Voix d'Afrique N°99.

L’Arbre de vie “Le Moringa”



Le moringa comprend 13 espèces d’arbres poussant sous climat tropical ou subtropical. Mais la plus populaire est le moringa oleifera. C’est un arbre tendre, pouvant mesurer jusqu’à 12 m. D’une croissance rapide, il peut atteindre 3 m dès la première année. Facile à cultiver, il résiste très bien à la sécheresse. Dans le moringa, tout est utile : feuilles, fleurs, fruits, écorce et racines, tout a un emploi pour le plus grand bien des gens.

Une source de nourriture

Les fleurs, les jeunes gousses, les rameaux et les feuilles sont comestibles après cuisson. Le feuillage est un véritable concentré de protéines, vitamines et minéraux : 100 g de feuilles fraîches apportent autant de protéines qu’un œuf, autant de fer qu’un steak, autant de vitamine C qu’une orange, autant de calcium qu’un verre de lait. Elles peuvent être cueillies et préparées comme les épinards. Pour les enfants de 1 à 3 ans, les mêmes 100 g procurent à peu près 50 % des besoins journaliers en calcium, fer, protéines et un tiers des besoins en potassium et des acides aminés essentiels. Pour les femmes enceintes ou qui allaitent, les feuilles du moringa peuvent jouer un grand rôle dans la santé de la mère et du fœtus, ainsi que du nourrisson. On peut aussi sécher les feuilles et les réduire en poudre. Cependant, tout doit se faire à l’abri du soleil car la vitamine A est détruite par les rayons solaires. La poudre doit aussi être conservée à l’abri du soleil. Cette poudre peut facilement être stockée et représente un excellent complément alimentaire qu’on peut rajouter dans l’alimentation des enfants et des adultes.

Les cosses vertes s’utilisent comme légumes. Il faut les cueillir quand elles sont dodues et dures mais encore tendres. Coupées en morceaux, elles sont cuites légèrement à la vapeur. On mange la chair tendre et les graines à l’intérieur et on jette ou composte la peau extérieure fibreuse. Le moringa est délicieux lorsqu’il est préparé avec des épices et mélangé à d’autres légumes comme l’aubergine.

La saveur de la racine est piquante et rappelle le gros radis. Des graines, on peut extraire une huile (huile de Ben) alimentaire et une matière première intéressante pour l’industrie cosmétique (savon, parfum, onguents...). Cette huile contient de nombreux éléments nutritifs comme le calcium, le fer, la vitamine A, et la vitamine C. De couleur jaune doré, elle a un goût plaisant et sa qualité est comparable à celle de l’huile d’olive. Elle peut également servir pour la salade, pour huiler les machines, ou comme huile pour les lampes.

Le moringa et
la médecine traditionnelle

En médecine traditionnelle, presque toutes les parties de l’arbre sont utilisées.
Les feuilles légèrement chauffées soignent des fièvres “grippales”. Cuites plus longtemps, elles diminuent les douleurs musculaires et rhumatismales. Le jus des feuilles fraîches ou la racine écrasée sont révulsifs et servent dans les affections broncho-pulmonaires, et comme antinévralgiques. On les utilise encore pour stabiliser la tension artérielle, le taux de sucre dans le cas de diabète et dans certains cas de crise d’anxiété. Cela traite aussi la diarrhée, la dysenterie et la colite (inflammation du colon). Enfin, les feuilles sont utiles contre les maux de tête, les infections urinaires, les infections des oreilles, des yeux et de la peau, le scorbut et la cataracte. La consommation régulière augmente la lactation et prévient l’anémie chez les femmes.

Les gousses vertes sont probablement la partie la plus prisée et la plus utilisée de l’arbre. Consommées crues, elles agissent contre les parasites (vermifuges) et traitent les problèmes du foie, de la rate et les douleurs des articulations. Grâce à leur teneur élevée en protéines et en fibres, elles peuvent jouer un rôle important dans le traitement de la malnutrition et celui de la diarrhée.

Les Fleurs : on peut les préparer en tisane. Le jus des fleurs améliore la qualité et stimule la production de lait chez les mères allaitant leur enfant. Il est encore utile pour les problèmes urinaires.

Les Graines : à cause de leurs propriétés antibiotiques et anti-inflammatoires, on les utilise pour traiter l’arthrite, les rhumatismes, la goutte, les crampes, les maladies sexuellement transmissibles et les furoncles. Les graines rôties et l’huile peuvent stimuler la production d’urine. Elles peuvent aussi être utilisées comme relaxant, en cas d’épilepsie. Elles sont encore efficaces contre les staphylocoques dorés.

La gomme que l’on trouve dans l’écorce peut être utilisée pour assaisonner la nourriture. Mais elle est aussi diurétique, astringente, abortive et elle est également utilisée contre l’asthme.
L’huile de Ben soigne l’hystérie, le scorbut, les problèmes de la prostate et de la vessie.

Autres utilisations

Gousses du moringaEn Afrique, beaucoup utilisent les graines de moringa écrasées pour purifier l’eau de boisson et clarifier l’eau polluée et sale des rivières. Les tourteaux venus de l’extraction de l’huile sont également utilisables pour cela. L’avan-tage de cette utilisation des graines est double : la substitution de floculants importés par un produit local facilement accessible permet une économie importante de devises pour les pays du Sud. De plus, ce floculant, à la différence du sulfate d’alumine, est totalement biodégradable.

Plusieurs organismes ont isolé la protéine active pour faciliter son utilisation dans les usines de traitement des eaux mais aussi pour l’aquaculture d’algues, les usines de pâte à papier, les caves viticoles ou le secteur minier. Maintenant que les recherches et les applications à échelle pilote ont été réalisées, la production et l’utilisation du floculant de moringa dans des conditions économiques réelles est en train d’être mise au point.

D’autres applications du moringa ne sont pas à négliger : fourrage pour le bétail, engrais pour l’agriculture, pâte à papier, bois de chauffe, ombrage, etc. Le bois du moringa est tendre. S’il ne peut servir pour la construction, on peut néanmoins en faire des clôtures, des treillis ou des poteaux qui ne sont pas destinés à supporter trop de poids.

Comment le cultiver ?

Le moringa se contente de sols très pauvres. Il se cultive facilement et se régénère aussi très vite. C’est pourquoi il est présent en Afrique sub-saharienne. On peut utiliser rapidement ses feuilles et ses gousses qu’il produit dès qu’il a atteint l’âge de 9 à 12 mois. Avec un arrosage régulier toute l’année, le moringa produira de manière continue. La plantation par bouture donne une croissance rapide. Il est conseillé d’utiliser des tiges solides pour la culture par bouture.

Les boutures prendront racines sans trop de soins, mais elles pousseront dans les meilleures conditions si elles sont plantées au début de la saison des pluies ou à une période où le climat est doux. Il faut éviter de planter les boutures quand il fait très chaud ou très froid.

Le moringa n’exige pas trop d’espace ou de soins particuliers pour être planté. Il a besoin de beaucoup d’eau mais n’aime pas être détrempé. Le meilleur endroit pour le planter se trouve près d’un canal de drainage où ses racines peuvent accéder à l’eau, sans être inondées. On le plante souvent là où on jette l’eau usée de la cuisine. Ainsi, l’eau usée sert à quelque chose, et on n’a pas besoin d’eau supplémentaire pour l’arbre. Plantés comme haie vive autour d’une cour, les moringas sont d’un bel effet, surtout quand ils ont atteint leur maturité.

On peut penser à eux dans les projets de maraîchages, lors de la construction des barrières contre les animaux et la construction de haies vives en complément du papayer.

Il faut cependant rester vigilant. Cet arbre commence à intéresser l’industrie des pays développés et, à l’instar du neem, se protéger contre la bio-piraterie et le dépôt de brevets intempestifs. La crise alimentaire actuelle est la preuve qu’une agriculture basée sur l’exportation est une impasse pour les pays à faibles ressources. D’autre part, les protéines animales sont inabordables pour les plus pauvres. D’où l’urgence pour les pays du Sud d’augmenter l’utilisation de leurs ressources locales comme le moringa pour son exceptionnelle richesse nutritionnelle et sa facilité d’accès. Les principaux enjeux résident maintenant dans le financement de campagnes d’information, l’édition et la diffusion d’un guide pratique sur sa culture, sa transformation et son utilisation.

D’après des sources diverses
Voix d’Afrique



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