
Lavigerie et les finances

Jesús Salas M.Afr.
"Dans
l'honneur
du détachement et de la pauvreté"
Lavigerie et un orphelin arabe lors de la famine
de 1870 en Algérie.
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Le cardinal Lavigerie a eu beaucoup à faire avec l'argent.
Il en a demandé beaucoup et il en a également dépensé
beaucoup. Personne ne pourra cependant l'accuser de l'avoir utilisé
pour lui- même ou de l'avoir gaspillé. Sa vie privée
fut toujours signée par la sobriété et il mourut
pauvrement. Les énormes sommes qui ont passé entre ses
mains étaient toutes destinées aux autres, à
soulager les pauvres ou à créer, consolider ou assurer
un avenir stable aux uvres d'Église et en particulier
à celles de la Mission.
Lui-même lança de nombreuses quêtes y participa
personnellement : d'abord, comme jeune Directeur de l'Oeuvre des écoles
d'Orient puis, comme évêque et même plus tard,
comme cardinal. Leur but était les uvres importantes
qu'il entreprit et les institutions missionnaires qu'il fonda. Cen'est
pas mon intention de les citer toutes ici. Qu'il suffise de rappeler
les plus connues: celles en faveur des victimes de la persécution
par les Druses au Liban et en Syrie ou en faveur des victimes de la
famine en Algérie avec la création des orphelinats,
celles à l'occasion de la campagne antiesclavagiste ou les
aides demandées pour les oeuvres et le maintien de ses Instituts
missionnaires: les Pères Blancs et les Surs Blanches.

Entête du papier à lettres
utilisé par les premiers missionnaires envoyés en France.
Datée du 15 mars 1884, on y encourage à adopter des
missionnaires. des enfants et des orphelins africains, et à
racheter des esclaves. Le bien-être des enfants suscite jusqu'à
nos jours la générosité du public. On pense aux
ONG à succès comme Médecins sans Frontières,
Save the Children, World Vision (Vision Mondiale)
En personne avisée qu'il était, et conscient de gérer
un argent sacré car il s'agissait le plus souvent de l'argent
des pauvres et toujours d'un argent pour les pauvres, Lavigerie fut
d'une méticuleuse sévérité dans les dépenses
et d'un sérieux scrupuleux dans la réflexion pour une
gestion claire, juste et efficace.
Les nombreuses décisions et les directives dont sa correspondance
est pleine en sont les témoins. Ci-dessous quelques-uns de
ses textes et quelques citations d'historiens sur sa personne et sur
son uvre dans ce domaine.
Ses idées et son attitude seront toujours pour nous, malgré
la distance du temps et les changements intervenus, porteuses d'esprit
et inspiratrices pour l'action.
Son savoir-faire et ses qualités personnelles d'organisateur
comptèrent lors de son choix comme directeur de l'Oeuvre des
écoles d'Orient. Le P. J. Mazé, dans son livre "
Le Cardinal Lavigerie et son Action apostolique", publié
à Maison Carrée, Alger, en 1928, écrit: "
Cette grande uvre (des écoles d'Orient), fondée,
en 1855, par le baron Cauchy, végétait péniblement.
Convaincus, après une première année d'expérience,
qu'il n'est pas suffisant d'être illustres par la naissance,
la science, ni même par le dévouement, lorsqu'il s'agit
de faire appel à la générosité des fidèles,
les membres du Conseil, vers la fin de 1856, députèrent
le Père de Ravignan, auprès de l'abbé Lavigerie,
pour le persuader d'accepter la direction de leur uvre"
(J. Mazé, o.c. p. 7-8).
"Le jeune directeur ne se limita pas à organiser, il
agit personnellement. Il entama aussitôt une tournée
dans de nombreux diocèses pour expliquer les buts de l'uvre,
recueillir des ressources et mettre en place des comités chargés
de poursuivre, sur le plan local, l'action entreprise. L'accueil des
évêques et du clergé fut variable. Les uns apportaient
leur coopération et facilitaient le séjour du visiteur.
D'autres le regardaient comme un concurrent dans l'appel à
une générosité qu'ils sollicitaient eux-mêmes
pour leurs propres institutions. Lavigerie racontera avec humour les
'douches glacées' parfois reçues en se présentant,
et certaines astuces auxquelles il recourut pour surmonter ces embûches.
'Oh! quels souvenirs! écrivait-il plus tard. Et combien, depuis
ce temps, je prends pitié des quêteurs!'" (F. Renault,
Le Cardinal Lavigerie, Fayard, 1992, p. 52)
Lavigerie détermina dès le début une claire
politique économique: ne pas dépendre sans cesse des
autres mais parvenir le plus tôt possible à l'autosuffisance.
"Il devenait alors nécessaire de définir une politique,
et le directeur l'exposa devant l'assemblée générale.
Les établissements bénéficiaires des allocations,
expliqua-t-il, n'assureront jamais leur existence s'ils continuent
à dépendre des sommes reçues chaque année
de l'Europe. Cette situation de dépendance, normale au début,
n'est pas saine à long terme, et elle entretient une précarité
qui peut se révéler désastreuse en cas d'événements
graves qui tariraient la source des dons ou rendraient leur acheminement
impossible: écoles et séminaires d'Orient devraient
alors fermer leurs portes. Plutôt que d'opérer un saupoudrage
de subventions en leur assurant les seuls besoins du moment, il est
préférable d'en concentrer une partie pour les doter
progressivement de fonds de réserve qui leur permettent d'acquérir
l'indépendance financière. Assurer, dans l'avenir, la
solidité d'une uvre entreprise: telle était la
préoccupation de Lavigerie et elle restera toujours chez lui
un impératif" (F. Renault, o.c. p. 52-53).
Dans la ligne de la campagne
antiesclavagiste du Cardinal Lavigerie et pour susciter la participation
des bienfaiteurs aux uvres de la Société,
nos premiers 'quê-teurs' et 'procureurs' firent exécuter
des statues sur le modèle de celle des Pères Mercédaires
(N.-D. de la Merci). Le Mercédaire est remplacé
par un Père Blanc et l'esclave européen par un
esclave africain. Un exemplaire de cette statue a été
classé et est protégé par la ville de Montréal
(Canada) sur la façade de notre maison au 1640 de la
rue St-Hubert .
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Lavigerie adoptera ce principe pour toutes ses uvres, et spécialement
pour les missions en Afrique. Il eut toujours un respect sacré
pour l'argent confié et il l'exigea de ceux qui travaillaient
sous ses directives. Il dira au Missionnaires:
"L'argent inutilement dépensé est autant d'enlevé
aux oeuvres de la Mission, et par conséquent au rachat des
âmes" (Règles de 1872, p. 17).
"Les missionnaires se souviendront qu'ils vivent d'aumônes,
et que le pain qu'ils mangent leur est donné par de pauvres
catholiques qui prennent pour cela sur leur nécessaire"
(Règles de 1872, p. 15).
"Si celui qui refusa de partager ses biens avec les pauvres fut
condamné, que faut-il dire de celui qui vole l'argent des pauvres
de l'Église?" (Notes d'une retraite en 1876. Instr. p.
316).
Les directives de Lavigerie pour les Missionnaires d'Afrique sont
claires et constamment répétées. La pauvreté
sera une des exigences fondamentales pour le missionnaire. D'après
Mgr Livinhac, le Cardinal disait souvent: "La Société
ne sera plus elle-même quand la pauvreté n'y serait plus
pratiquée." (Instr. p. 340)
L'exigence de la pauvreté pour le missionnaire selon le Fondateur
ne découle pas tellement d'une spiritualité théorique
mais d'un double principe apostolique: l'adoption du genre de vie
des gens et la survie de la Mission.

Un tronc pour recueillir les
offrandes des bienfaiteurs des 'Witte Paters, Missionarissen
van Afrika', avec l'image de Notre-Dame des esclaves pour
attirer l'attention et susciter la générosité.
Près de la fente où l'on dépose l'argent,
un mot de remerciement : 'Dank U, merci au nom de Notre Seigneur.'
Ce tronc était utilisé en Belgique. Sur le côté,
on devine un texte de Pie XII appelant à partager le
pain quotidien et à envoyer des ouvriers pour la moisson.
(Photo trouvée sur internet)
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"Je ne puis toujours pas m'expliquer comment la maison où
vous êtes, dépense plus que les autres qui se suffisent
avec ce que je leur donne... Votre règle est de vivre comme
les indigènes et la Mission tombera bientôt si vous ne
le faites pas. Vous travaillez ainsi à détruire l'Oeuvre
dans un avenir prochain. Elle ne peut subsister en effet que par la
pauvreté et l'assimilation avec les indigènes au point
de vue de la nourriture et du matériel" (Lettre au P.
Charmetant, le 23 janvier 1874. Instr. p 35).
"Ce à quoi il faut arriver le plus rapidement possible,
c'est à se suffire dans les stations, dès qu'elles seront
installées. On prendra donc des précautions sérieuses
pour arriver à trouver sur place les vivres indispensables
; sans cela on serait exposé à la famine pour le cas,
qui malheureusement n'est pas improbable, où les relations
avec l'Europe seraient interrompues, et pour celui plus probable où
l'Oeuvre de la Propagation de la Foi viendrait à manquer par
suite des perturbations européennes" (Instr. p. 93).
Il est clair que ces exigences plongent leurs racines dans un terrain
plus riche et profond que celui de la seule préoccupation économique.
Lavigerie le sait: il s'agit d'une loi fondamentale de l'apostolat
qui naît avec celle du don total au service de la mission. En
septembre 1874, en transmettant officiellement aux missionnaires le
texte du Décret du Concile provincial d'Alger, qui louait et
encourageait leur jeune Société, le Cardinal écrivait
:
" Ce qui vous a séduits dans une telle uvre, et
amenés de si loin et en si grand nombre, c'est, en effet, ce
qui semblait devoir vous repousser davantage: je veux dire les difficultés,
les peines, les périls et les souffrances qu'elle impose. Il
n'y a pas de mission au monde où il y ait plus à souffrir
de la pauvreté, de la fatigue, de la chaleur de la soif et
de la faim.
Vous savez ce que j'ai écrit, comme la devise future de votre
Oeuvre, sur les Lettres testimoniales que me présentait l'un
d'entre vous, à son arrivée à Alger. Je les pris
et sans rien dire, j'écrivis, au lieu de la formule ordinaire,
celle-ci : 'Visum pro martyrio'. Puis, je lui rendis ses Lettres en
lui disant : 'Lisez, acceptez-vous?' - 'C'est pour cela que je suis
venu', me dit-il simplement." (Instr. p. 41).
...............
Lavigerie devait
trouver des sommes énormes pour financer les caravanes
des missionnaires envoyés en Afrique équatoriale.
Ils voyageaient sur des bateaux à vapeur de Marseille
à Zanzibar, via Aden. Puis de Bagamoyo, sur la côte
africaine, ils partaient à pied, avec porteurs, bagages
et askaris (gardiens armés). Ici, photo de g., les
missionnaires de la 4e caravane (1883). De g. à dr.,
F. Gerard Mertz (avec une varlope), P. Aimé Vincke,
P. Pierre Landeau (à ses pieds un trombone), P. François
Coulbois, P. Pierre Giroud, F. Marie-Louis Crozes (avec une
scie). Sur la deuxième photo, ci-dessous, les missionnaires
de la 7e caravane (1888). De g. à dr., F. Alexandre
Andrieux, P. Edouard Herrebaut, P. Auguste Carmoi, F. Pierre
Tarteyre, P. August Schynse, P. Antonin Guillemain; assis,
Mgr Léonce Bridoux, les médecins-catéchistes,
Charles Faraghit, Joseph Gatchi et, allongé, le plus
célèbre d'entre eux, le docteur Adrien Atiman.
Selon le plan du Cardinal de 'sauver l'Afrique par les Africains',
ces laïcs avaient été formés dans
une école établie à Malte par le Fondateur.
Pour financer tout cela, il envoyait ses quêteurs en
Europe et en Amérique. (Archives MG, Karl Stärk)
NB : Ces photos proviennent de
la recherche d'Ivan Page, archiviste de la Société,
qui vient de publier un livret historique (bleu), Notes et
souvenirs du P. Louis Jamet (1849-1919).
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En réalité ce que Lavigerie veut pour ses missionnaires,
c'est une pauvreté vraie. Lavigerie leur dira qu'ils "doivent
pratiquer cette vertu toute apostolique plus strictement que des religieux"
(Instr. p. 340).
"La Mission qui leur est confiée est pauvre, pénible,
difficile, et la plus abandonnée qui soit au monde. Elle n'offre
à ceux qui s'y consacrent que des privations de toute sorte,
et souvent peut-être, dans le commencement surtout, le martyre.
Voilà pourquoi la mission de l'Afrique ne peut tenter que ceux
à qui Notre-Seigneur lui-même a fait entendre la parole
vraiment féconde de l'apostolat: 'Si quelqu'un veut être
mon disciple, qu'il se renonce lui-même, qu'il prenne sa croix
tous les jours et qu'il me suive'. On ne demande rien à ceux
qui se présentent, mais seulement une vertu solide, la volonté
de se consacrer au salut des indigènes, la force et le courage
de supporter les misères matérielles, les contradictions,
les souffrances inséparables d'un pareil changement de vie."
(Notice sur les Missionnaires d'Afrique, 1871. Instr. p. 254).
Une pauvreté joyeuse: "C'est cette joie vive et surabondante
que me manifestait avec simplicité, ces derniers jours, l'un
de vous, en m'écrivant d'une de ces pauvres cabanes que vous
habitez dans la Kabylie, et qui sont tombées trois fois cet
hiver, sur vos têtes : 'Je manque de tout, et cependant je ne
changerais mon sort avec celui d'aucun roi de la terre!'.
Faites de ces paroles la réalité de votre vie. Vous
avez commencé par tout donner, ceux que vous aimez en vous
éloignant d'eux, la langue maternelle, le vêtement, la
nourriture, toutes les habitudes du passé en les changeant
pour la langue, le vêtement, la nourriture, les habitudes. de
ceux auxquels vous voulez donner la lumière. Après avoir
fait tout cela, après vous être faits 'tout à
tous', selon le langage de l'Apôtre, ne désirez qu'une
seule chose, la vie pour ces pauvres âmes, et pour vous, avec
la grâce de Dieu qui vous les fera supporter, le travail, la
persécution, la mort cruelle s'il le faut. C'est votre loi."
(Instr. pp. 41-42).
"Mon cher Enfant . Il reste en caisse seulement mille francs
pour faire face à tous les besoins de l'uvre. Nous voilà
donc, grâce à Dieu, au point où en étaient
Notre-Seigneur et ses apôtres, à n'avoir rien, même
pour manger, que ce que nous pourrons recevoir de l'aumône de
chaque jour. Réunissez vos bons confrères, lisez-leur
ma lettre et dites-leur que c'est maintenant qu'ils doivent commencer
à travailler réellement à l'uvre. Que ceux
qui auront le courage partent en quête. Que les autres voient
ce dont ils peuvent se priver afin que les enfants ne souffrent pas
de la faim. J'ai le cur à la fois déchiré
et consolé de vous écrire de telles choses." (Lettre
au Supérieur de l'École apostolique à Saint-Laurent-d'Olt,
vers juillet-août 1875 - Instr. p. 287)
Une pauvreté honorable et sans dettes : "Enfin, et je
suis bien aise de le dire, malgré les difficultés des
temps et les énormes dépenses qu'ont occasionnées
les nombreux établissements que nous avons fondés depuis
cinq ans. vous n'avez jamais eu, vous n'avez pas de dettes. Vous n'avez
aussi, à la vérité point de richesses. Mais puissiez-vous,
mes bien aimés Fils, vivre toujours ainsi, dans l'honneur du
détachement et de la pauvreté, confiant à chaque
jour le soin de vous donner le pain nécessaire et comptant,
pour cela, sur Celui qui disait aux premiers apôtres: 'Considérez
les oiseaux du ciel, ils ne moissonnent pas et ils ne recueillent
rien dans leur greniers, et cependant votre Père céleste
les nourrit. Et s'il nourrit les oiseaux du ciel, à combien
plus forte raison vous-mêmes! Cherchez donc premièrement
le Royaume de Dieu, et le reste vous sera donné par surcroît"
(Instr. p. 44).
Qui connaît toutes
les uvres financées par Lavigerie ? Entre autres, St-Laurent
d'Olt, N.-D. d'Afrique (Alger), St-Louis (Carthage) , la procure de
Zanzibar pour missionnaires et orphelins
"Solder ses dépenses, veiller à ne pas s'engager
au-delà de ses moyens, telle fut la règle suivie avec
une fidélité scrupuleuse par cet apôtre au cur
généreux mais parfaitement conscient de la nécessité
de respecter d'abord les exigences de la justice" ( J. Perraudin,
Entretiens sur la vie intérieure du Cardinal Lavigerie, p.
132).
Une pauvreté équilibrée qui sait employer le
discernement: "Puisque nous traitons des conditions matérielles,
il est opportun de dire ici quelque chose de particulier des finances
de la Mission. Les besoins, surtout en commençant, seront très
considérables; je recommande aux supérieurs d'éviter
deux excès contraires dans lesquels ils pourraient tomber:
l'un consisterait à se refuser le nécessaire, l'autre
à se jeter dans les dépenses superflues" (Instr.
p. 74).
Pour Lavigerie, la raison dernière de la pauvreté du
missionnaire comme d'ailleurs de tout son apostolat, dont la pauvreté
est une exigence inéluctable, c'est l'amour, le don de soi
sans réserve à Dieu et au service des gens auprès
de qui on veut rester bien près et partager leur vie. Nous
le découvrons dans la belle page de présentation qu'il
fit de ses Oeuvres choisies, et qu'il dédia aux missionnaires
:
"Au fond, sous des formes diverses en apparence, un seul sentiment
les inspire. C'est celui que Notre-Seigneur demandait à Pierre
pour en faire le Chef de ses Apôtres ; celui que saint Augustin,
le docteur de notre Afrique et de toute l'Église, proclame
la loi unique des chrétiens ; celui que j'ai pris moi-même
pour devise: l'amour ; l'amour de Dieu et celui de tant de pauvres
âmes abandonnées.
Cet amour m'a soutenu, au milieu des difficultés et des travaux
qui ont usé ma vie avant l'heure. C'est aussi lui qui vous
donnera la force, l'abnégation héroïque, la persévérance
nécessaire pour retirer, peu à peu, de la mort les peuples
auxquels vous êtes envoyés" (Instr. pp. 209-210).

Jesús Salas M.Afr


Lavigerie and Finance
Jesús Salas M.Afr
"In praise
of
detachment and poverty"
Lavigerie with an Arab orphan during the 1870
famine in Algeria.
|
Cardinal Lavigerie had a lot to do with money. He asked for a lot
and spent a lot. No one however could accuse him of having used it
for himself or squandering it. His private life was marked by moderation
and he died poor. The huge sums passing through his hands were all
destined for others, to relieve poverty or create, consolidate or
guarantee a sound future for the works of the Church and in particular
those of the Mission.
He personally launched several fundraising campaigns and took part
in them, firstly as a young Director of the Oeuvre des Ecoles d'Orient,
then as bishop and later as Cardinal. Their aim was in aid of important
tasks he undertook and Missionary Institutes he founded. Listing them
all here is not my intention. It will suffice to recall the most renowned:
in favour of victims of the Druse persecution in Lebanon and Syria
and for victims of famine in Algeria, where, by this means he founded
orphanages.
There were also those undertakings on behalf of the anti-slavery
campaign and the activities and maintenance of his Missionary Institutes,
White Fathers and White Sisters.

Letterhead used by the first missionaries
sent to France. Dated 15th March 1884, it encourages adopting Missionaries,
children, African orphans and the ransom of slaves. The well-being
of children stirs the generosity of the public even today, seen in
the success of NGOs like Save the Children, and World Vision.
As the wise person he was, and conscious of handling a sacred responsibility
by virtue of the source of the funding, often from the poor and moreover
for the poor, Lavigerie showed rigorous strictness in expenses and
was scrupulous in his thinking concerning clear, just and efficient
money management. This is shown in his correspondence, full of many
decisions and directives. Below are some of his own writings or quotations
from historians relative to his person and his activity in this area.
In spite of the separation in time and intervening changes, for us
his ideas and his attitude will always be bearers of his mindset,
inspiring us to action. His selection as Director of the Oeuvre des
Ecoles d'Orient was because of his competence and his personal qualities
as an organiser. Fr P J Mazé in his book, 'Le Cardinal Lavigerie
et son Action apostolique', published in Maison Carrée, Algiers,
1928, wrote, "This great Oeuvre (des Ecoles d'Orient) founded
in 1855 by Baron Cauchy, was painfully stagnating. After the first
year near the end of 1856, the members of the Council became convinced
that to make an appeal to the generosity of the Faithful did not require
high repute by birth, learning or even devotion. They sent Father
de Ravignan to Father Lavigerie to persuade him to accept the directorship
of their Oeuvre." (J. Mazé, op.cit. p. 7-8).
"The new Director's first task was to tour the dioceses of France
to explain the nature of the Oeuvre, to collect money and to establish
local committees to continue the work after his visit. Some of the
clergy regarded Lavigerie as a dangerous competitor, a threat to scarce
resources, which they needed for themselves. Others were more co-operative
and even welcomed the visitor. Lavigerie gave an amusing account of
the cold showers, which occasionally descended upon him at the door
of presbyteries and of the stratagems he employed to avoid ambushes.
"What memories I have! And what sympathy I have had ever since
for poor alms-collectors!" F. Renault, 1992 'Cardinal Lavigerie:
Churchman, Prophet and Missionary', pp.30-31 (Tr. J O'Donohue 1994)
From the outset, Lavigerie decided on a clear economic policy: not
to depend continually on others, but achieve self-reliance as soon
as possible.
"The moment had now come for formulating a more detailed policy,
and the Director explained his ideas at a General Meeting. The institutions
that received help from the Oeuvre could never be secure as long as
they were dependent on annual grants from abroad. A measure of financial
dependence might be necessary when an establishment was being founded,
but in the long term it was unhealthy, since foreign funds could not
be permanently relied upon. To make schools and seminaries dependent
on such funds was to endanger their existence. Instead of making small
grants to meet current needs, the Oeuvre should therefore aim at establishing
endowments to give the new Institutions permanent financial independence.
This policy of securing a future solidly based on local resources
was to remain one of Lavigerie's enduring principles." (F. Renault,
op. cit. p. 31).
In the context of Cardinal Lavigerie's anti-slavery
campaign, as well as encouraging benefactors' contributions
to the works of the Society, our first 'appealers' and 'procurators'
had statues made on the model of the Mercedarian Fathers (Order
of Our Lady of Mercy). A White Father takes the place of the
Mercedarian and an African slave replaces the European slave.
A copy of this statue was heritage listed and is preserved by
the City of Montreal (Canada) on the façade of our house
at 1640 Rue St-Hubert.
|
Lavigerie adopted this principle for all his undertakings, in particular
the missions in Africa.
He always had a profound respect for money entrusted to him and he
demanded the same from those who worked under his directives. He would
say to Missionaries,
"Money squandered is so much less for the works of the Mission
and consequently for the redemption of souls." (Règles
de 1872, p. 17) "Missionaries will bear in mind they live from
alms and the bread they eat is provided by poor Catholics who take
it from their necessities." (Règles de 1872, p. 15)
"If he who refuses to share his goods with the poor is condemned,
what can be said for the one who steals the money of the poor from
the Church?" (1876 Retreat Notes. Instr. p. 316).
Lavigerie's directives for the Missionaries of Africa are clear and
constantly reiterated. Poverty would become one of the basic requirements
of a missionary. According to Bishop Livinhac, the Cardinal often
said, "The Society will not be the same when poverty is no longer
practiced." (Instr. p. 340.)
According to the Founder, the demands of poverty for the missionary
do not flow so much from theoretical spirituality as from a dual apostolic
principle: adoption of the people's lifestyle and the survival of
the mission.

A collection box for offerings
from benefactors of the Witte Paters, Missionarissen van Afrika,
with the image Our Lady of Slaves to attract attention and
encourage generosity. Near the money slot is a word of thanks:
'Dank U, Thank you in the name of Our Lord.' This collection
box was used in Belgium. On the side, a text from Pius XII
can be made out calling for sharing our daily bread and sending
workers into the harvest. (Photo found on the Internet)
|
" I still cannot understand how the house where you are spends
more than the others and they are self-sufficient with what I give
them. Your rule is to live like the inhabitants and the Mission will
soon fail if you do not do so. You are therefore working to undermine
this enterprise in the very near future. It cannot in fact survive
without poverty and assimilation to the inhabitants from the point
of view of food and practical organisation. (Letter to Fr. Charmetant,
23 January 1874. Instr. p 35)
"The aim is to achieve self-reliance as quickly as possible
in the (mission) stations, as soon as they are set up. Urgent precautions
will therefore be taken to find essential supplies on the spot; without
that, we would be exposed to famine in the event, which unfortunately
is not improbable, where relations with Europe would be interrupted
and in the more probable event where the Propagation of the Faith
will be deficient as a result of European upheavals." (Instr.
p 93)
It is clear that these demands sink their roots into a richer and
deeper soil than that of mere economic anxiety. Lavigerie knew it:
it is a fundamental apo-stolic law born of the total gift of self
at the service of the Mission. In September 1874 he officially transmitted
the text of the Decree of the Provincial Council of Algiers to missionaries,
which praised and encouraged the young Society. The Cardinal wrote,
"What has appealed to you in a work such as this and led you
from such a distance and in such numbers is in fact what should have
repelled you the most: I mean the difficulties, hardships, dangers
and sufferings it involves. There is no mission in the world where
there is more to suffer from poverty, fatigue, heat, thirst and hunger
You know what I wrote as the future motto of your enterprise on letters
of reference presented to me by one of you on his arrival in Algiers.
I took them without saying anything, and instead of the usual set
phrase I wrote this: Visum pro martyrio'. Then I gave him back his
letters asking him, "Read this. Do you accept?" He simply
replied, "That is why I came." (Instr. p 41).
In reality what Lavigerie wanted for his missionaries was a genuine
poverty. Lavigerie would say to them that they "must practise
this profound apostolic virtue more strictly that Religious."
(Instr. p 340)
...............
Lavigerie had
to find huge sums to finance the missionary caravans sent
to Equatorial Africa. They travelled by steamer from Marseilles
to Zanzibar, via Aden. They went on to Bagamoyo on the African
coast, where they set out on foot with porters, baggage and
askaris (Arab guards). Here, photo l., missionaries of the
4th caravan, (1883). l. to r. Br. Gerard Mertz (with plane),
Fr. Aimé Vincke, Fr. Pierre Landeau, Fr. François
Coulbois (trombone at his feet). Fr. Pierre Giroud, Br. Marie-Louis
Crozes, (with saw.) On the second photo, below, Missionaries
of the 7th caravan, (1888). L.to r. Br. Alexandre Andrieux,
Fr. Edouard Herrebaut, Fr. Auguste Carmoi, Br. Pierre Tarteyre,
Fr. August Schynse, Fr. Antonin Guillemain; seated, Bishop
Léonce Bridoux, doctor-catechists, Charles Faraghit,
Joseph Gatchi and stretched out, the most famous among them
Doctor Adrian Atiman. According to Cardinal Lavigerie's plan
to save Africa by the Africans, these laymen had been trained
in a school established in Malta by the Founder. To finance
all that, he sent fundraisers to Europe and America. (Generalate
Photo Archives, Karl Stärk)
NB : These photos come from the
research of Ivan Page, archivist of the Society. He has just
published a history booklet (Blue cover) 'Recollections of
the Missionary Labours of Father Louis Jamet, M. Afr. (1849-1919)'.
|
"The mission entrusted to them is poor, hard, difficult and
the most abandoned in the world. It offers to those who consecrate
themselves to it all kinds of deprivation, and often perhaps martyrdom,
especially in the beginning. That is why the African Mission can only
tempt those to whom Our Lord himself has spoken the truly productive
words of the apostolate, "If anyone wants to be my disciple,
let him deny himself, take up his cross daily and follow me
"
Nothing is asked of those who come other than sound virtue, the will
to be devoted to the salvation of the inhabitants, the strength and
courage to put up with material deprivation, contradiction, and suffering
inseparable from such a radical turning point in their lives."
(Extract from 'Notice sur les Missionnaires d'Afrique 1871.' Instr.
p 254).
A cheerful poverty: "It was recently demonstrated in lively
and overflowing cheerfulness when one of you in all simplicity wrote
to me from one of those poor huts in which you live in Kabylia and
which fell in on your heads three times this winter. "I lack
everything but nonetheless, I would not change places with any king
on earth."
Make these words a reality in your life. You have begun by giving
everything: those you love, by detaching from them, your mother tongue,
clothing, food, all your past way of life in exchange for the language,
clothing, food and way of life of those to whom you wish to bring
the light. After doing all that, after becoming 'all things to all
men' as the Apostle said, desire one thing only: life for these poor
souls and for yourself, with the grace of God who will enable you
to put up with them, to work, to endure persecution and a cruel death
if necessary. It is your law
" (Instr. p. 41-42).
"My dear child, there are only a thousand francs in the cashbox
to meet all the needs of the enterprise. Thanks be to God we have
reached the point where Our Lord was with his apostles, with nothing,
not even to eat, except what we could receive from daily almsgiving
Gather your kindly brothers together, read them my letter and
tell them that now is the time to begin the work in earnest. Let those
who have the nerve go fundraising. Let the others look into what they
can deprive themselves of so that the children do not suffer from
hunger. I am simultaneously heartbroken and yet consoled to write
such things to you." (Letter to the Superior of the Apostolic
School of Saint-Laurent-d'Olt - July or August 1875 - Instr. p. 287)
Decent poverty without debts: "Finally, I am delighted to tell
you in spite of the difficulties of the times and the huge expenses
the many establishments we have founded over the last five years have
cost, you have neither had, nor presently have, any debts. However,
my dearly beloved sons, may you always be able to live like this,
in the dignity of detachment and poverty, trusting to each day the
care of providing you with the bread you need. For that, may you count
on Him who said to the first apostles, 'Look at the birds in the sky.
They do not sow or reap or gather into barns; yet your heavenly Father
feeds them. Are we not worth much more than they are?' (Matt 6:26)
Set your hearts on his kingdom first, and on his righteousness, and
all these other things will be given you as well! (Instr. p. 44).
Who knows all the works Lavigerie
financed? Amongst others, St-Laurent d'Olt, N.-D. d'Afrique in Algiers,
St-Louis in Carthage, and the Zanzibar residence for missionaries
and orphans.
"Settling accounts and taking care to live within his means,
such was the rule kept with scrupulous fidelity by this generous-hearted
apostle. He was nonetheless perfectly aware of the need to firstly
acknowledge the requirements of justice." (J. Perraudin. Entretiens
sur la vie intérieure du Cardinal Lavigerie, p. 132) (Discussions
on the spiritual life of Cardinal Lavigerie)
Balanced poverty, using discernment: "On the subject of material
conditions, it is now time to say something specific about Mission
finances. The needs will be very great especially at the beginning;
I recommend Superiors to avoid two contrary excesses into which they
could fall: one would be to deny what is needed, the other to incur
unnecessary expenses." (Instr. p. 74).
For Lavigerie, the ultimate end of the missionary's unavoidable poverty
is love, as indeed of all his apostolate. It is the unconditional
gift of self to God at the service of the people, with whom we seek
to remain close and share their lives. We find it in the fine introduction
he wrote for "Oeuvres choisies", (Selected Works) dedicated
to missionaries.
"At base, under apparently diverse forms, a single attitude
inspires them. It is the same one that Our Lord asked of Peter in
order to make him the Primus of the Apostles; it is the same one that
Saint Augustine, our Doctor of Africa and of the Church, proclaims
as the only law of Christians. I chose it for my own motto: 'Love',
love of God and of so many poor abandoned souls. This love sustained
me in the midst of difficulties and labours that have worn me out
before my time. It will also give you the strength in heroic self-denial
and necessary perseverance to draw back step-by-step from death the
peoples to whom you are sent." (Instr. p. 209-210)

Jesús Salas
M.Afr

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