NOTICES BIOGRAPHIQUES

Père Pierre Durieux

1925 - - 2018


Pierre est né le 7 décembre 1925 dans la commune de Soucieu-en-Jarrest Située à une quinzaine de kilomètres de Lyon au pied des monts du Lyonnais. Il était le cinquième d'une fratrie de neuf enfants : six garçons et trois filles. Ses parents étaient des " coquetiers ", des petits commerçants qui achetaient lait, œufs et beurre aux paysans du coin et les revendaient sur les marchés et au marché-gare de Lyon. Il a vécu une enfance heureuse dans une famille chrétienne très unie.

Après les petites classes au village, il passa quelques années, en pension chez les maristes à St Martin-en-haut, puis au petit séminaire d'Oullins où il manifesta son désir de devenir Père blanc ce qui ne plut pas au Cardinal Gerlier, archevêque de Lyon qui préférait voir les candidats missionnaires entrer aux Missions Africaines de Lyon. Pierre fût enfin autorisé à partir pour St Laurent d'Olt dans l'Aveyron, avant d'être admis au noviciat de Maison Carrée en 1947.

Pour ses études de théologie, il fut envoyé à Monteviot, en Ecosse où il fit son serment le 25 avril 1951 et fut ordonné prêtre le 31 avril 1952. Il ne manifesta pas de désir pour un pays particulier d'Afrique mais laissa le choix à ses supérieurs. Il était décrit dans les rapports de ses différents directeurs d'études comme un homme jovial, sociable avec tous, doué pour le bricolage manuel (réparation des montres) et d'une très bonne mémoire qui lui faciliterait l'étude des langues africaines et il se débrouillait bien en anglais, avec un fort accent lyonnais ! C'est ainsi qu'il débarqua au Vicariat de Karema au Tanganyika le 16 novembre 1952.

Congé en France en 1959, puis retour à Karema. Jusqu'en 1967 il passa par différentes missions :Kala, Mpanda, Laela, Karema. Après sa grande retraite à la Villa Cavaletti à Rome en septembre 1967, Il revient en Tanzanie, nouveau nom du pays après l'indépendance, et continue son apostolat à Mpanda, Milala, Matai, Mamba, Sumbawanga siège du nouveau Diocèse, et Laela jusqu'à son congé au pays en 1977. Il fera la session retraite de Jérusalem en 1982.

De retour, il sera nommé économe au diocèse de Sumbawanga, puis vicaire à Laela où il est déjà passé plusieurs fois. Il reviendra à nouveau en congé en 1990, puis en1994 suivra à Rome la session Encount. Elderly confr. Suivie d'un congé en famille. Le premier septembre 1994 on le retrouve à Laela, puis Sumbawanga jusqu'à son nouveau congé en France en 1996.

Mais dès son retour en Tanzanie en 1997, les ennuis de santé s'accumulent et il devra rentrer définitivement au début 1998 et sera nommé en France à Ste-Foy-lès-Lyon en juillet 1998. Il aura vécu 47 ans au Tanganiyka devenu plus tard la Tanzanie. Son apostolat fut multiforme : beaucoup impliqué dans la vie locale, il a su se faire apprécier par son esprit de service et ses talents de bâtisseur d' école, de dispensaires, d'église mais aussi de mécanicien et de charpentier. Très apprécié aussi de ses confrères pour son caractère sociable. Son départ sera très regretté par tous.

Dès son arrivée à Ste Foy-les-Lyon, quand sa santé le lui permit, il a su se mettre au service de la communauté pour prendre soin du parc, des fleurs et de toutes les petites réparations où il excellait. En plus de coups de main à sa paroisse de Soucieu, Il fut aussi d'un grand secours pour les AAPB, indispensable pour préparer et installer les ventes expos pour lesquelles il embrigada son frère Jean et ses nombreux neveux et petits neveux. Toujours affairé à quelque projet, il trouvait son repos dans la lecture de nombreux magazines, dans les jeux de belotte, les mots croisés et sudoku où il excellait. Son frère Jean l'emmena dans de nombreux voyages dans les pays nordiques : Norvège jusqu'en Finlande en voiture et ferrys, aussi en Afrique du Sud et même un séjour en Tanzanie en 2001 avec son frère et des neveux.

Son plaisir aussi était de retrouver sa famille à Soucieu, les samedis et dimanches chez sa sœur Janine où la table familiale se remplissait de fils et petits fils et où, après un bon repas, on tapait en famille la belotte coinchée ! Un jour, lors d'une visite chez le docteur qui le suivait à l'hôpital de la Croix-Rousse, il eut un malaise et se retrouva immédiatement en cardiologie pour un multiple pontage. La mort de son frère Jean et de quatre autres décès dans sa famille en trois ans l'ont beaucoup affecté. Peu à peu sa santé déclinait et il fallait penser à trouver un endroit où on pourrait lui prodiguer les soins dont il avait besoin. Le père Provincial lui proposa de rejoindre une de nos maisons à Bry-sur-Marne ou Pau-Billère, mais elles étaient trop éloignées de ses racines et de sa famille. Il essaya lui-même de trouver une maison à Lyon, mais sans succès.

En 2010, le Provincial des Jésuites de France, rencontrant notre propre Provincial lui proposa des places à la Chauderaie à Francheville et Pierre y fut admis en novembre 2010. Il possédait encore une voiture offerte par son frère et pouvait ainsi continuer ses visites hebdomadaires à sa famille.

A la Chauderaie, il remit de l'ordre dans une partie d'un ancien jardin et planta des tomates, salades très appréciées. Il s'occupa aussi de planter des fleurs dans des jardinières qui ornèrent la rambarde de la terrasse. Avec le père qui avait un atelier, il put aussi continuer à bricoler et l'aider de ses connaissances nombreuses en tout genre.

Quelques mois après son arrivée, le père Michel Genelot vint se joindre à lui, puis deux pères venus de Bry-sur-Marne alors en travaux : Jacques Compagnon et Jacques de l'Eprevier et enfin le père Jacques Dugas de retour du Burundi. Nous formions une communauté unie au milieu de celle des Jésuites avec d'excellentes relations avec elle. Malheureusement nos trois confrères décédèrent en trois ans et nous restions seulement deux.

Mais les deux dernières années, la santé de Pierre déclina assez vite. Il dormait beaucoup et restait des heures sur son lit. A table, il avait souvent les yeux fermés et se tenait la tête, absent à ce qui se passait autour de lui. Les seuls moments où il reprenait vie, c'était lorsqu'il était sollicité pour jouer aux cartes et où il passait devant un puzzle communautaire pour y ajouter une pièce ou deux. Après un incident sérieux et récurent de santé, il du être hospitalisé avec problèmes intestinaux et pulmonaires aux urgences. Après trois semaines dans ce service, il fut transféré dans un service de gériatrie où il fut bien entouré médicalement.

A la fin de trois semaines, il devait revenir à la Chauderaie, mais le jour fixé, son état s'étant aggravé subitement, le docteur téléphona pour dire qu'on le gardait à l'hôpital, et quelques jours après, qu'il était mourant. Nous partîmes aussitôt, avec le directeur de la Chauderaie, rejoints bientôt par Stella, une dévouée bénévole qui l'avait beaucoup suivi et durant deux heures lui parlèrent, prièrent et l'accompagnèrent. Bien que dans un coma prononcé, nous avions l'impression qu'il était encore attentif à notre présence et c'est dans la paix qu'il partit vers le Seigneur qu'il avait servi durant tant d'année.

Selon son désir, exprimé à de nombreuses reprises, ses funérailles furent célébrées dans sa paroisse de Soucieu-en-Jarest, présidées par le père Patrick Bataille assisté du père Bernard Lefèbvre, avec la présence des confrères de Ste Foy. L'homélie fut donnée par son dernier confrère de la Chauderaie, le père Michel Genelot. L'église était remplie des membres de sa famille, des représentants de AAPB, et de ses nombreux amis. Il fut enterré auprès des anciens prêtres de la paroisse dont deux l'avaient beaucoup marqué dans sa jeunesse.

Voici quelques extraits de ses testaments retrouvés dans sa chambre. AMDG, c'est à ce signe que j'ai consacré ma vie qui, je dois le reconnaitre a été comblée ; quelle richesse de vie, de rencontre, de découvertes que je n'aurais jamais vécues si j'étais resté dans mon petit " trou ", admirable quand même de Soucieu. Merci à cette Providence qui m'a accompagné toute ma vie et merci pour cet avertissement inattendu par lequel Elle m'a rappelé la précarité de la vie. Toute ma vie j'ai ressenti cette protection. Je demande pardon pour mon humeur un peu brusque et mes emportements soudains. Je remercie tous ceux qui m'ont montré patience et charité. Et maintenant…à la Grâce de Dieu.

Nul doute, Pierre, qu'Il t'aura accueilli comme le " bon et fidèle serviteur " que tu as été toute ta vie.

Michel Genelot



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