De la part du Provincial de France.
"Christ est ressuscité
des morts, prémices de ceux qui sont morts". 1 Cor 15, 20
Le Père Provincial de France
des "Missionnaires d'Afrique"
vous fait part du retour au Seigneur
|
|
|
Prions pour lui et les membres
de sa famille, at amis tunisiens.
Guy Vuillemin, M.Afr.
*********************************************************
Jalons de la vie du frère Marcel AUREGAN
Nat.: Fr. Diocèse d'origine St-Brieuc |
NAISSANCE Plouzélambre 04-07-1928 |
Année Spirituelle Maison-Carrée 26-09-1955 |
Serment Temporaire Mours 29-09-1957 |
Serment Perpétuel Mours 31-07-1963 |
|
"Il ne faut pas que vous vous attristiez comme les autres qui n'ont
pas d'Espérance". Thess 4,13
Nous le recommandons instamment à votre prière.
Présentation de Marcel lue à la cathédrale de Tunis le mercredi 29 décembre 2010.
Marcel avait 82 ans. En le voyant ces dernières années si maigre on a du mal a croire que Marcel cétait un sportif. Il courait le cross et les distances de fond. Il a même participé à des épreuves avec Alain Mimoun. Quand il a quitté son club pour entrer chez les Pères Blancs, le dit club a périclité, selon les journaux de lépoque.
Marcel avait le don de trouver les endroits où creuser pour trouver de leau. Il a trouvé de leau non seulement en Tunisie, mais aussi au Mali et au Burkina. Sans doute rien que pour avoir donné à boire aux assoiffés il mérite dentrer au Paradis, selon les paroles de Jésus.
Cest à Maison-Carrée, dans la banlieue dAlger quen 1955 il fait son noviciat. Il va ensuite à Mours (France) en formation et où il passe quelques années comme moniteur. Cest là quil prononce son engagement missionnaire en 1963.
Trois ans plus tard, il se retrouve à Thibar (Tunisie) pour soccuper du domaine agricole. Il y a noué de solides amitiés qui ne se sont jamais démenties. Quand il lui arrivait, ces dernières années, dy emmener des visiteurs, laccueil était ce qui les marquait le plus.
A la fermeture de Thibar, il va à La Marsa où les PB venaient douvrir un centre de formation pré-professionnelle. Il y reste deux ans, à la suite de quoi il va travailler comme représentant dune association tunisienne pour le développement de la région nord-ouest du pays. En charge de lamélioration de lhabitat rural, son souci est de respecter au maximum les connaissances des ruraux : sils ont construit leur maison à un endroit déterminé, ils ont de bonnes raisons de le faire, comme la direction du vent, lorientation au soleil, lécoulement des eaux. A cette période, il collabore à la construction de centres professionnels.
Après une vingtaine dannées là-bas, il revient à La Marsa, puis à Sousse et enfin à Tunis en 1998. Comme économe de lIbla, il remet la maison en ordre : eau, électricité, gaz, panneaux solaires, etc. Les plans précis quil en a dressés ont été précieux pour ceux qui sont en charge de la restauration de la maison. Il était également chargé de laccueil des démunis qui venaient solliciter un peu daide. Il soccupait aussi des bâtiments de lEglise. Il a ainsi restauré les églises de Sousse et de Djerba, les écoles de Halfaouine et dAïn Draham : jen oublie certainement, la liste est plus longue.
Mais on aurait tort de limiter ses centres dintérêt au matériel. Sa bibliothèque personnelle contenait des ouvrages de théologie, dexégèse, de spiritualité, de littérature, dhistoire de lart. Pour la dame architecte avec laquelle il venait de réaménager le jardin du monastère de La Marsa, Marcel cétait un intellectuel égaré dans les travaux pratiques.
Au début de lété passé Marcel a fait une chute à La Marsa. Il a été hospitalisé, son état nécessitant une prise en charge médicale complète. Après plusieurs mois à la clinique il a pu être accueilli par les soeurs de La Goulette où il a rechuté , entrainant une nouvelle hospitalisationNous ne pouvions pas lui assurer ici les soins ni laccompagnement nécessaires. Il est évacué en France, à Bry-sur-Marne , doù il est immédiatement réhospitalisé. Son état connaît des hauts et des bas, mais il rentre quelques jours à la maison. Finalement à la mi-décembre il est hospitalisé à nouveau et le 24 au soir, pendant la prière de la communauté Marcel est monté au ciel.
Je conclus avec le texte dun message de condoléances reçu hier : Sans faire plus de bruit que durant sa vie, notre frère a voulu retourner vers son Seigneur dans le silence de la nuit de Noël. Dessinateur recherché pour ses bonnes idées dans la construction et sa façon toute simple des les présenter, il était aussi le ciment des communautés par où il est passé. Jamais il ne se mettait en avant sur les balcons, mais il était prêt à soutenir de ses deux bras les initiatives positives de ses confrères. Jusqu'au bout de sa vie il a contribué à habiller les projets et à peindre les rêves des autres grâce à ses connaissances chevronnées. On se souviendra longtemps de sa frêle silhouette qui passait comme une ombre mais dont le sourire égayait tout sur son passage. Merci à Marcel pour cet exemple de simplicité et de vie donnée à tous!
Jésus était comme Marcel un artisan un homme manuel et soucieux des autres. Je suis convaincu que depuis quils sont ensemble ils parler beaucoup de construire... mais de construire le Royaume de Dieu en Tunisie.
Homélie de larchevêque Mgr. Maroun LAHHAM
Chers frères et surs,
Il ne faut pas vous habituer, nous habituer, à une messe tous les mercredi soir (ou presque) pour un de nos frères ou surs qui retournent à la Maison du Père. Il ne faut surtout pas nous résigner. Le fameux « Maktoub » de nos frères musulmans n'est pas dogme chrétien. Nous croyons en la Providence, c'est-à-dire en l'amour de Dieu qui conduit l'histoire du monde et des hommes pour le mieux. Il ne faut surtout pas que ces morts précipitées nous enfoncent dans un sentiment, déjà pas très réconfortant, de fragilité et d'instabilité. Nous sommes, nous devons être plus solides par rapport à ce que nous pensons.
Encore une fois donc, nous sommes réunis pour prier pour un de nos frères qui nous a précédés. On dit joliment en arabe : « ils nous précédent et nous les suivons ». Revenons à frère Marcel: un frère blanc, breton (il tenait à le dire et à rappeler qu'il a appris le français à l'école), petit de taille" souriant, serviable, précis et méthodique fallait pas lui demander deux choses à la fois. Il a passé sa vie au service de la Société des Missionnaires d'Afrique, de l'Église et surtout du pays. Le nom de Thibar est devenu presque synonyme de Marcel. Les surs blanches du Kef nous ont montré l'autre jour un village qu'il a construit au nord ouest du pays. C'est que les constructions faisaient presque partie de ses gènes... À la clinique, pendant les courts moments de lucidité qu'il avait, il disait: «il faut que je sorte d'ici, je dois terminer les plans que les surs m'ont demandé de faire... ». Il les terminera du paradis. Un fait est là quand même: nous avons perdu un spécimen unique de notre Église, un charisme irremplaçable au niveau de la congrégation, de l'Église et de la société. Mais ce n'est pas grave, je dirais que c'est normal. Le monde change, le pays change et l'Église change, et par conséquent, les besoins changent. C'est d'ailleurs le thème de la pro haine lettre pastorale pour les deux prochaines années.
Ce que nous devons faire est d'abord de remercier le Seigneur de nous avoir l toujours donné les personnes voulues dans les diverses circonstances, ensuite de lui demander de continuer de nous envoyer le personnel nécessaire pour répondre aux nouveaux besoins de notre Église et de notre société.
Voilà, une année se termine, et une autre est sur le point de commencer. La vie continue, et qui aime ne meurt jamais, car l'amour est plus fort que la mort.
Permettez-moi une dernière envolée. Frère Marcel est décédé la nuit Noël, cela ne vous dit rien quau même moment de l'entrée du Fils de Dieu dans la vie des hommes, frère Marcel est entré dans la vie de Dieu? Bienheureux frère Marcel, tu as bien mérité cette grâce.
Amen.
+ Maroun Lahham