Tiré du Site Lefaso.net

Père Peng-Wendé Jean Henri Neveu Kaboré :
"Les fidèles dépensent plus qu’avant"

« Je suis content du temps que j’ai consacré à éduquer et à former les hommes et à prêcher la bonne nouvelle ». Il est né le 04 septembre 1929 dans une petite paroisse à Moulin la Blouere, canton de Gencary, département de Vienne. Ordonné prêtre en 1956, Père Neveu a été affecté la même année au Burkina Faso, plus précisément au petit Séminaire de Pabré où il a enseigné pendant 32 ans les mathématiques, les sciences naturelles, et la physique chimie aux séminaristes qui y sont affectés. Il a été affecté dans le diocèse de Ouahigouya en 1989 où il assume les fonctions de Vicaire à la paroisse Notre Dame de la délivrance.

En cette année 2010, vous soufflez vos 53 bougies de sacerdoce au Pays des hommes intègres. De Poitiers à Ouagadougou, comment en êtes-vous arrivé là et comment écrire cette grande page de votre vie ?

• J’ai fait mes études primaires à Moulin en France où j’ai reçu ma première communion dans un établissement qui s’appelait Sacré Cœur. Par la suite, mon papa a été nommé à Angers où j’ai fait mes études secondaires. C’est là-bas que j’ai vu un Père blanc et l’idée m’est venue de devenir missionnaire. Je ne voulais pas rester en Europe. Quand je me suis renseigné, on m’a fait savoir que les Pères blancs allaient exclusivement en Afrique.

Cette information m’a donné encore plus de motivation. J’ai alors viré pour suivre le cursus des Pères blancs. De 1948 à 1950, j’ai fait des études de philosophie à Lorient. Ensuite Je suis allé au Noviciat. J’ai passé également une année en ces lieux pour apprendre les missions d’un Père blanc avant qu’on me porte la robe de Rosaire. A ce moment il y avait le béret rouge et la chéchia.

En 1951-52, je me suis acquitté du service militaire à Bizerte en Tunisie. C’est à ce moment que j’ai rencontré les tirailleurs sénégalais parmi lesquels des Mossis. Après le service militaire, j’ai fait des études de théologie pendant trois ans, sanctionnées par mon serment de Père blanc le 27 juin 1955. Ensuite j’ai été ordonné sous-diacre, puis Diacre à Carthage près de Tunis.

Le 1er avril 1956, j’ai été ordonné prêtre. Après quelques mois au Scolasticat à Carthage, je suis reparti en France voir mes parents. J’ai eu à célébrer quelques messes là-bas avant d’embarquer le 12 août 1956 dans un bateau pour l’Afrique de l’Ouest en passant par le détroit de Gibraltar, Casablanca, et Dakar. Je suis resté pendant 08 jours dans cette ville chez mon frère qui travaillait (NDLR : à l’Institut d’émission qui deviendra plus tard la BCEAO). C’est ce frère qui m’a payé le billet d’avion Dakar-Ouagadougou. Arrivé en fin d’année 1956 dans la capitale de la Haute-Volta, après trois jours, j’ai été envoyé au petit Séminaire de Pabré comme professeur.

Quel a été l’accueil qui vous a été réservé dans ce séminaire ?

• J’ai été immédiatement chargé d’enseigner les mathématiques, les sciences naturelles et la physique chimie aux séminaristes. J’assurais aussi le rôle d’infirmier du séminaire et j’encadrais les élèves au travail manuel.

Vous qui êtes arrivé en Haute-Volta à la veille des indépendances, avez-vous vu les choses venir ?

• En 1956 quand j’arrivais, j’étais encore un afro- colonialiste. Avec mes amis de Pabré, surtout les abbés, nous discutions des conditions dans lesquelles la Haute- Volta et les pays africains d’une manière générale se préparaient pour prendre leur indépendance. On sentait que les leaders de l’époque croyaient fortement en leur capacité de pouvoir se gérer eux-mêmes. Nous nous demandions comment ils allaient s’y prendre pour pouvoir s’assumer pleinement. Allaient-ils continuer de composer avec les colonisations au risque de se laisser embrigader, où allaient-ils tout remettre à plat pour repartir autrement ?

Malgré ce questionnement, on avait la ferme conviction que c’était aux Africains de construire leur propre développement. Par la suite, nous étions contents de savoir que c’est un ancien séminariste de Pabré en la personne de Maurice Yaméogo qui a proclamé l’indépendance de la Haute-Volta. Sur le plan des ressources humaines, nous étions persuadés qu’il n’y en avait pas assez pour entreprendre rapidement de grands chantiers de développement.

C’était aux dirigeants de rassembler toutes les compétences et les énergies disponibles afin de pouvoir asseoir sereinement une fondation solide. Malheureusement, les dirigeants ont passé tout le temps à se contredire et à se régler les comptes. Ce qui a conduit à la chute du président Maurice Yaméogo suite à un soulèvement populaire.

Avez-vous été proche de certains Chefs d’Etat qui ont dirigé ce pays ?

• Je n’ai pas eu des relations privilégiées avec les chefs de l’Etat. C’est le président Thomas Sankara que je garde toujours en mémoire. Il était venu à Pabré pour des vœux avec les ambassadeurs. La cérémonie a été organisée à côté du barrage. Je revois toujours la scène, Thomas Sankara, avec un pistolet bien accroché saluant les ambassadeurs, avec des militaires devant et derrière lui. Cette forte présence des militaires et des armes au cours d’une cérémonie publique ne permettait pas une bonne ambiance. Là où on met les armes en exergue, il n’y a pas de liberté. On sent plus la terreur, la peur, et la méfiance.

Quand on agi dans la peur et la méfiance, on ne prend pas le temps de bien ficeler les choses. La liberté est un droit fondamental qui ne doit pas être bafoué. J’ai été un peu mal à l’aise au cours de cette cérémonie. Quelques années après, j’ai été pour des vacances à Kombissiri où j’ai consacré mon temps à appuyer le curé de la paroisse, un Père blanc, dans ses tâches. Le curé m’a demandé un jour de célébrer un mariage. L’époux était musulman et collaborateur du président Thomas Sankara, qui s’était déplacé personnellement pour assister au mariage.

A la fin de la messe j’ai été lui serrer la main. Je garde toujours les photos quand je le saluais. Je dois admettre que malgré les contraintes et la peur pendant son règne, ce fut une époque où les potentialités du Burkina ont été mieux explorées et mieux exploitées. On a tenté de faire savoir aux populations que la pauvreté n’est pas une fatalité. Il y a eu beaucoup de volontarisme pour booster le développement.

On a noté un bond en avant dans les secteurs de l’éducation, de l’agriculture et de la santé. Dommage que ce n’était pas une prise de conscience qui poussait à faire ces choses-là. Ce qui a diminué un peu le charme des efforts qui ont été fournis, l’usage trop excessif des armes au lieu du dialogue et de la concertation, a provoqué la fin tragique du président Thomas Sankara. Son élimination physique et ensuite celle des autres camarades de la révolution reste une tache noire dans l’histoire du Burkina Faso.

On dira toujours que le président Blaise Compaoré a éliminé ses anciens compagnons afin de pouvoir régner tranquillement tout seul. C’est vrai qu’actuellement, nous sommes en démocratie avec beaucoup plus de liberté, mais les acteurs sont toujours les mêmes, ce qui fait qu’une partie du peuple n’arrive pas à surpasser les événements douloureux survenus en 1987 et en 1989.

Quand on observe un peu, on se rend compte que les animateurs de la scène politique se vouent une véritable haine. Ce qui n’est pas bon pour la construction d’une nation. Pour un véritable développement, il faut un pardon et une réconciliation véritable, une adhésion franche de la population et un esprit de patriotisme. Il faut qu’il y ait des débats francs entre ceux qui dirigent et les populations à la base.

A l’heure actuelle, on parle de démocratie, mais on a l’impression qu’il y a un chef en haut et des gens qui courent pour le vénérer. Il n’y a pas de franchise. Le peuple burkinabè a besoin de se libérer afin de mieux assumer son destin.

Aujourd’hui en mission dans le diocèse de Ouahigouya, vous avez laissé des traces indélébiles au petit séminaire de Pabré. Quel accueil les séminaristes vous ont réservé à votre arrivée ?

• Tous les séminaristes qui arrivaient au séminaire s’imprégnaient le règlement intérieur et des statuts qui y prévalaient. La discipline était de rigueur. C’est pour dire que je n’ai pas eu de difficultés particulières. J’ai été bien accueilli et bien adopté. Les élèves suivaient attentivement ce qui leur était enseigné. Mais comme on avait affaire à des êtres humains, on ne pouvait que se conformer à leur évolution biologique. Je dirai que les élèves de la 7e, 6e, 5e, étaient plus dociles ; par contre ceux de la 4e, 3e étaient un peu difficiles. C’est au moment de leur crise d’adolescence avec les conséquences et tous les comportements qui en découlent. Il fallait avoir le tact pour les aider à sortir de cette tranche d’âge.

Combien de professeurs et d’élèves avez-vous trouver au séminaire à votre arrivée ?

• Mon supérieur était le Père Michel Savari. J’ai trouvé douze professeurs soit dix Pères blancs et deux abbés Africains. Il y avait huit classes de la 7e à la Terminale comportant chacune 30 à 35 élèves. Me concernant, à peine installé, mon supérieur m’a confié la mission de monter un laboratoire. J’avoue que je n’en connaissais pas grand-chose. J’ai été pendant un bout de temps à Nasso pour m’outiller à travers un laboratoire qui y était installé par le Père Thierry. A mon retour, j’ai pu implanter tout doucement celui de Pabré dont on se servait pour allier les cours théoriques et la pratique que nous enseignions. Cumulativement, j’étais également l’infirmier du séminaire.

A ce niveau, il m’a fallu encore un peu de temps pour me familiariser avec les différentes pathologies qui sévissaient. La drépanocytose et la bilharziose étaient beaucoup répandues. Je me suis efforcé également d’initier les élèves au travail manuel. On se chargeait d’aider les populations dans certaines activités, moyennant une petite rémunération. On s’occupait également de l’entretien des arbres et des voies d’accès à Pabré et au séminaire.

Avez-vous toujours des nouvelles de certains de vos anciens élèves ?

• Je rencontre un peu plus ceux qui sont devenus des abbés. Il y a en beaucoup. Six sont devenus des évêques. Il y a Messeigneurs Basile, Séraphin, Jean Baptiste Tiendrébéogo, Thomas Kaboré, Ambroise Ouédraogo et l’actuel responsable de l’archidiocèse de Ouagadougou, Philippe Ouédraogo.

Quels souvenirs gardez-vous de ce dernier ?

• J’ai enseigné Philippe Ouédraogo de la 7e à la Tle. C’était un élève studieux qui a aussi connu ses crises d’adolescence comme tous les autres camarades de son âge. Au second cycle, il s’est très bien ressaisi et il a survolé brillamment les cycles d’études et les différents échelons au niveau de l’Eglise pour atteindre le plus haut degré dans la vie d’un prêtre. Il a été mon évêque à Ouahigouya ici et il m’a facilité beaucoup de choses tout en m’accordant beaucoup d’attention.

C’est un homme qui a une forte conviction, très sociable. Il met beaucoup de foi dans tout ce qu’il entreprend et se donne le temps et les moyens nécessaires pour le mettre en forme. J’ai été particulièrement très ému quand il a été nommé à la tête de l’archidiocèse de Ouagadougou. Quand je le rencontre à Ouaga, je passe avec lui des moments très agréables. Je suis fier de lui.

Avez-vous des nouvelles de certains de vos élèves qui sont dans l’administration, dans l’armée ou dans le privé ?

• Je rencontre beaucoup dont je ne me souviens plus des noms à cause de mon âge. Beaucoup m’approchent pour me rappeler que je les ai tenus. Je retiens que j’ai enseigné l’ancien président, Jean Baptiste Ouédraogo. Je me rappelle également Jean Bado. Il y a de cela 10-12 ans quand j’ai déposé ma demande de nationalité burkinabé, il était conseiller spécial du ministre de l’époque.

C’est lui qui m’a facilité l’obtention de la nationalité burkinabè. Je suis allé plusieurs fois chez lui à domicile. Il y a aussi Emmanuel Younga, magistrat à la retraite, premier adjoint au maire de la commune de Titao. Il m’a porté l’insigne de la décoration le 11 décembre 2010 à Titao. Ça me fait chaud au cœur de rencontrer les anciens élèves. Beaucoup sont très dévoués à mon égard quand on se rencontre. Présentement à cause de la vieillesse, je n’arrive plus à citer leurs noms de façon exhaustive. Qu’ils m’en excusent.

Comment avez-vous fêté Noël pour la première fois en Haute-Volta ?

• Mon premier Noël en 1956, je l’ai fêté à Nasso où j’ai été envoyé, comme déjà dit, pour apprendre les éléments de montage d’un laboratoire. Donc, je n’ai pas préparé moi-même la fête. Je suis arrivé l’avant-veille et on m’a demandé de présider la célébration de la messe du jour de Noël. Je ne suis pas occupé du côté festif. Cela ne veut pas dire que la fête a été moins bonne. Entre la France et la Haute- Volta, aujourd’hui Burkina Faso, c’est pratiquement la même démarche dans la célébration de la messe. Mais les Voltaïques ou Burkinabè savent mettre un peu de leur culture à la fête pour la rendre plus vivante et plus agréable.

De 1956 à nos jours, la manière de fêter a-t-elle changé ?

• Parlant de la démarche religieuse, il n’y a pas un grand changement. Actuellement, les fidèles, selon leurs bourses, dépensent plus qu’avant. La fête de Noël s’est beaucoup plus popularisée mais sa célébration est moins intensive qu’avant. Les occupations des gens et les problèmes qu’ils vivent sont nombreux au point qu’ils ne peuvent plus consacrer beaucoup de temps pour préparer Noël. A mon niveau, je pourrai préciser que la fête au séminaire est un peu différente que dans une paroisse. Au niveau de la paroisse, la préparation est plus rigoureuse. Il y a des confessions à faire avant le jour de la fête.

Il faut également préparer la messe de la nuit suivie d’un réveillon que nous organisons chaque année à l’évêché au temps de Monseigneur Philippe Ouédraogo. Ensuite, en tant que vicaire, nous partons généralement dans les églises des villages pour célébrer des messes le jour de Noël. Nous partageons les repas avec les communautés à la base dans les villages où nous célébrons les messes.

Après un demi-siècle au Burkina Faso, avez-vous l’âme d’un Burkinabè ?

• J’ai essayé le plus possible pour m’adapter à la vie des Burkinabè. J’avoue que c’est un peu difficile de changer de culture. Le plus important, j’ai été accepté et je suis content du temps que j’ai consacré à éduquer, à former les hommes, et à prêcher la bonne nouvelle, la parole de Dieu.

Je pense avoir consacré une partie de ma vie et mes connaissances à des gens qui en avaient le plus besoin. Je ne regrette pas d’avoir opté pour cette vie de missionnaire et de la traduire au Burkina Faso. Ce qui me gêne un peu, c’est qu’après tant d’années au Burkina, je ne maîtrise pas parfaitement le mooré. Néanmoins je me débrouille pour célébrer les messes en mooré.

Quels sont vos plats préférés ?

• Je raffole du Benga (haricot), et du poulet grillé. Je trouve également les fruits comme la papaye et la mangue très comestibles.

Que mangerez- vous le jour de Noël cette année ? • Je n’ai pas prévu un plat particulier. Je mangerai tout ce qui me sera servi. Pourquoi pas du poulet, la viande du porc, du tô, du haricot vert et surtout le gâteau de Sor-wendé. Comme boisson, je me ferai servir de la bière et du vin. J’apprécie particulièrement le vin.

Avez-vous toujours la nostalgie de votre Poitiers natal ?

• J’y retourne de temps en temps. Avant, je repartais régulièrement rendre visite à mes parents. Entre-temps, ils sont décédés. Je continue d’y retourner pour voir mes frères et mes sœurs. A chaque fois quand je m’y rends, je profite faire un bilan approfondi de santé. L’année dernière, je suis reparti, mais pas dans de meilleures conditions. J’étais malade et j’ai été me soigner. Dieu merci, je me suis rétabli et je suis revenu.

A quoi comptez-vous consacrer votre retraite ?

• Tout dépendra d’où on m’enverra. Je retournerai en France pour me mettre à la disposition de mon supérieur là-bas. Je me plierai au sort qui me sera destiné. Il y a probablement deux endroits où on pourrait m’envoyer. Soit aux environs de Pau, soit aux alentours de Paris dans les maisons de vieux. Mon supérieur à Ouagadougou, le Père Théo Caerts, m’a dit qu’en juin 2011, il m’accordera un billet d’avion pour que je retourne en France, mais que je n’aurai pas le billet de retour. Il a dit qu’à 80 ans, je suis fatigué et qu’il faut que je reste en France me reposer.

Quelle image gardez- vous du Burkina Faso après 53 ans de vie ?

• J’ai passé 32 ans à Pabré où j’ai vécu en parfaite symbiose avec tous ceux qui sont passés au séminaire. Depuis 1989 que je suis vicaire à Ouahigouya, je n’ai pas rencontré de difficultés particulières ni avec mon entourage ni avec les fidèles chrétiens.

J’ai le sentiment d’avoir réussi plus ou moins ma mission. On ne peut pas se juger soi-même. On ne me l’a pas dit, mais je pense que c’est en reconnaissance de tout ce que j’ai fait que les premières autorités de la région viennent de m’accorder cette décoration. Pour l’évolution du Burkina de 1956 à nos jours, je dirai que des efforts ont été fournis dans le sens de la multiplication des infrastructures sanitaires, routières, scolaires et hydrauliques.

Nous avons présentement beaucoup de routes bitumées, de centres de soins, d’écoles primaires, secondaires et supérieures. Cette évolution, je la place dans l’ordre normal des choses. Après 50 ans dans la vie d’un pays, il fallait nécessairement qu’on constate une évolution. S’il n’y a pas de changement, c’est comme si le pays ne méritait pas d’exister.

Il faut toujours se poser la question de savoir si on ne pouvait pas faire mieux. Il appartient à ceux qui ont été décideurs ou qui le sont toujours de se demander si les gens sont fiers de leurs actions. Je ne sors pas beaucoup, mais je constate que de nombreuses personnes ne sont pas contentes de leur sort.

Peu de gens sont très riches devant une majorité de pauvres. A force de voir un petit groupe de personnes qui profitent de tout, le reste pourrait se résigner ou se révolter. Un comportement qui n’est pas de nature à favoriser l’assise de véritables fondements d’un développement durable. Le Burkina doit renouer avec ses valeurs basées sur la solidarité, l’esprit de sacrifice, l’intégrité et le partage. Le progrès uniquement basé sur l’accumulation du matériel n’est pas solide.

Il faut un progrès qui prenne en compte toute la dimension humaine. Je conseille surtout à ce qu’on intensifie la formation, l’éducation des hommes. Ceux chargés de donner les grandes orientations pour la construction de la nation doivent fournir les efforts nécessaires pour donner le bon exemple. Un bon dirigeant doit manager sa troupe en donnant l’exemple.

Entretien réalisé par Emery Albert Ouédraogo

L’Observateur Paalga

Tiré du Site Lefaso.net

     

 



From the website Lefaso.net


Father Peng-Wendé Jean-Henri Neveu Kaboré.

A life devoted to
education in Africa

“I am content with the time I devoted to education and to training men, and to preaching the Good News.” Father Peng-Wendé Jean-Henri Neveu Kaboré.
Father Neveu was born on the 4th September 1929 in France. Ordained a priest in 1956, he was sent in the same year to Burkina Faso, to be exact, to the junior seminary at Pabré where he taught Maths, Natural Science and Physics for 32 years. In 1989, he was appointed to the Diocese of Ouahigouya where he took on the duties of curate of the parish of Our Lady of Deliverance. Here is a part of the interview made by Emery Albert Ouédraogo of the newspaper L’Observateur Paalga in December 2010.

In 2010, you blew out 54 candles of priesthood in the Land of Righteous Men. From Poitiers to Ouagadougou how would you write this great chapter of your life?

During my secondary studies, I met a White Father and the idea came to me to become a missionary. I did not want to remain in Europe. I was told that the White Fathers went only to Africa. This information gave me even more motivation. I then began to follow the White Father programme.

In 1951-52, I did my military service at Bizerta, in Tunisia. At that time, I met the Senegalese Riflemen. There were Mossis among them. After military service, I did theological studies for three years, at the end of which I took my Missionary Oath on the 25th June 1955. I was then ordained Sub-deacon at Carthage, near Tunis. On the 1st April 1956, I boarded a ship for West Africa, up to Dakar. I then flew from Dakar to Ouagadougou. Three days later, I was sent to Pabré Junior Seminary as a teacher. I was put immediately in charge of teaching Mathematics, Natural Science, Physics and Chemistry. I also took on the role of infirmarian of the seminary and I organised the pupils in manual work.

At Independence

You arrived in Upper Volta on the eve of independences; did you see it coming?

Upon arrival in 1956, I was still an Afro-colonialist. With my friends at Pabré, especially the diocesan priests, we discussed the conditions whereby Upper Volta and the African countries in general were preparing to take their independence. We wondered how they would go about it to take it on properly. Were they going to continue to harmonise with the colonialists with the risk of being dragooned, or were they going to flatten everything first before restarting in a different way? We were firmly convinced that it was up to the African to shape their own destiny. It was a former seminarian at Pabré, Maurice Yaméogo, who proclaimed independence for Upper Volta.

Have you been close to some Heads of State who governed this country?

I did not have any privileged relations with the Heads of State. I always remember President Thomas Sankara. He came to Pabré for good wishes with the Ambassadors. The ceremony was organised beside the dam. I can still see the scenario. Thomas Sankara, with a pistol stuck in his belt, greeting the Ambassadors with soldiers in front and behind him. This strong presence of the armed military during a public ceremony did not lend itself to a good atmosphere. Wherever arms are on show, there is no freedom. Rather, we feel terror, fear and mistrust. I admit I was rather ill-at-ease during this ceremony.

Some years later during my holidays, I went to Kombissiri to help the parish priest, a White Father. He asked me one day to celebrate a marriage. The groom was a Muslim and a collaborator of President Thomas Sankara, who had made the journey personally to attend the wedding. At the end of the Mass, I shook his hand. I must admit that in spite of constraints and the fear that prevailed during his reign, it was a period when the potential of Burkina was the best explored and put to use. However, the excessive use of arms instead of dialogue and consultation reduced somewhat the charm of the efforts that were expended and provoked the tragic end of President Thomas Sankara.

I maintain contact with former seminarians

You have left indelible traces on Pabré Junior Seminary. What kind of reception did the seminarians give you on your arrival?

All the seminarians arriving at the seminary became imbued with the rules and regulations as well as the statutes prevailing. Discipline was strict. I therefore did not have much difficulty. I was well received and adopted. The pupils followed attentively what they were taught. However, as we are dealing with human beings, we could not keep up with their biological development. I would say that the pupils in 7, 6 and 5 forms were docile; by contrast, those in 4 and 3 were a little difficult. It was the time of their crisis of adolescence. More tact was required with them.

I still receive news from some of my former pupils. I meet more often those who became priests. There are many. Six have become bishops. I also have news of others of my pupils who now work in the civil service, the army or in private business. Many come up to me to remind me that I taught them. Amongst others, I taught former President Jean Baptiste Ouédraogo. I also remember Jean Bado. He it was who facilitated my taking Burkinabe nationality when he was Special Counsellor to the Ministry at that time. It is always very moving for me to meet former pupils. Many are very fond of me when we meet. At the moment, due to old age, I can no longer list their names exhaustively. I beg their pardon.

After half-a-century in Burkina Faso, do you have the soul of a Burkinabe?

I tried as best I could to adapt to Burkinabe life. I admit it is a little difficult for a leopard to change its spots. What counts is that I have been accepted and I am content with the time I spent educating, forming men and preaching the Good News. I do not regret having opted for this missionary life in Burkina Faso. What embarrasses me a little is that after all these years in Burkina, I do not have a perfect command of Mooré.

A well-filled life
To what are you going to devote your retirement?
Father Neveu has now returned to France for good. In December 2010, he said, ‘ I spent 32 years at Pabré where I lived in perfect symbiosis with all those who passed through the seminary. Since 1989, I have been a curate at Ouahigouya. I have not had any particular problems with my surroundings, nor with the parishioners. I have the feeling of having succeeded in my mission.

‘I will soon return to France to be available to my Superior there. I will submit to whatever is my destiny. There are perhaps two places I could be sent, either in the Pau area or somewhere near Paris in one of the old folks’ houses. Fr. Théo Caerts my Superior at Ouagadougou told me he would grant me an airline ticket to return to France, but that it would not be a return. He said that at 80 years old I was tired and that I would need to remain in France to rest.’

Father Neveu is now resting at our house at Billère in France.

Interview by Emery Albert Ouédraogo

L’Observateur Paalga

From the Website Lefaso.net

Translated into English by Donald MacLeod M.Afr