Voix d'Afrique N° 56

Lettre à Jésus

Diocèse de San, au Mali : les jeunes chrétiens se rassemblent chaque année pour les Journées Diocésaines de la Jeunesse.(JDJ)
L'un d'eux écrit à Jésus.

Jésus, cher grand frère,
J'ai eu les cendres mercredi dernier à la cathédrale de San. Le Père évêque était là avec sept prêtres. Le curé a dit que les fidèles étaient plus nombreux que les jours ordinaires. Puis, il a demandé que chacun combatte ses mauvaises habitudes pendant le carême. Je me suis dit : " Cette fois-ci, ton petit frère fera quarante jours sans rouspéter. " J'ai tenu jusqu'au vendredi 22 février.

Je me suis rendu aux JDJ. J'y rencontre un malin qui voulait me vendre sa mobylette ; une moto toute rutilante ! carrosserie impec ! peinture lustrée ! on la croirait neuve. Je l'ai enfourchée, et surprise : mise en route laborieuse, le moteur ne tourne pas rond ; si le klaxon est retentissant, le guidon a beaucoup de jeu ; un freinage déficient. J'ai abandonné le vendeur avec son splendide tas de ferraille. Je me suis remis à rouspéter. Comme d'habitude. Parce qu'il a perdu mon temps.

Grand frère Jésus, en réfléchissant je me dis que je suis un peu semblable à cette moto. Mon vernis religieux fait illusion au premier abord. Quand je parle de Toi et de ton Eglise, ma voix est bien haute et assurée ; mais quand il me faut passer aux actes, voilà le problème : mise en route très lente. Si je démarre, mon moteur a des ratés. Pour ce qui est de ma tenue de route, il m'arrive de zigzaguer et s'il s'agit de mettre un frein à mes passions, alors là… !

Grand frère Jésus, j'ai appris à te connaître aux JDJ. Aide-moi à faire la révision générale qui s'impose. Il est grand temps que tu m'apprennes à changer de vie avant qu'un accident se produise. Cet accident, qui pourrait être la diminution, voire même la perte de ma foi en Toi, il me faut l'éviter à tout prix si je veux te rencontrer un jour dans ton paradis.

Ton rouspéteur