NOTICES BIOGRAPHIQUES
Père Henri
Valette
Henri Valette est
né le 2 janvier 1929 dans une famille dagriculteurs de la Bresse,
au nord de Lyon. Il est laîné de onze enfants qui grandissent
dans un milieu sain, empreint de valeurs chrétiennes. Toute sa vie
il restera très attaché à sa famille. En quittant lécole
primaire de son village, le jeune Henri est admis au petit séminaire
de son diocèse. Sentant lappel de la vie missionnaire, il y est
encouragé par ses éducateurs qui le recommandent chaudement
au Supérieur de notre séminaire de Kerlois.
ll y arrive en 1947, à lâge de 18 ans. Travailleur consciencieux et surnaturel, il sy révèle une bonne recrue pour les Pères Blancs. Et cest tout naturellement quen 1949 il prend le bateau pour le noviciat de Maison-Carrée ; lannée suivante il est nommé au scolasticat de SHeerenberg (Pays-Bas) pour ses études théologiques quil terminera à Monteviot en Ecosse. Tout au long de ces années, bien quils dénotent toutefois une certaine réserve, ses formateurs soulignent le sérieux quil apporte à toutes choses, que ce soit aux études, à la vie spirituelle, aux divers services ou à la vie de communauté.
Cest donc sans problème que le 27 juillet 1953,
il prononce son serment missionnaire, et est ordonné prêtre le
10 juin de lannée suivante. En fait, plus ou moins secrètement,
il vit assez mal ses années de formation, trouvant les études
trop abstraites, éloignées de la vie réelle, et souffrant
dun cadre de vie trop rigide, et dune organisation trop traditionnelle
de la vie spirituelle. Aussi cest avec un grand espoir quil regarde
en avant vers la vie de mission en Afrique.
Cest donc avec une grande déception quil
reçoit sa nomination pour faire des études dhistoire à
luniversité de Strasbourg. Il y retrouve une vie sclérosée
de maison de formation. Et la vie universitaire ne fait que renforcer son
dégoût pour la vie intellectuelle. Il en arrive au point de se
demander sil a bien fait de sengager dans la Société.
Voulant y voir clair, il va faire les Exercices Spirituels, sous la direction
du Père Laplace s.j. Ayant discerné que son appel est bien chez
nous, il retourne à Strasbourg. Mais les Supérieurs, estimant
quil nest pas fait pour la vie intellectuelle et pour lenseignement,
décident de mettre fin à ses tribulations, lui permettent dinterrompre
ses études, et le nomment enfin en Afrique.
Cest un homme libéré qui, le 6 janvier 1958,
arrive à Mbarara en Ouganda. Il est nommé à la paroisse
de Wekomire, où il sinitie au Rutooro. Il va avoir le bonheur
de rester une quarantaine dannées dans la vie pastorale de la
région de ce qui va devenir les diocèses de Fort Portal et de
Kasese. Les mutations vont se succéder entre Wekomire, Hoima, Yerva,
Virika, Kilembe, Kasese et Hima. Mais cest toujours le même Henri
qui se donne pleinement à son ministère. Ces années vont
être marquées par deux événements importants :
dune part le deuxième Concile du Vatican et son suivi dans la
vie de lEglise locale, et dautre part lhistoire mouvementée
de lOuganda avec les régimes dObote, dAmin Dada et
de Museveni.
Henri a intensément vécu cette période.
LEglise ougandaise montrait une forte vitalité, et Henri a pu
se consacrer aux diverses activités dun missionnaire : administration
des sacrements, catéchèse, nombreux safaris dans les succursales,
préparation au mariage, diverses tâches administratives, engagement
dans les écoles et dans les mouvements
partout il sefforce
dinsuffler le renouveau de Vatican II. Il aimait les gens, sefforçant
de les connaître le plus profondément possible, les visitant
dans leurs maisons, les recevant dans son bureau toujours ouvert. Son évêque
émérite, Mgr Egidio Nkaijanabwo a gardé le souvenir dun
évangélisateur de classe. Il sait impliquer les chrétiens
dans la vie de lEglise, mais surtout les catéchistes et les religieuses,
spécialement les Banyetereza. En 1973 il publie dailleurs dans
le Petit Echo un article sur « Les paroisses dirigées par des
Surs en Uganda. » Progressivement il est invité à
collaborer à la formation des religieuses de plusieurs congrégations.
Sa contribution est hautement appréciée ; et il la poursuivra
de diverses manières jusquà son départ de lOuganda.
Lui qui avait peu apprécié sa formation initiale,
est devenu un fervent adepte de la formation continue. En Ouganda même,
il lisait beaucoup et courait de session en session : Ennéagramme,
Islam, Communications, Animation de communautés, Analyse sociale
Chaque période de congé inclut un temps de formation. En 1979
il prend une année sabbatique. Non content davoir fait les
grands exercices à la Villa Cavaletti en 1965, vingt ans plus tard
il recommence à Jérusalem. Bien sûr, il suit les deux
sessions romaines pour les Seniors. Toujours soucieux dajouter de nouvelles
cordes à son arc, il participe également à plusieurs
sessions JPIC, par exemple à Nairobi et à Lilongwe.
Cela lui ouvre de nouvelles perspectives et on pense à
lui pour devenir responsable de JPIC pour la Région de lOuganda.
A lâge de 70 ans il enchaîne une session sur le dialogue
interreligieux à Nairobi, et une formation Foi et Justice
de six mois à Londres. Puis il sinstalle à Kampala pour
cette nouvelle fonction de Coordinateur JPIC-RD. Cela lui vaut de participer
à maintes réunions, sans oublier tous les contacts suscités
par cette fonction. Sa longue expérience ougandaise lui est précieuse.
Partout on reconnaît lhomme calme, affable, efficace et plein
dhumour quil a été tout au long de sa vie. Sa communauté
apprécie sa gentillesse, sa prévenance
et sa façon
de préparer la célèbre « vinaigrette Valette » !
Mais les années sadditionnent, et Henri doit quitter
Kampala pour passer ses dernières années ougandaises dans le
cadre plus tranquille de Tobi Kizza House, à Mbarara. Mgr Paul Bakenya
évêque du lieu décrit ainsi son ministère :
« Le père Valette a uvré dans ce diocèse
au service de Justice et Paix, et aussi pour le dialogue interreligieux. Il
a été très apprécié comme aumônier
des Filles de la Charité Divine, des Surs Clarisses, et des Surs
Filles de Fatima. Le Père Valette était un homme posé
et délicat, un homme de Dieu qui nous manquera. »
Cest là que sachève son pèlerinage
ougandais. En 2014 il rentre au pays où il est accueilli par la communauté
de Bry sur Marne. Il y vit de façon un peu effacée au milieu
de confrères qui ne connaissent pas son cher Ouganda. Et cela lui pèse
; handicapé pas sa surdité et sa malvoyance il se trouve isolé,
parlant peu de son passé. Mais on sentait quil vivait intensément
son amour de Dieu et des Ougandais. A son habitude, cest discrètement
quil nous a quitté le 22 février 2017, laissant à
ses confrères le souvenir « dun grand missionnaire,
qui en avait la tête, le cur et les tripes.»
François Richard
PROFILES
Father Henri Valette
Henri was born
into a farming family on the 2nd January 1929 in Bagé-la Ville in
the Diocese of Belley, north of Lyon. He was the eldest of eleven children
and grew up in a milieu marked by Christian values. All his life, he remained
attached to his family. After finishing his primary education in the local
village school, the young Henri was admitted to the Diocesan Junior Seminary.
Feeling a call to a missionary life, he was encouraged by his teachers who
highly recommended him to the Superior of our seminary in Kerlois.
Henri arrived in Kerlois in 1947 at the age of 18 years. He revealed himself to be a good catch for the White Fathers and was considered to be a conscientious and supernatural worker. It was very natural therefore that he took the boat to Algiers in 1949, to join the Novitiate at Maison-Carée. The following year, he was appointed to s Heerenberg in the Netherlands for Theology. He took his Missionary Oath there on the 22nd July 1953. He did his final year of Theology at Monteviot in Scotland where he was ordained priest on the 10th June 1954.
During his years of training his professors remarked that
he was somewhat reserved in character but they highlighted the seriousness
with which he applied himself to everything, be it studies, spiritual life,
various services and community life. In fact, Henris big secret was
that he did not particularly enjoy his years of formation. He found the
studies too abstract and remote from real life. He suffered from the rigid
lifestyle and disliked a spiritual life organised in a very traditional
way. He had high hopes that things would get better in Africa.
Henri was greatly disappointed when his first appointment
was to study History at the University of Strasbourg. Once again he found
himself in the ossified life of the Formation house. University life only
reinforced his distaste for intellectual life. Things came to the point
that he doubted if he should continue to remain the Society. Wishing to
see things more clearly, he did the Spiritual Exercises under the direction
of Fr. Laplace, S.J. Having discerned that his vocation was definitely with
the White Fathers, he returned to Strasbourg. However, his Superiors had
also come to the conclusion that he was not suitable for intellectual life
or for teaching and put an end to his misery by allowing him to interrupt
his studies and appointed him to Africa.
It was a liberated man who arrived in Mbarara, Uganda on the
6th January 1958. Henri was appointed to the Parish of Wekomire where he
got down to learning Rutooro. He would have the happiness of serving in
pastoral work in the region for the next 40 years. He saw the setting up
of two dioceses, those of Fort Portal and Kasese. Appointments followed
one another on a regular basis and he served in Wekomire, Hoima, Yerva,
Virika, Kilembe, Kasese and Hima. No matter where he was, Henri always gave
himself fully to his ministry. These years were marked by two important
events: The Second Vatican Council and the tormented history of Uganda under
the regimes of Obote, Amin and Museveni.
Henri lived this period to the full. The Ugandan Church was
full of vitality and Henri was able to consecrate himself to the diverse
activities of missionary work such as the administration of the sacraments,
serving the outstations, marriage preparation, various administrative tasks,
and commitments to schools and to various Christian movements. Everywhere
he tried to inspire the renewal of Vatican II. He loved the people, always
trying to get to know them as best as he could, visiting them at home and
receiving them in his always open office. Bishop Egidio Nkaijanabwo, Bishop
Emeritus of Kasese, remembered him as a first class evangeliser. He knew
how to get the Christians involved in the life of the Church especially
the catechists and the sisters, particularly the Banyetereza. In 1973, he
published an article in the Petit Echo 73/01 entitled; Sisters
Parishes in Uganda describing the work of Sisters who were running
a parish. Increasingly, he collaborated in the formation of religious sisters
of many congregations. His contributions were always highly appreciated
and he continued to be involved in different ways until his departure from
Uganda.
For someone who did not appreciate his own initial formation,
Henri became an expert in Ongoing Formation. While in Uganda, he read a
lot and frequented many sessions: Enneagram, Islam, Communications, Community
leadership, Social analysis. Each home leave included one session or another.
In 1979, he took time out for a sabbatical. He did the Long Retreat in Villa
Cavaletti in 1965 and in 1985, he did the Session/Retreat in Jerusalem.
Of course, he did the two Roman sessions for Seniors (3rd Age in 1995 and
70+ in 2006). Always ready to add more strings to his bow, he took part
in many sessions of JPIC at Nairobi and Lilongwe.
All this opened new perspectives for him and one thought of
him for the job of Coordinator for JPIC for the Ugandan Region. At 70 years
of age, he followed a session on Interreligious Dialogue in Nairobi and
a six months Faith and Justice Session in London. Then he returned to Kampala
to take up the new function of Coordinator of JPIC-ED. This meant attending
lots of meetings without forgetting all the contacts that this function
involved. His long Ugandan experience was very helpful for him. Everywhere,
one recognised a calm, friendly, efficient man with a great sense of humour
something that was present all through his life. His community appreciated
his kindness, his thoughtfulness and the way he prepared the famous Valette
vinaigrette!
However with increasing age, Henri had to leave Kampala to
spend his final years in Uganda in the calmer surroundings of Tobi Kizza
House in Mbarara. Bishop Paul Bakenya, the local bishop described his new
ministry; Fr. Valette has worked in this diocese at the service of
Justice and Peace and for Interreligious Dialogue. He was very much appreciated
as chaplain to the Daughters of Divine Charity, the Poor Clares and
the Daughter of Fatima Sisters. Fr. Valette was a calm and tactful man,
a man of God who will be missed.
It was in Mbarara, that Henris Ugandan pilgrimage came
to an end. In 2014, he returned to France where he was welcomed into the
community of Bry-sur-Marne. He lived quietly, a little withdrawn among confreres
who did not know his dear Uganda. That weighed on him and handicapped as
he was by deafness and partial blindness; he talked little about his past.
However, one did feel he lived deeply his love of God and the Ugandan people.
As was his custom, Henri left us discreetly on the 22nd February 2017 leaving
his confreres with a memory of a man who had the head, the heart and
guts of a great missionary
François Richard