NOTICES BIOGRAPHIQUES
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Père Jean Cordesse
.Jean est né
le 2 décembre 1925, à Paris (IV), deuxième fils de petits
commerçants, également nés à Paris, mais d'origine
lozériennes du côté de son père, et auvergnate
du côté de sa mère. Dans son enfance, ils déménagèrent
pour s'installer près de la fontaine St-Michel dans le quartier latin.
Il fit ses études secondaires à l'École des Francs Bourgeois,
chez les Frères des Écoles Chrétiennes, et passa son
bac Math-elem. C'est dans cette école qu'il pensa très vite
devenir prêtre.
Un soir de l'année 1938, alors qu'il était en
4ème, sa famille reçut la visite d'un cousin Père Blanc
qui venait de passer 10 ans dans le vicariat du Bangwéolo, en Rhodésie
du Nord, l'actuelle Zambie. C'est alors qu'il décida de rejoindre la
Société des Pères Blancs. Puis vinrent les années
de guerre. Reçu à la rue Friant pour dire son désir de
devenir missionnaire Père Blanc, on décida de l'envoyer au noviciat
de Tournus pour y apprendre le latin, puis de faire une autre année
de latin à Paris. Et ce fut enfin le départ pour les études
de philosophie à Kerlois, de septembre 1945 à juillet 1947.
Jean écrira longtemps après : " ce furent les deux plus
belles années de ma vie ! "
L'année 1947 le retrouve à Maison-Carrée pour son noviciat.
Il fait ensuite son scolasticat à s'Heerenberg en Hollande, puis finit
sa formation à Monteviot (Écosse), où il fait son serment
le 29/05/1952, il y reçoit le diaconat deux jours plus tard, et y est
ordonné prêtre le 6 janvier 1953.
Durant ses années de formation, Il est souligné que Jean est
un bon élève, qu'il a une volonté ferme et qu'il est
énergique. Il peut être très cordial, et parfois hyper-sensible.
Certains le trouvent un peu têtu, exigeant
Les remarques de ses
formateurs sont souvent très divergentes à propos de son caractère.
Mais ceux qui ont vécu avec lui en mission sauront dire qu'il était
très travailleur, généreux, parfois réservé
et secret, parfois jovial et souriant.
Il part en Zambie fin juin 1953, où il va se mettre à l'apprentissage
de la langue Bemba, dans le Diocèse de Mansa, à Lubwe. La population
y est fortement catholique, les pères y étant arrivés
en 1905. Jean, plutôt timide, a du mal à se mêler avec
les habitants et à apprendre la langue. Mais il y réussira petit
à petit pour finalement la parler et l'écrire fort bien.
Jean passera la plus grande partie de sa vie missionnaire dans ce diocèse
de Mansa, près des lacs, des marécages et des grandes rivières.
C'est en 1994, 41 ans plus tard, qu'il partira dans le Nord-Est dans le diocèse
de Mbala.
En 1955, il est nommé vicaire à Chibote. Puis supérieur
à Nsakaluba de 1957 à 1963. Là, la population catholique
est beaucoup moins importante, il y a beaucoup de Protestants, de Témoins
de Jéhovah, d'Adventistes du 7ème jour
Jean trouve ce
changement difficile, mais il travaille d'arrache pieds. Il aime enseigner
le catéchisme aux catéchumènes, aux enfants de la 1ère
communion, aux confirmandi. Jean aime enseigner, il a un cur de catéchète.
Avec son expérience, il écrira plus tard un catéchisme
simple et pratique (questions - réponses) en deux volumes. Malheureusement,
ce catéchisme ne deviendra pas le catéchisme officiel des diocèses
parlant Bemba ; un autre catéchisme officiel fera son apparition à
la même époque. Jean en a souffert
En 1963, il est nommé vicaire à Lubwe pour un an, puis vicaire
à la cathédrale de Mansa où il passe trois ans.
En septembre 1967, il fait la grande retraite à Villa Cavalletti en
Italie. Jean a des problèmes de santé et il doit demeurer quelque
temps en France. Un an à la communauté de Chaumontel, puis 6
mois à la Communauté de Bordeaux.
Il retourne en Zambie dans le diocèse de Mansa pour être nommé
vicaire à Twingi de septembre 1969, puis Curé de cette même
paroisse à partir du 1er Janvier 1973 jusqu'à fin 1979. Cette
paroisse immense se situe au cur des marécages du lac Bangwéolo.
Jean s'y plaira énormément. Il aime l'eau, le bateau, et parfois
la pêche aux poissons tigres et la chasse aux canards. Sur les 55 années
de sa vie en Zambie, Jean aura passé 34 ans au bord du lac Bangwéolo
avec ses marécages, et au bord du lac Mweru. Dans ces régions
où beaucoup sont pêcheurs, la population est parfois rude, car
la vie y est dure : le paludisme, le manque de nourriture, la famine certaines
années, les noyades
Il aimait la population de ces endroits,
et partait souvent sur son cher bateau pour visiter les îles et y passer
plusieurs jours. Là, il était pleinement heureux : il enseignait,
il célébrait l'Eucharistie, il confessait, il visitait les malades.
Pour qu'il puisse donner le meilleur de lui-même, il était préférable
que Jean soit le curé de la Paroisse, car il préférait
prendre les décisions lui-même.
Le 1er janvier 1979, il est nommé vicaire de la cathédrale de
Mansa. En novembre 1982, il part au nord du Diocèse, au bord du lac
Mweru, pour être curé des paroisses de Kashikishi et de Rosario.
En Janvier 1985, il repart vers le sud au bord du lac Bangwéolo : vicaire
à Samfya, puis curé de cette Paroisse. Fin 1986, il retrouve
sa chère paroisse de Twingi, dans les marécages.
Fin 1990, il suit la session-retraite de Jérusalem. De retour en Zambie,
le voilà reparti dans le nord du diocèse de Mansa, au bord du
lac Mweru, curé de la paroisse de Kashikishi.
Un grand tournant dans sa vie va s'effectuer, après de longues années
dans le diocèse de Mansa. En effet, en 1994, plutôt déçu
de ne pas être invité à y continuer son ministère,
il part pour le diocèse de Mbala, dans le Nord-Est de la Zambie, au
sud du lac Tanganyika. Mais il s'habitue à son nouvel environnement
et reprend inlassablement ses tournées pour enseigner, et faire construire
des églises. Car Jean est également un bâtisseur ; combien
d'églises et de chapelles n'a-t-il pas fait construire dans sa vie
! Il est généreux avec ses avoirs, spécialement pour
les grands projets. Il aimait la vie, une bonne petite bière ou un
verre de vin de temps en temps. Mais son style de vie a toujours été
très simple, il savait se contenter de peu.
Jean a aussi passé énormément de temps, dans ses temps
libres en semaine, à informatiser les registres paroissiaux de l'archidiocèse
de Kasama, et il a commencé ceux du diocèse de Mpika. Toute
sa vie, son travail dans les registres paroissiaux furent d'une grande exactitude.
En 1996, Jean suit la session de Jérusalem, puis la session des 70+
à Rome début 1998. Sa maman, à laquelle il était
très attaché, décède en avril 1998. Jean s'était
beaucoup soucié d'elle lors alors qu'elle vivait ses dernières
années. Jean peut repartir en Zambie en Mai 1998, dans le nord du diocèse
de Mbala. Fin 1999, hospitalisé à Lusaka, il souffre beaucoup
de son dos, et on doit le renvoyer en France pour y être soigné.
C'est en 1999 que plusieurs paroisses du nord du diocèse de Mbala sont
rattachées à l'archidiocèse de Kasama. Fin 2001, Jean
est vicaire dans la paroisse de Sainte-Anne à Kasama. Il continue courageusement
les tournées, les constructions, les instructions
En juillet
2002 il fête son Jubilé d'or. En 2003, il est sauvagement attaqué
la nuit, ainsi que trois autres confrères, par des voleurs. Mais cela
ne décourage pas Jean qui continue son travail régulier dans
la paroisse et dans les registres diocésains.
Jean accepte de retourner définitivement en France en 2008.
Après un bref passage à la rue Friant, puis à
Bry sur Marne, il part pour le sud, à Billère-Pau. Il retourne
au Seigneur le 1er octobre 2019.
Jean a eu toute sa vie une âme d'enfant, une grande simplicité.
Ce n'est peut-être pas un hasard s'il est décédé
le jour de la fête de Sainte Thérèse de l'Enfant Jésus,
car sa spiritualité était celle de la petite voie. Malgré
une santé pauvre, il a su être un vrai missionnaire d'Afrique,
totalement donné au service des Zambiens qu'il aimait profondément
et à la Parole de Dieu qu'il savait méditer et expliquer dans
ses enseignements.
Jean-Louis Godinot, M. Afr., Mours