NOTICES BIOGRAPHIQUES
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Père François NONNON

1924 - - 2019

...François Nonnon est né au Havre le 25 Septembre 1924. Son père Albert, de nationalité belge, blessé de guerre, avait été soigné au Havre, et avait épousé Marie Thérèse Dorival. Ils eurent 6 enfants : 4 garçons et deux filles. François était l'avant dernier.
Son père prit la nationalité française, c'est ainsi que François, né belge, est devenu français, mais il est resté très attaché à la branche des Nonnon en Belgique.

A la mort de son grand-père Dorival, son père prit la succession à la tête de l'entreprise familiale. La famille vivait dans l'aisance.
François a reçu une bonne éducation religieuse. Il fréquentait beaucoup le couvent des dominicains, servait la messe. Le jour de sa première communion, il a déclaré à sa mère qu'il désirait être prêtre, ce qui réjouit beaucoup sa mère. Il semble que François était un peu le petit chouchou de sa mère … Ce qu'il y a de certain, c'est que François est resté toujours très attaché à sa mère.

En 1937, les affaires familiales étant en difficulté, la famille a dû vendre la maison et déménager à Marseille. La santé de François n'était pas bonne, et il a dû aller six mois en préventorium à Megève. Ses études ont donc été perturbées et il a dû redoubler des classes.

Voulant être Père Blanc, il est entré en octobre 1941 au petit séminaire de Saint Laurent d'Olt. Voici l'appréciation portée par son supérieur : " ses qualités se cachent sous une apparence de froideur et de réserve. "
En 1945, François entre à Kerlois en philo universitaire. En 1948, il fait son noviciat à Maison-Carrée. " Il est un peu taciturne et fermé… mais il reste un bon confrère et il a très bon cœur. " Tel est le jugement du père maitre. À la fin du noviciat, il est nommé au Canada pour y faire sa théologie, mais le visa lui a été refusé par le Canada, à cause de son passage au préventorium. Alors il passe l'année à Tournus, où un confrère lui fait faire un peu de théologie : cela lui sera compté comme une demie année.

De 1950 à 1953, théologie à Carthage et Thibar. Le 30 juin 1953 il est ordonné prêtre à Thibar, et nommé au Vicariat apostolique du Lac Albert au Congo belge. Dans ce Vicariat il n'y avait que des pères ou frères parlant le flamand, mais le chapitre général de 1947 avait décidé d'internationaliser. C'est ainsi que le Père Autet et François furent les premiers français nommés après le chapitre.

Nommé tout d'abord à Kilomines, François apprend le kiswahili. Il est heureux. Mais en 1956 le régional signale " Santé faible, se nourrit presque exclusivement de pain, fromage et confiture ",. En 1959 il est nommé à Laybo beaucoup plus au nord : il doit apprendre le lingala.

En 1961, il revient en congé. Il se fait soigner le foie à Vichy, et fait sa grande retraite à la villa Cavalletti. C'est alors qu'il est nommé à l'animation missionnaire à Marseille où il restera à peine deux ans.

En décembre 1963 le voilà de nouveau au diocèse de Bunia à Kilo. Il y a vécu la période difficile de la rébellion en 1964. Il y a connu quelques jours de prison, quelques coups de crosse… C'est à ce moment-là que neuf de nos confrères ont été assassinés à Bunia et Aba. François avec tous les confrères, enfin libérés par les mercenaires, est évacué sur Kinshasa et la France. Pendant quelques mois, il fera un peu d'animation dans la région de Marseille.

De retour au Congo en juillet 1965, il est nommé à Gety, puis à Badiya, à Kilo, et à Nyakasanza. Dans ce poste, il avait la responsabilité de la succursale de Kasenyi et des villages du bord du lac Albert. Partout, François s'est dévoué. Il a partout porté une attention spéciale à la formation des servants de messe. Il a toujours aimé avoir un secteur dont il aurait la responsabilité : il était assez personnel. On le laissait donc faire, et il s'est partout montré un bon pasteur : il était foncièrement bon, et il était très aimé de ses paroissiens. Un signe de l'estime que lui portait la population : plusieurs ont voulu faire baptiser leur enfant avec le nom de Nonnon … Beaucoup lui sont restés attachés, et ont gardé contact.

En 1994, avec l'accord du régional et du provincial de France, il rentre en congé et fait des démarches auprès du diocèse de Marseille pour obtenir un ministère. Il est finalement nommé à La Treille, dans la banlieue de Marseille. Il n'était pas curé et dépendait du curé de la paroisse. Et il lui fut difficile d'accompagner la communauté chrétienne de la Treille sous la responsabilité du responsable de secteur.

De fait, François est resté dix ans à la Treille, faisant un excellent travail et très aimé de ses paroissiens qui lui sont restés très attachés. François aimait recevoir la visite de ses confrères, et tout spécialement de ceux du Lac Albert. Il se faisait un plaisir de leur faire visiter Marseille, Notre Dame de la Garde, les calanques. Il a beaucoup aimé Marseille et ces dix ans passés à la Treille, mais son cœur était toujours au Congo.

Mais le temps était venu de penser à la retraite, et finalement François a accepté d'aller à Billère en Aout 2005. Il a acheté une nouvelle voiture, une Citroën Kango pour aider les confrères. De fait, au début il a accompagné beaucoup de confrères à des consultations médicales, ou pour faire une promenade, ou un pèlerinage à Lourdes… et même à St Bertrand de Comminges… Il aimait beaucoup conduire, et chaque année il n'hésitait pas à aller jusqu'en Belgique pour voir sa famille belge et les confrères de l'lturi. Il aimait rendre service ; c'est ainsi que chaque dimanche il conduisait un confrère dans la banlieue de Pau pour qu'il puisse faire de l'apostolat. Il assistait à la messe du confrère et le ramenait.

Lui-même aimait faire du ministère, célébrer la messe chez les sœurs ou dans une maison de convalescence où il était aumônier.
Il a eu la joie de faire avec un confrère le pèlerinage " sur les pas de Saint Paul ", et aussi de retourner au Congo pour le centenaire de l'évangélisation à Bunia.

Puis vint le temps des ennuis de santé : cancer de la vessie, des intestins, multiples opérations. et beaucoup de souffrances.

Le père Gayet, qui a vécu 73 ans avec François, depuis Kerlois, au Congo, et à Billère, a dit dans son homélie de la messe d'enterrement, que c'était le renard du petit prince d'Antoine de Saint- Exupéry qui avait le mieux compris comment approcher François : il faut se laisser apprivoiser ou l'apprivoiser...y aller doucement. Ne pas se laisser décourager par un premier rapport qui peut sembler de la froideur. Alors on découvre dans le cœur de François un trésor de bonté, de sensibilité, de désir de faire plaisir. François s'était entouré de la photo de tous ses confrères défunts et il priait pour eux.

François avait eu des relations privilégiées avec sa mère : c'est elle qui lui avait donné toute cette affection dont son cœur avait besoin. Tout naturellement François avait reçu du Seigneur Marie comme mère. Il avait une grande dévotion pour Marie tant sous le vocable de Notre-Dame d'Afrique que de Notre-Dame de la Garde. Sur son lit de malade, c'était sa seule prière : le chapelet, le rosaire.

François avait conscience que son attitude pouvait heurter les gens, il en souffrait lui-même. Il aurait voulu demander pardon à chacun. Il a demandé à un confrère de préparer une photo de lui, et d'y inscrire : " je remercie tous ceux qui m'ont aidé " et " Je demande pardon à tous ceux que j'ai pu blesser par mon attitude ". Vous afficherez cette photo après ma mort.

Après une longue et douloureuse maladie, et de grandes souffrances offertes pour le salut de l'Afrique, François s'est éteint doucement le 25 juillet 2019.

Bertrand Gayet






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