, il arrive à Heverlee pour la théologie. Il fait son serment le 3 juillet 1960 et est ordonné prêtre le 2 février 1961 par Mgr Schoenmaekers. Après un stage pastoral de trois mois à Mours, il est prêt à embarquer pour la Haute-Volta.

Le paquebot Brazza appareille de Bordeaux pour Abidjan, à 6 heures du soir, le 6 décembre 1961, ayant à son bord une caravane de 6 Pères Blancs, dont trois se rendent au Mali (PP. Paulin, Giacon et Anthonissen), deux en région Est Volta (PP. Vander Linden et Dewallef) et un seul en région Ouest Volta, le père Gabriel Pichard, qui est aussi le responsable de la caravane, en tant que vétéran.
Nommé au diocèse de Ouahigouya chez Mgr Durrieu, Joseph commence le stage de langue moré dès le 1er janvier 1962, au CELA de Guilongou, avec quatre autres confrères, sous la haute direction du P. Géraud Clou, ancien de Ouahigouya.

Pendant quarante ans, Joseph a été missionnaire au Burkina Faso, un pays du Sahel, sec, chaud et pauvre, un pays aussi avec une grande présence musulmane. Toute sa vie missionnaire, Joseph la passe parmi les Mossis, les Fulcés et les Peuhls du Sahel. Il y laisse le souvenir d’un prêtre dont la foi solide est fondée sur les grandes valeurs traditionnelles… Il est plutôt taiseux mais on pressent qu’il y a toujours quelque chose de plus profond, de plus délicat, quelque chose de plus derrière ses paroles, quelque chose de très important, mais qui restait inexprimé.

Tout d’abord vicaire à Tikaré, il devient curé de Gourcy, fin 1964. En mai 1970, il repart à Tikaré comme vicaire et en devient le curé de 1975 à 1979. Pour ces années-là, le régional note : « Joseph est un missionnaire très sérieux et très zélé ; un peu trop tendu dans son travail. Même quand il veut se détendre, on sent que c’est par devoir. »
En septembre 1979, il est nommé curé à la cathédrale de Ouahigouya où il restera jusqu’en 1994, sauf deux courtes années (de 84 à 86) où il devient curé de la paroisse de Titao, en fondation.

Le père Hubert Huybrechts est alors régional du Burkina Faso et il souligne ceci : « Joseph a le souci de former des communautés chrétiennes solides. Aimé par les gens. Sa foi est contagieuse. Joseph est un homme de communauté, qui cherche et sait faire l’unité. La communauté des prêtres et les deux communautés de sœurs (africaines et européennes) travaillent vraiment ensemble et prient ensemble. Il sait mettre de l’ambiance dans sa propre communauté, encourager et soutenir les confrères. Très estimé par son évêque et les prêtres africains. » La formation des laïcs aussi est une priorité pour lui, ainsi que l’engagement de l’Église pour le développement. C’est ainsi qu’on pourrait signaler ce petit barrage à Tikaré, réalisé avec l’aide de la population, pour réalimenter durablement les puits asséchés, le lancement d’une coopérative pour les médicaments génériques et tous les objets pharmaceutiques, l’ouverture de caisses d’épargne, l’envoi régulier de jeunes pour une formation plus poussée au CESAO de Bobo Dioulasso, etc. Sa dernière nomination au Burkina est à la paroisse de Burzanga, où il est curé de 1995 à 2001, moment de son retour définitif en Belgique. Comme dernière mission, il transmet cette vaste paroisse au clergé diocésain.

Le père provincial de sa province d’origine, la Belgique, a fait appel à lui pour devenir le responsable de la communauté de Varsenare. Joseph accepte et réalise ce ministère auprès de nos confrères âgés avec une foi profonde qui réconforte, avec beaucoup d’amour et de compétence. Le projet communautaire de ses confrères au repos, élaboré sous son impulsion, était profondément missionnaire. « Nous ne sommes pas des nostalgiques du modèle missionnaire de saint François Xavier, qui se rendit dans d’autres continents, d’autres pays et apprit d’autres langues. Ce modèle missionnaire nous l’avons nous-mêmes connu et vécu quand nous parcourions la brousse africaine pour fonder des missions. Mais l’Église nous propose encore un autre modèle missionnaire : celui de sainte Thérèse de Lisieux. Elle aussi est patronne de la mission universelle, alors qu’elle n’a jamais quitté son couvent. »

Joseph assume cette responsabilité pendant quatre ans, jusqu’au moment où cette mission le dépasse psychologiquement. Alors, en août 2005, il va comme supérieur à la maison de Bruges, jusqu’à la fermeture de celle-ci en 2006. Il repart alors comme résident à Varsenare, où, la nuit du 11 octobre 2008, il entendit cette voix qui disait : « Viens, bon et fidèle serviteur, viens dans le royaume de mon Père ».
Joseph était la réincarnation de ce serviteur de Yahwé tel que décrit en Isaïe 42 :

« Il ne crie pas, il ne hurle pas,
il n’élève pas la voie en rue.
Il ne brisera pas le roseau froissé,
la mèche qui fume encore,
il ne l’étouffera pas. »




Mgr Denis Tapsoba
Évêque émérite de Ouahigouya,


1916 - - 2008

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Denis Tapsoba est né à Ouagadougou, Goungên, le 6 juillet 1916, fils de Grégoire Tapsoba et Jeanne Zida. Il appartient à la famille princière du Goungên Naaba. Quelques semaines plus tard, il est baptisé, le 13 août 1916. Il fait ses études primaires à l’école de la mission de Ouagadougou et entre au petit séminaire de Pabré en septembre 1929. Il a alors 13 ans. Il fait 5 années d’études à Pabré avant d’entrer au grand séminaire de Koumi, qui en était à ses débuts et pour la première fois ouvrait ses portes aux jeunes clercs, sous l’œil « paternel » du père Durrieu, futur fondateur de l’Eglise de Ouahigouya.

Il est ordonné prêtre diocésain à Ouagadougou par Mgr Thévenoud le 6 mai 1944, et il est nommé vicaire à Réo, qui appartient alors au vicariat apostolique de Ouaga­dou­gou. Il y reste cinq ans.

Il est le premier prêtre à apprendre le lyélé, la langue des Gourounsi de la région, comme si cette opportunité était un signe missionnaire avant-coureur de sa demande d’entrer chez les Missionnaires d’Afrique. En tous cas, il fait l’expérience missionnaire de base de découverte d’une autre culture, et fait les pas nécessaires pour mieux la connaître. « J’arrivai là ne sachant pas un seul mot du dialecte utilisé dans cette paroisse. J’ai dû me mettre à apprendre la langue, comme tous mes confrères arrivant d’Europe, bien entendu avec ce petit avantage qu’il s’agissait d’une langue africaine dont la construction des phrases a beaucoup de ressemblance avec celle du moore, de telle sorte que je suis arrivé à l’apprendre assez facilement. »

Pour l’abbé Denis Tapsoba, le sacerdoce est vraiment sa raison de vivre. Il est intéressant de relire quelques passages de sa lettre au Supérieur général du 27 mars de la même année, où il justifie sa demande d’entrer dans la Société, avec une grande insistance sur l’obéissance et la disponibilité : « Plus que deux mois seulement et j’aurai 6 années de sacerdoce… Je crois avoir suffisamment réfléchi à l’importance de la démarche que je fais aujour­d’hui… mon Ordinaire ne semble pas s’y opposer. Peut-être désirez-vous savoir, Monseigneur (il s’agit de Mgr Durrieu, qu’il a connu à Koumi), quel est le motif qui me détermine à entrer dans la Société puisque je partage déjà la vie des missionnaires ? C’est une question que je me suis posée moi aussi en étudiant ma vocation… J’y vois un moyen de réaliser plus facilement un désir légitime ‘Être toujours prêtre le plus possible’ … Déjà comme mem­bre du clergé diocésain, il ne m’est jamais venu dans l’idée d’apporter une restriction dans la complète soumission que j’ai promise à Notre Seigneur en la personne de mon Or­dinaire. Je serai donc à la complète disposition du Supérieur général.»

Faisant allusion dans la même lettre à la possibilité d’un éventuel voyage à Rome et en France, il écrit ceci : « Je préférerais d’abord faire mon noviciat pour que le souvenir de tout ce que j’aurai vu ne vienne pas me distraire durant mon noviciat. À la fin de mon noviciat, si mes supérieurs le désirent, ils m’enverront dans une maison de France, où tout en remplissant le travail qu’ils m’auront fixé, je pourrai entrer en contact avec les différentes œuvres paroissiales et connaître aussi le genre de vie en France. Cela contribuera à faire de moi ‘plus prêtre’ encore, car je verrai mille manières différentes de s’y prendre pour réaliser le bien dans les âmes. Tandis qu’un voyage à Rome ou un passage rapide en France risque de ne profiter qu’à ma piété et à ma curiosité personnelle sans grand profit pour mon ministère. »
Ses vœux sont exaucés, il fera donc son noviciat à Maison Carrée, où il arrive en juillet 1950. Il s’engage définitivement chez les Missionnaires d’Afrique à Mours, où il prononce son serment missionnaire le 28 septembre 1952, après avoir fait déjà une année d’études sociales à l’Institut catholique de Paris. Il continue les études sociales jusqu’à l’obtention de sa licence et il revient dans le diocèse de Koudougou le 28 janvier 1954. Il est alors nommé pour l’action catholique diocésaine, et on lui confie la responsabilité des œuvres sociales. Il devient aumônier national de l’action catholique le 24 juin 1958. C’est ainsi qu’il a ses premiers contacts avec son futur diocèse.
Le 25 septembre 1960, il est nommé curé de la cathédrale Saint- Augustin à Koudougou. Après cinq années en paroisse, il est nommé évêque de Ouahigouya, en remplacement de Mgr Durrieu, décédé le 31 mai 1965. L’ordination a lieu à Vienne, le 16 octobre 1966.

La devise épiscopale de Mgr Tapsoba In caritate non ficta - la vraie charité n’est pas feinte - se déploie dans le diocèse de Oua­higouya où il crée 4 paroisses : en 1966, la paroisse Notre-Dame de tou­te joie à Titao ; en 1968, la paroisse St-Pierre et St-Paul à Séguénéga ; en 1976, la paroisse St-Mathias Mulumba à Djibo ; en 1981, la paroisse Ste-Thérèse de l’Enfant-Jésus à Ko­ngoussi.
Mgr Tabsoba encourage la recherche dans le domaine de l’inculturation, notamment en liturgie et en catéchèse. Il fonde en 1967 la congrégation des Sœurs de Notre-Dame du Lac de Bam, devenue depuis institut de droit diocésain. Il crée le centre de formation de catéchistes (CFC) également à Bam.

Il a le souci constant de faire passer dans la vie concrète les orientations du concile Vatican II, avec un accent particulier sur le dialogue avec les musulmans si nombreux dans son diocèse.
Il est engagé au service de l’homme et de tout l’homme : aide d’urgence et assistance aux nécessiteux, particulièrement dans les années 70, mais aussi alphabétisation, et tout ce qui touche à la formation.

Il est intéressant de citer ce qu’il disait en 1966 peu après son sacre et qui fait ressortir sa simplicité : « Ce n’est pas tout d’avoir un évêque, et un évêque dans un diocèse ne fait pas tout ». Mgr Tabsoba souhaitait avoir un endroit où pouvoir accueillir ses prêtres pour des réunions : « Ainsi nous pourrions chaque année faire le tour des problèmes majeurs du diocèse, les examiner ensemble et ensemble également essayer de trouver les lumières pour que l’apostolat aille pour le mieux ». Il remarque que ce projet est tout à fait dans ligne du concile « Je crois que de toute façon le Concile n’a fait qu’obéir à la logique. En effet il est plus logique qu’on n’égare pas les efforts, chacun travaillant de son côté. Voir ce qui se fait chez les voisins facilite la tâche. Si quelqu’un veut me venir en aide, j’aimerais avoir cette maison d’accueil pour mes confrères, et – ajoute-t-il en riant — quand ce sera terminé, si l’on veut bien encore m’aider, je penserai à une maison… pour l’évêque ! C’est le dernier de mes soucis. Si cela ne peut se réaliser, je ferai comme mon prédécesseur, Mgr Durrieu. La partie qui me revient dans mon palais épiscopal c’est une petite pièce de trois ou quatre mètres de côté, que j’ai divisée en deux avec un rideau. D’un côté, c’est mon bureau, de l’autre c’est ma chambre à coucher. Et je m’estime plus heureux que mon prédécesseur, car quand il pleuvait, il devait se réfugier sous la véranda ou au réfectoire, où il demeurait sur une chaise jusqu’à ce que la pluie cesse… » Mgr Denis Tapsoba restera à Ouahigouya jusqu’en 1984, année de sa démission pour raisons de santé : en effet il devient progressivement aveugle.

Dans une interview accordée à l’Observateur Paalga, l’un des quotidiens de Ouagadougou, à l’occasion de ses cinquante ans de sacerdoce, il disait ceci : « Lorsque j’ai demandé à Rome d’être déchargé de la responsabilité, la raison fut la suivante : j’ai accepté d’être évêque comme un service. Maintenant que je me vois dans l’impossibilité d’accomplir correctement ce service, je préfère que quelqu’un d’autre l’assure afin qu’il n’en souffre pas et qu’il aille au contraire de l’avant »

Si pour lui le sacerdoce apparaît véritablement comme l’essentiel de sa vocation, son esprit missionnaire reste pour tous un exemple. Missionnaire, il ne ménageait pas ses efforts pour parcourir les villages afin d’annoncer la Bonne Nouvelle du Royaume. Citons encore la même interview : « Pendant mes cinquante années de sacerdoce, j’ai exercé 22 ans à Koudougou. Ensuite j’ai été nommé comme évêque de Ouahigouya, comme prêtre d’abord, et évêque après. En tous temps j’ai eu à exercer le même ministère apostolique, c’est à dire annoncer la parole de Dieu, baptiser pour faire des gens des chrétiens. Je vous assure que de mon ordination à ce jour, je n’ai jamais regretté un instant de m’être fait prêtre… Durant mes années passées à Réo, j’ai eu pour tout moyen de locomotion un simple vélo d’occasion que le Goungên Naaba m’avait payé à l’occasion de mon ordination. Je m’en servais par tous temps à l’époque. De la sorte, nous sortions pour la semaine et nous parcourions les villages soit à pied, ou à vélo. Et quand nous revenions, nous repartions pour une autre semaine pour six jours en pleine brousse pour le même travail (visite de nos paroissiens, administration des sacrements). La troisième semaine nous permettait de rester à la maison pour effectuer des tournées dès le matin pour revenir à 11 h et l’après-midi de 15 h à 17 h. »

Il s’agit bien d’un « zèle plus qu’ordinaire », et tous s’entendent pour parler du père Tapsoba qu’il soit prêtre, ou évêque, comme quelqu’un d’une grande disponibilité, apprécié partout où il passait. Dans la même interview, il disait encore : « Jamais je n’ai eu maille à partir avec personne, pas même un seul jour ! » Ceux qui l’ont connu savent combien cela est vrai. Il était calme, simple, d’un abord facile, toujours accueillant à celui qui était dans le besoin, gardant toujours ouverte la porte de sa maison et de son cœur.

Ayant fait le choix de s’installer à Ouagagoudou, dans son quartier de Goungên, après son départ de Ouahigouya, il ne vient pas pour y vivre une vie de « retraité », mais célèbre la messe chaque matin pour les chrétiens du quartier à 6 heures. Ensuite, il se fait lire une Parole d’Évangile, puis le journal d’un bout à l’autre. À partir de 10 heures, il reste disponible dans son bureau pour ceux et celles qui auraient besoin de lui. Il dit lui-même : « Mes journées sont pleines à déborder et je n’ai pas le temps de m’ennuyer ! »

Félix Sompougdou, l’aîné des 31 jeunes confrères originaires de la province du Burkina, lui a rendu ce témoignage : « Il a été une inspiration pour les premiers candidats de la nouvelle génération des Missionnaires d’Afrique, dans le sens qu’il nous rappelait son appartenance à la Société, qu’il venait nous rendre visite à l’ancienne maison de formation, et nous encourageait à lui rendre visite. Il m’a toujours exprimé son regret de n’avoir pas été missionnaire en dehors de son pays d’origine, mais il était content d’avoir servi les diocèses de Koudougou et de Ouahigouya dans l’esprit de la Société. Ma réaction en apprenant sa mort est une action de grâces au Maître de la vie qui l’a gardé dynamique et joyeux malgré son handicap. »

Tant qu’il put continuer à se déplacer, grâce à son fidèle compagnon Emile Sawadogo, Mgr Tapsoba participait à toutes les réunions des Missionnaires d’Afri­que du secteur de Ouagadougou, et ne manquait pas de s’informer des nouvelles de la Société à l’occasion des visites qu’il recevait des uns et des autres. Resté au Burkina parce que c’est là qu’il avait été nommé, il n’en était pas moins ouvert à l’Afrique et au monde, et tout particulièrement à sa famille religieuse.

Mgr Denis Tapsoba aura eu la joie de célébrer à Ouahigouya, le 21 octobre 2006, ses 40 ans d’épiscopat, ses 54 ans de serment missionnaire, et ses 62 ans d’ordination sacerdotale, à l’occasion de ses 90 ans d’âge. Il fut alors entouré de ses frères dans l’épiscopat, de ses anciens diocésains, de nombreux amis et d’un bon nombre de Mis­sionnaires d’Afrique ayant fait le déplacement.
Cette fête fut pour lui l’occasion de redire, en l’adaptant, la prière qu’il avait composée pour son jubilé d’or sacerdotal : « Seigneur, Auteur de tout bien ! Grâce te soit rendue pour avoir manifesté ta puissance et ta miséricorde envers moi, et pour avoir accompli des merveilles pour ton peuple, grâce à moi et par mon intermédiaire, durant ces années de service. Tu as mis la main sur moi, Seigneur, fais de moi ce que tu voudras. »

Un an et demi plus tard, le 13 mars 2008, Mgr Denis Tapsoba est décédé à Ouagadougou entouré de ses proches. Après une veillée d’adieux aux chrétiens de Goungên, son corps reprit la route de Ouahigouya. C’est là, lundi 17 mars 2008, qu’il y fut inhumé, dans la nouvelle cathédrale, en voie d’achèvement. Qu’il repose en paix !

Pierre Béné
Secrétaire provincial Burkina

 




Père Jean Tiquet

1910 - - 2008

Voici un confrère qui a eu un parcours missionnaire hors du commun dans notre Société des Missionnaires d’Afrique. En effet, durant sa longue vie de 69 ans au service de la mission, il n’a eu que trois nominations et il n’a jamais été nommé dans un diocèse ou dans une paroisse. Cette stabilité a permis un travail important et vital durant son passage à l’économat général au moment où la Société était en plein développement, et au CESAO, œuvre père blanc qui, à son arrivée à Bobo, en était à ses débuts.

Le P. Tiquet a laissé plusieurs écrits relatant son travail à l’économat général et un livret beaucoup plus personnel, voir intime, qu’il intitule lui-même Mes confessions où l’on retrouve tout son cheminement intérieur, plutôt difficile.

Le père Jean Élie Tiquet est né à Alger en 1910. Sa famille vivait là-bas où son père était ingénieur, directeur de la mine de fer de ZACCAR. Il avait deux sœurs dont une religieuse, décédée deux ans avant lui. Il craignait son père qui était assez sévère. Jeannot était l’enfant préféré de sa maman et ses bonnes relations avec elle l’aidaient beaucoup. Dans la maison, il y avait ordre et discipline. Cette éducation stricte renforçait la tendance naturelle de Jean à être fermé sur lui-même. Dès son enfance, il a rencontré des difficultés qui le rendaient malheureux. Il disait que la JEC l’avait beaucoup aidé à sortir de lui-même et à surmonter ce handicap.

La famille avait une propriété, Le Picou, près de Carcassonne, dans les Corbières, leur lieu d’origine. Ils y allaient pour les vacances et Jean qui l’aimait beaucoup s’y rendit régulièrement jusqu’à la fin de sa vie. C’est là que sa maman est décédée à l’été de 1925, alors qu’il n’avait que quinze ans.

Jean fit toutes ses études à Alger. Arrivé au bac, il ne savait pas trop que faire et commença des études de droit. À la fin de la deuxième année, il fallait tout de même prendre une orientation. Il voulait aider les Algériens pour qui l’on ne faisait rien, et aussi servir Dieu.
Durant les vacances après sa deuxième année de droit il a participé au congrès de Pax Romana et des scouts sont venus camper à Picou. Il a suivi le camp et les a accompagnés à Lourdes. C’est dans ces rencontres qu’il a contacté des aumôniers et un lui a directement demandé s’il n’avait pas pensé à la vocation sacerdotale. Après réflexion il décide de s’orienter vers les Pères Blancs, parce que « ils étaient les seuls à faire quelque chose pour les indigènes ». Il ne savait pas trop ce qu’ils faisaient exactement, « cela, on le verrait plus tard. Ce sont des hommes de Dieu, ils ne vivent pas pour autre chose. Donc on peut leur faire confianceé. »

Vers la fin de sa troisième année de droit il entra en contact avec les Pères Blancs, et après une retraite d’orientation de trois jours son admission pour le séminaire de Kerlois fut décidée. On lui demanda de laisser le doctorat pour le moment

Il entre à Kerlois en octobre 1931. Le régime strict, minuté, ne lui déplaisait pas. Il était passionné par la philosophie. En fin de première année, un assistant du supérieur général de passage pour la visite décida que le frère Tiquet devrait l’année suivante préparer son doctorat en droit, spécialité « économie politique » et « droit public ». Il partit pour le noviciat l’année d’après mais dû passer trois mois pour terminer ses études, ainsi « à cheval » par rapport aux autres. En fin de noviciat on lui demanda encore de rédiger une thèse pour obtenir le grade de docteur en droit. Cette thèse lui avait déjà permis de prendre connaissance de beaucoup de documents de la Société en puisant aux sources mêmes. Cette thèse, « Une expérience de petite colonisation indigène » fut admise avec mention très bien, et par la suite Jean reçu un prix de l’Académie d’agriculture de France.

Il continua ses études à Thibar et fut ordonné à Carthage le vingt-cinq mars 1939, donc une date un peu anticipée par crainte de la guerre. Quelques mois après, son père décédait.

Dès 1939, le père Tiquet prit sa place à la maison mère, où il se trouva bien, le cadre de vie très précis selon le Directoire et les Consti­tutions n’était pas plus sévère que celui de son enfance. Le père Jeu­land, assistant du supérieur général fut comme une mère pour lui. Son grand plaisir était de pouvoir partir dans les montagnes de la Kabylie ou il admirait cette beauté, cette harmonie qui le remplissait de joie.
Sa première nomination a été aux archives, où Monseigneur Birraux lui a demandé de classer tous les dossiers relatifs au « Groupe » Il y avait au moins neuf sociétés faisant partie du Groupe et dans lesquelles les Pères Blancs avaient des participations. La société de L’Harrach, dans laquelle nous étions majoritaires, en faisait partie et on voulait l’en séparer car toutes étaient un peu à l’agonie, comme entreprises. Ce travail a été indirectement une préparation à son futur poste d’économe général durant lequel il a dû mettre de l’ordre là-dedans. Il constatait un peu que dans beaucoup de cas on utilisait les Pères Blancs, mais que ça ne leur servait plus beaucoup maintenant. Après le départ de l’archiviste en titre qui avait 84 ans, il a réorganisé les fichiers de tous les confrères selon une méthode à lui, faisant fabriquer de ses deniers des meubles adaptés, qu’il a d’ailleurs emportés à Rome au déménagement.

En 1942, il est nommé à l’économat général, et lorsque l’on lit les annales écrites par lui durant ses vingt-cinq ans à ce poste, on est impressionné par son activité et la compétence qu’il avait pour faire fonctionner tout ce service.

Il a eu à intervenir dans au moins douze ou treize transactions immobilières importantes dans différents pays d’Europe et en Afrique du Nord. Les plus importantes ayant été la vente de L’Harrach, le grand vignoble, opération qui a duré plusieurs années avant d’être terminée le 16 mars 1960 seulement, avec de nombreux rebondissements dûs aux conseils d’administrations et aux banques.
La deuxième a été celles relatives à la construction et au déménagement de la maison généralice à Rome. Achat des terrains, accords de tous sur les plans, choix des entrepreneurs et accompagnateurs du projet, règlement de l’aqueduc de l’eau du Vatican qui passe sous la maison, etc. Mise en caisse, embarquement, débarquement de trente-cinq tonnes de matériel expédié d’Alger.
Le domaine de Thibar, en Tunisie, aussi a sollicité beaucoup de démarches pour régler des questions de terrain, d’utilisation des fonds, de propriété, vue les nationalisations.

À cette période d’extension de la Société, de l’établissement de provinces autonomes, il a dû mettre en place de nouveaux systèmes de comptabilité, faire de continuelles prouesses pour trouver et transférer des fonds là où il fallait. Cela l’a amené à un nombre de voyages impressionnants, en auto, train, avion, bateau en l’Europe, aux États-Unis, au Canada, à Jérusalem, etc. La liste exacte présentée dans ses annales suppose une capacité de travail peu ordinaire.

Après vingt-cinq ans à ce poste, où il a eu des moments difficiles dans son travail et dans ses relations avec les trois conseils généraux avec qui il a travaillé, pour la troisième fois il a demandé à être nommé en Afrique. Ce qui fut accepté. Il proposait d’être nommé à Bobo Dioulasso au Burkina pour le CESAO. Finalement ce fut à la province de France, qui l’orienta vers Lyon pour faire une année sabbatique.

Avant on lui offrit un voyage dans nos missions d’Afrique qu’il n’avait jamais vues
Sa première étape fut Bamako, puis Dakar, pour voir l’évolution du journal Afrique Nouvelle publié par les Pères Blancs. La troisième étape fut Bobo Dioulasso en Haute-Volta, où notre Société venait d’ouvrir le CESAO (Centre d’Étude économique et sociale de l’Afrique de l’Ouest), centre de formation pour le développement. Le directeur de cette époque lui a proposé d’y rester pour monter la bibliothèque. Comme il trouvait là une occupation qui lui convenait et correspondait à ce qu’il avait demandé, son voyage s’est arrêté là en 1964. Il y est resté 22 ans. Ce n’est que quelques années après qu’il y a été nommé.

Ce centre faisait partie des trois projets mis en place par les Pères Blancs dans différents pays d’Afrique, au moment des indépendances, au début des années soixante. Le but était de participer à la formation des cadres à mettre en place dans ces pays. Assez vite l’orientation a été prise de se consacrer au monde rural.

Au départ, avec une équipe de trois Pères Blancs et quelques laïcs expatriés, le Père Tiquet a étudié, réfléchi, créé des outils pour mettre en place une méthode nouvelle en vue de promouvoir le développement. C’était le lancement de « l’autopromotion communautaire » Il a contribué au démarrage et au travail efficace de cette institution qui, sur toute l’Afrique de l’Ouest, a formé de nombreux animateurs pour le gouvernement et pour l’Église, dans le domaine de l’agriculture, de la santé rurale, de la maîtrise de l’eau, des coopératives, des caisses de crédits, des eaux et forêts, etc.

C’est à lui qu’a été confiée la tâche de mettre en place la bibliothèque. C’était un vrai centre de documentation où en plus des livres et revues, on trouvait des recensions, des documents inédits publiés par la maison. Elle est devenue très importante, spécialisée sur l’Afrique et sur le développement. Elle était utilisée par les stagiaires du centre, par les étudiants de la ville, et par des chercheurs. Il s’est tellement donné que sa santé en a souffert et de février à septembre 1977 il a dû se reposer plusieurs mois. Ce n’était pas pour lui « une retraite de haut fonctionnaire » comme le lui disaient des confrères.

En plus de cela, le contact avec les ruraux et la nature a réveillé en lui sa passion pour la nature, la botanique et l’étude des arbres. Il accompagnait ses confrères à la chasse et pendant qu’eux cherchaient le gibier, lui admirait, découvrait et étudiait la nature. Finalement il a réalisé une collection de plus de mille diapositives, avec par la suite un livret, présentant les arbres de la zone sahélienne de l’Afrique de l’Ouest. Pour chaque essence, il y a une photo de l’arbre entier, de la feuille, de la fleur et du fruit, le tout accompagné d’un commentaire. Une collection unique qui a été fort appréciée par de nombreuses universités ou centres de recherches. L’original de son travail se trouve à l’université de botanique de Montpellier. Il était un spécialiste en la matière, assez consulté par les grands organismes. Il donnait même des cours à l’école des eaux et forêts de Bobo Dioulasso.

Dans l’enceinte du CESAO, il avait délimité un espace assez grand qui était protégé des animaux, du feu et de la main destructrice de l’homme. Et l’on a constaté que naturellement, sans aucune intervention c’est devenu une forêt aux essences variées, « la forêt Tiquet » que l’on montrait aux stagiaires et aux visiteurs. Ceci prouvait que cette région du Sahel pouvait se reboiser par elle-même.

Le père était très aimé de tous, et a aidé beaucoup d’étudiants et de chercheurs dans leur travail. Il gardait de bonnes relations avec les anciens formateurs expatriés. Jus­qu’à ces dernières années il participait à leur rencontre annuelle.
En 1986, ayant atteint l’âge de la retraite et donc remercié par le CESAO, il a demandé de venir à Tassy. Il laissait à la bibliothèque et comme formateurs vingt-deux laïcs africains, tous de niveau universitaire pour continuer à propager la méthode de « l’autopromotion communautaire » déjà bien répandue dans l’Afrique de l’Ouest.

Arrivé dans notre maison de retraite de Tassy il a continué ses recherches pour découvrir la région et sa flore, qu’il ne connaissait pas, organisant des sorties en voiture et suivant un groupe de botanistes. Mais il disait que c’est un agriculteur voisin qui avait été son meilleur maître.

Il a travaillé aussi longtemps que ses forces le lui ont permis pour réaliser le petit chemin qui monte en pente douce jusqu’au haut de notre bois, encore bien apprécié de tous.
Toute sa vie il a cherché à se former dans tous les domaines. Il lisait beaucoup et très vite. C’est la lecture qui occupait ses journées presque jusqu’à la fin de sa vie, alors que ces forces ne lui permettaient plus d’autres activités.

Le père expliquait que durant sa jeunesse il était bloqué, souffrait de son enfermement, n’arrivait pas à trouver la joie, mais pourtant voulait aveuglément obéir à Dieu. Sa formule était un peu : « Fais ce que dois et advienne ce que pourra ».
Dans ses écrits, fruits de ses réflexions on peut encore lire : « Il y a chez moi coupure entre l’intellect et la sensibilité, suppression de tout sentiment, suppression de tout désir, mauvaise humeur permanente, jugement abrupt. »

Mais Dieu faisant son œuvre a sa façon, il y a eu un choc à son arrivée au CESAO. Ses travaux sur les ar­bres ont été une recherche de Dieu dans la beauté, une rencontre de Dieu. Une prise de conscience du réel. Il disait à un confrère : « Je vois Dieu à travers les arbres ! » et ailleurs : « Dans mon enthousiasme de chasseur d’images, j’ai vu là Dieu qui se révèle dans la création, et ce fut un choc. » Il écrit encore : « Mon homme naturel intime est double… le plan naturel voit et s’arrête au matériel, l’autre voit à travers les choses naturelles, matérielles, recherche le sens, le pourquoi et la fin, et heureusement pour lui, il découvre Dieu » Quelques années après, il pourra écrire : « J’ai trouvé la paix ».

Il a vécu d’une façon très pauvre, et restait discret, peu porté aux grands rassemblements ni aux manifestations publiques, mais s’entretenait par sa gymnastique journalière et aimait bien jouer avec ses confrères à quelques jeux de société, le Yams par exemple mais surtout le bridge. Il avait bien sûr une vie spirituelle très régulière et ses homélies étaient toujours riches.
Il s’est éteint au soir du vendredi saint, le 21 mars 2008, après quelques semaines de souffrances que l’on avait de la peine à calmer, jusqu’à ce qu’il entre dans un coma beaucoup plus pacifié les derniers jours.

Il a été enterré dans le dépouillement et l’intimité de notre communauté de Tassy, sans honneur particulier à l’égard d’un membre aussi éminent de la Société, et qui a eu un grand rôle dans son développement. Seuls étaient présents quelques membres de sa famille qui restaient régulièrement en contact avec lui et qui étaient les représentants des quarante et un parents qui s’étaient retrouvés pour deux jours, le dimanche d’avant, pour leur rencontre annuelle.

Il est inhumé dans notre caveau de Tourrettes. Son départ en pleine semaine sainte, à l’image du Christ, nous rappelle que ceux qui luttent avec confiance pour chercher et suivre leur Dieu, même dans des moments d’obscurité, arrivent à la Lumière. Le père Tiquet est dans la pleine lumière maintenant. Qu’il repose en paix.

Régis Chaix



PROFILES

Father Jules Gysens

1924 - - 2007

It is probably a cliché that to understand someone you have to know his origins. Jules Gysens was a true son of Brabant, Belgium. He was born and died in the same house in Zoutleeuw. His family home had been transformed into a retirement home and it was there Jules gave up his missionary soul to his heavenly Father on Sunday the 2nd September 2007.

After secondary school at Lou­vain and Saint Trond, in Sep­tember 1944, he entered Boechout to begin his philosophy. Gustaaf, his brother, had preceded him there a few years previously. Then followed his novitiate at Varsenare and theological formation at Heverlee, where he took his Missionary Oath on the 22nd July 1950 and received the priesthood from the hands of Bishop De Smedt on the 24th March 1951. His professors in the Scholasticate had already noted his bushwhacker style, his jokey side, his loud voice, swiftly adding, ‘but good-hearted, even tender, under an often tough hide.’ Another added, ‘He is well thought of by the whole community and even by people from outside, with whom he has been in contact.’ These traits would characterise his whole life.

Appointed to Rwanda, where his brother Gustaaf had already arrived, Jules left on the 24th September 1951. After a short initiation at Kigali, he was appointed Director of the ‘Institut Léon Classe’ Technical School. A year later, he was at Mibirizi as Director of Schools. In August 1953, he received the same responsibility at Byumba, where he gave courses at the Teacher Training College. On the 1st May 1954, he left for Kibungo as co-founder of the new parish. The following year, Jules became superior of the community at Rwaza and director of the boarding school. He returned to Belgium for his first home leave in April 1959.

Back in Rwanda, he was curate at Kabgayi for some years. In February 1962, he was appointed parish priest of Kiziguru, a compulsory crossroads for the many tourists who came to visit Akagera Park nearby. Jules’ hospitality was known and appreciated by everyone. In February 1968, Jules set himself up in a caravan and founded Musha parish. He remained there as parish priest until his home leave in July 1969. Once back in Rwanda, he spent the best part of a year at Cyeza and one at Nyamiyaga as a ‘stopgap’, as he himself put it. In September 1972, he founded Rusumo parish and remained there as parish priest, until he was expelled from the country on the 26th May 1973.

He would have so much liked to remain among the poor people in Rwanda, working with the deprived and exploited. However, his political involvement embarrassed the authorities. ‘I knew it would happen to me one day and I would be told to leave the country within 24 hours,’ he wrote. He prepared himself for it in a spiritual retreat, during which besides, he had decided that if it happened, he would not try another African country, but would return to Belgium. Nevertheless, this unjust expulsion pained him greatly.

Having returned home to Belgium for good, he sought without delay ways he could become involved in parish work. He became parish priest at Sluizen, a small parish of 6,000 inhabitants. His aim, he told them on arrival, was to make of Sluizen a genuine community where peace and friendship would reign. He did so, through the many associations that existed, amongst other means, as well as by the Scout troop he founded. From 1976 till 1993, he was parish priest of Leopoldsburg. There, too, he launched the Scouts and was in his element during Scout camps.

As a ‘retired priest’ he remained active for two more years in parish ministry, firstly at Saint Trond, then at Zoutleeuw. He always did his rounds on bicycle, as he claimed that it made contact easier, stopping here and there to chat with those he knew and even with tourists. The people remembered his homilies that were always brief, simple and spiced with a little humour. He was used to saying, ‘A smile sorts all kinds of things, a smile brings comfort and joy.’ Jules was a happy man, cheerful and full of humour, pleasant in his relations, while sometimes a bit rough and tumble. Nevertheless, he had the gift of kindness in the wholesome, frank and direct character of his speech.

He clung to his White Father family. When people were still speaking about confreres in the ‘diaspora’, living outside community, he wrote, ‘I repeat that I consider myself a White Father, completely, and I feel proud of it. I am a White Father Missionary and I am happy to be so.’ In addition, in an introduction to his spiritual testament, he again wrote, ‘Dear White Father confreres, be aware that I have always been proud to be a White Father. Thank you for what, and it is a lot, that I have found in you all, my superiors, here and on the mission. Thank you for your patience.’

The farewell liturgy was concelebrated in Saint Léonard parish church at Zoutleeuw, during which the email from Fr. Rik Lenssen, Regional Superior in Rwanda was read. ‘We wish to express our Christian condolences to his brother Staf and all the family. After his forced and cruel departure from the people of Rwanda whom he deeply loved, Jules continued to feel for all that was happening in his country of mission. All those who knew him and had lived with him knew that he was a sensitive soul and Jules let flow his heartfelt sentiments in his own original way. Jesus enabled him to grow and flourish wherever he had need of him.’

 





Vincent Timmermans
Associate Member


1966 - - 2007

Vincent was born at Louvain, Belgium, on the 21st November 1966 and spent his youth at St-Trond, where his father was a surgeon. In 1993, Vincent completed his studies in medicine, but for two more years took a specialisation in family medicine. He practised for a few years, but in 1997 he started theology studies at the major seminary of Hasselt. It is not without merit to point out at this stage that during the period of handing over his medical practice, Vincent had a car accident (another car rammed him from the rear). This accident had its effects. He had to leave the seminary in 2000, partly due to his health problems. He continued his spiritual quest, firstly within Jean Vanier’s Ark Community, then with the Missionaries of Africa. In 2002, he had a short stay in Bukavu; in 2003, he worked at Lubumbashi, at the Afia Clinique, run by the Salesians. In 2005, he followed a course in Tropical Medicine at the Antwerp Tropical Institute, a compulsory measure for any commitment by a volunteer recognised by the Belgian State. This period of studies was to some extent upset due to health reasons.

On the 16th November 2005, Vincent was received into the Society as an Associate Member. The ceremony took place in the chapel of the Provincial House in Belgium. Accepted as a volunteer by the Belgian volunteer sending organisation ‘Volens’, Vincent left on the 3rd February 2006 for Burundi, where he worked as a doctor on the ‘Nouvelle Espérance’ (New Hope) project, which welcomes, cares for and accompanies AIDS sufferers and their families.
Vincent devoted himself wholeheartedly to this project and was happy in it. It also brought him closer to God. ‘I know he is very near to me,’ he sometimes said.

His health continued to be a cause of concern for him. In the ‘Bulletin de cotation des employés’ de Nouvelle Espérance (2-5-07), we read, ‘Dr Vincent likes his work very much. Unfortunately, he is limited by his health that is often poor. In fact, he rarely works a full week. However, when he does work, he does it well, he likes the sick and does his consultations well.’ In July 2007, Vincent had to return to Belgium for medical treatment. On the 5th August, he was back again in Bujumbura, his head full of plans for ‘Nouvelle Espérance’. On the morning of the 12th September he was found dead in bed, gone without warning, totally unexpectedly. He was 41.

On Sunday the 23rd September, the Eucharist was celebrated for Vincent at Buyenzi, parish church, where the ‘Nouvelle Espérance’ project, founded by the Missionaries of Africa, is sited. Vincent’s parents, for whom this was their first trip to Africa, his sister and brother-in-law, his young brother, his aunt and his godmother attended. The Belgian Ambassador was also present.

Vincent’s body was repatriated and on the 29th September, we concelebrated the Eucharist at Varsenare, to give thanks together with his family for Vincent’s life of commitment. He was then laid to rest in our cemetery. At the end of the service, a member of his family put it this way, ‘During your many visits to us at the coast, we sometimes said to you in fun, ‘Vincent, your kingdom is not of this world, right?’ It was somehow true. Inspired by a great ideal, you decided at 18 to become a family doctor. In your medical practice at St-Trond, not only did you pay attention to the physical complaints of your patients, you had a sharp ear for their spiritual misery too.’ Further on: ‘Vincent, your kingdom was certainly not to be found in our western world. You finally found it in that distant African soil, in a Church simply at the service of the sick and suffering. Is this not the Church desired by Christ himself, the real one, without protocol and ostentation? Now you have arrived in the kingdom of your beloved God, delivered from any physical pain and every worry. Pray for us. Adieu!’

On the memorial card, we read a word of thanks from our confrere Armand Galay, Director of ‘Nouvelle Espérance’ at Bujumbura: ‘Thank you, Vincent, you gave your life to the mission, to the people of Burundi. We wish to continue your work, the mission that you loved so much, so that the people who live with HIV/AIDS, the orphans and vulnerable young people may rediscover new hope.’





Father Josef Vander Linden

1934 - - 2007

Father Joseph left us totally unexpectedly, suffering a cerebral haemorrhage in the middle of the night. We could not even say goodbye, as he died the same day, without regaining consciousness. It was typical of him to leave with tact and discretion and not to be a burden to anyone. Moreover, on the evening of his death, following on the exposé of Fr Jan Mol on the decisions of the General Council at Addis Ababa, he still spoke at length with his confreres on his happiness in being able to work in parishes in Burkina. These parishes had small Christian communities, (affecting no more than 4% of the population), but that had good contacts with Muslims, a daily dialogue and neighbourhood meetings.

Joseph was born on the 21st April 1934 at Sint-Maria-Oudenhove in East Flanders, in the Diocese of Gent, Belgium. He did his secondary schooling at the high-status Sint-Lievens de Gand College and in September 1954, he entered the White Fathers at Boechout for philosophy. After his novitiate year at Varsenare, he arrived in Heverlee for theology, took his Missionary Oath on the 3rd July 1960 and was ordained a priest on the 2nd February 1961 at the hands of Bishop Schoenmaekers. After a three-month pastoral course at Mours, he was ready to leave for Upper Volta.

The ‘Brazza’ cast off from Bordeaux for Abidjan at 6 in the evening on the 6th December 1961. On board there was a caravan of 6 White Fathers, including three for Mali, Frs. Paulin, Giacon and Anthonissen, two for East-Volta Region Frs. Vander Linden and Dewallef, and one for West-Volta Region, Fr. Gabriel Pichard, who was also in charge of the caravan, as the veteran.

Appointed to Bishop Durrieu’s Diocese of Ouahigouya, Joseph began the Mooré language course on the 1st January 1962 at Guilongou Language Centre with four other confreres, under the direction of Fr. Géraud Clou, an old hand of Ouahigouya.
For forty years, he would be Missionary in Burkina Faso, a country of the Sahel, dry, hot and poor, with a majority Muslim presence. Joseph spent his entire missionary life among the Mossis, the Fulcé and the Fulani of the Sahel, during which time he showed himself to be a priest whose solid faith was founded on the great traditional values. A man of few words, one had the expectation that there was always something deeper, more delicate, more meaningful behind his words, something of greater importance, but it was left unsaid.
Initially curate at Tikaré, he became parish priest of Gourcy at the end of 1964. In May 1970, he left again for Tikaré as curate and became its parish priest from 1975-1979. During these years, the Regional noted, ‘Joseph is a very serious and zealous missionary, a little tense in his work. Even when he wants to relax, it feels like he is doing so out of duty.’

In September 1979, he was appointed administrator of the cathedral, where he remained until 1994, except for two short years, 1984-1986, when he became parish priest of the parish of Titao, in construction.

Fellow Belgian Father Hubert Huybrechts, was Regional of Burkina Faso and he underlined these features: ‘Joseph is concerned to form sound Christian communities. The people love him. His faith is contagious. Joseph is a community man who seeks and knows how to create unity. The community of priests and the two communities of African and European Sisters work well together and pray together. He knows how to set the tone in his own community, encouraging and supporting his confreres. He is held in high regard by his Bishop and the African clergy. The training of laypeople was also a priority for him, as well as the commitment of the Church towards development. That is how we were able to collar the funding for the small dam at Tikaré, achieved with the help of the people, for the sustainable re-supply of dry wells, the creation of a cooperative for generic medicines and all pharmaceutical supplies, the opening of savings banks, the regular sending of young people for advanced training to the Bobo Dioulasso CESAO, etc.’ His last appointment in Burkina was to Burzanga parish, where he was parish priest from 1995 till 2001, the year he returned to Belgium for good. His final mission was to hand on this vast parish to diocesan clergy.

The Belgian Father Provincial had in fact called for him to take charge of the Varsenare community. Joseph had agreed. He accomplished this ministry to our senior confreres with a deep, consoling faith and much love and competence. The community project of these ‘retired’ confreres, spelled out under his initiative, was profoundly missionary. ‘We are not nostalgic for the missionary model of St Francis Xavier, who travelled to other continents and other countries, learning other languages. The missionary model we knew is the one we experienced when travelling through the rural areas of Africa to found missions. However, the Church proposes yet another missionary model to us, that of St Therese of Lisieux. She too is Patroness of the universal mission, although she never left her convent.’

Joseph shouldered this responsibility for four years, until it was psychologically beyond his powers. Then, in August 2005, he became superior of the house at Bruges, until its closure in 2006. He then returned to Varsenare as a resident, where in the night of the 11th October 2007, he heard a voice whispering, ‘Come, good and faithful servant, enter into the joy of your Lord.’
Joseph was the reincarnation of the Servant of Yahweh described in Isaiah 42: 2-3,

‘He does not cry out or shout aloud, or make his voice heard in the streets.
He does not break the crushed reed, nor quench the wavering flame.’




Denis Tapsoba
Bishop Emeritus of Ouahigouya,


1916 - - 2008

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Denis Tapsoba was born in Ouagadougou Goungên on the 6th July 1916, son of Grégoire Tapsoba and Jeanne Zida. He belonged to the Goungên Naaba (Prince) family. He was baptised a few weeks later, on the 13th August.

He did his primary schooling at the Mission School at Ouagadougou and entered Pabré Junior Seminary in September 1929, when he was just 13. He did five years at Pabré before entering Koumi Major Seminary, which was just at its beginnings and for the first time was opening its doors to young clerics, under the paternal eye of Father Durrieu, future founder of the Church in Ouahigouya.

He was ordained a diocesan priest at Ouagadougou by Bishop Thévenoud on the 16th May 1944 and was appointed curate at Réo, which then belonged to the Ouagadougou Vicariate Apostolic. He remained there for five years.

He was the first priest to learn Lyélé, the Gourounsi region language, a missionary indicator foreshadowing his application to join the Missionaries of Africa. In any case, he underwent a fundamental missionary experience in uncovering another culture, taking the steps required to know it better. ‘I arrived there not knowing a single word of the dialect used in the parish. I had to set myself to learn the language, like all my confreres arriving from Europe, with the slight advantage, of course, that it was an African tongue, whose sentence structure had a lot in common with Moore, so much so that I managed to learn it quite easily.’

The priesthood was Fr Denis Tapsoba’s first and foremost reason for being. It is interesting to reread some passages from his letter to the Superior General on the 27th March of the same year, in which he justifies his application to enter the Society, with great insistence on obedience and readiness to serve:

‘In only two month’s time I will be six years ordained. I believe I have thought deeply enough about the importance of the step I am taking today. My Ordinary does not appear to oppose it. Perhaps your Lordship (Bishop Durrieu, whom he had known at Koumi), would like to know what is my motive for entering the Society, since I already share the life of the missionaries? This is a question I have asked myself when examining my vocation. I see in it the means to achieve a legitimate desire more easily, ‘Always to be a priest to the ultimate possible.’ Up to now, as a member of the diocesan clergy, it has never entered my mind to limit my complete submission promised to Our Lord in the person of my Ordinary. I would therefore be entirely at the disposal of the Superior General.’

In an allusion in the same letter to the possibility of travelling to Rome and France, he writes, ‘I would firstly prefer to do my Novitiate, so that the memory of all that I will have seen does not distract me during it. At the end of my Novitiate, if my Superiors so desire, they could send me to a house in France, where, while accomplishing the task they would assign to me, I could engage in various parish activities and also learn about life in France. This would contribute to making me even more ‘the ultimate priest’, as I will see thousands of different ways of setting oneself to achieving good for souls. A trip to Rome or a quick visit to France runs the risk of satisfying my devotion or personal curiosity only, without much benefit for my ministry.’

His wishes were granted and he did his Novitiate at Maison Carrée, arriving there in July 1950. He made his final commitment to the Missionaries of Africa at Mours, where he took his Missionary Oath on the 28th September 1952, after having already completed a year of social studies at the Paris Institut Catholique. He continued these social studies until the licentiate, returning to the diocese of Koudougou on the 28th January 1954. He was then appointed to Catholic Action in the diocese, and he was entrusted with responsibility for social work.

He became Catholic Action National Chaplain on the 24th June 1958. In this way, he made his first contact with his future diocese.
On the 25th September 1960, he was appointed administrator of Saint Augustin’s Cathedral, Koudougou. After these five years in the parish, he was appointed Bishop of Ouahigouya, replacing Bishop Durrieu, who died on the 31st May 1965.

His consecration took place at Vienna, Austria, on the 16th October 1966. Bishop Tapsoba’s chosen motto, ‘In caritate non ficta’ – in real charity there is no sham – was in evidence in Ouahigouya Diocese in the creation of four parishes: 1966, Notre Dame of All Joy, Titao; 1968, Sts Peter & Paul, Séguénéga ; 1976, St Matthias Mulumba, Djibo ; 1981, St Therese of the Child Jesus, Kongoussi. He promoted research in the area of inculturation, notably liturgy and catechesis.

In 1967, he founded the Congre­gation of Sisters of Notre Dame du Lac de Bam, since become an Institute of Diocesan Right. He opened a catechists’ training centre (CFC), also at Bam. He was always concerned to implement the orientations of the Second Vatican Council in daily life, with a special emphasis on dialogue with Muslims, so numerous in his diocese.
He was committed to the service of people and of every person: emergency help and presence towards all those in need, particularly in the 70s, but also in literacy tuition and anything concerned with training.

It would be interesting to quote here what he said in 1966, shortly after his consecration and that brings out his simplicity:
‘Having a bishop is not everything and a bishop in a diocese does not do everything.’ For this reason, he wanted to have a place he could gather his priests for meetings. ‘In this way, every year we could have an overall view of the major problems of the diocese, examine them together and try to throw light on them, so that the apostolate could progress for the best. In addition, he remarked that this plan was perfectly in line with the Council. In any case, I believe the Council was only following logic. Indeed, it is more logical not to waste energy, everyone working in his own corner. Seeing what the neighbours are doing makes the task easier. If anyone wants to come and help me, I would like to have this guest house for my confreres, and – he added laughing – when it is finished, if you still want to help me, I will think about a house – for the bishop! It is the least of my worries. If it cannot be done, I will do like my predecessor, Bishop Durrieu. What belongs to me in the Bishop’s ‘palace’ is a small room three or four metres long that I partitioned with a curtain; on one side is my office and on the other my bedroom. Furthermore, I consider myself luckier than my predecessor, as when it rained he had to take cover under the veranda or in the refectory, where he stayed seated until the rain stopped.’

Bishop Denis Tapsoba would remain at Ouahigouya until 1984, the year of his resignation for health reasons. In fact, he was becoming increasingly unable to see. On the occasion of his fifty years of priesthood, in an interview granted to ‘Observateur Paalga’, one of the daily newspapers of Ouagadougou, he said, ‘When I asked Rome to be relieved of my responsibilities, the reason was that I had accepted to become Bishop to render a service. Now that I find myself unable to accomplish this service properly, I prefer someone else to do it, so that the diocese is not hindered by it, but rather makes greater progress.’

If for him, priesthood appeared as the ultimate core of his vocation, his missionary spirit remains an example for everyone. He had always been a Missionary and he did not stint himself in going through all the villages to proclaim the Good News of the Kingdom. Quoting from the same interview: ‘During my fifty years of priesthood, I spent 22 years in Koudougou. Then I was appointed to Ouahigouya, firstly as a priest then as Bishop. At all times, I had to exercise the same apostolic ministry, i.e., to proclaim the Word of God and baptise the people to make Christians of them. I assure you that from my ordination till today, I have never for a moment regretted becoming a priest. During my years spent at Réo, as a means of transport, I only had a simple bicycle that the Goungên Naaba bought me at my ordination. I used it in all weathers at that time. In the same way, we went out for the week and around the villages, either on foot or on bicycle. Moreover, when we came back, we set off again for another week, six days in the rural areas for the same task (visit our parishioners, providing the Sacraments). In the third week, we were allowed to remain at home to make visits from the morning, returning at 11am and then in the afternoon again from 3pm - 5pm.’

This is clearly a ‘more than ordinary zeal’ and everyone agreed that ‘Père Tapsoba’, priest or bishop, was someone with a great readiness to serve and was appreciated wherever he went. In the same interview, he again said, ‘I never had a brush with anyone, not a single day!’ Those who knew him know how true this is. He was calm, simple, easy to approach, always welcoming to whoever was in need and always kept the door of his house open, as well as his heart.

After his departure from Ouahigouya, he made his decision to settle at Ouagagoudou, in his Goungên neighbourhood. He did not go to retire, but celebrated Mass every morning at 6 for the parishioners of the neighbourhood. After­wards, he would have a passage from the Gospel read to him, then the newspaper from beginning to end. From 10am, he would be in his office, available for those men and women who might need him. He himself said, ‘My days are full to bursting and I don’t have time to be bored!’

Félix Sompougdou, the oldest of the 31 young confreres from the Province of Burkina, gave this tribute: ‘He was an inspiration for the first candidates of the new generation of Missionaries of Africa, in the sense that he reminded us of his membership of the Society, he came to visit us in our former Formation House and encouraged us to visit him. He always expressed to me his regret at not having been a Mis­sionary outside his home country, but he was content to have served in the dioceses of Koudougou and Oua­higouya in the spirit of the Society. My reaction on learning of his death was to give thanks to the Master of life, who had kept him very lively and cheerful in being who he was, in spite of his disability.’

As long as he could get around, thanks to his faithful companion, Emile Sawadogo, he took part in all the meetings of the Missionaries of Africa in the Ouagadougou Sector and was sure to keep informed of the news of the Society, when receiving visits from one or another. Having remained in Burkina, since that is where he had been appointed, he was no less open to Africa and to the world, but in particular to everything concerning his religious family.

On the 21st October 2006, Bishop Denis Tapsoba had the joy of celebrating 40 years as a Bishop, 54 years of Missionary Oath and 62 years of priestly ordination at the age of 90, surrounded by his brother Bishops, his former diocesan fellow-priests, many friends and a good number of Missionaries of Africa, who made the trip especially for the occasion.

Obviously, this celebration was for him the opportunity to reiterate his gratitude, adapting the prayer he had composed for his Golden Jubilee of Priesthood. ‘Lord, Author of all good! Thanks be to you for having shown your power and mercy towards me and for having accomplished marvels for your people, thanks to me and through me, throughout these years of service. You have placed your hand upon me, Lord, do with me what you will.’

A year and a half later, on the 13th March 2008, Bishop Denis Tapsoba passed away at Ouaga­dougou, surrounded by his nearest and dearest. After a farewell vigil on behalf of the Christians of Goungên, he took the road to Ouahigouya. On the 17th March, in the new cathedral being completed, he was laid to rest. May he continue to rest in peace.

Pierre Béné
Provincial Secretary of Burkina

 




Father Jean Tiquet

1910 - - 2008

Here is a confrere who had an uncommon missionary journey in our Society of Missionaries of Africa. He only had three appointments in his long life of 69 years of service in mission. He was never appointed to a diocese or a parish.

This stability enabled him to accomplish important and vital tasks during his time as Treasurer General, when the Society was in vigorous expansion and when he was at CESAO, a White Father enterprise.

He left some writings relating his work as Treasurer General and a much more personal, even private, booklet that he himself entitled ‘My confessions’, where we find all about his somewhat difficult journey.

Father Jean Élie Tiquet was born at Algiers in 1910. His family were living there, his father was an engineer, a director of an iron ore mine for ZACCAR. He had two sisters, one of whom became a nun and predeceased him by two years. He feared his father, who was rather stern. Jeannot was his mother’s favourite and he got on well with her, which helped a great deal. At home, there was order and discipline; this strict upbringing reinforced Jean’s natural tendency to close in on himself. He met with problems from his childhood onwards, which made him unhappy. He said that the YCS helped him a lot to come out of himself and to overcome this impediment.

His family had a property, ‘Picou’, near Carcassonne, Corbi­ères, in their home region. They would holiday there and Jean, who liked it a lot, would return there regularly until the end of his life. It was there his mother died in the summer of 1925, when he was only 15.
He did all his schooling at Algiers. Once he reached the Baccalaureate, he did not quite know what to do next and began to study law. At the end of his second year, he nevertheless had to make a choice. He wanted to help the Algerians, for whom nothing was being done, as well as to serve God.

During his holidays after his second year of law, he took part in the ‘Pax Romana’ Congress and Scouts came to camp at Picou. He followed the camp and accompanied them to Lourdes. He came into contact with chaplains during these meetings and one of them asked him directly if he had ever thought of a vocation to the priesthood. After thinking about it, he decided to go towards the White Fathers, since ‘they were the only ones doing something for the local people.’ He was not sure what they did exactly, ‘We shall see that later.’ They are men of God, they do not live for anything else. Therefore, they can be trusted.

Towards the end of his third year of law, he made contact with the White Fathers and after a three-day discernment retreat, he decided to apply for the seminary at Kerlois. He was asked to put the doctorate aside for the time being.
He entered Kerlois in October 1931. He was not put off by the strict and regulated regime. He was enthusiastic about philosophy. At the end of his first year, an Assistant to the Superior General on a visitation decided that Brother Tiquet should prepare his doctorate in law the following year, specialising in ‘political economics’ and ‘public order.’ He left for the Novitiate the year after, but had to spend three months to complete his studies, as he was out of step in relation to the others. At the end of the Novitiate, he was again asked to write a thesis to obtain the degree of Doctor of Laws. This thesis had already enabled him to have a lot of access to the documents of the Society, drawing straight from the sources. Entitled ‘Une expérience de petite colonisation indigène’ (An experience of small-scale indigenous colonisation), his thesis was accepted with a very high commendation and afterwards won a prize from the French Academy of Agriculture.
He continued his studies at Thibar and was ordained at Carthage on the 25th March 1939, a date advanced for fear of the impending war. A few months later, his father died.

From 1939, Father Tiquet took his place at the Mother House, where he was at ease with the very precise lifestyle of the Directory and the Constitutions that were not more strict than his childhood. Father Jeuland, Assistant General, was like a mother to him. His great pleasure was to be able to take off for the mountains of Kabylia, where he admired all the beauty and harmony, filling him with joy.
His first appointment was for the Archives, where Bishop Birreau asked him to classify all the files relative to the ‘Groupe’. There were at least nine societies forming ‘le groupe’ and in which the White Fathers had more or less some shares. We were majority shareholders in El-Harrach, but we wanted to separate from it, as everything was in its death throes as a business. This task was indirectly a preparation for his future post as Treasurer General, during which he would put order into all of that. He observed that in many cases, the White Fathers were being used, but that it no longer served much of a purpose at that time. After the departure of the official Archivist, who was then 84, he reorganised the files of all the Fathers according to his own method. He had them made into cabinets adapted for the purpose that, moreover, were taken to Rome during the relocation.

In 1942, he was appointed Treasurer General and when we read the records he wrote during those twenty-five years in the post, the activity and competence he showed in order to have the office function the way it did are truly impressive.
He had to intervene in at least a dozen or so important property transactions in different countries of Europe and North Africa. The most important of these was the sale of El-Harrach, an operation that lasted several years before completion, as recently as the 16th March 1960, with several twists and turns due to the situating of boards of governors and banks.

The second most important was relative to the building and relocation of the Generalate to Rome. It included the purchase of plots, agreements on all the plans, selection of contractors and accompanying personnel for the projects, regulations concerning the Vatican aqueduct that passes below the house, etc. In addition, there was the packaging in cases and the loading and unloading of thirty-five tons of material despatched from Algiers.
T

he domain of Thibar also gave rise to numerous steps to take for settling matters of land, use of funds and property rights, especially in view of nationalisation.
At this period of the Society’s expansion and the establishing of autonomous Provinces, he had to set up new systems of accounting, constantly using superior skills for finding and transferring funds where they were needed. This led him to make a number of impressive journeys by car, train, plane and ship in Europe, to the United States, Canada, Jerusalem, etc. The exact list presented in the records presupposes an extraordinary capacity for work.

After twenty-five years in this post, where there were difficult times in his work and in relations with the three Councils General with which he worked, he asked for the third time to be sent to Africa. This was agreed. He proposed to be appointed to Bobo-Dioulasso, Burkina, for CESAO. Finally, it was to the Province of France he was appointed, directing him to Lyons to do a sabbatical year. Before this, he was offered a trip around our missions in Africa that he had never seen.

His first stop was Bamako, then Dakar, to see the ongoing development of the newspaper ‘Afrique Nouvelle’, published by the White Fathers. The third stop was Bobo-Dioulasso, Upper Volta, where our Society had just founded CESAO, (Centre d’Étude économique et Sociale de l’Afrique de l’Ouest) Centre for Economic and Social Studies in West Africa. Its director at that time proposed he remain to build the library. As he found in it an occupation he liked and corresponded with what he had requested, his journey stopped there in 1964. He remained for 22 years. It was only some years later he received the appointment.

This Centre was part of three projects set up by the White Fathers in different countries of Africa becoming independent, (ca. 1961). The aim was to take part in the middle range executive training to be set up in these countries. Quite soon, the decision was made to devote resources to the rural areas.

At the outset, with a team of three White Fathers and some expatriate laypeople, Father Tiquet studied, reflected on and created instruments to set up a new method, in view of promoting development. It was the launch of ‘Autopromotion Com­munautaire’ Community-based self- advancement. It contributed to the starting up and effective working practice of the institution that in the whole of West Africa trained many leaders for government and the Church, in the field of agriculture, rural health, water management, cooperatives, credit unions, water and forestation, etc.

He was entrusted with the task of setting up the library. It was a real documentation centre where, in addition to books and magazines were found reviews and unedited documents published by the house. It became very important, specialising on Africa and on development. It was used by the Centre’s trainees, by students from the town and by research students. He gave so much of himself that his health began to suffer and from February till September 1977, he had to rest for several months. For him, it was not a matter of a ‘retreat for high-flying civil servants’, as some confreres told him.

In addition, contact with the people of the rural areas and nature awakened in him his passion for nature, botany and the study of trees. He accompanied his confreres on hunts and while they looked for game, he admired, discovered and studied nature. Finally, he collected over a thousand slides, followed by a booklet, presenting the trees of the Sahel zone of West Africa. For each species of tree, there was a full-length photo, the leaf and the fruit, each with its own description. It is a unique collection highly appreciated by several universities and research centres. The originals are in the Botanical University of Montpellier. He was a specialist in the subject, fairly well consulted by major organisations. He even gave courses at the Bobo Dioulasso School of Water and Forestation.

Within the CESAO compound, he mapped out a substantial protected area from wild beasts, fire and destructive human will. Furthermore, it was noticed that naturally, without intervention, it became a forest of varied species of trees. ‘Tiquet Forest’ was shown off to trainees and visitors, proving that this Sahel region could reforest by itself.

Father was much loved by everyone and he helped many students and researchers in their work. He maintained good relations with former expatriate teachers and up till recently, he took part in their annual reunions.
In 1986, having reached retirement age and therefore compulsory retirement from CESAO, he asked to go to Tassy. He left the library and twenty-two African university trained, lay teachers to continue to transmit the method of ‘Autopromotion communautaire’, already widespread across West Africa.

Once back in our retirement community of Tassy, he continued his research, discovering the region and its flora, about which he did not know, organising outings by car and belonging to a group of botanists. However, he told me it was a neighbouring farmer who was his best teacher.

He worked, as long as his strength would allow, to cut a small path that rose gently to the summit of our woods, which is still much appreciated by everyone.
His whole life was spent educating himself in every area. He read a lot and quickly. Reading filled most of his days until near the end of his life, when his strength did not allow him more active pursuits.

Father explained that during his youth he was blocked, suffering from his isolation, unable to find joy, but nonetheless desiring blindly to obey God’s will. His slogan was more or less, ‘Do what must be done and come what may.’
In his writings, the outcome of his thoughts, we can still read, ‘There is a divide in me between my mind and feelings – there is a suppression of all feeling, suppression of any desire, permanent bad mood, rash judgement.’

However, God is at work in each person in his own way and he got a shock on his arrival at CESAO. His work on trees was a seeking for God in beauty, a meeting with God. It was an awakening to reality. He said to a confrere, ‘I see God through trees!’ Elsewhere, he wrote, ‘In my enthusiasm as a seeker of images, I see there that God reveals himself in creation and I got a shock.’ Again, he wrote, ‘My natural intimate being is dual – on the natural plane, he sees and stops at the material aspect, the other being sees through natural, material things, seeking meaning, the why and the wherefore, and happily for him, he discovers God.’

Some years later, he would write, ‘I have found peace.’
He lived in a very poor way, and remained discreet, little inclined to large gatherings or to public demonstrations. By contrast, he kept up his daily gymnastics and liked to play card games with his confreres, ‘Yams’, for example, but especially bridge.

Needless to say, he had a very regular spiritual life and his homilies were always rich. He passed away in the evening of Good Friday the 21st March 2008, after a few weeks of suffering that was difficult to relieve, until he fell into a coma and was much more pacified in his final days. He is buried in the sobriety and intimacy of our Tassy community, without particular honours with regard to an eminent member of the Society who played a pivotal role in its expansion. Only some members of his family, who remained in regular contact with him and who were the representatives of the forty-one relatives who had met for two days from the Sunday preceding for their annual meeting, attended.

He has been laid to rest in our Tourettes vault.
His departure in the middle of Holy Week, after the example of Christ, reminds us of those who struggle in trust to seek and follow their God, even in times of obscurity and finally reach the Light.
Father Tiquet is now in the fullness of the light and may he rest in peace.

Régis Chaix