Voix d'Afrique N°107.

“Le criquet de Robert”

Robert, un Amérindien de l’Abitibi, était venu rendre visite à un ami de Montréal. Ils marchaient ensemble sur la rue Sainte-Catherine, quand soudain, Robert dit à son ami : “J’entends un criquet.” - “Voyons, tu es fou.” - “Non, je te dis que j’entends un criquet. J’en suis sûr !” - “Voyons, il est midi, tout le monde s’en va dîner, les klaxons, le crissement des pneus, tous les bruits des environs. On s’entend à peine parler ; ce n’est pas possible.” - “Pourtant, je ne suis pas fou !” Robert s’arrêta, puis, bien concentré, se dirigea dans un coin de magasin en regardant partout.

Finalement, il s’approcha d’un petit buisson dans un bac de ciment. Il repoussa les feuilles et y trouva “son” criquet.

Son ami était renversé, mais Robert lui dit : “Non, mes oreilles ne sont pas différentes des tiennes. Ça dépend seulement de ce que tu écoutes. Regarde bien !” Il sortit de ses poches une poignée de petite monnaie et la jeta sur le ciment. Tous les gens qui passaient se retournaient pour voir. “Tu vois ce que je veux dire ?” lui rétorqua Robert en ramassant sa monnaie. “Tout dépend de ce que tu écoutes.”

Bien sûr, confronté aux “bruits” de la crise économique actuelle, il est plus facile d’entendre de la monnaie qui tombe qu’un petit chant de criquet... Mais il existe un son encore plus difficile à entendre que celui d’un criquet : c’est ce que Dieu essaie de nous dire dans le secret de notre cœur, c’est-à-dire sa Parole, toujours aussi vivante depuis le début de l’humanité, et révélée intimement à chacun, chacune de nous, spécialement par son Fils Jésus.

Comme Robert, nous n’avons pas d’oreilles différentes de celles des autres humains. Dans la Bible, un grand prophète, Élie, nous enseigne comment “écouter” Dieu. (1 Rois 19,11-13). On lui annonce que Dieu va passer et lui parler. Dans un vent fort et violent ? Dans un tremblement de terre ? Dans un grand feu ? Non, finalement, c’est dans un “murmure doux et léger” qu’Élie écoute le Seigneur qui lui parle.

Pour nous aussi, c’est d’abord, et avant tout, avec les “oreilles du cœur” qu’il faut écouter la Parole de Dieu : ça se passe dans notre “intérieur”. Malheureusement, on y trouve beaucoup d’interférences : parmi les mille voix qui retentissent en nous, seul celui qui est attentif au langage de Dieu peut le saisir. Car Dieu nous parle de façons très différentes. En effet, Il nous parle au moyen d’autres personnes, à travers nos amis, notre parenté, à travers les événements de notre vie, par le biais de la nature, de la création (l’écologie) et surtout grâce à sa Parole qui ne vieillit pas.

De plus, pour nous, notre écoute n’est pas seulement personnelle, elle est aussi communautaire, toute centrée qu’elle est sur notre regard (humain et spirituel) sur le pauvre : “Voir le Christ souffrant dans le pauvre”. L’apôtre Jacques nous rappelle d’accepter avec humilité cette Parole que Dieu plante dans nos cœurs, mais il insiste qu’ensuite, il faut agir : “Mettez la Parole en application, ne vous contentez pas de l’écouter.” (Jacques 1, 22-25). C’est bien ce que nous essayons de faire depuis près de 150 ans, puisque le Seigneur nous redit : “Chaque fois que vous avez fait cela (l’attention aux pauvres) au moindre de mes frères, c’est à moi-même que vous l’avez fait.” (Matthieu 25, 40).

Nous allons bientôt vivre l’été et le temps de vacances et peut-être un temps de repos et de silence. Voilà un temps fort pour nous. Laissons-nous interpeller par la parole de Jésus-Christ, écoutons-le. Tendons l’oreille du cœur... ça se fait seulement dans un “murmure doux et léger...”

Lionel Dion



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