Voix d'Afrique N° 84

Culture
MAGIC SYSTEM

Ils étaient 7 au départ, vrais fils du quartier Markori d’Abidjan. Ils resteront quatre, Asalfo, Goudé, Tino et Manadja, pour fonder en 1996 le groupe Magic System.

 

Cette bande s’est constituée au cours des compétitions scolaires et sportives, creuset de l’essentiel des groupes de jeunes qui ont essaimé ces dernières années dans les quartiers chauds de la capitale ivoirienne.

Leur premier album Papitou, en 1966, passe inaperçu et les boîtes de nuit ne leur assurent pas le succès. Mais ils réapparaissent trois ans plus tard avec un deuxième opus : «1er Gaou». Nous sommes en automne 1999 et la sortie de l’album produit un résultat spectaculaire. Plus de 40.000 cassettes sont vendues en deux semaines. Puis, c’est un succès sans précédent : 300.000 cassettes vendues en Côte d’Ivoire et plus d’un million dans le reste du continent. C’est la partition de l’amour par intérêt, thème récurrent et classique mais traité ici avec un humour et un enthousiasme peu ordinaires. Un titre justement servi par une rythmique simple, efficace et entraînante.

Après l’Afrique de l’Ouest, la vague Magic System atteint tous les autres centres urbains du continent africain. Toutes les capitales les sollicitent et le tube a même du succès dans les boîtes de nuit de… Tunis. On parle désormais du phénomène Magic System.

Magic System est, dès lors, vraiment lancé. Il assure même les premières parties de Koffi Olomidé et du collectif Bisso Na Bisso. En 2001, le quatuor signe «Poisson d’Avril», un album qui va l’amener sur la scène de l’Olympia, à Paris. Puis c’est «Un gaou à Oran» avec le groupe 113.

Pour tenter de convertir la vague  Gaou  encore bien haute en un deuxième succès, les quatre garçons d’Abidjan ont invité la célèbre chanteuse sud-africaine Brenda Fassie dans le titre “Kodjo Kodjo Tiré”. Ce nouvel album compte huit titres dont “Poisson d’avril”, encore une histoire de couple qui tourne mal.

C’est grâce à cette nouvelle version que durant l’été 2002 les radios FM françaises découvrent enfin le groupe ivoirien. Le single “Premier Gaou” arrive en troisième position des ventes à l’automne, phénomène qui n’avait pas été vu depuis quinze ans, à l’époque du “Yéké Yéké” de Mory Kante.

Concrètement, ce succès se traduit par une explosion commerciale et les Ivoiriens deviennent Double disque d’or, album et simple ; du jamais vu pour des artistes signant dans une maison de disques indépendante.



Malgré la dureté des évènements politiques ivoiriens et les tensions qui règnent à Abidjan, le groupe décide d’y rester. Asalpho dans “Un Gaou à Paris” explique que toutes les difficultés à endurer pour obtenir des papiers français ne valent pas la peine d’être vécues. Pour lui, mieux vaut rester à Abidjan, la vie y est finalement plus acceptable humainement.

En juin 2005, le groupe sort un nouvel album, “Cessa kié la vérité”, sans grande innovation par rapport aux deux précédents, mais la recette fonctionne et l’on retrouve donc LE tube de l’été 2005 “Bouger, bouger” et aussi “Petit pompier” dans la ligne directe du “Premier Gaou”, ainsi qu’un remix de “Un Gaou à Oran”. Plusieurs stars de la musique africaine sont également au rendez vous. Brenda Fassie pour un titre “zoulou-zouglou”, “Matilisso” enregistré à Johannesburg peu de temps avant sa disparition pour son propre album en 2002. On retrouve également Alpha Blondy, doyen du reggae ivoirien, pour  “Tikilipo” un titre qui appelle à l’apaisement l’ensemble de la jeunesse ivoirienne.

La renommée internationale des Ivoiriens ne cesse de croître : après avoir joué au Maroc, puis à Madagascar, ils se produisent au Royaume-Uni (Londres), en Suède et en Tunisie au cours de l’année 2007.
Élevés au rang de chevaliers de l’Ordre National par le président ivoirien Laurent Gbagbo, ils célèbrent, en septembre de cette même année, les dix ans de carrière de leur groupe par deux concerts dans leur pays, à Bouaké et à Abidjan. C’est l’occasion de présenter à leur public les nouvelles chansons qui figurent sur leur quatrième album. Intitulé “Tapé dos” en Côte d’Ivoire, il est rebaptisé “Ki Dit Mié” pour le marché international.

Où puisent-ils
leur inspiration ?

Ils puisent leur inspiration du mouvement Zouglou, mouvement culturel ivoirien regroupant musique et danse et qui permet aux jeunes ivoiriens de décrire les problèmes et les maux de la société dans laquelle ils vivent. Ce style musical est né sur les campus de Côte d’Ivoire durant les années 80, sorte de rock’n rap tropicalisé, issu des révoltes étudiantes contre le gouvernement. Des histoires simples chantées par la voix chaleureuse d’Asalfo, comme ce “1er Gaou”, chronique d’un amant qui refuse de jouer les “gnata”, aux dépens de sa petite amie très sensible au volume du porte-monnaie. Les pratiques pédophiles de plus en plus courantes dans les villes sont stigmatisées dans “Complainte”. De même que des problèmes brûlants d’actualité comme les divisions ethniques (“Mi wan gno”), l’avortement (“Pourquoi ça”), la ‘délinquance juvénile’ ou encore les vertus de la tradition dans “Amoulanga”.

Leur succès ?
Le plus surprenant est venu des Caraïbes où le Magic System a connu plus qu’un succès d’estime en vendant plus de cinq mille CD et attirant des foules là où certains artistes africains de renom ont essuyé des échecs à répétition.
Le groupe Magic System est devenu l’ambassadeur de la culture ivoirienne. Il est le groupe africain le plus titré avec au moins 10 disques d’or et 1 disque de platine.

Voix d’Afrique
d’après des sources variées

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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