Voix d'Afrique N°100.

 

Jomo Kenyatta Père du Kenya

Kamau wa Ngengi, qui prend en1938 le nom de Jomo Kenyatta, est né le 20 octobre 1894 à Gatundu, au Kenya. Après la mort de ses parents, il est élevé par son oncle et son grand-père et éduqué par les missionnaires chrétiens de l’Église d’Écosse. Il est baptisé en 1914 sous le nom de John Peter Kamau, nom qu’il modifiera plus tard en Johnstone Kamau. Il s’installe à Nairobi, se marie en 1920 et travaille au service des eaux.

En 1924, il rejoint l’association centrale des Kikuyu, le KCA (Kikuyu Central Association), puis en 1928, il devient l’éditoria-liste du quotidien du parti. Devant ses qualités d’orateur et d’écrivain, en 1929, le KCU l’envoie en Grande Bretagne pour défendre les intérêts fonciers des Kikuyu. Après un bref séjour à Moscou où il étudie l’économie, il revient à Londres, où il poursuit ses études d‘anthropologie sociale à l’université. En 1938, il publie sa remarquable thèse in-titulée « Au pied du mont Kenya » sous son nouveau pseudonyme, Jomo Kenyatta.

Durant la Seconde Guerre mondiale, il travaille dans une ferme du Sussex pour éviter l’enrôlement dans l’armée britannique. Après un deuxième mariage et la naissance d’un fils en 1943, il revient au Kenya où il devient le secrétaire général de la Kenya African National Union qui milite pour l’indépendance du Kenya. Après le succès du 5ème congrès panafricain de Manchester, en 1955, il est ensuite confronté à un mouvement national kikuyu, les mau-mau, qui s’est développé sans lui, mené par des hommes plus jeunes, partisans de l’action violente. Il travaille avec eux au sein de la Kenya African Union (K.A.U.), mais refuse de les soutenir dans leur projet de soulèvement généralisé. Malgré tout, accusé par les Britanniques de soutenir ce mouvement mau-mau, il est jugé, condamné à sept ans de prison et incarcéré avec son collègue Daniel Arap Moi.
Les deux sont libérés en 1961. En mai 1963, le KANU gagne les élections et Kenyatta devient Premier Ministre le 1er juin 1963. Il proclame l’indépendance du Kenya le 12 décembre de la même année. Deux mois plus tard, il prononce un discours dans lequel il annonce aux colons qu’ils peuvent rester au Kenya en toute sécurité et demande aux Kenyans de « pardonner mais de ne pas oublier ». Ce discours est une surprise pour les colons qui s’attendaient à des représailles de la part de Kenyatta.

Le 12 décembre 1964, il devient le premier président de la République et le demeure jusqu’à sa mort. Il souhaite une collaboration entre les différents peuples kenyans. Il adopte une politique capitaliste, ouvre le Kenya aux investissements étrangers, alors que les radicaux du parti préfèreraient voir le parti adopter une politique socialiste. Le KPU (Kenya People’s Union) est alors créé, en 1966, par Oginga Odinga, qui appartient à la tribu des Luo. Malgré cela, sous la présidence de Kenyatta, le Kenya a connu une forte croissance économique. Kenyatta meurt à Mombasa le 22 août 1978, laissant Daniel Arap Moi prendre sa succession jusqu’en 2002.

Kenyatta est le créateur de la devise nationale Haraambee ! (« Agir ensemble ! » en swahili).
Kenyatta, souvent appelé Mzee («vieil homme» en Swahili), était très apprécié. Tout d’abord il a amené le Kenya à son indépendance, mais il a aussi essayé d’en faire une nation unie, malgré la multiplicité des tribus et des races. Il a su pardonner et amener son peuple à faire de même à l’égard des colonisateurs qui leur avaient fait subir de profondes injustices. De plus, il a su travailler avec des personnes de tout milieu. Il a fait preuve d’une grande ouverture d’esprit.

Malgré l’instauration du parti unique à partir de 1969, on ne peut considérer Kenyatta comme un dictateur. Il a réussi à développer l’économie de son pays et bien que certains Kikuyu se soient enrichis du fait de l’instauration du parti unique et du retrait progressif de Kenyatta de la vie politique, il a réalisé en peu de temps ce que seul un homme motivé par l’amour pour son pays peut réussir.

«...Père de la liberté kényane, chef de l’État depuis l‘indépendance, le vieux mzee symbolisait mieux peut-être que tout autre leader africain les espoirs, les déceptions et les contradictions du continent noir (...) Le règne absolu de Jomo Kenyatta, mélange de paternalisme musclé sur le plan politique et de libéralisme laxiste au niveau économique, a vécu et duré, fondé sur la seule présence du vieux chef. »

D’après des sources diverses
Voix d’Afrique


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