NOTICES BIOGRAPHIQUES
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Père Maurice Cadilhac
...Maurice
est né à Montpellier le 5 juin 1934, aîné d'une
famille de 7 enfants. Dès 1935, son papa s'installa comme médecin
à Brioude qui sera le port d'attache de Maurice qui aimait y retrouver
sa famille, celle-ci tenant une grande place dans sa vie.
Son parcours scolaire fut le suivant : le primaire chez les
Frères des Ecoles Chrétiennes, le secondaire à l'institution
St Joseph et au collège St Lazare à Autun. Il passe le bac.
Math-élém en 1951. Il a fait partie du monde scout durant toutes
ses études.
Maurice nous a laissé des notes relatives à la
genèse de sa vocation missionnaire. Il savait que ses parents, discrètement,
souhaitaient avoir un fils prêtre. De fait, très tôt, Maurice
le voulut. Désir qui disparut avec l'adolescence. Après le bac,
il s'inscrivit dans une école supérieure.
Comme les élèves de Terminale avaient l'habitude
de faire une retraite, il se retrouve à l'abbaye de la Pierre qui vire.
Là, un moine lui demande s'il songe au sacerdoce. Spontanément,
Maurice s'entend répondre : " Prêtre, oui, mais prêtre
missionnaire ". Plus tard, relisant sa vie, il reconnut dans cet évènement
l'action du St Esprit. De lui-même, il n'avait plus pensé à
cette orientation de sa vie. Cela ne sera pas la seule fois où, dans
sa vie, Maurice répondit généreusement aux inspirations
du St Esprit.
Il fit part de sa décision à ses parents, heureux
de ce qui correspondait à leur attente, tout en ayant préféré
que Maurice devienne prêtre diocésain comme trois de ses oncles.
Il s'entretint de cette décision avec son directeur spirituel qui l'orienta
vers les Pères Blancs ;
Il se retrouva ainsi en octobre 1951 à Kerlois sans avoir
jamais rencontré un Père Blanc, sans connaître les caractéristiques
de notre société. Maurice écrit : " Je continuais
à me laisser guider par l'Esprit Saint".
Il suivit alors la " filière " classique : Kerlois pour la
philosophie, Alger pour le noviciat, Thibar et Carthage pour la théologie.
Avec une longue interruption de 30 mois due au service militaire. Il prononce
son serment missionnaire en 1959 ; il est ordonné prêtre à
Brioude le 30 janvier 1960.
Maurice pense alors rejoindre rapidement la préfecture
apostolique de Gao, au Mali, où il est nommé. Mais, Mgr René
Landru, le responsable, voit en Maurice l'homme qu'il recherchait pour le
dialogue avec les musulmans. Il envoie Maurice pour une période de
deux ans à la Manouba, à Tunis. Il y étudiera l'Islam
et sa culture. Années passionnantes, nous dira Maurice.
Ce fut enfin Diré, fin 1962. Il se met à l'étude
de la langue, le Songhaï qu'il parlera très correctement. Commence
alors une période de plusieurs décennies à Diré
et à Gao où Maurice, avec ses confrères, s'immerge dans
le milieu africain. Visitant les petites communautés chrétiennes,
le long du fleuve Niger, dialoguant avec les musulmans, partageant avec tous
réjouissances et épreuves. Maurice y fut heureux. " Notre
communauté de trois confrères étaient aux yeux de tous
signe de l'amour du Père pour tous les hommes ".
Mais, au bout de quelques temps, à la suite d'une réflexion
communautaire sur la meilleure manière d'être au service de la
population, Maurice s'engage comme professeur de math. Il fait dès
lors partie de la fonction publique malienne. Ce fut l'occasion de nouvelles
rencontres avec le monde enseignant, avec les parents d'élèves.
Ce dévouement auprès des jeunes, ces amitiés étaient
vécues par toute la communauté.
En 1973, Maurice est envoyé chez les Dogons. Nouvelle langue, nouvelle
culture. Nommé à Bandiagara, très vite, il aura à
partager son temps entre l'enseignement des mathématiques, la responsabilité
d'un internat
et la catéchèse.
Est-ce cette polyvalence qui amena le nouvel évêque
africain à nommer Maurice à Gao ? Il y resta huit années,
tout à la fois curé, vicaire, économe, tout en visitant
les populations musulmanes des environs ? Là encore, Maurice nous dira
à plusieurs reprises sa joie de mettre en uvre ses divers talents.
En 1995, les Pères Blancs " héritent " de la Mauritanie
et en 2008 Mgr Happe a besoin d'un
" socius ", d'un économe diocésain. Il connaît
Maurice, l'estime. Maurice accepte cette nouvelle nomination avec les changements
importants qu'elle comportait. Il travaillera en Mauritanie de 2008 à
2016.
En juin 2016, à la suite d'un examen médical,
c'est le retour définitif en France. Il reçoit les premiers
soins à l'hôpital St Joseph, à Paris. Il se rendra ensuite
à Billère. Hospitalisé en début 2019, il nous
quittera le dimanche 11 mars pour rejoindre le Seigneur.
Maurice nous laisse le souvenir d'un confrère avec qui
il faisait bon vivre : sa riche personnalité lui permettait d'apporter
une importante contribution à la vie communautaire.
Sa forte personnalité ne blessait personne, mais permettait
à chacun de développer ses talents, notamment dans le domaine
apostolique où toutes les compétences sont les bienvenues. Il
refusait le titre d'intellectuel qu'on lui décernait facilement au
vu de sa bibliothèque et de ses visites à la médiathèque
de Billère ? Mais il a mis tout son cur à servir les Africains
à l'aide de son intelligence aussi bien vive que pratique.
Sa vie spirituelle était profonde. Son union au Seigneur lui a permis
d'avoir des connaissances dans le domaine de la prière dont ont bénéficié
les personnes qu'il accompagnait.
Vie spirituelle qui lui a donné de vivre intensément ses dernières semaines comme le Seigneur l'a permis. L'alternance de rémission et de recrudescence de la souffrance lui a demandé beaucoup de générosité, aidé en cela par l'Association Cancer Espérance. C'est ainsi qu'il a pu dire, 48 heures avant de rejoindre le Seigneur, d'une voix faible mais bien décidée : " Oui, je suis prêt à partir, je suis prêt pour le dernier pas ".
Jean-Marie Vasseur