Notre-Dame d'Afrique

RESTAURATION
DE NOTRE DAME D'AFRIQUE

Notre Dame d'Afrique, au cœur d'un patrimoine culturel méditerranéen,
Un partenariat d'exception au service d'une volonté de " vivre ensemble " la différence

Carrefour entre deux continents, la Méditerranée est un trait d'union entre deux pays, l'Algérie et la France, et plus largement entre pays riverains du Nord et pays du Maghreb.

De part et d'autre de la Méditerranée, entre les terres qui en constituent les rivages, des échanges séculaires se sont tissés, sans que soient jamais reniées les identités profondes de chacune d'entre elles.

A sa manière, Notre Dame d'Afrique a permis de constituer un creuset culturel au sein duquel les hommes ont confronté et élaborent encore leurs projets. Cet espace de rapprochement et de partage n'est pas un lieu du passé ; sa pérennité est à assurer pour garantir pour l'avenir les liens interculturels entre les peuples

La restauration de Notre Dame d'Afrique, que nécessite l'état de l'édifice, participe de cette vision : renforcer les liens entre deux mondes méditerranéens, chacun attaché à sa culture en reconnaissant l'intérêt de partager celle de l'autre, dans l'interdépendance de deux identités. La sauvegarde de ce patrimoine historique, culturel, architectural - sans laquelle la pérennité du bâtiment serait rapidement compromise - n'a pas d'autre signification que celle du rapprochement des communautés, et celle de la construction aujourd'hui d'un espace méditerranéen porteur d'avenir et de fraternité entre tous ceux qui aiment la terre d'Algérie


Un partenariat d'exception, une coopération exemplaire

La restauration de Notre Dame d'Afrique met en œuvre un " partenariat d'exception " entre de très nombreux acteurs, tous également mobilisés par le projet. Entre eux, il s'agit d'une coopération des volontés et des cœurs, qui se traduit tout autant par une harmonieuse répartition des tâches que par un partage des responsabilités financières. Ainsi la wilaya d'Alger assume la maîtrise d'ouvrage des travaux que lui confie l'Association Diocésaine d'Algérie, en charge de la basilique. Plusieurs ministères du Gouvernement algérien comme l'Etat français et les collectivités de Provence - Région, Département et ville de Marseille - , ainsi que l'Union Européenne soutiennent le projet. Les agents économiques s'associent aussi à la puissance publique pour sauvegarder cet élément prestigieux du patrimoine algérien.

Tous, par leur engagement, témoignent du sens profond donné à la restauration de la basilique. Bien plus que la restauration d'un lieu de culte, bien plus encore que la restauration d'un élément patrimonial de grande valeur, c'est le symbole de la coopération entre l'Algérie et la France, comme de la coopération entre le Nord et le Sud des deux côtés de la Méditerranée, qui est en jeu. Et plus profondément encore, se noue ici la volonté de " vivre ensemble " entre des populations et des sociétés qui peuvent se retrouver, au-delà des différences culturelles, de civilisation et de religion.

fiche n°1 - Présentation de la basilique Notre Dame d'Afrique


Située sur la commune de Bologhine, au sommet d'un promontoire dominant la Méditerranée, la basilique Notre Dame d'Afrique est édifiée au milieu du XIX° siècle. Le gros œuvre est achevé en 1866 et l'édifice est terminé et consacré en 1872.

La basilique est construite sur un plan en croix latine, avec chœur trilobé, aux absides placées entre de puissants contreforts et couronnées de demi-dômes. La croisée du transept est surmontée d'une tour lanterne à dôme. Les quatre tourelles d'escalier sont terminées par de petites coupoles sur tambour en colonnade. Une frise en céramique bleu et blanc en partie haute constitue le principal ornement de l'édifice, sobrement décoré

Dans un site d'une qualité exceptionnelle, la basilique est marquée par un style éclectique, inspiré par des références romanes, byzantines et mozarabes. Deux éléments étonnants se détachent : à l'avant, un narthex à trois coupoles et deux portes ; et à l'arrière, un campanile en forme de minaret maghrébin, édifié sur une sacristie au plan cruciforme. Le parvis ouvre largement sur la mer, en raison de l'orientation Sud-Ouest choisie par l'architecte

Le décor intérieur fait une large place aux ex-voto déposés depuis 150 ans par Chrétiens et Musulmans. Aujourd'hui, la basilique est fréquentée quotidiennement par 300 personnes environ (plus de 100 000 visiteurs chaque année).

La basilique est la propriété de l'Association Diocésaine d'Algérie, association de droit algérien, constituée à Alger pour porter, au plan civil, les activités de l'Eglise catholique en Algérie ; l'association, agréée en 1975 par le ministère de l'Intérieur algérien, est présidée à ce jour par Mgr Teissier, archevêque d'Alger.

fiche n° 1 bis - Présentation détaillée de l'édifice

Le style de la basilique Notre Dame d'Afrique est inspiré par des références romanes, byzantines et mozarabes, mises en œuvre avec des éléments symboliques de la dévotion à Marie.



LE PLAN DE L'ENSEMBLE

Le plan, très sobre, se présente en croix latine avec un chœur à trois absides égales. Le porche d'entrée a trois travées. La travée axiale est fermée ; seules les deux travées latérales donnent accès à la basilique. Au chevet de l'édifice, se développe la sacristie. De là s'élève le haut campanile.

Des contreforts massifs cantonnent les angles de chacune des parties de la construction ; on n'en compte pas moins de 16, sans dénombrer les tourelles d'escalier. Ces contreforts, partie intégrante de la volumétrie, présentent l'intérêt de consolider la construction en lui donnant la forte cohérence d'une masse compacte. Ce caractère explique certainement le bon comportement de l'ensemble de l'édifice aux secousses sismiques multiples qui le remuent depuis plus d'un siècle.

En plan, la construction s'inscrit dans un rectangle de 26,5 x 54,5 m.


VOLUMETRIE EXTERIEURE


L'édifice apparaît comme une construction ramassée, centrée autour de la haute tour lanterne à dôme surplombant le chœur. Cette impression est renforcée par les trois absides à demi-dôme qui soutiennent l'élévation de la tour.

Mais cette première perception est complétée par un deuxième caractère donné par de nombreux éléments verticaux : les contreforts en grand nombre, quatre tourelles d'escalier et la tour du campanile équilibrent le caractère massif de l'ensemble.

En hauteur, le pied de la grande croix culmine à 37,5 m du sol, celle-ci ayant 5,2 m de haut, et le sommet du campanile à 31 m au pied d'une croix de 2 m.



LE DECOR DE L'ARCHITECTURE


Celui-ci est d'autant plus riche et développé que l'on s'élève dans l'édifice.

Dans les parties basses, la modénature est sobre, elle se limite à des bandeaux ou des encadrements de baies, unis et sans ornements.

Arrivé au niveau des corniches, une frise en céramique à dominante bleu entoure toute la basilique.

Au-dessus de celle-ci, un décor de moulures et d'ornements utilise un vocabulaire classique (modillons, denticules, raies de billettes principalement), avec une liberté d'esprit qui ici veut exprimer la symbolique de la dévotion à Marie (étoiles, boutons de fleurs).

S'il fallait résumer ce décor, on pourrait dire qu'il s'agit d'un décor de couronnement : en effet ce sont bien les pierres de couronnement qui sont le plus richement sculptées, comme en témoignent les merlons qui entourent tous les dômes.


MATERIAUX ET COULEURS DE L'EDIFICE


La pierre - une pierre au ton ocre orangé - est le matériau principal de l'édifice. Celui-ci est agrémenté par la frise de céramique bleue, et couvert par des dômes au reflet doré.

Il n'y a pas une pierre unique pour l'ensemble de la construction mais plusieurs sortes, harmonisées en ocre par un badigeon de chaux. Les façades, dans leurs parties courantes, ne sont pas en pierre mais revêtues d'un habile enduit en faux appareil de pierres. La volonté de l'architecte et des constructeurs a certainement été entravée par des moyens financiers limités et par les seuls matériaux facilement disponibles.

Le reflet des coupoles résulte du matériau utilisé pour refaire l'étanchéité des couvertures, dans les années 1970 ; ce matériau est revêtu d'une feuille d'aluminium, et; le reflet doré est produit par le dépôt de l'ocre du badigeon sur la feuille d'aluminium.


ESPACE INTERIEUR

Le volume intérieur de la chapelle contraste par sa simplicité avec la profusion de lignes courbes et droites de l'extérieur. Hormis les vitraux, le décor du sanctuaire est principalement un décor de peintures récentes. Un grand nombre de plaques en marbres font mémoire de la vie et de l'histoire du sanctuaire, de ses origines à aujourd'hui.

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Le programme de restauration ne prévoit pas de travaux sur l'espace intérieur.



Fiche n° 1 ter - Contexte culturel de la construction

Les premiers édifices publics français construits en Algérie se réfèrent aux styles européens et aux références éclectiques enseignées à l'Ecole des Beaux Arts de Paris au milieu du XIX° siècle.

C'est le style baroque pour les théâtres et c'est le vocabulaire romano-byzantin pour les édifices religieux.

Les architectes viennent alors de la métropole et construisent des immeubles semblables à ceux de Paris ou Marseille.

Ce n'est que dans un deuxième temps que se manifestera progressivement de la part de la nouvelle population le désir d'une architecture puisant ses références dans le style méditerranéen.

JEAN EUGENE FROMAGEAU, UN ARCHITECTE ECLECTIQUE

L'architecte de Notre Dame d'Afrique, Jean-Eugène Fromageau (1822-1897), est originaire de Saumur. A l'Ecole des Beaux Arts de Paris, il est élève de Constant Dufeux, chef d'atelier d'inspiration éclectique.

Une fois diplômé, il retourne à Saumur, où très vite il se heurte à l'hostilité des tenants du style néogothique. Au point qu'il n'hésite pas, après la mort de sa femme, à accepter en 1855 le poste d'architecte diocésain d'Alger.

Il y remplace son ancien condisciple Féraud devenu subitement aveugle. Fromageau occupe ce poste jusqu'en 1870.

On lui doit notamment la réalisation du grand séminaire de Kouba, et du petit séminaire de Saint Eugène, l'agrandissement de la cathédrale et la construction de ce qu'on appelait alors la Chapelle Notre Dame d'Afrique.



Fiche n° 1 quater - Historique de la construction (1855-1872)


Monseigneur A. PAVY, qui succéda (1846-1866) à Mgr Dupuch, premier évêque d'Alger, était originaire du diocèse de Lyon et fervent pèlerin de Notre Dame de Fourvière de Lyon. Aussi, prit-il la décision de construire à Alger un grand sanctuaire sur le modèle de celui de Fourvière. Déjà, des jeunes filles du pensionnat du Sacré Cœur de Lyon avaient offert à Mgr Dupuch, en 1840, la statue en bronze de Marie, qui trône maintenant au chœur de la basilique,

Jean Eugène FROMAGEAU, architecte diocésain d'Alger, fut chargé d'en dresser les plans.

En 1855 est posée la première pierre de l'édifice. Mais ce n'est que le 2 février 1858 que commence le creusement des fondations. En 1866, l'exécution du gros œuvre n'est pas terminée, et Monseigneur Ch. LAVIGERIE (1866-1892), nouvel évêque d'Alger, poursuit la construction. L'ornementation et l'ameublement sont réalisés entre 1868 et 1873.

Le 2 juillet 1872 a lieu la consécration du sanctuaire et l'installation de la statue de la Vierge.


LES MATERIAUX DE LA CONSTRUCTION DU CHANTIER

L'Algérie en 1846 est un immense chantier qui s'est ouvert depuis quelques années pour construire les bâtiments publics, les routes, les infrastructures…

Les matériaux de construction sont recherchés et leur transport difficile. Les bâtisseurs de Notre Dame d'Afrique vont donc prendre les matériaux au plus prés. Certains sont clairement identifiés :

- les maçonneries, en fondations et en élévation, sont constituées de moellons en pierre bleue qui constitue le socle affleurant sur le site.
- le soubassement en pierres de taille est en pierre ocre dite de Kouba, constituant nombre des reliefs et vallons de la ville d'Alger.
- les sables et agrégats des mortiers sont eux aussi trouvés sur le site.

Les autres viennent également des abords immédiats du site, mais l'avancée et la densification de la ville a progressivement effacé la trace de leur exploitation.

Il en est ainsi de la pierre courante pour la taille de la modénature, de la mouluration et de l'ornementation.. Mais cette pierre n'est pas unique ;'il y au moins quatre types de pierre, de nature, de dureté, de teinte, légèrement différentes.

L'affectation de ces pierres à la construction n'obéit pas à une logique de choix constructifs, mais plutôt à des contraintes d'approvisionnement, à partir des nombreux bancs de ce type affleurant à l'entour.