Lavigerie et les finances

Jesús Salas
M.Afr.

"Dans l'honneur
du détachement et de la pauvreté"


Lavigerie et un orphelin arabe lors de la famine de 1870 en Algérie.

Le cardinal Lavigerie a eu beaucoup à faire avec l'argent. Il en a demandé beaucoup et il en a également dépensé beaucoup. Personne ne pourra cependant l'accuser de l'avoir utilisé pour lui- même ou de l'avoir gaspillé. Sa vie privée fut toujours signée par la sobriété et il mourut pauvrement. Les énormes sommes qui ont passé entre ses mains étaient toutes destinées aux autres, à soulager les pauvres ou à créer, consolider ou assurer un avenir stable aux œuvres d'Église et en particulier à celles de la Mission.

Lui-même lança de nombreuses quêtes y participa personnellement : d'abord, comme jeune Directeur de l'Oeuvre des écoles d'Orient puis, comme évêque et même plus tard, comme cardinal. Leur but était les œuvres importantes qu'il entreprit et les institutions missionnaires qu'il fonda. Cen'est pas mon intention de les citer toutes ici. Qu'il suffise de rappeler les plus connues: celles en faveur des victimes de la persécution par les Druses au Liban et en Syrie ou en faveur des victimes de la famine en Algérie avec la création des orphelinats, celles à l'occasion de la campagne antiesclavagiste ou les aides demandées pour les oeuvres et le maintien de ses Instituts missionnaires: les Pères Blancs et les Sœurs Blanches.


Entête du papier à lettres utilisé par les premiers missionnaires envoyés en France. Datée du 15 mars 1884, on y encourage à adopter des missionnaires. des enfants et des orphelins africains, et à racheter des esclaves. Le bien-être des enfants suscite jusqu'à nos jours la générosité du public. On pense aux ONG à succès comme Médecins sans Frontières, Save the Children, World Vision (Vision Mondiale)…

En personne avisée qu'il était, et conscient de gérer un argent sacré car il s'agissait le plus souvent de l'argent des pauvres et toujours d'un argent pour les pauvres, Lavigerie fut d'une méticuleuse sévérité dans les dépenses et d'un sérieux scrupuleux dans la réflexion pour une gestion claire, juste et efficace.

Les nombreuses décisions et les directives dont sa correspondance est pleine en sont les témoins. Ci-dessous quelques-uns de ses textes et quelques citations d'historiens sur sa personne et sur son œuvre dans ce domaine.

Ses idées et son attitude seront toujours pour nous, malgré la distance du temps et les changements intervenus, porteuses d'esprit et inspiratrices pour l'action.

Son savoir-faire et ses qualités personnelles d'organisateur comptèrent lors de son choix comme directeur de l'Oeuvre des écoles d'Orient. Le P. J. Mazé, dans son livre " Le Cardinal Lavigerie et son Action apostolique", publié à Maison Carrée, Alger, en 1928, écrit: " Cette grande Œuvre (des écoles d'Orient), fondée, en 1855, par le baron Cauchy, végétait péniblement. Convaincus, après une première année d'expérience, qu'il n'est pas suffisant d'être illustres par la naissance, la science, ni même par le dévouement, lorsqu'il s'agit de faire appel à la générosité des fidèles, les membres du Conseil, vers la fin de 1856, députèrent le Père de Ravignan, auprès de l'abbé Lavigerie, pour le persuader d'accepter la direction de leur Œuvre" (J. Mazé, o.c. p. 7-8).

"Le jeune directeur ne se limita pas à organiser, il agit personnellement. Il entama aussitôt une tournée dans de nombreux diocèses pour expliquer les buts de l'œuvre, recueillir des ressources et mettre en place des comités chargés de poursuivre, sur le plan local, l'action entreprise. L'accueil des évêques et du clergé fut variable. Les uns apportaient leur coopération et facilitaient le séjour du visiteur. D'autres le regardaient comme un concurrent dans l'appel à une générosité qu'ils sollicitaient eux-mêmes pour leurs propres institutions. Lavigerie racontera avec humour les 'douches glacées' parfois reçues en se présentant, et certaines astuces auxquelles il recourut pour surmonter ces embûches. 'Oh! quels souvenirs! écrivait-il plus tard. Et combien, depuis ce temps, je prends pitié des quêteurs!'" (F. Renault, Le Cardinal Lavigerie, Fayard, 1992, p. 52)

Lavigerie détermina dès le début une claire politique économique: ne pas dépendre sans cesse des autres mais parvenir le plus tôt possible à l'autosuffisance.
"Il devenait alors nécessaire de définir une politique, et le directeur l'exposa devant l'assemblée générale.

Les établissements bénéficiaires des allocations, expliqua-t-il, n'assureront jamais leur existence s'ils continuent à dépendre des sommes reçues chaque année de l'Europe. Cette situation de dépendance, normale au début, n'est pas saine à long terme, et elle entretient une précarité qui peut se révéler désastreuse en cas d'événements graves qui tariraient la source des dons ou rendraient leur acheminement impossible: écoles et séminaires d'Orient devraient alors fermer leurs portes. Plutôt que d'opérer un saupoudrage de subventions en leur assurant les seuls besoins du moment, il est préférable d'en concentrer une partie pour les doter progressivement de fonds de réserve qui leur permettent d'acquérir l'indépendance financière. Assurer, dans l'avenir, la solidité d'une œuvre entreprise: telle était la préoccupation de Lavigerie et elle restera toujours chez lui un impératif" (F. Renault, o.c. p. 52-53).


Dans la ligne de la campagne antiesclavagiste du Cardinal Lavigerie et pour susciter la participation des bienfaiteurs aux œuvres de la Société, nos premiers 'quê-teurs' et 'procureurs' firent exécuter des statues sur le modèle de celle des Pères Mercédaires (N.-D. de la Merci). Le Mercédaire est remplacé par un Père Blanc et l'esclave européen par un esclave africain. Un exemplaire de cette statue a été classé et est protégé par la ville de Montréal (Canada) sur la façade de notre maison au 1640 de la rue St-Hubert .

Lavigerie adoptera ce principe pour toutes ses œuvres, et spécialement pour les missions en Afrique. Il eut toujours un respect sacré pour l'argent confié et il l'exigea de ceux qui travaillaient sous ses directives. Il dira au Missionnaires:
"L'argent inutilement dépensé est autant d'enlevé aux oeuvres de la Mission, et par conséquent au rachat des âmes" (Règles de 1872, p. 17).
"Les missionnaires se souviendront qu'ils vivent d'aumônes, et que le pain qu'ils mangent leur est donné par de pauvres catholiques qui prennent pour cela sur leur nécessaire" (Règles de 1872, p. 15).
"Si celui qui refusa de partager ses biens avec les pauvres fut condamné, que faut-il dire de celui qui vole l'argent des pauvres de l'Église?" (Notes d'une retraite en 1876. Instr. p. 316).

Les directives de Lavigerie pour les Missionnaires d'Afrique sont claires et constamment répétées. La pauvreté sera une des exigences fondamentales pour le missionnaire. D'après Mgr Livinhac, le Cardinal disait souvent: "La Société ne sera plus elle-même quand la pauvreté n'y serait plus pratiquée." (Instr. p. 340)

L'exigence de la pauvreté pour le missionnaire selon le Fondateur ne découle pas tellement d'une spiritualité théorique mais d'un double principe apostolique: l'adoption du genre de vie des gens et la survie de la Mission.

Un tronc pour recueillir les offrandes des bienfaiteurs des 'Witte Paters, Missionarissen van Afrika', avec l'image de Notre-Dame des esclaves pour attirer l'attention et susciter la générosité. Près de la fente où l'on dépose l'argent, un mot de remerciement : 'Dank U, merci au nom de Notre Seigneur.' Ce tronc était utilisé en Belgique. Sur le côté, on devine un texte de Pie XII appelant à partager le pain quotidien et à envoyer des ouvriers pour la moisson. (Photo trouvée sur internet)

"Je ne puis toujours pas m'expliquer comment la maison où vous êtes, dépense plus que les autres qui se suffisent avec ce que je leur donne... Votre règle est de vivre comme les indigènes et la Mission tombera bientôt si vous ne le faites pas. Vous travaillez ainsi à détruire l'Oeuvre dans un avenir prochain. Elle ne peut subsister en effet que par la pauvreté et l'assimilation avec les indigènes au point de vue de la nourriture et du matériel" (Lettre au P. Charmetant, le 23 janvier 1874. Instr. p 35).

"Ce à quoi il faut arriver le plus rapidement possible, c'est à se suffire dans les stations, dès qu'elles seront installées. On prendra donc des précautions sérieuses pour arriver à trouver sur place les vivres indispensables ; sans cela on serait exposé à la famine pour le cas, qui malheureusement n'est pas improbable, où les relations avec l'Europe seraient interrompues, et pour celui plus probable où l'Oeuvre de la Propagation de la Foi viendrait à manquer par suite des perturbations européennes" (Instr. p. 93).

Il est clair que ces exigences plongent leurs racines dans un terrain plus riche et profond que celui de la seule préoccupation économique. Lavigerie le sait: il s'agit d'une loi fondamentale de l'apostolat qui naît avec celle du don total au service de la mission. En septembre 1874, en transmettant officiellement aux missionnaires le texte du Décret du Concile provincial d'Alger, qui louait et encourageait leur jeune Société, le Cardinal écrivait :
" Ce qui vous a séduits dans une telle œuvre, et amenés de si loin et en si grand nombre, c'est, en effet, ce qui semblait devoir vous repousser davantage: je veux dire les difficultés, les peines, les périls et les souffrances qu'elle impose. Il n'y a pas de mission au monde où il y ait plus à souffrir de la pauvreté, de la fatigue, de la chaleur de la soif et de la faim.

Vous savez ce que j'ai écrit, comme la devise future de votre Oeuvre, sur les Lettres testimoniales que me présentait l'un d'entre vous, à son arrivée à Alger. Je les pris et sans rien dire, j'écrivis, au lieu de la formule ordinaire, celle-ci : 'Visum pro martyrio'. Puis, je lui rendis ses Lettres en lui disant : 'Lisez, acceptez-vous?' - 'C'est pour cela que je suis venu', me dit-il simplement." (Instr. p. 41).

...............

Lavigerie devait trouver des sommes énormes pour financer les caravanes des missionnaires envoyés en Afrique équatoriale. Ils voyageaient sur des bateaux à vapeur de Marseille à Zanzibar, via Aden. Puis de Bagamoyo, sur la côte africaine, ils partaient à pied, avec porteurs, bagages et askaris (gardiens armés). Ici, photo de g., les missionnaires de la 4e caravane (1883). De g. à dr., F. Gerard Mertz (avec une varlope), P. Aimé Vincke, P. Pierre Landeau (à ses pieds un trombone), P. François Coulbois, P. Pierre Giroud, F. Marie-Louis Crozes (avec une scie). Sur la deuxième photo, ci-dessous, les missionnaires de la 7e caravane (1888). De g. à dr., F. Alexandre Andrieux, P. Edouard Herrebaut, P. Auguste Carmoi, F. Pierre Tarteyre, P. August Schynse, P. Antonin Guillemain; assis, Mgr Léonce Bridoux, les médecins-catéchistes, Charles Faraghit, Joseph Gatchi et, allongé, le plus célèbre d'entre eux, le docteur Adrien Atiman. Selon le plan du Cardinal de 'sauver l'Afrique par les Africains', ces laïcs avaient été formés dans une école établie à Malte par le Fondateur. Pour financer tout cela, il envoyait ses quêteurs en Europe et en Amérique. (Archives MG, Karl Stärk)

NB : Ces photos proviennent de la recherche d'Ivan Page, archiviste de la Société, qui vient de publier un livret historique (bleu), Notes et souvenirs du P. Louis Jamet (1849-1919).

En réalité ce que Lavigerie veut pour ses missionnaires, c'est une pauvreté vraie. Lavigerie leur dira qu'ils "doivent pratiquer cette vertu toute apostolique plus strictement que des religieux" (Instr. p. 340).
"La Mission qui leur est confiée est pauvre, pénible, difficile, et la plus abandonnée qui soit au monde. Elle n'offre à ceux qui s'y consacrent que des privations de toute sorte, et souvent peut-être, dans le commencement surtout, le martyre. Voilà pourquoi la mission de l'Afrique ne peut tenter que ceux à qui Notre-Seigneur lui-même a fait entendre la parole vraiment féconde de l'apostolat: 'Si quelqu'un veut être mon disciple, qu'il se renonce lui-même, qu'il prenne sa croix tous les jours et qu'il me suive'. On ne demande rien à ceux qui se présentent, mais seulement une vertu solide, la volonté de se consacrer au salut des indigènes, la force et le courage de supporter les misères matérielles, les contradictions, les souffrances inséparables d'un pareil changement de vie." (Notice sur les Missionnaires d'Afrique, 1871. Instr. p. 254).

Une pauvreté joyeuse: "C'est cette joie vive et surabondante que me manifestait avec simplicité, ces derniers jours, l'un de vous, en m'écrivant d'une de ces pauvres cabanes que vous habitez dans la Kabylie, et qui sont tombées trois fois cet hiver, sur vos têtes : 'Je manque de tout, et cependant je ne changerais mon sort avec celui d'aucun roi de la terre!'.

Faites de ces paroles la réalité de votre vie. Vous avez commencé par tout donner, ceux que vous aimez en vous éloignant d'eux, la langue maternelle, le vêtement, la nourriture, toutes les habitudes du passé en les changeant pour la langue, le vêtement, la nourriture, les habitudes. de ceux auxquels vous voulez donner la lumière. Après avoir fait tout cela, après vous être faits 'tout à tous', selon le langage de l'Apôtre, ne désirez qu'une seule chose, la vie pour ces pauvres âmes, et pour vous, avec la grâce de Dieu qui vous les fera supporter, le travail, la persécution, la mort cruelle s'il le faut. C'est votre loi." (Instr. pp. 41-42).

"Mon cher Enfant . Il reste en caisse seulement mille francs pour faire face à tous les besoins de l'œuvre. Nous voilà donc, grâce à Dieu, au point où en étaient Notre-Seigneur et ses apôtres, à n'avoir rien, même pour manger, que ce que nous pourrons recevoir de l'aumône de chaque jour. Réunissez vos bons confrères, lisez-leur ma lettre et dites-leur que c'est maintenant qu'ils doivent commencer à travailler réellement à l'œuvre. Que ceux qui auront le courage partent en quête. Que les autres voient ce dont ils peuvent se priver afin que les enfants ne souffrent pas de la faim. J'ai le cœur à la fois déchiré et consolé de vous écrire de telles choses." (Lettre au Supérieur de l'École apostolique à Saint-Laurent-d'Olt, vers juillet-août 1875 - Instr. p. 287)

Une pauvreté honorable et sans dettes : "Enfin, et je suis bien aise de le dire, malgré les difficultés des temps et les énormes dépenses qu'ont occasionnées les nombreux établissements que nous avons fondés depuis cinq ans. vous n'avez jamais eu, vous n'avez pas de dettes. Vous n'avez aussi, à la vérité point de richesses. Mais puissiez-vous, mes bien aimés Fils, vivre toujours ainsi, dans l'honneur du détachement et de la pauvreté, confiant à chaque jour le soin de vous donner le pain nécessaire et comptant, pour cela, sur Celui qui disait aux premiers apôtres: 'Considérez les oiseaux du ciel, ils ne moissonnent pas et ils ne recueillent rien dans leur greniers, et cependant votre Père céleste les nourrit. Et s'il nourrit les oiseaux du ciel, à combien plus forte raison vous-mêmes! Cherchez donc premièrement le Royaume de Dieu, et le reste vous sera donné par surcroît" (Instr. p. 44).

Qui connaît toutes les œuvres financées par Lavigerie ? Entre autres, St-Laurent d'Olt, N.-D. d'Afrique (Alger), St-Louis (Carthage) , la procure de Zanzibar pour missionnaires et orphelins

"Solder ses dépenses, veiller à ne pas s'engager au-delà de ses moyens, telle fut la règle suivie avec une fidélité scrupuleuse par cet apôtre au cœur généreux mais parfaitement conscient de la nécessité de respecter d'abord les exigences de la justice" ( J. Perraudin, Entretiens sur la vie intérieure du Cardinal Lavigerie, p. 132).

Une pauvreté équilibrée qui sait employer le discernement: "Puisque nous traitons des conditions matérielles, il est opportun de dire ici quelque chose de particulier des finances de la Mission. Les besoins, surtout en commençant, seront très considérables; je recommande aux supérieurs d'éviter deux excès contraires dans lesquels ils pourraient tomber: l'un consisterait à se refuser le nécessaire, l'autre à se jeter dans les dépenses superflues" (Instr. p. 74).

Pour Lavigerie, la raison dernière de la pauvreté du missionnaire comme d'ailleurs de tout son apostolat, dont la pauvreté est une exigence inéluctable, c'est l'amour, le don de soi sans réserve à Dieu et au service des gens auprès de qui on veut rester bien près et partager leur vie. Nous le découvrons dans la belle page de présentation qu'il fit de ses Oeuvres choisies, et qu'il dédia aux missionnaires :
"Au fond, sous des formes diverses en apparence, un seul sentiment les inspire. C'est celui que Notre-Seigneur demandait à Pierre pour en faire le Chef de ses Apôtres ; celui que saint Augustin, le docteur de notre Afrique et de toute l'Église, proclame la loi unique des chrétiens ; celui que j'ai pris moi-même pour devise: l'amour ; l'amour de Dieu et celui de tant de pauvres âmes abandonnées.

Cet amour m'a soutenu, au milieu des difficultés et des travaux qui ont usé ma vie avant l'heure. C'est aussi lui qui vous donnera la force, l'abnégation héroïque, la persévérance nécessaire pour retirer, peu à peu, de la mort les peuples auxquels vous êtes envoyés" (Instr. pp. 209-210).


Jesús Salas
M.Afr



Lavigerie and Finance
Jesús Salas M.Afr

"In praise of
detachment and poverty"


Lavigerie with an Arab orphan during the 1870 famine in Algeria.

Cardinal Lavigerie had a lot to do with money. He asked for a lot and spent a lot. No one however could accuse him of having used it for himself or squandering it. His private life was marked by moderation and he died poor. The huge sums passing through his hands were all destined for others, to relieve poverty or create, consolidate or guarantee a sound future for the works of the Church and in particular those of the Mission.

He personally launched several fundraising campaigns and took part in them, firstly as a young Director of the Oeuvre des Ecoles d'Orient, then as bishop and later as Cardinal. Their aim was in aid of important tasks he undertook and Missionary Institutes he founded. Listing them all here is not my intention. It will suffice to recall the most renowned: in favour of victims of the Druse persecution in Lebanon and Syria and for victims of famine in Algeria, where, by this means he founded orphanages.

There were also those undertakings on behalf of the anti-slavery campaign and the activities and maintenance of his Missionary Institutes, White Fathers and White Sisters.


Letterhead used by the first missionaries sent to France. Dated 15th March 1884, it encourages adopting Missionaries, children, African orphans and the ransom of slaves. The well-being of children stirs the generosity of the public even today, seen in the success of NGOs like Save the Children, and World Vision.

As the wise person he was, and conscious of handling a sacred responsibility by virtue of the source of the funding, often from the poor and moreover for the poor, Lavigerie showed rigorous strictness in expenses and was scrupulous in his thinking concerning clear, just and efficient money management. This is shown in his correspondence, full of many decisions and directives. Below are some of his own writings or quotations from historians relative to his person and his activity in this area.

In spite of the separation in time and intervening changes, for us his ideas and his attitude will always be bearers of his mindset, inspiring us to action. His selection as Director of the Oeuvre des Ecoles d'Orient was because of his competence and his personal qualities as an organiser. Fr P J Mazé in his book, 'Le Cardinal Lavigerie et son Action apostolique', published in Maison Carrée, Algiers, 1928, wrote, "This great Oeuvre (des Ecoles d'Orient) founded in 1855 by Baron Cauchy, was painfully stagnating. After the first year near the end of 1856, the members of the Council became convinced that to make an appeal to the generosity of the Faithful did not require high repute by birth, learning or even devotion. They sent Father de Ravignan to Father Lavigerie to persuade him to accept the directorship of their Oeuvre." (J. Mazé, op.cit. p. 7-8).

"The new Director's first task was to tour the dioceses of France to explain the nature of the Oeuvre, to collect money and to establish local committees to continue the work after his visit. Some of the clergy regarded Lavigerie as a dangerous competitor, a threat to scarce resources, which they needed for themselves. Others were more co-operative and even welcomed the visitor. Lavigerie gave an amusing account of the cold showers, which occasionally descended upon him at the door of presbyteries and of the stratagems he employed to avoid ambushes. "What memories I have! And what sympathy I have had ever since for poor alms-collectors!" F. Renault, 1992 'Cardinal Lavigerie: Churchman, Prophet and Missionary', pp.30-31 (Tr. J O'Donohue 1994)

From the outset, Lavigerie decided on a clear economic policy: not to depend continually on others, but achieve self-reliance as soon as possible.

"The moment had now come for formulating a more detailed policy, and the Director explained his ideas at a General Meeting. The institutions that received help from the Oeuvre could never be secure as long as they were dependent on annual grants from abroad. A measure of financial dependence might be necessary when an establishment was being founded, but in the long term it was unhealthy, since foreign funds could not be permanently relied upon. To make schools and seminaries dependent on such funds was to endanger their existence. Instead of making small grants to meet current needs, the Oeuvre should therefore aim at establishing endowments to give the new Institutions permanent financial independence. This policy of securing a future solidly based on local resources was to remain one of Lavigerie's enduring principles." (F. Renault, op. cit. p. 31).


In the context of Cardinal Lavigerie's anti-slavery campaign, as well as encouraging benefactors' contributions to the works of the Society, our first 'appealers' and 'procurators' had statues made on the model of the Mercedarian Fathers (Order of Our Lady of Mercy). A White Father takes the place of the Mercedarian and an African slave replaces the European slave. A copy of this statue was heritage listed and is preserved by the City of Montreal (Canada) on the façade of our house at 1640 Rue St-Hubert.

Lavigerie adopted this principle for all his undertakings, in particular the missions in Africa.
He always had a profound respect for money entrusted to him and he demanded the same from those who worked under his directives. He would say to Missionaries,
"Money squandered is so much less for the works of the Mission and consequently for the redemption of souls." (Règles de 1872, p. 17) "Missionaries will bear in mind they live from alms and the bread they eat is provided by poor Catholics who take it from their necessities." (Règles de 1872, p. 15)
"If he who refuses to share his goods with the poor is condemned, what can be said for the one who steals the money of the poor from the Church?" (1876 Retreat Notes. Instr. p. 316).

Lavigerie's directives for the Missionaries of Africa are clear and constantly reiterated. Poverty would become one of the basic requirements of a missionary. According to Bishop Livinhac, the Cardinal often said, "The Society will not be the same when poverty is no longer practiced." (Instr. p. 340.)
According to the Founder, the demands of poverty for the missionary do not flow so much from theoretical spirituality as from a dual apostolic principle: adoption of the people's lifestyle and the survival of the mission.

A collection box for offerings from benefactors of the Witte Paters, Missionarissen van Afrika, with the image Our Lady of Slaves to attract attention and encourage generosity. Near the money slot is a word of thanks: 'Dank U, Thank you in the name of Our Lord.' This collection box was used in Belgium. On the side, a text from Pius XII can be made out calling for sharing our daily bread and sending workers into the harvest. (Photo found on the Internet)

" I still cannot understand how the house where you are spends more than the others and they are self-sufficient with what I give them. Your rule is to live like the inhabitants and the Mission will soon fail if you do not do so. You are therefore working to undermine this enterprise in the very near future. It cannot in fact survive without poverty and assimilation to the inhabitants from the point of view of food and practical organisation. (Letter to Fr. Charmetant, 23 January 1874. Instr. p 35)

"The aim is to achieve self-reliance as quickly as possible in the (mission) stations, as soon as they are set up. Urgent precautions will therefore be taken to find essential supplies on the spot; without that, we would be exposed to famine in the event, which unfortunately is not improbable, where relations with Europe would be interrupted and in the more probable event where the Propagation of the Faith will be deficient as a result of European upheavals." (Instr. p 93)

It is clear that these demands sink their roots into a richer and deeper soil than that of mere economic anxiety. Lavigerie knew it: it is a fundamental apo-stolic law born of the total gift of self at the service of the Mission. In September 1874 he officially transmitted the text of the Decree of the Provincial Council of Algiers to missionaries, which praised and encouraged the young Society. The Cardinal wrote, "What has appealed to you in a work such as this and led you from such a distance and in such numbers is in fact what should have repelled you the most: I mean the difficulties, hardships, dangers and sufferings it involves. There is no mission in the world where there is more to suffer from poverty, fatigue, heat, thirst and hunger… You know what I wrote as the future motto of your enterprise on letters of reference presented to me by one of you on his arrival in Algiers. I took them without saying anything, and instead of the usual set phrase I wrote this: Visum pro martyrio'. Then I gave him back his letters asking him, "Read this. Do you accept?" He simply replied, "That is why I came." (Instr. p 41).

In reality what Lavigerie wanted for his missionaries was a genuine poverty. Lavigerie would say to them that they "must practise this profound apostolic virtue more strictly that Religious." (Instr. p 340)

...............

Lavigerie had to find huge sums to finance the missionary caravans sent to Equatorial Africa. They travelled by steamer from Marseilles to Zanzibar, via Aden. They went on to Bagamoyo on the African coast, where they set out on foot with porters, baggage and askaris (Arab guards). Here, photo l., missionaries of the 4th caravan, (1883). l. to r. Br. Gerard Mertz (with plane), Fr. Aimé Vincke, Fr. Pierre Landeau, Fr. François Coulbois (trombone at his feet). Fr. Pierre Giroud, Br. Marie-Louis Crozes, (with saw.) On the second photo, below, Missionaries of the 7th caravan, (1888). L.to r. Br. Alexandre Andrieux, Fr. Edouard Herrebaut, Fr. Auguste Carmoi, Br. Pierre Tarteyre, Fr. August Schynse, Fr. Antonin Guillemain; seated, Bishop Léonce Bridoux, doctor-catechists, Charles Faraghit, Joseph Gatchi and stretched out, the most famous among them Doctor Adrian Atiman. According to Cardinal Lavigerie's plan to save Africa by the Africans, these laymen had been trained in a school established in Malta by the Founder. To finance all that, he sent fundraisers to Europe and America. (Generalate Photo Archives, Karl Stärk)

NB : These photos come from the research of Ivan Page, archivist of the Society. He has just published a history booklet (Blue cover) 'Recollections of the Missionary Labours of Father Louis Jamet, M. Afr. (1849-1919)'.

 

"The mission entrusted to them is poor, hard, difficult and the most abandoned in the world. It offers to those who consecrate themselves to it all kinds of deprivation, and often perhaps martyrdom, especially in the beginning. That is why the African Mission can only tempt those to whom Our Lord himself has spoken the truly productive words of the apostolate, "If anyone wants to be my disciple, let him deny himself, take up his cross daily and follow me…" Nothing is asked of those who come other than sound virtue, the will to be devoted to the salvation of the inhabitants, the strength and courage to put up with material deprivation, contradiction, and suffering inseparable from such a radical turning point in their lives." (Extract from 'Notice sur les Missionnaires d'Afrique 1871.' Instr. p 254).

A cheerful poverty: "It was recently demonstrated in lively and overflowing cheerfulness when one of you in all simplicity wrote to me from one of those poor huts in which you live in Kabylia and which fell in on your heads three times this winter. "I lack everything but nonetheless, I would not change places with any king on earth."

Make these words a reality in your life. You have begun by giving everything: those you love, by detaching from them, your mother tongue, clothing, food, all your past way of life in exchange for the language, clothing, food and way of life of those to whom you wish to bring the light. After doing all that, after becoming 'all things to all men' as the Apostle said, desire one thing only: life for these poor souls and for yourself, with the grace of God who will enable you to put up with them, to work, to endure persecution and a cruel death if necessary. It is your law…" (Instr. p. 41-42).

"My dear child, there are only a thousand francs in the cashbox to meet all the needs of the enterprise. Thanks be to God we have reached the point where Our Lord was with his apostles, with nothing, not even to eat, except what we could receive from daily almsgiving … Gather your kindly brothers together, read them my letter and tell them that now is the time to begin the work in earnest. Let those who have the nerve go fundraising. Let the others look into what they can deprive themselves of so that the children do not suffer from hunger. I am simultaneously heartbroken and yet consoled to write such things to you." (Letter to the Superior of the Apostolic School of Saint-Laurent-d'Olt - July or August 1875 - Instr. p. 287)

Decent poverty without debts: "Finally, I am delighted to tell you in spite of the difficulties of the times and the huge expenses the many establishments we have founded over the last five years have cost, you have neither had, nor presently have, any debts. However, my dearly beloved sons, may you always be able to live like this, in the dignity of detachment and poverty, trusting to each day the care of providing you with the bread you need. For that, may you count on Him who said to the first apostles, 'Look at the birds in the sky. They do not sow or reap or gather into barns; yet your heavenly Father feeds them. Are we not worth much more than they are?' (Matt 6:26) Set your hearts on his kingdom first, and on his righteousness, and all these other things will be given you as well! (Instr. p. 44).

Who knows all the works Lavigerie financed? Amongst others, St-Laurent d'Olt, N.-D. d'Afrique in Algiers, St-Louis in Carthage, and the Zanzibar residence for missionaries and orphans.

"Settling accounts and taking care to live within his means, such was the rule kept with scrupulous fidelity by this generous-hearted apostle. He was nonetheless perfectly aware of the need to firstly acknowledge the requirements of justice." (J. Perraudin. Entretiens sur la vie intérieure du Cardinal Lavigerie, p. 132) (Discussions on the spiritual life of Cardinal Lavigerie)

Balanced poverty, using discernment: "On the subject of material conditions, it is now time to say something specific about Mission finances. The needs will be very great especially at the beginning; I recommend Superiors to avoid two contrary excesses into which they could fall: one would be to deny what is needed, the other to incur unnecessary expenses." (Instr. p. 74).

For Lavigerie, the ultimate end of the missionary's unavoidable poverty is love, as indeed of all his apostolate. It is the unconditional gift of self to God at the service of the people, with whom we seek to remain close and share their lives. We find it in the fine introduction he wrote for "Oeuvres choisies", (Selected Works) dedicated to missionaries.

"At base, under apparently diverse forms, a single attitude inspires them. It is the same one that Our Lord asked of Peter in order to make him the Primus of the Apostles; it is the same one that Saint Augustine, our Doctor of Africa and of the Church, proclaims as the only law of Christians. I chose it for my own motto: 'Love', love of God and of so many poor abandoned souls. This love sustained me in the midst of difficulties and labours that have worn me out before my time. It will also give you the strength in heroic self-denial and necessary perseverance to draw back step-by-step from death the peoples to whom you are sent." (Instr. p. 209-210)


Jesús Salas
M.Afr